Urban Comics
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Urban Comics

Venez decouvrir l'univers Urban et de nombreuses autres fan fics.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -33%
Trottinette électrique pliable Ninebot E2 E ...
Voir le deal
199 €

 

 Episodes 1 & 2

Aller en bas 
AuteurMessage
La Rédac'
Rédacteur
La Rédac'


Nombre de messages : 1491
Date d'inscription : 02/12/2004

Episodes 1 & 2 Empty
MessageSujet: Episodes 1 & 2   Episodes 1 & 2 EmptyDim 18 Fév - 17:26

Épisode 1 : Le clown triste et le malheureux bambin

-Montre toi, Dick, n’est pas peur …

La voix était effrayante, aiguisée comme une lame de rasoir . Dick était effrayé jusqu’au bout des ongles . Il sentait la présence de l’homme qui le recherchait près de lui mais autour de sa personne, recroquevillé sur lui-même, c’était le noir total . Une larme coula sur ses joues tandis que l’homme reprit de sa voix inquiétante :

-Dick, je vais finir par me fâcher … Montres-toi, n’est pas peur !

Les pas se rapprochait de sa cachette mais Dick refusait d’ouvrir les yeux pour voir la réalité en face, un malade voulait le tuer et il n’avait aucun moyens de défense . Qu’allait-il se passer maintenant ? Il allait le tuer, cela ne faisait aucun doute . Sa voix pesante et pressée trahissait son envie meurtrière . Dick sentit ses battements accélérer et son rythme cardiaque monter en flèche quand les pas s’arrêtèrent à quelques mètres de lui . La toile qui le recouvrait disparut en un éclair mais Dick refusait d’ouvrir les yeux . Il ne voulait pas mourir, il était trop jeune, trop innocent, trop « trognon » comme disait sa mère . Mais s’il ne faisait rien, il allait mourir . Le jeune garçon prit son courage à deux mains en serrant les poings avec force et ouvrit les yeux pour regarder en face celui qui lui voulait du mal . Un clown tout souriant le regardait en tentant de s’empêcher de pouffer devant la mine volontaire du gamin, prêt à frapper . Lyle travaillait au cirque depuis trois ans et avait vu Dick grandir . Il était un ami de longue date du père du garçonnet . Celui-ci et son épouse étaient les meilleurs acrobates du pays . Les « Grayson volants » qu’on les appelait .

-Ca marche à tout les coups ! Tu as toujours eu une peur bleue des clowns, Dick .

Il éclata de rire en croisant le regard méprisant et plein de colère du garçon . Si Dick avait bien peur de quelque chose, c’était des clowns . Lyle se rappelait la première fois où il avait rencontré Dick . Le bambin était à peine âgé de trois ans lorsque les Grayson volants avaient intégrés la troupe . Lyle avait voulu faire une blague au gamin et voilà où ça l’avait entraîné . Le père de Dick avait sérieusement sermonné le clown qui pensait faire une bonne blague et les deux hommes étaient restés brouillés pendant deux mois avant de se réconcilier et de devenir amis .

Finalement, Dick demanda d’une voix où perçait la maturité, ce qui fit redoubler l’hilarité de Lyle :

-Tu te crois drôle, Lyle ? Je vais le dire à Papa si tu continu de me faire peur !
-Je t’ai fait vraiment peur ? Répliqua Lyle, amusé .
-Heu … Non ! Bien sûr que non !

Lyle éclata de rire et ébouriffa les cheveux du gentil gamin .

-Allez, allez, tu vas être en retard à la représentation de tes parents ! C’est le grand soir, ils se produisent devant plus d’un millier de personnes . Tu te rends compte, Dick, un millier de personnes !

Dick secoua la tête et finit par suivre le clown en boudant, la tête baissée et maugréant des jurons que Lyle fit semblant de ne pas entendre . Lorsque les deux compères pénétrèrent sous le chapiteau, il y avait effectivement, plus de cinq cent personnes, de toute âge et de toute horizon . Le spectacle avait déjà commencé et Django, le dompteur de lions, jouait avec ses félins sur scène, en leur faisant faire des tours sur eux-même, action répétitive et burlesque qui faisait éclater de rire le public, aux anges . Dick suivit le clown dans les gradins, où il restait encore quelques places assises puis il regarda avec émerveillement, en compagnie de Lyle, Django et ses lions, les frères Cocker et leur lancé de couteaux, Tim et Tom, les deux clown de la troupe avec Lyle . Enfin, ce fut au tour de ses parents d’entrer en scène . Les projecteurs éclairèrent les deux voltigeurs professionnels, habillés de noirs et de rouge . Le père de Dick portait un bandeau vert sur les yeux et sa mère lui tenait la main . Le garçon sourit fièrement en voyant ses parents si beaux et si impressionnants, sujets des conversations des spectateurs, devenus silencieux à l’approche de la représentation des Grayson . Enfin, le père de Dick s’élança dans les airs, tel un oiseau, suivi de sa mère qui fut rattrapée in extrémiste par son époux, accroché la tête en bas, sur une barre qui se balançait dangereusement . Puis les deux époux commencèrent une succession d’acrobaties impressionnantes, faisant, parfois, peur au public et à Dick . Puis un roulement de tambours sonore se fit entendre et la voix du présentateur, Rick la jaquette, demanda le silence pour la dernière acrobatie, la plus dangereuse .

Le père de Dick s’élança dans le vide et fit un retourné acrobatique impressionnant avant de saisir le barreau, suspendu dans le vide par des filons . Puis sa mère fit un vrille acrobatique avant de faire un salto suivi d’une figure acrobatique Dantesque . Elle fut rattrapé par le père qui souriait . C’est alors qu’un horrible craquement se fit entendre, un grincement sonore que Dick n’oublierait jamais . L’un des poteau métallique qui retenait les fils s’écroula dans un vacarme assourdissant et la scène fut caché à Dick par la foule qui s’était levée de stupeur . Lorsque la foule se dissipa, Dick vit, dans les décombres du matériel, son père, les jambes et les bras tordus, du sang s’écoulant de sa bouche et sa mère, sous l’un des poteaux, le crâne fracassé . A côté de lui, Lyle ne souriait plus du tout . Sa mine était décomposée et aucune parole ne put sortir de sa bouche . Ses yeux, tristes et effrayés, se posèrent sur Dick qui contemplait le spectacle, horrifié . Des larmes coulèrent sur les joues du clown, effaçant son maquillage . Lentement, il prit le garçonnet dans ses bras .

Dick refusait de quitter les corps brisés de ses parents, une horreur muette dans sa gorge qui l’empêchait de respirer et de pleurer . Malgré ses six ans, il avait très bien compris ce qui ce passait . Ses parents étaient morts et il ne les reverraient jamais plus . Rick la jaquette et les autres membres de la troupe se tenaient éloigné du jeune garçon, leur regards vides et désespérés . Ce furent finalement les policiers qui arrachèrent Dick de sa contemplation morbide en l’éloignant du chapiteau . Plus rien n’avait d’importance à présent, et ce n’était pas la psychologue de la police de Chicago qui allait y changer quelque chose . Autour de Dick, la terre venait de s’écrouler comme un château de carte ou plutôt, comme un chapiteau lorsqu’on retirent les piliers et les filons métalliques qui le retiennent . Dick n’avait même pas envie de pleurer, non . Une rage muette l’avait pris au ventre et ne le quitta plus . La nuit qui succéda à l’accident, Dick ne ferma pas l’œil de la nuit, les sourcils froncés, la boule dans la gorge toujours aussi présente et la rage qu’il éprouvait au fond de lui, lui tiraillant les boyaux . Au petit matin, le garçonnet fut rejoint par Lyle, son maquillage disparu comme par magie . Sa mine était triste, une véritable tristesse, sincère, poignante, à l’image de l’amitié du clown avec le père de Dick . Le clown s’assit à côté du garçon et lui tendit un bol de céréales et une cuillère .

-Mange, mon garçon, ça te ferra du bien .

Il eut un petit sourire mais cela ne changea rien à l’état de déprime totale de Dick qui refusa, et de parler, et de manger . Pourquoi ne pas se laisser dépérir pour rejoindre plus facilement le paradis et ses parents ? Le paradis … Dick n’y avait jamais cru, bien que sa mère l’emmenait à l’église tout les dimanches . Un bon Dieu qui veillait sur les hommes n’aurait jamais laissé mourir ses parents, jamais ! Lyle n’insista pas et posa le bol sur une malle contenant des accessoires divers et variés . Il comprenait la tristesse du gamin, la même tristesse qu’il avait connu lorsqu’il avait perdu son frère aîné, mort d’un cancer généralisé .

Dick ne quitta pas sa caravane de toute la journée, ruminant de sombres pensées . Lorsque Lyle, revint, habillé en clown, et d’un gadget qui provoquait le beuglement d’une vache lorsqu’on pressé un bouton, Dick lui lança un regard noir . Que lui prenait-il ? Il s’en fichait que ses parents soient morts, ou quoi ? Dick explosa :

-Pourquoi !? Pourquoi tu fais exprès de te moquer de moi !? Mes parents sont morts et tu te déguises !

Dick éclata en sanglots, de longs sanglots, pénibles, qui sortaient difficilement de ses yeux rougis par sa nuit blanche . Il se leva et se précipita sur Lyle et le frappa de toute ses forces dans le tibia . Malgré sa petite taille, Dick frappait de toute ses forces, bien que cela ne gênait pas Lyle qui tenta de le retenir . Puis soudain, le clown immobilisa le garçon et lui dit d’une voix dure en le regardant droit dans les yeux :

-Je sais que c’est dur, et ce serra encore très difficile mais …

Lyle n’eut pas le temps de finir sa phrase que Dick avait filé . Lyle le poursuivit à travers le campement de roulottes et de camions, sur le départ . Finalement, il retrouva le gamin près d’un étang, à côté du campement . Le garçonnet pleurait en se menaçant de se jeter dans l’eau . Lyle se précipita, horrifié, mais Dick avait déjà plongé . Le clown suivit le gamin dans l’eau et nagea jusqu’à lui, l’empêchant de se noyer délibérément . Dick se débattit comme un beau diable mais Lyle le tenait avec poigne et il ne pouvait s’échapper . Une fois sur la rive, Lyle, fronçant les sourcils et rouge de colère, donna au petit une gifle . Dick lui lança un regard noir et hurla de rage . Lyle le saisit par les poignés et lui dit d’une voix pleine de colère :

-Où est ce que tu crois que ça va te mener, le suicide, hein ?
-Lâche moi ! T’es méchant ! J’te déteste ! Et puis qu’est ce que t’en sais de ce que je ressens !?
-Mon frère est mort il y a deux ans d’un cancer .

La voix était dure et froide, incontestable . Dick bredouilla mais Lyle continua :

-Tu crois que ça va t’aider de refuser de t’alimenter ?! Tu crois vraiment que le suicide changera quelque chose à ta peine ?! Ca ne changera rien, strictement rien ! Tu penses que tes parents auraient voulu que tu en arrives là, Richard ?

Lyle l’avait appelé par son vrai prénom, ce qu’il faisait rarement, et ce qui ajoutait au sérieux du personnage . Lyle était vraiment énervé .

-Il faut que tu sois fort, Dick ! Tu dois te battre, te battre pour faire honneur à tes parents, te battre pour que, là où ils sont, ils soient fiers de toi !

Les paroles s’entrechoquèrent dans le crâne de l’enfant, les yeux et la bouche grande ouverte . Lyle avait tout simplement … raison . Raison sur toute la ligne . Le suicide était une lâcheté que Dick ne pouvait se permettre . Lyle avait raison, il devait être fort, très fort .

Trois jours plus tard, un inconnu se présenta avec deux hommes habillés en costar-cravate . L’homme, à la cinquantaine était, apparemment, le frère du père de Dick, Bryan Grayson, qui vivait à San Francisco, sur la côte Ouest .

Avant de partir, Dick rejoignit sa caravane pour faire ses bagages . C’est alors qu’il remarqua le bol posé sur une malle aux teints verdâtres . Dick retira le bol et ouvrit la malle pour y découvrir une bonne trentaine de costumes différents . Dick découvrit alors l’un des masques que son père portait autour des yeux lors des représentations, un masque vert, qui lui fit penser à la dernière image qu’il avait de lui, un homme souriant, la fine moustache lissée, superbe dans son costume rouge et noir, le masque lui recouvrant les yeux . Dick le fourra dans sa poche et referma la malle avec un sourire triste . Lorsqu’il sortit, Bryan Grayson et les deux hommes l’attendait . Apparemment, ils faisaient partis de la DAS ou d’un truc dans ce genre . Lorsque Dick s’engouffra dans la camionnette, il eut un dernier regard à son ami Lyle, qui lui fit une grimace . « Le rire est l’une des choses les plus importantes sur cette Terre ! » aimait-il à déclarer . Dick ne put s’empêcher de pouffer avant de disparaître derrière la portière, le moteur démarrant en trombe .
Revenir en haut Aller en bas
La Rédac'
Rédacteur
La Rédac'


Nombre de messages : 1491
Date d'inscription : 02/12/2004

Episodes 1 & 2 Empty
MessageSujet: Re: Episodes 1 & 2   Episodes 1 & 2 EmptyDim 18 Fév - 17:27

Épisode 2 : un jour comme un autre

Lorsque le vieux réveil rouge se mit à frétiller et à sonner comme une alarme de pompiers, une forme humaine sembla se mouvoir sous les épaisses couvertures bleus marines et un jeune homme brun, cheveux coupés courts, émergea . Les yeux encore bouffis par la fatigue, Dick chercha à tâtons ce maudit réveil et le balança par terre pour faire terre cette horrible machine . Mais le choc ne fit rien perdre de la vigueur de la sonnerie de réveil qui aurait réveillé un régiment entier en moins de deux minutes . Dick soupira avant de se lever pour arrêter l’affreux tintamarre qui résonnait dans ses oreilles . Il ramassa l’instrument de torture et l’arrêta en tournant un bouton . « Enfin le silence, le vrai » pensa Dick en soupirant d’aise . Puis il se dirigea vers la salle de bain . Une fois sa toilette terminée et habillé d’un jean et d’un pull aux couleurs de l’équipe de base-ball locale, il descendit l’escalier en colimaçon qui donnait tout droit à la cuisine ikea de la maison . Avec des gestes lents et endormis, le jeune homme sortit un bol et y versa une bonne quantité de céréales avant de tirer du tiroir une cuillère et de prendre dans une des armoires en kit un verre et une bouteille de jus d’orange dans le frigo . Le petit déjeuner fut rapidement avalé et Dick se dépêcha d’enfiler une veste et de se chausser après avoir prit son sac à dos .

L’air était frais en cette matinée d’automne . Les feuilles jaunies des maigres arbres du quartiers jonchaient les caniveaux et les imperfections du trottoir s’étaient transformées en immenses flaques . Dick s’élança néanmoins sur la chaussée défoncée, passant devant les immeubles désaffectés du quartier, puis emprunta une ruelle sombre, un raccourci vers son lycée qui lui évitait les billets de retards . Ces ruelles étaient réputées dangereuses mais le jeune homme n’avait aucune crainte de ce côté . Après cinq ans de judo et trois ans d’aïkido, deux ou trois camés en manque n’allaient pas l’effrayer .

Après dix minutes de marche, Dick aperçut le bâtiment scolaire qui lui servait de lycée ; lycée réputé difficile par ailleurs mais Bryan Grayson n’avait pas les moyens d’assurer à son neveu des cours dans le privé ni de déménager dans un coin moins « chaud » de San Francisco . Et puis, personne ne quittait les quartiers de Bayview et Excelsior sans l’autorisation des gangs . Ici, ils étaient les maîtres, et ce n’était pas l’institution scolaire qui y changerait quelque chose car le lycée était l’une des principales sources de recrutement pour les gangs latinos, afro-américain et blancs . Triste vie .

Pour une fois, Dick n’était pas en retard . « Parfois, ce fichu réveil a du bon » se dit-il lorsqu’il entra en salle de cours . Il s’installa silencieusement au fond de classe et sortit ses manuels d’histoire . Dick avait toujours été un bon élève . Silencieux et une moyenne d’oral au plus bas, mais un bon élève quand même . Si tout se passait bien, il irait à l’université dans un an . « Plus qu’un an à tenir dans ce foutu quartier » pensa-t-il alors que les autres élèves commençaient à rentrer . La plupart des élèves étaient plutôt calmes à part quelque têtes brûlés qui s’occupaient avec un tôt de réussite élevé à animer les cours mornes des professeurs . Un garçon de même âge que Dick, un peu plus grand, les cheveux mi-longs avec un look de skatteur vint s’asseoir à côté de Dick après lui avoir serré la main .

-Alors vieux, ça boum ?

Dick acquiesça avec le sourire . Angelo Lucci était son meilleur ami depuis des années déjà . Ils avaient grandis ensemble pour ainsi dire et avait su éviter les problèmes en restant unis comme deux frères . Les parents d’Angelo étaient propriétaires d’une pizzeria, l’un des seuls commerces qui n’ait pas été braqué depuis son ouverture, un véritable record . Les deux garçons profitèrent de l’heure de cours pour discuter tranquillement . Ce n’était pas Monsieur Timothy, un vieil enseignant qui aurait dû prendre sa retraite depuis déjà dix ans, qui allaient y changer quelque chose . Il n’avait jamais eu beaucoup d’autorité . Lorsque la fin du cours sonna, les deux amis se rendirent à leurs cours suivants en parlant base-ball, filles et cours . La matinée passa en un éclair . Résultat des courses : interrogation de Mathématiques et Gina porte un nouveau string . Les deux amis, assis derrière elle en espagnol, avaient profités du spectacle, bien plus intéressant que les paroles mornes de la professeur . Au réfectoire, ce fut une de leur principale source de conversation surtout qu’Angelo ne rêvait que de sortir avec elle .

-Tu penses que j’ai mes chances, Dick ? Allez ! Soit franc, vieux !
-Tu as toute tes chances, répondit le brun avec un sourire amusé, tu es le beau gosse de la classe, rappelles-toi .
-Et toi, avec Noémie, où ça en est ? Elle est folle de toi, pourquoi tu vas pas la voir, t’es gay ou quoi ?

Dick ne put s’empêcher de rire en secouant la tête . Non, il n’était pas homosexuel mais plutôt timide comme gars . Il aimait prendre son temps avec les filles et puis, ce n’était pas sa première préoccupation, contrairement à Angelo . Noémie était une jolie fille qu’il avait connu au club de dessin, l’année dernière . Ses regards appuyés et ses sourires discrets lui avait fait rapidement comprendre qu’elle s’intéressait à lui . Mais cela datait de l’année dernière et depuis, il l’avait perdu de vu . Angelo voulait le forcer à aller la voir mais ses refus l’avaient finalement découragés . Une voix avec un accent hispanique le tira de sa rêverie . Dick leva la tête pour croiser le regard de Esteban, un latino habillé d’un jean bas délavé, d’un maillot de football US et d’une casquette mise de travers .

-Ouech, les mecs, ça boum ou quoi, vas y !

Cette phrase fut ponctué par des mimiques typiques des rappeurs de la West Coast . Dick ne put s’empêcher de sourire . Malgré la différence de style, Esteban et lui et Angelo étaient potes . Esteban aimait jouer les caïd mais en réalité, il n’avait jamais brutalisé qui que ce soit et il était la fierté de sa mère . Le pseudo rappeur s’assit donc près d’eux et s’ensuivit une discussion sur une compétition de tunning se déroulant dans deux jours à North Beach .

Après le repas, les trois compères sortirent du réfectoire pour se diriger vers la cour, surface de béton semblable à celle qu’on voit dans les documentaires sur les prisons hautes sécurités du Colorado . Éparpillés un peu partout, les lycéens se réunissaient en groupe . Au fond de la cour, les quelques pseudos gangs du lycée discutaient ensemble tout en se refilant des sachets d’héroïne à revendre ou à consommer sous l’œil distrait des quelques surveillants qui ne s’aventuraient jamais dans cette partie de la Cour . Elle leur appartenait et quiconque s’y opposait en subissait les conséquences . Il y a une semaine, on avait même retrouvé un professeur poignardé dans le parking souterrain du lycée, à la fin des cours . Deux latinos l’avaient attendu pour lui faire la peau . Bien sûr, personne ne savait rien, personne n’avait rien vu et l’enquête de la police n’avait abouti à rien, dû à la pression constante des gangs . Même San Francisco a son enfer, et Dick Grayson y vit .

Alors que les trois camarades regardaient en direction de ces types à peine plus âgés qu’eux, mais qui avaient déjà, pour quelques uns d’entre eux, du sang sur les mains, ils virent un jeune garçon aux cheveux bouclés, pâle comme un linge, se diriger vers l’un des groupes .

-Qu’est ce qui fout ? Lâcha Esteban les yeux grands ouverts . C’est un ouf ou quoi ce mec ?
-Il est dans notre classe, dit lentement Angelo, les yeux plissés . Il s’appelle Dom, je crois .

Dick resta silencieux en regardant la scène . Le dénommé Dom se trouvait entouré par le gang de T-Mike, un blanc avec un bandana rouge sur la tête, un T-shirt XL sur les épaules et un jean taille basse autour des hanches . Celui-ci semblait être en proie à une colère non dissimulée tandis que ces amis semblaient rire . Dom était tremblant comme une feuille .

-Qu’est qu’ils foutent ? Interrogea Esteban, les sourcils froncés .
-Dom s’est fait racketté avant hier pat T-Mike et sa bande . Lâcha Dick d’une voix absente .
-Je n’aime pas ça . Concéda Angelo . On devrait aller voir ce qui se trame, non ?
-T’es un ouf dans ta tête ou quoi, mon frère ? Tu veux t’faire détruire ta face ou quoi, mon pote ?

Angelo sourit et commença à partir en direction du groupe, suivi de Dick . Voyant qu’il n’avait pas trop le choix, le latino les suivit en soupirant . Les trois compères s’arrêtèrent à quelques mètres . Ils n’étaient pas les seuls à s’être approché ; plusieurs autres lycéens regardaient la scène, inquiets pour certain, amusés pour d’autre . Dick faisait sans aucun doute parti des inquiets . Enfin, on entendait ce qui se disait .

-Eh ! Mec ! Tu tiens pas à la vie, on dirait ? T’as vraiment envie que j’te défonce ta race ou quoi ?
-Ferme-la … Salopard … Je …
-T’as dis quoi là ? Demanda T-Mike en faisant semblant d’avoir mal entendu . Putain, tu veux trop que j’te démolisse ta mère, toi !

Dom était tremblant comme une feuille morte, comme pris de convulsions, ce qui faisait rire à gorge déployée les membres de la bande de T-Mike et ce qui ajoutait au malaise de la scène . Dick avait mal pour Dom qui était foutu . Il avait osé insulter T-Mike et ça avait sans doute signé son arrêt de mort . Mais quelque chose d’autre qu’une simple baston se tramait . Non, il y avait quelque chose dans l’attitude suicidaire du garçon qui interrogeait Dick . Et il n’avait hélas, pas tord .

Dom plongea sa main dans son jean pour en sortir un colt Anaconda et pointa l’arme sur T-Mike . Cette fois, les membres du gang ne riaient plus et s’étaient même écartés . T-Mike semblait si surprise par la succession d’évènements qu’il ne dit mot . Un mince sourire apparut sur le visage pâle de Dom et ses sourcils se froncèrent . Il allait tirer, c’était sûr . Dick sentit son estomac se nouer, tout ceci allait dégénérer dans moins d’une minute si il ne lâchait pas ce flingue . Il n’aimait pas jouer les héros, surtout s’il risquait de se faire plomber, mais si personne ne faisait rien, T-Mike ou Dom allait perdre la vie . Il commença à avancer vers Dom mais fut bousculé par Angelo qui l’avait devancé . Angelo avait prit son courage à deux mains et avait voulu s’imposer en médiateur pour calmer Dom et lui faire lâcher l’arme . L’italien s’arrêta à quelques centimètres de l’arme et dit aussi calmement que son cœur, battant à la chamade, le lui permettait :

-Écoute, Dom . Ca sert à rien d’arriver à des extrémités pareilles, pas vrai ? Mike est peut être le dernier des abrutis mais il vaut pas la peine d’être flinguer .

Derrière Angelo, T-Mike parut offusqué par ces paroles mais l’arme, toujours braquée sur lui, le dissuada de répliquer . Mais malgré les propos d’Angelo, Dom refusait de lâcher son arme . Pour une fois il n’allait pas se dégonfler et il se vengerait de T-Mike qui l’avait racketté et frappé à la sortie du lycée . Ce n’était pas non plus les larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux et la boule dans sa gorge qui l’empêchait de déglutir qui allaient y changer quelque chose . Il allait avoir le courage de tirer, même si on l’en empêchait .

-Je sais pourquoi tu fais ça . Reprit Angelo d’une voix ou perçait une angoisse contenue . Tu crois qu’en tuant un homme, tu régleras tout tes problèmes, que T-Mike l’a cherché . Mais, est-ce qu’un homme mérite de mourir pour ses fautes ? Allons, Dom, pose ce flingue et calme toi . Essaye de faire le vide dans ton esprit et baisse cette arme . Pense à tes parents, ta famille, tu crois vraiment qu’ils serraient fiers de toi s’il te voyait, dans cette cour, une arme à la main ?

Dom ne semblait pas entendre les mots d’Angelo mais ils résonnaient, contre son gré, dans sa tête et s’entrechoquaient contre les parois de son crâne . Les larmes commençaient à lui brouiller la vue et son sourire s’était éteint . Le cœur d’Angelo commença à ralentir et il sentit comme un poids s’enlever . Mais c’était sans compter la stupidité de T-Mike qui avait retrouvait son sourire et son ton railleur :

-Alors ptite merde ? On fait dans son froque, ah oai ? Va-y, ptite queue, appuie ! T’es même pas …

Angelo n’eut le temps de reculer qu’une horrible détonation, aussi violente et puissante qu’un grondement de tonnerre éclata . Il n’avait fallu à Dom qu’une seconde pour appuyer sur la détente et reculer sous la pression de l’arme . Dick avait fermé les yeux au moment du tir pour ne pas voir ce qui allait se passer . Ce fut le « madre de dios » d’Esteban qui le fit revenir à la réalité . Lorsque ses paupières se rouvrirent, il put contempler la scène . T-Mike était à terre, entouré d’une flaque de sang et -horreur !- Angelo était à terre, lui aussi . Dom se tenait debout, les yeux dans le vague, prit d’un rire nerveux et compulsif et marmonnant des bout de phrase comme « J’l’avais dit que j’allai tirer … Il l’a cherché … » . Puis il recula comme mal à l’aise devant les regards horrifiés que lui lançaient les lycéens de la cour .

Sans réfléchir, Dick se rua sur Dom et sans qu’il est put réagir, lui donna un coup de poing dans le ventre et lui arracha l’arme à feu . Dom s’écroula, la main sur le ventre . Puis il se dirigea, des gouttes de sueurs perlant sur son front, vers le corps d’Angelo . Celui-ci avait sa main sur sa poitrine et semblait encore vivant . Voir son ami aux portes de la mort, se vidant de son sang, faillit le faire vomir tandis que ses yeux s’inondaient de larmes peu à peu . Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, Dick restait en état de choc, comme à peu près tout le monde dans la cour, devenue terriblement silencieuse, mortellement silencieuse . Ce silence semblait assourdissant, agressif . Ho non, il n’avait rien d’un silence paisible . C’était un silence de mort, un silence sans pitié, un silence froid, glacial et profondément inhumain . Mais il fallait que Dick réagisse . Son ami était en train de perdre son sang devant lui et il devait faire quelque chose . Il tourna la tête vers Esteban qui était, comme la plupart, en état de choc .

-Esteban ! Hurla-t-il . Prévient une ambulance ! L’infirmière ! Dépêches-toi !

Presque machinalement, Esteban s’exécuta et traversa la cour au pas de course en se répétant que ce n’était pas possible tandis que des surveillants, aussi choqués que les élèves approchaient timidement .

-Bon Dieu, dépêchez vous ! Leur hurla Dick, désemparé .

Comme robotisé, les surveillants coururent en direction du blessé qui se vidait de son sang . Dick tentait de le réconforter en lui disant qu’il allait s’en sortir, que ce n’était qu’une question de minutes mais Angelo s’en allait . Son sang coulait et inondait son pull noir et le liquide vital s’écoulait de sa bouche béante . Lorsque les sirènes de l’ambulance retentirent et que les brancardiers firent irruption dans la cour en courant, il était trop tard … trop tard … Angelo était mort, son cœur ne battait plus, il s’était vidé de son sang sans que personne ne puisse rien faire . De grosses larmes coulèrent alors sur ses joues et il s’écroula sur le cadavre de son ami, une balle logée dans le thorax . Il ne vit pas les ambulanciers le tirer, n’entendit pas les questions des policiers arrivés sur les lieux avec l’ambulance, seul le cadavre de son ami restait gravé dans sa mémoire, seule image qui lui semblait réel, une peut plus réel . Comme dix ans auparavant avec la mort de ses parents, seul le décès d’Angelo comptait .
Revenir en haut Aller en bas
 
Episodes 1 & 2
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Urban Comics :: Séries en pause & terminées :: Séries Terminées :: Urban Teen Titans-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser