The Killing Joke, cinquième partie.Par Geoff.Cash.
Cole Cash.
Ancien simple criminel accusé à tort d’un forfait commit par un autre. Piégé par ceux qu’il considérait comme sa famille, il passa environ dix ans en prison, où il apprit combien il pouvait être difficile de survivre avec une réputation de traître en cadeau. Sortit de cet enfer, il décida de se venger, et séduisit la fille de l’homme qui l’avait fait tomber avant de prendre sa place et de condamner cet ancien Parrain de Chicago à la prison à vie, avec en plus une réputation d’homosexuel sado maso et un virus mortel dans le corps. Une vengeance mûrement réfléchie pendant dix années, en somme. Et tout ça pour pouvoir retrouver son honneur et reprendre le pouvoir qu’on lui avait volé. Juste pour ça.
En fait, cet homme était un être étrange, et Batman l’avait toujours su. Il était à la fois de la vieille école par rapport à son rapport mystérieux face à l’honneur et aux dettes, comme on l’avait vu quand il avait entendu dix ans pour se venger d’une des plus féroces façons qui soient, mais en même temps, il était extrêmement révolutionnaire dans sa façon de gérer son empire. Utilisant des êtres dits surhumains, frisottant avec la police, manipulant ses membres pour parvenir à ses fins, il ne semblait avoir aucune limite pour parvenir à ce qu’il désirait. Il était donc une sorte de paradoxe vivant, un Parrain à l’ancienne aux méthodes nouvelles. Un ennemi extrêmement dangereux et mortel, donc, pour celui qui se disait le protecteur de Chicago.
« Tu devrais être mort…
- Tu sais bien que dans notre monde, ce sujet est matière à contreverse.
- J’ai vu ton corps.
- J’ai vu ce que tu as fais à Cobblepott, et pourtant, tu te dis héros et justicier, Batman. C’est aussi paradoxal, non ? »
Les deux hommes se faisaient face.
L’ancien Parrain de Chicago, normalement mort et dont le corps avait été examiné par l’alter ego civil de Batman, Bruce Wayne, se tenait calmement devant le Justicier de la ville. Il était plus grand qu’avant, en fait. Son visage était aussi un peu différent, moins marqué. C’était bizarre. Très bizarre, même. Il avait la tête et le corps de Cash, mais quelques détails semblaient différents. Le Justicier de Chicago ne comprenait pas, mais il pensa alors que ça devait être la fatigue et la surprise de le revoir en vie. Oui. Ça devait être ça. Ça ne pouvait être que ça, en fait. Cole Cash était vivant, et devant lui. Malheureusement.
L’ancien Parrain fumait donc très tranquillement une cigarette en croisant les bras, tandis que son grand adversaire était encore dans l’ombre, n’osant pas vraiment croire à cette situation hautement improbable et qui remettait énormément de choses en question par rapport à la situation actuelle de la cité.
« C’est différent.
- Pas vraiment. Tu te dis protecteur de Chicago, mais en même temps, tu tortures un de ses habitants, tu surveilles tous ceux qui vivent ici et tu mets en danger les familles de flics qui osaient te suivre. Tu te rappelles de tout ça, Batman ? Mais oui…Bien sûr que tu t’en rappelles… »
Wayne n’aimait pas ça. Cash avait été là quand il avait perdu les pédales, et en avait profité pour enlever les hommes de Gordon et menacer leurs familles. Il avait ainsi voulu se protéger de la folie sécuritaire de l’homme masqué qui lui faisait face maintenant, et il avait presque réussit. En fait, un type du nom de l’Anarchiste avait réussit à faire changer d’avis Batman et surtout à lui faire comprendre l’erreur qu’il était en train de faire. L’ancien Parrain de la ville avait donc dû affronter ces deux êtres costumés, et il avait perdu. Mais il n’avait pas été arrêté, et s’en était donc plutôt bien sortit…même si sa réputation avait été entachée.
« Hum… »
Batman commençait peu à peu à assembler les pièces dans son esprit.
Cash était vivant, c’était certain. Il avait donc organisé une fausse mort, même si le médecin ne voyait pas encore comment il avait pu avoir un corps aussi proche du sien pour faire croire que c’était lui. Et maintenant, il lui parlait de leur dernière rencontre, et Batman pensait obligatoirement que ce n’était pas un hasard. Le criminel était quelqu’un de tordu mais d’intelligent, et il voulait lui faire comprendre quelque chose…mais quoi ? Qu’est-ce qu’il voulait lui dire ? Et pourquoi, surtout, avait-il organisé sa mort ? Ca ne lui servait à rien…
« J’ai fais ces choses, oui. Mais je les regrette, et je règlerais tout ça avec la Justice quand la situation sera redevenue plus calme.
- Plus calme ? »
Cole sourit légèrement à ce moment-là, alors qu’il envoyait de la fumée vers l’homme masqué, toujours quelque peu caché dans l’ombre de cette ruelle sombre d’un quartier appartenant normalement aux Black Gangsters Disciples.
« Allons, tu sais bien que ça n’arrivera jamais…
Même si tu règles cette guerre des gangs, ce qui semble impossible vu comment ça évolue, il y aura toujours des soucis de criminalité dans cette ville. Nous sommes à Chicago, Batman. Les habitants de cette cité sont habitués aux crimes, aux meurtres, aux vols et à tout ça. Depuis qu’Al Capone a fait des siennes ici, le fait qu’il y ait des malfrats est normal, mon vieux ! Il y aura toujours des soucis pour toi, dans cette ville. Et les gens auront toujours besoin de toi… »
Wayne ne comprenait pas ce que faisait Cash.
Déjà que son existence était totalement anormale et qu’il ne trouvait pas de solution à ce problème, voila que ce type lui faisait presque des éloges. Ce n’était pas logique. Ce n’était pas normal. Cole était normalement son pire ennemi, l’homme qu’il haïssait vraiment dans cette ville, et celui qui le détestait vraiment. Même si il savait bien qu’entre adversaires, certains liens se créaient parfois, ils ne se combattaient que depuis trop peu pour que ça soit ça. Ce n’était vraiment pas normal, et il ne comprenait pas pourquoi. Et ça, ça l’énervait encore plus.
En fait, Bruce savait qu’il devait se calmer. Ça faisait plusieurs jours qu’il était en plein stress, et même plusieurs semaines, au fond. Depuis qu’il avait perdu les pédales pour sa folie sécuritaire, plus rien n’allait vraiment. Il avait d’abord cru qu’abandonner le rôle de Batman lui permettrait d’aller mieux, mais il avait comprit, ces derniers jours, qu’il aimait être ce Justicier. Il ne pouvait donc abandonner ce rôle, mais il ne pouvait pas non plus arrêter d’être Bruce Wayne : il avait vu, quand il avait voulu contrôler la ville, ce que ça faisait.
Il devait donc essayer de trouver un compromis, même si ça semblait difficile : dès qu’il avait su pour Dent, son côté Batman avait prit le dessus sur le côté Wayne, et ce sans qu’il puisse y faire quelque chose…
Il devait donc essayer de retrouver son calme et sa concentration, mais il savait que ça serait extrêmement difficile. Batman vivait des périodes de stress intenses, et ce dans ses deux vies : que ça soit en tant que protecteur de la ville ou en tant que chirurgien, d’énormes responsabilités pesaient sur lui, et il ne pouvait jamais se détendre. En plus, maintenant que Alfred l’avait abandonné, il était seul…affreusement seul…et donc extrêmement prompt à perdre à nouveau la raison…
Non. Ça ne devait pas arriver. Il avait failli tuer quand il était devenu fou, et il ne pouvait se permettre ça. La ville et ses habitants avaient besoin de lui. Quand tout ceci serait terminé, Bruce savait qu’il devrait aller voir quelqu’un pour le faire aider. Oui. C’était ce qu’il fallait faire. Mais pas maintenant, plus tard. Maintenant, il devait s’occuper de l’homme en face de lui, et du chaos qu’il avait engendré. Et il devait se contrôler. Il devait absolument se contrôler…
« Ca ne va pas, Batman ?
On dirait que tu ne m’écoutes pas…Je te lasse tant que ça ? Tu m’as déjà oublié alors que j’ai fais simplement croire que j’étais mort ? Tu me déçois, mon cher… »
Il avouait.
Il avouait qu’il s’était fait passer pour mort, mais Bruce ne savait toujours pas pourquoi ni comment. Il devait se concentrer. Il devait faire abstraction du tremblement de ses mains et de sa peur de tomber dans la folie pour pouvoir réfléchir à tout ça. Calme. Inspirer, expirer. Reprendre lentement le contrôle de soi, et se dire que tout allait bien se passer.
En fait, Wayne avait peur, et ça se comprenait. Il avait peur de ne pouvoir contrôler ses gestes face à cet être qui était, au fond, en partie responsable de ce qui lui arrivait : même si c’était lui qui avait prit tant de décisions funestes, ce qu’il assumait totalement, c’était tout simplement parce que Cash contrôlait la ville et la menaçait. Il était peu à peu tombé dans la folie à cause de la présence de cet homme à la tête de la Mafia, et parce qu’il avait voulu l’arrêter.
Il savait donc qu’il risquait de s’énerver contre ce type, surtout qu’il était aussi le responsable de la guerre des gangs qui sévissait dans Chicago, et qui l’empêchait de retrouver son ami Harvey Dent.
Cash était donc sa Némésis, son ennemi personnel, celui qui pouvait le faire basculer dans la folie. Bruce devait donc se calmer, être le plus zen possible et ne pas se laisser déborder par sa rage et son mauvais côté, qui lui avaient fait faire des horreurs. Il devait aussi se concentrer au maximum pour laisser ses talents de détective être utiles pour découvrir pourquoi l’ancien Parrain de la Mafia avait fait tout ça. Oui, il devait faire tout ça. Mais ça n’allait pas être facile, malheureusement, surtout avec l’attitude arrogante et condescendante de l’homme en face de lui…
« Je réfléchis, Cole.
Je me demande simplement pourquoi le Parrain de la Mafia a voulu faire croire à sa mort, et ce que ça t’apporte. Je m’interroge aussi sur comment tu as pu créer un double de toi pour te faire passer pour mort, et qui a bien pu t’aider. Je te croyais vraiment mort, Cash. Même si ton retour me fait plaisir parce que je vais pouvoir m’occuper de toi, il reste une énigme…et je n’aime pas les énigmes. »
Sa voix avait été calme, dure et posée. Il réussissait, pour le moment, à être maître de lui, et chaque seconde qui passait lui apportait un peu plus de confiance et de sûreté. Wayne s’approcha alors calmement du criminel, sortant de l’ombre avant de s’arrêter à seulement un mètre de l’homme qu’il avait cru mort jusque là. Son regard sombre se posa avec dureté dans les yeux de Cole, avant qu’il ne reprenne la parole d’une voix à nouveau très froide et brutale.
« Tu as fais exprès de te faire passer pour mort. Tu as provoqué cette guerre des gangs.
- Bien… »
Batman commençait à comprendre.
Maintenant qu’il savait que Cash n’était pas vraiment mort et qu’il arrivait plus ou moins à être maître de lui-même, du moins pour le moment, il pouvait laisser ses capacités de détective faire le boulot. Lui qui avait étudié la criminologie et qui avait été formé par plusieurs inspecteurs chevronnés commençait lentement à saisir le pourquoi du sourire étrange qu’arborait l’homme devant lui…Il lui cachait quelque chose…Il n’avait pas fait tout ça par hasard…Et il voulait qu’il découvre le pot aux roses…Ce qui n’était pas logique, au fond…Pas logique du tout, même…
« Tu as fais tout ça, et tu en es fier. Tu t’es caché quelques temps, mais tu reviens maintenant sur le devant de la scène, n’est-ce pas ? Tu as fais croire que tu es mort, et tu reviens…Mais avant, tu as voulu me voir en premier pour me montrer que tu es encore vivant et que tu m’as battu…C’est ça, hein ? C’est ça, ce que tu veux faire ? Me prouver que tu es le meilleur ? »
L’ancien Parrain sourit encore une fois avant d’écraser lentement sa cigarette sur le sol, et de parler d’une voix assez mélodieuse, étrangement.
« Ouais. Plus au moins. Disons que je vois un peu ça comme une sorte de bonne grosse blague.
- Hum…Une blague mortelle…Une blague qui tue...
- Exactement. Mes préférées. »