Bobby marchait tranquillement dans la rue déserte de New York City. Une légère pluie tombait sur la ville, et le jeune homme accéléra son pas. Il était fatigué, mais heureux. Il avait fait mal à ceux qui avaient tués ses parents, et s’était amusé. Ses vieilles habitudes de jeune criminel avaient repris le dessus ces dernières semaines, le jeune homme se battant dans les bars et s’entraînant à voler des voitures pour améliorer sa conduite. Plus rien ne lui importait. Sa famille était morte, il s’était vengé, sa vie était désormais vide.
Il avait voulu tuer Craig. En fait, Bobby était presque sûr de l’avoir tué. L’intervention de Spider Man n’avait rien changé. Les flics devaient déjà être sur les lieux. Craig était soit mort (il avait passé une dizaine de minutes à moins vingt degrés à moitié nu, il était difficile d’imaginer qu’il s’en sorte…) ou bien ne pourrait plus faire de football. Il s’était vengé, il n’avait plus rien à attendre de la vie. Autant en finir en free style, pensa-t-il.
Alors que Bobby allait forcer une voiture pour faire une course poursuite avec les patrouilles de police, un mince filet de toile vint se ficher sur la portière de la Toyota rouge. Avant même de se retourner, le jeune homme savait qui c’était, et qu’ils allaient se battre. Quand il fit demi tour sur lui-même, ses doutes furent fondés : c’était bel et bien Spider Man…
Celui-ci était collé au mur de briques rouges et grises. En fait, il était accroupit sur le mur, l’air menaçant malgré le masque mouillé qui recouvrait tout son visage. Sa main droite était levée, les deux doigts du milieu repliés sur la paume, tandis que les trois autres étaient levés. Il se tenait avec son autre main au mur.
" Bobby, je suis ta seule chance de pas finir sur une chaise électrique…
-Je ne crois pas. Tu ne sais pas ce que j’ai vécu, qui était ce gars…
-Si, je sais tout. Je te connais bien, Bobby. Je te connais très bien. Je te comprends. Mais arrête, cela n’en vaux pas la peine.
-Ils ont tué ma famille. Ils ont détruits ma part d’Humanité !
-Ton Humanité n’était pas ta famille…sers-toi de cette épreuve pour les rendre fiers de toi…
-Ouais, peut-être…mais je suis trop connu ici…
-Je peux t’aider si tu te rends aux flics…
-Me rendre ? Jamais ! "
Soudain, avec la fureur qui secouait son âme, Bobby leva sa main gauche et un rayon gelé en jaillit. Il ne savait pas d’où venait ce pouvoir. Don des dieux, malédiction ancienne ? Il ne savait pas, et là il s’en fichait. Il voulait passer sa hargne et sa tristesse sur quelqu’un, n’ayant pu le faire sur Craig et les autres, sa conscience l’arrêtant à temps. Mais en voyant Spider Man échapper au rayon et se précipiter sur lui, la conscience de Bobby su qu’elle ne pouvait rien faire pour le calmer…
Ben ne voulait pas faire de mal à Bobby. Il était son ami, et il n’était pas dans son état normal. Son cœur lui disait de parler et de réconforter son ami. Mais ayant failli mourir dans la chambre de Craig, et sachant de quoi était capable le jeune Drake, le cerveau de Spider Man lui disait de mettre hors d’état de nuire Bobby. Et rapidement.
Spider Man tissa une toile, et l’utilisa pour se diriger vers Bobby qui tentait vainement de l’atteindre en baissant la température ambiante. Ben se rapprocha de son ami et lui envoya ses deux pieds dans la face, trop rapidement pour que la victime de cette manœuvre puisse faire quelque chose. Mais il se releva rapidement, bien que son nez le fasse beaucoup souffrir. L’attaque de Spider Man avait fracassé encore plus le nez fragile de Bobby, et la coque qui le protégeait venait d’exploser. Le jeune homme l’arracha dans de grandes souffrances, et se précipita vers Ben en poussant un cri de rage.
Surprit, Spider Man n’eut pas le temps de réagir, et il fut plaqué à terre en quelques secondes. Là, Bobby, qui n’était plus maître de lui-même laissant sa douleur physique et morale exploser, posa sa main droite sur le visage frissonnant de peur de Ben. En souriant, le jeune Drake commença à geler le masque de Spider Man, et en même temps le visage de son ami.
Celui-ci ne savait pas quoi faire pour se débarrasser de l’étreinte gelée de cet être qu’il ne reconnaissait plus. Où était passé son ami, celui qu’il considérait presque comme un frère ? Ce n’était pas possible de changer ainsi…
Ben ne voulait pas mourir, mais l’étreinte de Bobby était trop forte. Sa force semblait décuplée par sa rage, il donnait toute son énergie pour laissant sortir sa folie et sa tristesse. Malheureusement, c’était sur son ami qu’il déchargeait cela. Spider Man commençait à sentir que sa bouche et son nez gelaient. S’il ne faisait pas quelque chose rapidement, c’était fini pour lui. Il ne reverrait plus jamais Fanny…
A cette pensée, le jeune homme vit rouge. Personne au monde ne pourrait le séparer de Fanny. Rassemblant ses dernière forces, il leva son genou en en plein dans le bas ventre de Bobby, qui hurla de douleur en dégageant sa main de la face presque bleue de Ben. Celui-ci se releva, et passa la main sur son masque. Gelé. Il ne pouvait pas le garder, mais il ne pouvait pas non plus l’enlever…
Alors qu’il pensait à cela, Bobby s’était relevé et mit une puissante droite à Ben, qui tomba à terre, son masque se fracassant sous l’impact, des morceaux de tissus gelés se logeant dans sa peau. C’était la goutte qui était de trop dans le vase. Spider Man se releva, enragé. Il avait failli se faire tuer deux fois par un ami proche. Même s’il comprenait sa rage, il était temps que cela s’arrête.
Ben courut vers Bobby, qui reconnut son ami malgré la pluie qui devenait de plus en plus torrentielle. Surpris, il ne vit pas venir l’uppercut de Spider Man, qui le fit reculer. Désormais, il n’osait plus se battre, sa folie et sa tristesse s’étaient évanouies, il ne voulait pas blesser son ami. Il était redevenu comme avant, sa crise étant passée. Mais son ami ne le laissa pas le temps de le lui dire, car une droite et une gauche vinrent s’abattre sur son visage, sans qu’il ne puisse faire quelque chose. Ben était trop rapide, ses coups trop forts. Drake tenta un coup dans les côtes pour se protéger, mais son ennemi/ami para et l’envoya dans une poubelle avec un coup de pied dans le torse.
Alors qu’il tentait de se relever, Bobby reçut en pleine face un jet de toile qui l’aveugla. Tentant de l’enlever, il ne pu rien quand Ben le releva et le plaqua contre le mur.
" Ben arrêtes ! Arrêtes !
-Quoi ? Que moi j’arrête ? C’est qui qui a failli tué quatre personnes ce soir, hein ? C’est pas moi !
-J’étais pas dans mon état normal !
-Parce que maintenant tu l’es, hein ? Maintenant que tu veux plus me tuer, maintenant que c’est moi qui mène la danse, t’es de nouveau mon ami, c’est ça ?
-Je savais pas que c’était toi, Ben…
-Ça change rien ! Putain t’allais tuer Craig ! Et moi avec ! Merde mais qu’est-ce que t’as dans la tête ? T’es pas bien, mec ! "
Ben laissa retomber lourdement Bobby sur le sol sale de la rue humide et ancienne.
" Je te préviens, Bobby : n’approche plus jamais de Fanny ou des autres. Je t’ai à l’œil. T’es un vrai danger public. Je sais pas d’où tu tiens tes pouvoirs, ni comment ils marchent, et je m’en fous. Tu les utilises mal. T’es un barbare, un dingue. Je devrais te faire enfermer, mais t’as été mon ami. Je dirais rien aux flics, mais fais en sorte que demain il y ait plus rien de toi chez moi. "
Spider Man regarda la loque qu’était devenu Bobby, et sans remord tissa un mince filet de toile pour partir de la ruelle, laissant un Bobby anéantit et mal en point…