Résumé : Sara Pezzini est une jeune policière transférée de Los Angeles à Québec après la mort de son ancien partenaire, Matthieu, à cause de Kenneth Irons, industriel puissant. Elle lui avait volé un bracelet étrange, et ceci est la raison de l'assassinat de son ami. Etant devenue une loque sans vie depuis, la jeune femme trouva un jour dans son châlet la Question, personnage intriguant lié au terrorisme et aux justiciers. Il lui expliqua l'origine de son bracelet et les pouvoirs qu'il lui donnait, mais fut interrompu par l'arrivée de l'apparent meilleur ami de Sara, Danny ShanLi, qui lui tira dessus ! Interrogatoire, deuxième partie.
« Non…Pas toi… »
Sara n’arrivait pas à croire ses yeux. D’ailleurs, elle n’arrivait plus à croire grand-chose, à ce moment-là. Son monde s’écroulait devant elle, et elle n’avait plus aucune base sur laquelle se raccrocher. Et elle ne savait même pas si elle avait envie de se raccrocher, d’ailleurs…la tentation de la chute et de l’oubli était quand même grande à ce moment-là.
« Danny… »
Les larmes montaient lentement en elle tandis qu’elle comprenait que celui qui venait de tirer sur Question, sur l’homme qui voulait lui expliquer ce qu’elle avait autant du poignet et comment le gérer…et bien elle comprenait que c’était son dernier ami. Elle comprenait que c’était la seule personne en qui elle avait confiance.
Elle comprenait que c’était Danny ShanLi. Et elle ne pouvait l’accepter.
« Pourquoi… ? »
L’homme qu’elle avait devant ses yeux lui lançait un regard de rage extrême. Ses mains posées sur son arme encore fumante, il visait désormais le visage de la policière, celle qui devait normalement être sa meilleure amie…et peut-être même plus, si les soupçons de la jeune femme étaient fondés.
Mais tout ça…tout ça n’avait plus cours, maintenant. Danny venait de tuer de sang froid Question, et il voulait faire de même avec elle. Et elle ne savait pas pourquoi, ce qui était le pire pour elle.
Déjà qu’être visé par l’être en qui elle avait confiance était monstrueux pour elle, ne pas en connaître la raison était encore pire. Elle aurait au moins pu dire quelque chose, essayer de se défendre, essayer de le ramener à la raison si elle avait su pourquoi il faisait ça…pourquoi il affichait un tel visage de rage et de haine. Mais non. Elle ne pouvait rien faire. Les agissements de son ami étaient tout aussi incompréhensibles que le sens que prenait sa vie, et lentement, elle se sentit glisser dans un début de folie.
Après tout, pourquoi ne serait-elle pas devenue folle ?
Aujourd’hui, elle avait été suspendue, elle avait rencontré un type qui lui disait qu’elle portait un bracelet antique destiné à protéger le monde du Mal, et voila que son meilleur ami tirait et tuait certainement cet homme. Son monde était détruit, et elle n’avait plus rien et plus personne pour la tirer de là, pour la pousser à s’en sortir.
Pourquoi encore continuer à se battre, à partir de là ? Ca n’avait plus beaucoup d’utilité…
« Raaaah !!! »
Un cri primal explosa derrière lui avant que trois balles ne soient tirées. Toutes trois touchèrent en plein dans le torse le policier américain aux origines asiatiques, qui recula légèrement alors qu’une main puissante se posait sur son épaule, et qu’elle entendait une voix étouffée qu’elle avait crue éteinte à jamais.
« On se casse ! »
Pezzini se sentit attirer vers la fenêtre de sa chambre, et sans réfléchir ou même regarder plus en profondeur ce qu’il se passait, elle sauta, sentant une présence dans son dos et un bras se mettre au-dessus de sa tête pour la protéger du choc contre la vitre. Celle-ci céda immédiatement, et la jeune femme se retrouva alors nez dans la neige, sentant les flocons tombant rapidement et intensément sur elle…enfin, sur eux plutôt.
« Mais…vous n’êtes pas mort ?! »
Elle avait relevé les yeux et aperçut Question, l’homme qui était normalement mort, ou au moins sérieusement blessé après l’attaque de son ami Danny. Mais au lieu d’être immobile et en train de passer de vie à trépas, l’homme masqué était debout, son arme fumante dans la main et apparemment en parfaite santé. Il lui tendit sa main libre pour l’aider à se relever avant de lui répondre, d’une voix toujours étouffée mais aussi plus inquiète et dynamique qu’auparavant.
« Gillet par balles et habits de kevlar. »
Sara fut à sa hauteur en quelques secondes, et sentit alors l’étrange animalité que dégageait cet homme. Certes, il était très étrange et mystérieux, et n’incitait pas vraiment à la confiance, mais sa sûreté en lui, ses manières et aussi l’absence de visage, tout ça donnait quelque chose d’assez bizarre…pas vraiment attirant, mais ça augmentait la curiosité de la jeune femme envers lui. Elle voulait en savoir plus sur cet être, et vite.
« On doit y aller, Sara. Il risque de venir vite.
- Mais…pourquoi Danny nous a attaqué ? »
Pezzini ne comprenait toujours pas pourquoi son meilleur ami, son collègue les avait attaqués. Ils étaient normalement aussi proches que pouvaient l’être un frère et une sœur, et même si il y avait parfois certaines tensions entre eux…ce n’était pas pour ça que Danny allait se déchaîner sur eux. Non, surtout pas. Ce n’était pas dans sa nature, et il n’avait pratiquement jamais sortit son arme.
Au fond, ShanLi était presque un non violent. Sa conduite n’en était qu’encore plus incompréhensible pour elle, alors que son « allié » s’approchait d’arbres près de son chalet, et que la tempête redoublait de puissance autour d’eux.
« Danny ?
- Le…Enfin, mon collègue…C’est…c’est lui qui…qui a…
- Nan. Ce n’est pas lui. »
Question disparut alors entre les branches d’un énorme arbre centenaire, avant d’en ressortir quelques secondes plus tard, accompagné d’un bruit fort de démarrage. Assit sur un scooter des neiges, il faisait vrombir le moteur en faisant signe à Sara d’approcher.
« Pas lui ? »
Instinctivement, la jeune femme prit place derrière l’homme à l’imperméable et au chapeau étranges. Alors qu’elle posait ses mains sur ses hanches, par réflexe toujours étant donné qu’elle était encore très perdue vu ce qu’ils étaient en train de vivre et qui était quand même un petit peu inquiétant et délirant, elle sentit qu’il n’allait pas aussi bien qu’il voulait le lui faire croire.
En effet, dès qu’elle avait posée ses mains sur le corps de Question, celui-ci avait frissonné et avait tenté d’éviter qu’elle touche certaines zones de son anatomie. Il s’était prit la balle non loin de là, pensa-t-elle alors qu’elle remarquait que sa respiration était agitée et irrégulière. Même avec un gilet par balles et un vêtement en kevlar, on sentait l’impact d’une balle, elle le savait. Et l’impact avait été violent et surprenant.
Il devait avoir mal, oui. Mais il le cachait. Il ne voulait pas qu’elle le voie souffrir. Elle secoua la tête en pensant au machisme stupide des hommes alors qu’il faisait encore chauffer le moteur pour éviter qu’ils ne tombent trop rapidement en panne au beau milieu des grandes étendues québécoises.
« Nan, ce n’est pas lui.
- PEZZINI ! »
Soudain, la fenêtre par laquelle ils avaient sautés quelques secondes plus tôt fut franchie par un autre…mais différent d’eux. Très différent, même.
« Merde. »
Sara regarda à ce moment-là vers son chalet, tandis que Question faisait avancer rapidement leur scooter, et son sang se figea. Non, ce n’était pas Danny ShanLi qui les avait attaqués. Non, ce n’était pas son meilleur ami qui avait tenté de les tuer. Non, ce n’était définitivement lui.
C’était…autre chose. Quelque chose d’inconnu. Et de non humain, aussi.
En effet, l’être qui venait de sortir de son chalet avait d’énormes ailes métalliques dans le dos, et son visage avait aussi été modifié. Les longs cheveux noirs de Danny étaient toujours là, mais une expression beaucoup plus féroce était apparue…ainsi que des crocs. Oui. Des crocs. Et ses yeux étaient rouge sang, chose qui fit frissonner la jeune femme alors que leur moyen de locomotion prenait de la vitesse et que le monstre se posait dans la neige, deux sabres japonais dans la main et l’air évidemment menaçant.
« Mon dieu…mais qu’est-ce que c’est ?
- Ca ? »
Question était obligé de crier pour se faire entendre, mais même sans le voir et sans pratiquement l’entendre, elle était sûre qu’il avait un petit sourire sous son masque peu à peu recouvert de la neige qui se collait contre eux à mesure que leur vitesse augmentait et qu’ils fuyaient.
« C’est Ian Nottingham. Un vieil ami. Et l’employé de votre copain Kenneth.
- Kenneth ? Kenneth Irons ?
- Ouaip. Il veut nous tuer.
- Pourquoi ?
- Pour la Witchblade, voyons. Tu la lui as prise, tu te rappelles ? »
Elle soupira. Bien sûr qu’elle s’en souvenait.
Comment oublier la pire décision de toute sa vie ? Comment oublier le moment qui avait scellé son destin ainsi que celui de Matthieu, l’être qui était mort par sa faute et qui la hantait dans ses cauchemars ? Jamais elle ne pourrait oublier ça. Jamais elle ne pourrait ne faire qu’éviter de penser à cet instant monstrueux où elle avait suivie son instinct et prit cette saloperie de bracelet. Non, jamais.
Mais ça, Question ne le savait pas. Normalement, il ne savait rien d’elle, et elle se rendit compte alors qu’elle ne savait rien non plus de lui. Elle était avec un homme complètement inconnu, qui refusait de lui dire sa véritable identité et de lui montrer son visage, et elle lui faisait confiance…elle acceptait de lui faire confiance.
Lentement, la conscience revenait en elle. La policière sentait qu’elle était peut-être en train de faire une erreur. Sa journée difficile et le choc des révélations l’avaient poussés à accepter comme argent comptant ce que lui disait l’homme contre lequel elle était collée, mais qui lui disait qu’il disait vrai ? Qui lui disait qu’elle avait raison de faire ça ? Qui lui disait que, finalement, c’était lui la « bonne » personne ?
Après tout, elle n’avait jamais eu confiance dans les types masqués. Elle n’avait jamais fait confiance à ceux qui se cachaient pour rendre la Justice ou agir. Bien sûr, elle ne pouvait nier que l’action d’être comme les Titans, Batman ou d’autres était bénéfique, mais elle ne leur faisait pas confiance quand même. Pour elle, ils étaient des dangers. Des types complètement fous qui se croyaient meilleurs que les autres. Et qui étaient donc pires que les autres.