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Lex L
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MessageSujet: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 3 Aoû - 18:18

Une nouvelle que j'ai écrite à l'instinct, en écoutant les doors :

Vietnam No Returns.

La jungle. Cette foutue jungle nous entoure, nous compresse, nous suce jusqu’à la moelle. Elle pénètre nos âmes et nous détruit de l’intérieur. Je ne connais rien de moins sournois que cette jungle. Omniprésente, elle est partout et nulle part, dans nos pensées comme dans le monde réel. Quoi qu’on fasse, elle réussi à nous saisir et nous brise sans le moindre état d’âme. Cette omniprésence me rend fou. Elle nous rend tous fou, d‘ailleurs. Ce ne sont pas les soldats adverses notre principale crainte, ici. Non, c’est cette jungle. C’est elle notre pire ennemie. Elle nous tue à petit feu. Perfide, cruelle, elle est la souffrance incarnée. Les hurlements de mes compagnons dévorés par le paludisme n’en sont que l’exemple le plus criant.

Les moustiques. Ce sont ses plus dignes représentants. Milliers de petites créatures hostiles, des soldats zélés armés jusqu’aux dents qui fondent sur leur proie comme un seul être, organisés en escadrons de la mort sans pitié. Ces bestioles ne font plus qu’un lorsqu’elle attaquent et là, nul espoir de s’en sortir. Les piqûres se suivent pendant de longues minutes et le ballet ne s’arrête jamais malgré nos efforts désespérés pour écarter la nuée qui nous assaille. Mais ce n’est rien comparé à la douleur qui nous prend les nuits suivantes, lorsqu’on commence à ressentir les premiers effets de la malaria qui s’insinue dans chaque parcelle de notre corps et nous ronge comme un acide corrosif. Après vient la fièvre qui nous plonge dans des délires atrocement réels, des rêves sans sens qui en prenne brusquement dans nos cerveaux malades. Plus efficace que du LSD. Plus dévastateur aussi. On ne survie que rarement au paludisme. Car cette maladie nous détruit de fond en comble. Lorsque les fièvres ne nous ont pas emportés vers l’au-delà, c’est la diarrhée qui nous détruit les intestins. Après s’être fait bouffer les entrailles, la fièvre nous reprend de plus belle et cette fois, aucune chance de s’en sortir.

Moi, j’ai eu la chance d’être épargné de ce côté là. Les moustiques ne semblent pas aimer le goût de mon sang et je ne m’en pleins pas. J’ai bien assez de problèmes pour qu’en plus, je chope cette cochonnerie de palu. Quand je suis arrivé ici, j’ai bien cru que j’allais crever. Ce jour là, je fus accueilli par des trombes d’eaux. Les cieux ne cessèrent de verser leurs larmes que trois semaines plus tard, trois longues semaines où l’inaction engendrait la peur et le malaise.

Ce fut lors de la seconde patrouille à laquelle je participais que je les rencontrais pour la première fois. Le sergent qui nous commandait avait ordonné le bivouac pour la nuit. Ils profitèrent de notre sommeil pour surgir de la nuit. Ils étaient six. Des éclaireurs faiblement armés. Sans doute nous avaient-ils collé aux basks toute la journée d’hier. Je ne pense pas qu’ils nous auraient attaqués mais, ça, j’en serrai jamais sûr. Une sentinelle cachée dans un arbre les a repéré et a donné l’alerte et ce fut un bain de sang. Pas un ne survécut. Je me rappelle encore de leurs visages à peine surpris lorsque les mitraillettes les descendirent et qu’ils s’écroulèrent comme des poupées de chiffon. Ils s’étaient préparés à mourir.

Voilà peut être pourquoi ils ont tant l’avantage sur nous. En plus de cela, ils ont pactisé avec la jungle et s’en sont fait un allié de choix. Un allié qui ne les trahit jamais. Ils comprennent cet enfer tropicale parce qu’ils y ont grandi. Pour nous, nulle question de s’habituer à ça. C’est impossible. Nous sommes des étrangers ici. Nous ne comprenons pas cette jungle et nous ne voulons pas la comprendre. Non, surtout pas. Elle nous détruit, cette foutue jungle. Elle nous massacre avec une lenteur malsaine, comme une araignée qui s’amuse avec un insecte pris dans sa toile. Patiemment, elle nous enroule dans un complexe cocon de souffrance puis nous dévore miette après miette. Cette jungle me tue, ouais. Elle nous tue tous. Elle nous aura jusqu’au dernier. Et même quand cette guerre prendra fin - si elle prend fin un jour - la jungle nous poursuivra dans nos cauchemars au pays puis elle nous bouffera. On crèvera tous, ouais. On crèvera tous de ça. Finalement quoi qu’on fasse, la jungle nous rattrape toujours. Même cette pipe à eau que j’ai dans les mains ne me ferra pas oublier la souffrance que cette jungle continue d’alimenter en moi en permanence. Elle a réussi sa mission. Bien mieux que nos adversaires humains. Elle a réussi à nous détruire totalement. Elle a noirci nos âmes à jamais. Elle a dévoré nos cœurs et nos pensées. Bientôt, on ne serra plus que des squelettes ambulants. Des squelettes sans vie. Des morts vivants en quête d’un ailleurs qui nous ferra toujours revenir vers cette foutue jungle. Les lianes, la boue, les insectes qui se faufilent dans nos vêtements, qui nous bouffent tout cru, la chaleur, la peur qui nous tenaille sans cesse. Oui, la peur. Le malaise général qui nous gagne. La paranoïa qui nous conduit à des atrocités. La jungle produit des effets tellement terribles sur nous. Elle ne nous laisse aucun repos. Pas le moindre repos, non. Elle ne nous en laissera jamais et continuera sans cesse à nous hanter jusqu’à notre mort. Et ce n’est guère le napalm qui y changera grand chose. Cette jungle a beau brûler, ne devenir qu’un petit amas de cendres, elle n’en reste pas moins toujours aussi redoutable. La jungle, c’est dans nos têtes qu’elle vit. Elle contrôle nos pensées et nous oblige à penser toujours à ça. A cette putain de guerre. A ces populations massacrées, à ces gosses brûlés par les lances-flammes et le napalm, à ces gamines violées, à ces villageois exécutés pour un rien. Oui, la jungle nous fait revivre en boucle cette sombre partie de notre vie comme un vieux disque rayé qui se répète indéfiniment.

Allez. Oublions un court instant cette horreur. Allez, sombrons dans les bras de Morphée aux allures de LSD. Partons. Quittons tout ça, oui. Fuyons. Fuyons.

Pourtant, elle est toujours là. Elle nous guette. Même nos délires de drogués ressemblent traits pour traits à cette foutue jungle !
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 3 Aoû - 20:55

C'est bien. Très nerveux et étrange. Bravo.
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 3 Aoû - 21:27

Merci, c'était le but de ce petit écrit sans prétentions.
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Zauriel
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 3 Aoû - 22:03

très sympa. j'aime beaucoup comme ben le côté nerveux et comment ton narrateur accepte son destin.
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Rirox
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptySam 4 Aoû - 0:14

ca a déjà été dit par Ben et Zauriel,mais vu que c'est vraiment le mot je le ressors aussi;ton texte est très nerveux mais dans le bon sens du terme,j'ai bien aimé aussi.Le coté psychédélique est aussi bien présent,et ca rajoute à l'ambiance assez étrange de ton récit. Smile
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptySam 4 Aoû - 17:23

Merci. Ecouter "The end" des Doors aide beaucoup quand on veut écrire un truc nerveux et psychédélique. Mr. Green
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptySam 4 Aoû - 23:28

toi aussi???
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Lex L
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyDim 5 Aoû - 12:11

Apparemment Mr. Green
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 31 Aoû - 13:33

Nouveau texte qui date d'hier soir après la prise de produits illicites :

Réglement de comptes.

Le sang tambourine à mes tempes et un voile rouge tombe sur mes yeux. Je n’y vois plus rien. Ma main glisse lentement vers ma jambe droite où est accroché mon revolver de secours, juste sous le tissu de mon pantalon. Seuls quelques centimètres séparent mes doigts de mon flingue. De l’arme qui me tire toujours des pétrins dans lesquels je me fourre tête en avant. Comme toujours. Il faut que je sois fort. Je ne dois pas penser à ces enfoirés tapis dans cette saleté de ruelle qui me tirent comme un lapin depuis cinq minutes. Je dois évacuer le stress de cette situation. J’ai l’habitude de ce genre de types. Ces salauds croient qu’ils sont en sécurité dans l’ombre, dans leur domaine. Mais ils ne connaissent pas ce coin comme moi je le connais. Ces connards qui me canardent ne savent pas où ils viennent de mettre les pieds. Et ça va barder pour eux. Car je connais cet endroit comme si j’y étais né. Je peut sentir les battements de son cœur. Il est mon allié. Ce lieu est mon unique allié dans ce foutu merdier. Un allié dont je ne peux me passer. Le chien fidèle pour l’aveugle que je suis. Et dans mon fort intérieur, je prie pour que le chien ne se transforme pas en loup incontrôlable.

Une balle se loge dans la benne à ordures qui me sert de barricade. Cette taule est aussi solide que de l’acier et ça me permet de souffler un moment. Ils vont s’user à tirer comme des idiots, comme ça, dans le vide. Ils sont trop pressés. Ils ne savent pas patienter pour débusquer leur proie. Ce ne sont pas des chasseurs. Ce sont juste les hommes de mains de Jim Murray. Ce bon vieux Jim Murray. Comment les politiciens l’appellent déjà ? Ah oui. Sir Murray. Cette enflure de la mafia finance leurs campagnes alors la plus grande courtoisie est de rigueur. Bien sûr, ils savent ce qu’il trafique en cachette. Drogue. Prostitution. Racket. Ils sont au courant mais ne disent rien car ils ont besoin de ce cinglé pour asseoir leur main mise sur le pouvoir. Ils ont besoin d’un meurtrier sanguinaire pour devenir des hommes puissants. Ces gars là sont pareils que Jim. C’est bonnet blanc et blanc bonnet, en fait.

Une seconde balle passe à trois centimètres de mon visage. Merde. Ils ont changé de position. Se pourrait-il qu’ils deviennent intelligents ? Et tout ce sang. Je n’y vois vraiment rien et ça me tape sur le système. Mais je dois rester calme et concentré si je veux sortir d’ici vivant. Il en va de ma vie. Je ne suis plus protégé et aveugle, soit. Mais ce n’est pas une raison pour me laisser plomber par une bande d’empaffés. Si je dois mourir, ce sera après avoir réglé mes comptes avec Jim et lui avoir logé quelques pruneaux dans sa carcasse. Ce vieux porc m’exaspère sur sa montagne de pognons blanchis. Du sang sur tout son fric, ça ne serrait que rendre la couleur originelle. Et ce ne sont certainement pas ces guignols qui m’arrêteront. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. L’une de leurs balles m’a touché à la joue et a fait gicler du sang dans mes yeux ? Et après. Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Je ne suis pas mort et je ne leur donnerais pas d’autres occasions de me toucher.

Quelques secondes passent. Le silence règne. Sont-ils partis ? Ont-ils délaissés leur proie ? Non. Ils sont trop stupides pour faire une chose pareille. Ou peut être pas assez. Ils savent que si je ne meurs pas, c’est eux qui trinqueront. Ou leurs familles, au souhait du grand patron. Qu’une ordure comme Murray n’ose même pas venir régler ça comme un homme, sans faire appel à mes chiens de garde, je trouve ça lâche. D’une lâcheté admirable, même. Il veut pas sortir de sa tanière. Il a trop peur pour ça. L’odeur du sang. Il n’y est plus habitué depuis bien longtemps. Il préfère rester dans son palais, entouré de ses perfides fidèles. Comme un roi et sa cour. Comme un rat et ses enfants. Mais j’ai juré d’avoir sa peau et je l’aurais. Même si je dois venir le chercher jusque dans son repère.

Lentement, j’avance en essuyant d’un revers de ma manche le sang qui m’aveuglait et je saisis mon arme. Un regard à gauche puis à droite. Rien. Ces gars se sont ils vraiment fais la malle ou n’est-ce qu’un sinistre piège pour pouvoir m’avoir ? Je penche pour la seconde solution. Ces salauds doivent se planquer à couvert et me viser en ce moment même. Mais mon instinct ne me trompe jamais et il me prévient immédiatement lorsque je sens un danger invisible. Dans la seconde qui suit, je suis au sol alors que l’enfer se déchaîne au dessus de moi. Bande de rigolos. Une fois que le feu a cessé, je me relève d’un bond et enclenche mon automatique. Deux de mes projectiles atteignent le mec à la mitraillette qui croyait me cueillir. Il tombe, sans un râle. Mais je n’ai pas le temps d’aller aux constats. Je dois protéger mes arrières et me planquer. Alors que de nouvelles balles fusent en tout sens, je me jette à l’endroit où se trouve le cadavre du type que je viens de descendre, à l’abri derrière le mur.

Boum. Boum. Mon cœur s’affole. Mais je dois garder le contrôle. Je suis un bon tireur et pas une lopette ou un crétin. Je sais comment faire regretter à Jim de s’en être pris à ma copine et je suis déterminé et remonté à bloc. Il pouvait m’acheter. Il pouvait me corrompre. Mais non. Cet enculé a préféré faire assassiner ma petite-amie. Quel lâche. Julie n’avait que vingt-deux ans et il a pas hésité à envoyer ses bouffons faire le sale boulot et truffer son joli minois de pruneaux. En faisant ça, peut être qu’il croyait me faire partir. Saper mon moral. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. En tuant Julie, Jim n’a fait qu’attiser ma colère, ma rage et ma haine. Il a fait l’erreur de sa vie. Je voulais juste récupérer mon fric et au lieu d’obtempérer il a préférait jouer au dur intransigeant. Il a signé son arrêt de mort. Car j’avais la faiblesse de tenir à Julie. Bien sûr, j’aurais pas dû. Mais elle était si innocente. J’ai craqué, on s’est envoyé en l’air et elle est tombée amoureuse de moi. Comme quoi, la vie fait de drôles de cadeaux. Un vieux loubard comme moi avec cette gamine pétillante, c’était trop beau pour durer. Il a fallu que mon passé me rattrape ou plutôt que j’essaye de rattraper mon passé en réclamant mon fric à Jim. En quelques sortes, j’ai tout foutu en l’air. Mais ça n’a plus d’importance à présent. Il n’y a que ma haine en moi. Je vais plomber Jim pour Julie. Même pas pour mon fric. Et après je pourrais aller crever en paix.

- Hey ! Je te conseille de te rendre !

Va au diable, enflure. Si ils croient que je vais sortir avec leur promesse à dix sous, ils peuvent aller se faire voir. Je suis plus un bleu. Je sais ce qui se passe dans ce genre de cas. A peine aurais-je montré le bout de nez qu’ils enclencheront leurs mitraillettes sans même réfléchir. Mais ils sont trop cons et comprennent pas qu’on ne peut pas m’avoir aussi facilement.

- Jim t’offre la vie sauve si tu abandonnes !

Mais bien sûr. A croire que ce gars croit vraiment aux conneries qu’il raconte. Il est vraiment très con dans ce cas là. Je suis pas un bleu, je l’ai déjà dis. Par contre, lui, on croirait. Jim est devenu assez bête pour m’envoyer des gamins aux trousses ? Merde. C’est vrai, j’oubliais. J’ai tué ses meilleurs hommes tout à l’heure. Il reste plus que ces petits merdeux pour prendre leurs places et assurer la protection de leur maître. Sauf qu’ils vont échouer parce que je vais être impitoyable sur ce coup là.

Voyons voir. Il y en a deux sur le toit de l’immeuble. Deux autres cachés à l’opposés de l’endroit où je me trouve, leurs canons braqués. Et… Merde. Il en manque un. J’arrive pas à localiser le cinquième. C’est pas bon signe ça. Est-ce que mon flair me joue des tours ? Attends. Arrête de réfléchir un peu et écoute.

Je me retourne brusquement et tire une seule fois. J’ai trouvé celui qui manquait à l’appel et je crois qu’il est mort. Pas mal pour un merdeux. J’ai presque failli me faire avoir. Presque. Heureusement, je constate que mes instincts sont intacts. Un léger sourire apparaît sur mon visage tuméfié alors que je me penche pour saisir la mitraillette qui pend au doigt de ma dernière victime. Je vais en avoir besoin. Et maintenant. La fête commence ici. Je sors de ma planque en pressant la détente en direction des deux guignols sur le toit de l’immeuble. J’en touche un. L’autre a eu le bon sens de se planquer. Puis de mon revolver je tire vers les deux autres en face de moi. Les balles arrivent bien à destination mais un connard a le temps d’atteindre mon épaule. Je lâche la mitraillette. Merde. Le gus d’en haut en profite et me loge un pruneau dans la jambe. Enfoiré. Mon flingue le descend quelques secondes plus tard mais le mal est fait. Ma jambe est foutue, il m’a eu au genoux. Je tombe à terre. Finalement, ils étaient pas si mauvais, ces cinq idiots.

Je pisse le sang et surtout, j’ai mal. Ca faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cette sensation de meurtrissure de ma chair mais là, ça ravive tout mes souvenirs en un clin d’œil. La Thaïlande, lorsqu’un chinois m’avait tiré dessus en plein dans la panse. J’avais failli y passer cette fois-là. Il y avait eu la Colombie, aussi. A l’époque où je bossais pour un producteur de coca recherché par les poulets. L’un d’eux m’avait eu dans le dos. Là encore, j’ai eu beaucoup de chance de m’en tirer et surtout, de pas finir mes jours en taule. Mais là-bas, les gens pour qui je travaillais étaient puissants. Très puissants. Et ils m’ont tiré de la prison en passant qu’un coup de fil. Si Jim pouvait faire ça pour sortir tout ses gars mis à l’ombre.

Merde. Je repense encore à ce fumier qui m’a pris Julie. Ce sale fils de pute finirait par me hanter. Mais je dois me reprendre. Cesser de penser à tout ça et me concentrer sur le présent. Sur mon genou démoli. Sur ma mission aussi. Je dois crever quelqu’un et ce quelqu’un est dans les parages. Il n’a pas eu les couilles de venir m’affronter ? Soit. Je le retrouverais.

- C’est moi qui t’es trouvé, connard.

Merde. Ce fils de putain est juste derrière moi et je l’ai pas vu venir. Alors il est assez courageux pour venir ici tout seul ? Tu parles. Il a attendu tranquillement que je sois immobilisé par ses chiens de garde pour venir finir le travail lui même. Ca me dégoûte. Jim n’est plus le type loyal que je connaissais à l’époque où on bossait ensemble. Le pouvoir a fait de lui une pure ordure. Mais il est quand même prêt à se salir les mains pour venir me plomber lui-même. Clin d’œil au bon vieux temps, sans aucun doute.

- T’aurais dû suivre le conseil de mon gars. T’aurais eu une mort rapide.
D’accord. Au moins les règles sont fixées. Il va me tuer à petit feu. Ses instincts de tueur ressortiraient-ils alors que je lui tourne le dos, la tête dans cette boue sanguinolente qui moule mon visage ?
- Va t’faire, Jim.

Une balle atterrit dans ma cuisse gauche. Je sers les dents pour ne pas crier. Je ne dois pas lui faire se plaisir à cet enflure de premier ordre. Lentement, je roule sur moi-même pour lui faire face. Avec un peu de chance je… Aïe. Une nouvelle balle. Cette fois, c’est le ventre. Et la douleur est quinze fois pire qu’avant. J’ai la soudaine impression d’être broyer de l‘intérieur, comme si une presse géante aplatissait mes intestins et mes organes.

- Ordure…

Et encore une. Dans le poignet, pour me faire lâcher mon flingue. Et c’est ce que je fais, bien malgré moi. Mon arme tombe dans la boue et je n’ai pas la force de l’attraper. Sans elle, je ne peux pas éliminer l’enculé en face de moi et qui sourit. Un sourire de vainqueur. Un sourire de pervers.

- Finalement, tu es vaincu, mon vieux. C’était plus facile que je ne le pensais, je dois dire. D’accord tu as tué ma garde rapprochée mais à présent, face à moi, t’es plus rien qu’une pauvre loque. Une merde insignifiante que je vais me faire un plaisir d’achever. Qu’est-ce que dirait cette petite pute en te voyant comme ça… Comment s’appelait-elle déjà ? Ah oui, Julie.

Touché. Et ce salaud rit en voyant mon visage se décomposer instantanément. Cet ordure rit de ma douleur réelle. Ma faiblesse. Mon amour pour Julie. Je vois son visage. Son doux visage d’ange. Ses longs cheveux bruns qui ondulent sur ses épaules et ses seins nus et fermes. Et son sourire magique qui m’envoûte tant. Je vais la rejoindre. C’est sûr, maintenant. Plus que quelques minutes à peine et je pourrais te serrer fort dans mes bras, bébé. Plus que quelques minutes avant que je crève.

Mais je ne dois pas flancher. Pas maintenant. Pas comme ça. Le paradis n’existe pas et je ne reverrais jamais Julie. Pour moi, c’est rien que l’enfer qui me guette. Un enfer où mon âme brûlera comme disent les curés. Et si d’ici là, j’ai pas rempli ma promesse, alors ma torture sera bien plus grande que le bûcher éternel. Il ne faut pas que je crève comme ça. Pas avant d’avoir buter ce… Oh. Une balle dans les côtes. Bon sang, qu’est-ce que ça fait mal ! Du sang inonde mes vêtements et une immense tâche apparaît sur le sol, à côté de moi. Merde. Je vais crever, c’est certain. Moi, le dur à cuir. L’enflure qui a buté je ne sais combien d’enfoiré. Je vais me faire avoir par cet enfoiré de lopette ? Oui. Oui, je vais mourir à cause de Jim. L’ancien ami qui m’a trahi et a tué Julie. L’enfoiré que je dois… Que je dois tuer !

D’un bond je me lève. La douleur disparaît alors que mes yeux s’injectent de sang. Je hurle comme une bête féroce et je me rue sur un Jim apeuré et surpris par la résurrection du mort. Mes doigts lui sert la gorge alors que le sourire de Jim s’efface. Il va payer. Enfin. Pour Julie. Il va payer pour tout ses autres crimes aussi. Pour tout ces meurtres qu’il a sur la conscience. Oui, crève, salopard ! Meurs ! Tu es une charogne !

- Charogne ! Fils de pute !

Je hurle alors que mes muscles se contractent une dernière fois pour finir le travail. Et puis Jim finit par arrêter de résister. Il est mort. Ca y est. C’est fait. Je vais pouvoir enfin mourir en paix et…

Bang ! Bang !

Le jeune policier s’approche du cadavre encore chaud et le retourne du plat du pied. Son chef apparaît quelques secondes à peine plus tard et observe le travail de son jeune sous fifre.

- Je crois qu’il est mort, chef.
- Beau travail, mon garçon. Ca ferra un cinglé de moins dans cette ville de fou…


Fin.
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptySam 1 Sep - 21:59

On sent l'influence Sin City. C'est néanmoins assez bien fait et intéressant, bien joué.
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Lex
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 28 Mar - 23:16

Une petit texte de slam :


Mon cœur est un bloc en acier qui s’effrite.

Mon cœur est un bloc en acier qui s’effrite
Usé, fatigué par cette quête dramatique,
D’une vie rêvée et d’un bonheur illusoire,
Mais quand je me réveille, il est déjà tard le soir.
Le soir d’une existence qu’on croyait éternelle,
Peuplée de rares instants, qu’on voudrait immortels.
Mais quand mes yeux se posent
Sur la tombe de mon passé,
La question se pose,
De ma vie qu’ai-je fais ?


Mon cœur est un bloc en acier qui s’effrite
Je voudrais qu’on m’achève, qu’on enfonce un couteau,
Dans cette vaste plaie ouverte où encore s’agitent
Quelques spasmes de vie, assez
Pour appuyer.
Le revolver est là, sur la table posé,
Un geste pour le saisir et ma souffrance est terminée.
Esquisser un mouvement, puis saisir l’arme,
Presser la détente pour annihiler mon âme.


Mon cœur est un bloc en acier qui s’effrite,
Qui menace d’exploser comme un rocher glacé,
Une forteresse imperméable, imprenable et brisée,
Une ruine abandonnée qui n’a plus rien d’un gîte.
Rien ne peut l’atteindre, même pas tes sourires,
Ni les larmes ni la mort, que ce texte t’inspire.


Allez, assez parler, il est temps de tuer,
Ce débris de vieux con qui intentionnellement vous fais chier.
Le barillet se meut et le doigt presse
Détendu la détente, sans angoisse ni tristesse.
La balle roule le long du tube obscur
Et frappe mon crâne dans un bruit de cassure.
Mon sang noir et trouble caresse le mur,
Donnant au papier peint une étrange allure.
On dirait un tableau exposé dans une galerie
De l’art moderne, la mort dans la vie.
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyVen 27 Juin - 11:08

La pomme.


La substance avait déjà anéanti toutes les résistances psychiques de son cerveau. Elle délirait, les yeux dans le vague et un sourire niais sur ses lèvres. Sans doute ne percevait-elle déjà plus que des bribes de la musique que vomissaient les gigantesques enceintes, autour de la piste de danse. Pourtant, elle continuait à danser, ses mouvements désordonnés lui donnant un air de poupée ridicule. Elle suivait sa propre mélodie, désormais, vivant son rêve chimique autant que sa conscience le lui permettait. Une interrogation submergea Daniel, alors qu’elle passait ses bras autour de son cou en riant. Comment un être humain normalement constitué pouvait en arriver là ? Était-ce cela, la clef du bonheur, l’ascenseur direct pour le paradis ? Plus rien ne devait avoir de sens pour elle, à l’heure qu’il était. Elle ne faisait que ce que lui dictait les drogues que son organisme avait englouti une heure plus tôt. Daniel eut un vague sourire puis l’embrassa. Sa langue explora sa bouche et elle se pressa contre lui. La junkie était en manque de sexe et il était l’inconnu qui lui fallait pour prendre un pied total, terminer son bad trip en apothéose. Pourquoi refuserait-il une telle proposition ? Cette fille sensiblement jeune était sculptée comme une déesse et abuser d’elle ne lui aurait posé aucun problème. Aussi passa-t-il sa main sur son cou et lui murmura-t-il dans l’oreille :
« Tu veux goûter à un nouveau produit ? »
Ses yeux devinrent soudain vifs de lucidité. Elle agrippa le col de sa chemise et fixa les verres tintés de ses lunettes.
« Quoi comme nouveau produit ?
- Du calme, ma belle. Je vais te montrer. C’est un truc d’enfer qui te ferra vraiment décoller. »
La petite sembla réfléchir pendant quelques instants, son cerveau grillé pesant le pour et le contre de suivre ce type un peu louche chez lui pour lui servir de testeur. Heureusement, elle était trop défoncée pour mener à bien ses réflexions et elle finit par acquiescer. Daniel lui attrapa alors la main et la conduisit, en se taillant un passage à travers la foule, jusqu’à une porte dérobée en haut d’un escalier, sur laquelle scintillé les lettres EXIT. Daniel la poussa et sentit l’air froid de dehors fouetter sa chair. Devant lui se trouvait une impasse qu’il connaissait bien, en tant qu’habitué de la boîte. A quelques pas de là était garée une moto. Sa moto. A ses côtés se trouvait un grand noir en chemise bleue nuit qui le dévisagea pendant quelques minutes. C’était Big C, son collègue de travail en quelque sorte. Ils étaient amis de longue date et travaillait en partenariat, avec exclusivité sur les nouveaux produits qui sortaient, de par les contacts qu’ils avaient tout deux. Un médecin par ici. Un pharmacien par là. Daniel avait même réussi à dégoter un fournisseur tout particulier : le chef de sécurité d’une entreprise pharmaceutique de la banlieue parisienne. Cette entreprise mouillait dans des affaires peu claires et avait le droit à des arrivages très spéciaux, que contrôlait le chef de la sécurité et quelques chercheurs complices, ainsi que le sous-directeur de l’établissement. Autant dire que c’était du pain béni pour les deux associés. Quoiqu’il en soit, ces derniers avaient quelques obligations, d’où le regard courroucé de Big C devant la trouvaille de Daniel.
« Merde, c’est quoi ça ?
- Sans hésitation aucune, je te répondrai que c’est une blonde, ma foi très bandante, avec un cul à grimper aux rideaux et une paire de seins très agréables au toucher. Vraiment, j’ai tripoté alors je sais de quoi je parle… Hum… Ah oui, petite précision : elle n’est pas trop dans son assiette alors j’ai… comme qui dirait décidé de l’accompagner chez moi pour qu’elle dorme un peu. Regarde là, la pauvre chérie, elle est toute fatiguée. Danser c’est vachement fatiguant, crois-moi, vieux.
- Bon, arrête le disque, tu veux. Ton humour à deux balles, je commence à en avoir ma claque. T’oublies qu’on a rendez-vous avec les chinois aujourd’hui. Je croyais que tu devais aller les voir mais j’en conclu que, comme à ton habitude, tu t’es démerdé pour n’en faire qu’à ta tête. Un jour, je vais te laisser n plan et tu seras bien dans la merde !
- Arrête un peu avec tes leçons de morale. C’est rien. Tu peux aller les voir toi-même tes bridés. Mon grand cœur de chevalier me supplie d’aider cette petite pleine de désarroi.
- C’est qui ?
- Personne, ma belle. Rendors-toi. Regarde là, C, je peux pas la laisser ici toute seule. Un vilain garçon pourrait envisager de faire des choses très mal avec elle. Comme la baiser et la droguer par exemple. »
Daniel explosa de rire en passant sa main sous le petit pull rose de la jeune fille. Big C soupira puis s’écarta pour les laisser passer. Il fait un clin d’œil à son ami et ajouta :
« Fais pas de bêtises pendant que je suis pas là, vieux. »
Puis Daniel embraya et démarra en trombe, sa conquête accrochée à lui.
La lumière des lampadaires éclairait la rue où il vivait. Parmi les pavillons avec garage se trouvait sa propre demeure. Il s’arrêta au numéro 145.
« Terminus. Tout le monde descend. »
Daniel descendit de la moto et aida l’autre passagère à emboîter son pas. Ils traversèrent bras dessus dessous un jardin où sommeillaient deux nains de jardin - Gruchty et Gruchtou - puis pénétrèrent dans la maison. Daniel referma la porte puis revint juste à temps pour éviter à la junkie, adossée contre un mur, de s’écrouler. Finalement, il la mena jusqu’au canapé sur lequel elle s’écroula bruyamment. La bouche pâteuse, elle ne comprenait pas très bien ce qu’elle faisait là. Se souvenait-elle de la raison pour laquelle elle l’avait suivi ? L’inquiétude de Daniel la sortit de sa torpeur.
« Où est-cette… euh… le truc que tu m’as promis. »
Elle plissa les yeux un instant puis secoua la tête énergiquement. Dieu seul pouvait savoir ce qui se passait là-dedans. Elle semblait totalement paumée, se débattant avec un ennemi imaginaire. Déjà, les effets néfastes de la drogue dévorait ses neurones et perturbait ses sens. Daniel sortit d’un tiroir un sachet contenant des petites gélules jaunes. Riant sans raison alors que sa compagne parlait toute seule, il en saisit deux. Puis il s’approcha d’elle et lui présenta les cachets du paradis.
« Whoa… C’est quoi ça ? Ca s’appelle comment ?
- Du Dirtax Zone.
- C’est nouveau sur le marché, non ?
- Exact, ma jolie. Rien de mieux pour voyager vraiment. Une gélule et hop, tu te retrouves ailleurs. Crois-moi, on en revient changé.
- Et bah ça. Euh… t’es sûr de l’effet ? J’veux dire… c’est vraiment fort ?
- C’est ce qu’il y a de meilleur pour toi, chérie. »
Son sourire la rassura. Elle avala l’une des deux gélules d’un coup puis attendit que Daniel fasse de même. Consommateur rare de ce genre de produits, celui-ci était pourtant tenté de faire le voyage avec cette gosse pour voir jusqu’où cela pourrait le mener. Déjà, il la sentait partir. Si il voulait faire l’amour avec elle et qu’elle en soit consciente, il aurait intérêt à rattraper la locomotive, partie à toute vitesse. Hésitant encore quelques secondes, il finit par prendre la gélule.

3


2


1




« Salut, Dany. »
Un flash lumineux le fit immerger. Daniel ne se souvenait plus de rien excepté de ce mal de crâne exceptionnel.
« Euh… salut. »
Sa réponse était évasive, alors qu’il cherchait à se relever. Mais par une science étrange, cela lui était tout bonnement impossible. Est-ce que ce foutu Dirtax Zone l’avait rendu invalide ? Quel abruti il avait été d’accepter de suivre la petite dans son délire. Il aurait pu la baiser sans qu’elle ne dise rien, encore et encore, et ce, pendant otite la nuit durant. Mais au lieu de ça, il avait joué au con et se retrouvait incapable de distinguer quoique ce soit d’autre qu’une lumière.
« Tu ne sais pas où tu es, mon vieux. Ce doit être angoissant. Ca fait cet effet là, au début. Pertes sensitives et sensorielles, impression de paralysie et souffrance interne forte.
- Où je suis ?
- Ailleurs. Ce n’est pas ce que tu voulais ? Échapper à ton quotidien de merde et prendre du bon temps avec elle. »
La lumière disparut et laissa place à la fille de la boîte de nuit. Vêtue d’une robe de soirée, elle était tout bonnement sublime.
- Le Dirtax Zone t’offre un voyage sans retour, un aller simple pour ton paradis. C’est simple et éternel.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
Daniel commençait doucement à immerger, à comprendre ce qui se passait, et ça ne lui plaisait pas. Il était coincé dans son rêve narcotique ? Mais la voix s’était tût et la nouvelle réalité reprenait ses droits. Daniel se trouvait dans le hall d’un hôtel chic, habillé en costar et nœud papillon. Devant lui, la fille qui l’avait accompagné le regardait avec un sourire. Puis elle s’approcha et l’embrassa, avant d’ajouter :
« Nous allons être en retard, mon chéri.
- En retard ? Mais en retard pour quoi ?
- Mais pour ton jugement, voyons. »
Daniel sursauta. Un jugement ? Son jugement ? Qu’est ce qui se passait ? Que lui arrivait-il ? Pourquoi ne contrôlait-il plus rien ? La sueur commença à perler sur son front tandis que la réalité se distorsionait sous ses yeux affolés. Le rouge satiné qui l’entourait devint grisâtre et explosa en mille couleurs avant de trouver une teinte blanche. Le sol se déroba sous ses pieds invalides et il se sentit chuter, tandis que la junkie riait à gorge déployée. Les secondes passaient et plus il tombait. Peu à peu, une étrange sensation de panique emplissait son corps et ses poumons. Que lui arrivait-il ? Jamais une drogue n’avait été aussi efficace ? Quelle était cette substance qui remodelait la réalité à son gré et la société qui la produisait ? Un groupe pharmaceutique puissant pour que ces gélules jaunes aient autant d’efficacité.
Enfin, il atterrit sur quelque chose de dur. Le noir total régnait et un silence glacial avait succédé aux rires ignobles de sa descente. Daniel sentit qu’il tremblait comme un gosse apeuré. Il ne maîtrisait plus rien et se retrouvait seul dans un vide total. Il n’avait qu’une envie, celle de revenir chez lui, dans son salon, et que tout ce cinéma s’arrête. Un trip était conçu pour ne pas durer et rendre accro. C’était un argument de vente tacite des narcotrafiquants du monde entier : les drogués devaient être dans une totale dépendance, ce qui préfigurait une expérience inédite mais courte, qui s’amoindrirait avec le temps, pour forcer les consommateurs à prendre plus et toujours plus, jusqu’à la mort. Ici, le voyage semblait d’une longueur insoutenable et n’avait rien d’un rêve. Si son sens de l’humour ne l’avait pas quitté, il aurait même qualifier l’expérience de cauchemardesque. Quoiqu’il en soit, s’il voulait s’en sortir, il devait garder son sang-froid et être maître de soi-même. Tout d’abord, la situation présente était à clarifier : il n’était pas dans la réalité. Ce n’était pas une réalité nouvelle, non, mais un rêve. Et il y avait une explication rationnelle à tout ça. Le rêve n’était qu’une manifestation de sa psyché et non une action provoquée par l’extérieur. C’était donc lui même qui était maître de sa tête. Il était aussi conscient de ses pensées puisqu’il réfléchissait à l’heure actuelle au moyen de se sortir de ce merdier. Si il pensait, c’était qu’il pouvait réussir à pallier à ce délire. Il ne réagissait, qui plus est, pas comme un junkie et ne planait pas. Ca ne pouvait être un piège qu’on lui aurait tendu. Big C lui avait fourni le Dirtax Zone et c’était son meilleur ami. Et puis la première destination du produit était la clientèle et non lui-même. Donc elle ne pouvait engendrer la mort, en tout cas pas tout de suite. Le trip ne pouvait donc logiquement pas être éternel. C’était en soi anti-économique que de lancer une drogue mortelle sur le marché.
« Oublie ta logique ! »
Le visage de la junkie apparut soudain à ses côtés. Daniel sursauta. La beauté camée s’était transformée en squelette et c’étaient deux orbites qui le fixaient droit dans les yeux. Il devait contrôler, il devait…
« Tu ne contrôles plus rien, pauvre fou. Tu vas être jugé et mourir pour l’éternité. »
Non.
Ca n’est pas possible.
Il doit rouvrir les yeux et affronter cette bête immonde.
C’est sa tête et il la maîtrise.
Le sang tambourine à ses tempes et il se sent de plus en plus mal. Il a mal, affreusement mal et une envie de vomir le submerge. Le rire hurlé autour de lui pénètre sa peau et la ronge.
Lorsqu’il rouvre les yeux, une nuée d’insectes le dévorent.
Pitié.
Il sent les mandibules lui arracher la peau et blanchir ses os. Pourquoi est-il encore vivant ? Les bestioles pénètrent dans son nez, dans sa bouche, dans ses oreilles. Elles investissent son crâne et dévore la tendre cervelle. Il est dévoré de l’intérieur. Pourquoi est-il encore vivant ?
Pitié.
Les chiffres s’affolent sous ses yeux. Quels chiffres ? Où sont-ils ? Ils dansent. Ils dansent avec les nuages. Non. Non, il dansent avec les bougies.
« Que voyez-vous ? »
La voix est douce et il perçoit au loin un champ de blé à l‘horizon.
« Euh.. Je… »
Mais l’image se trouble et les insectes reprennent leur repas carnassier. Il ne voit plus rien. Il… NON ! Pas les enfants ! Ils ne peut pas voir ces enfants égorgés. Ca n’est pas poss…
« Vous venez de perdre le contrôle. Rétablissez l’appareil à altitude raisonnable. »
La voix enregistrée le terrorise comme un gosse. L’avion tombe et son esprit aussi. Il ne maîtrise plus rien. Il subit. Il subira à jamais. Il le sait maintenant. C’est sa seule certitude. La seule logique possible. La seule issue. Pas d’issus. La seule issue. Pas d’issus.
Souffrance éternel.
Ainsi soit-il.

Laura recracha le gélule jaune et s’essuya la bouche. A ses pieds se trouvait sa cible, ce dealer bien connu des forces de police dont le terrain de chasse privilégié était les boîtes de nuit parisiennes. A son tableau de chasse se trouvaient des gamines, souvent mineures, qu’il entraînait dans le cercle destructeur de la drogue et de la mort. Par sa faute, vingt-deux jeunes adolescentes avaient développé une accoutumance forte et se trouvaient à présent dans des centres de désintoxication où les médecins tentaient vainement de réparer les altérations neuronales qu’elles avaient subie. Daniel les avait condamné à vivre toute leur vie comme des légumes, sans plus aucune conscience de soi. Il les avait baisé avant de les droguer sans mal. Il était le serpent tentateur qui avait présenter ses pommes véreuses à d’innocentes créatures. Un prédateur qui se devait d’être éliminé.
Derrière elle immergea un homme à la cinquantaine et en manteau gris. Il fumait une cigarette tout en contemplant le corps inanimé qui gisait au centre du salon. Lorsque Laura se retourna, il lui adressa un sourire et un clin d’œil.
« Et bien, inspecteur Langier, vous m’aviez caché vos talents d’actrice. On aurait vraiment crû que vous étiez défoncé.
- L’important, commissaire, c’est que cette ordure l’ait cru. »
Elle désigna Daniel du bout du pied. Il vivait en ce moment même des tourments infernaux qu’il avait amplement mérité. C’était le seul remède pour endiguer le mal. La violence répondait ainsi à la violence dans une lutte sans merci contre la mort. C’était le travail des stups et Laura était contente d’avoir mené à bien sa mission, à savoir neutraliser un pion de l’ennemi.
« D’où viennent les gélules, au fait ?
- D’une entreprise pharmaceutique. Bio Vadex ou Filtrae Corp, je ne sais plus. En tout cas, ils ont fais le bon choix en choisissant le camp du Bien. Ce Dirtax machin est une aubaine dans ce putain de monde feu et à sang.
- Oui. »
Laura reporta son attention sur Daniel, inconscient, le visage tranquille. Il en était presque innocent.
« Qu’allons-nous faire de lui, maintenant ?
- Il sera envoyé en centre de nettoyage. On pourra peut être tirer quelque chose de sa carcasse. Quant à son esprit, je préfère ne pas savoir. »
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyLun 7 Juil - 22:38

Très bon petit récit de SF, bien écrit et bien pensé. Je te l'avais déjà dis mais c'était une jolie idée que tout ça, j'ai hâte d'en lire plus.
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits EmptyLun 7 Juil - 22:44

Merci beaucoup, Ben.
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