Kikoo tout le monde.
Sur le conseil d'un ex-j'veux-faire-péter-le-monde (un ex-moi quoi) je me suis mis à écrire des petites histoires, des petits textes plus modestes que mes grandes ambitions de tomes.
J'aimerai vous présenter un texte directement relié à une vidéo que j'ai visionné il y a quelques temps, et qui m'a particulièrement touché.
Autant par sa justesse que par son côté déprimant auquel on ne peut rester insensible, "J'ai vomi dans mes corn-flakes" vous prend aux tripes.
Elle est facile, je sais.
Malheuresement, malgré une réalisation splendide, on ne comprend pas bien le texte par moment.
Pour cette raison, mais surtout parce que cette vidéo offre une possibilité de mise en page particulière, j'ai eu envie de retranscrire ce bout de pessimisme.
Je vous invite donc à d'abord regarder la vidéo, en préparant quand même un truc qui pourra vous remettre de bonne humeur (un bébé qui rigole, par exemple), parce que lire un texte en regardant une vidéo, c'est pas vraiment simple.
Puis de réécouter en lisant "mon" texte.
Le texte :
dans un monde en noir et blanc
seules les étoiles sont en couleur...
J'ai vomi dans mes corn-flakes...
Si les enfants veulent tous devenir astronautes
c'est pour se barrer de cette Terre où ils devront vivre toute leur vie.
Ensuite ils grandissent
oublient la NASA
à cause d'un cinq et demi en maths
écoutent du black métal
et vomissent la bière vendue par pack de trente.
Ils se haïssent eux-mêmes
sans trop savoir pourquoi.
Le lycée leur apprend les modalités
de l'échec
de l'humiliation
de la clope
et du suicide.
Ceux qui auront leur bac
se ruineront en Malibu Coca.
Puis
le soleil éclaire un peu plus leur chemin.
Ils voient un peu mieux l'avenir
parce qu'il n'y en a pas.
Ils se psychanalysent eux-mêmes
en se disant que tout ça
ce n'est peut-être pas seulement de leur faute.
Alors on se met à faire de la politique.
Un autre monde est possible.
Le changer serait tellement cool.
Ils achètent des tee-shirts
avec des étoiles rouges
et trouvent le mot "révolution" très beau.
Ca ressemble à "revolver"
mais surtout à "évolution".
Ils arretent de manger du Macdo
refusent d'être francais
ne regardent plus la météo.
De toute façon, demain,
il pleuvra.
Le doute se mêle à leurs tentatives,
vaines, forcement.
Pourquoi refaire le monde
puisqu'il va péter ?
Et puis ils se rendent compte que
boire une bière fraîche
avec une belle brune
c'est pas si mal.
Le regard d'une fille vaut mieux qu'un combat perdu d'avance.
"L'amour pas la guerre"
ce genre de conneries.
On emmerde une dernière fois la société
et on revend son poster du Che.
Cette fille devient notre femme
la bière fraîche devient notre bide.
On s'entasse dans un meublé qu'il faudra payer.
Un boulot
et puis une bagnole
avec l'ouverture centralisée
et la clim en option.
On économise pour Noël
et un peu de soleil à la plage.
On devient
gros
moche
et aigri.
Les p'tits cons arrêtent de jouer dans notre pelouse
et on se souvient qu'avant on avait des projets.
On se souvient.
On était jeunes,
plein d'idées
et tout ça pour rien.
Parce que maintenant, on attend
comme tout le monde
son abonnement au programme télé.
Alors,
avant de mourir
on va voir son petit-fils.
Il veut devenir...
-...astronaute !
Deviens-le, c'est ta seule chance.