N.B. : ATTENTION ! Ce chapitre se situe après les événements survenus dans "Le Samaritain" écrit par mon éminent collègue Bakusan.
Steelman #25James Baxton (1/2)
Jeudi. 10h15.
James Baxton se tenait devant la tombe de celui qui avait été son meilleur ami pendant dix ans. Cela faisait maintenant trois mois que Mike avait été tué. Trois mois qu'il l'avait tué. Trois mois que Steelman était plus ou moins recherché par la police. Plus ou moins, car officiellement, il devait être arrêté et jugé, mais officieusement, tout le monde savait qu'il était invulnérable et surpuissant. Et il était hors de question pour James de se rendre. Dans ce climat de crainte, Jim avait-il décidé que le costume de Steelman ne serait de sortie qu'en cas d'extrêmes dangers ou d'absolue nécessité. New York avait suffisamment de héros pour la protéger. Mais quand Hypérion ou d'autres types de son envergure se présenteraient, Steelman serait également présent. Mais pour l'heure, il n'était que le gardien de nuit du Musée d'Histoire Naturelle. James s'amusait d'ailleurs de l'ironie de la situation. Quoi qu'il choisisse, il était le gardien de quelque chose. Si ce n'était de New York, c'était d'un musée.
Mais il ne fallait pas croire que James s'était remit d'avoir tué Mike. Même s'il avait été sous emprise mentale, il se sentait tout de même responsable. Mais son escapade dans un monde parallèle l'avait fait relativiser sa première décision de cesser totalement d'être Steelman. Il avait comprit que le monde avait besoin de Steelman, mais pas constamment. Il pouvait s'accorder des moments de répit entre deux super attaques.
C'était pourquoi il s'était même autorisé à fréquenter une jeune femme. Depuis sa rupture avec Raïssa quelques mois avant l'apparition de ses pouvoirs, il n'avait fait aucune rencontre. A vrai dire, il n'avait pas réellement cherché. Mais lors de son aventure dans le monde parallèle, il avait apprit que son homologue était marié avec Adeline, une ancienne collègue de Jim lorsqu'il travaillait à la First Saving, une banque de New York. Et comme dans son propre monde, Adeline n'était pas insensible aux charmes de James (et c'était réciproque), il l'avait invité à aller au cinéma. Ils sortaient depuis ensemble. Après toutes les épreuves qu'il avait enduré ces derniers mois depuis qu'il était devenu Steelman, James était persuadé qu'il avait droit de prendre beaucoup de bon temps.
C'était pourquoi il s'était autorisé à fréquenter une deuxième jeune femme en même temps qu'Adeline.
Jim et Clara s'étaient rencontrés dans un café et avaient aussitôt sympathisé. Clara l'avait invité à aller au cinéma, et ils sortaient depuis ensemble.
Autrefois, James n'aurait jamais envisagé une telle situation. Mais il était décidé à profiter au maximum de la vie. D'ailleurs, il commencerait la semaine prochaine à apprendre à jouer de la batterie.
Jim adressa quelques mots à la tombe de Mike, mais ne les termina pas, surpris par des pas qui s'arrêtèrent derrière lui. James voyait l'ombre de l'individu tomber à côté de la sienne sur la tombe de Mike. L'homme, d'après la carrure, ne disait pas un mot. James sentait que les problèmes n'allaient pas tarder à le rattraper.
Un nouveau boulot. Deux copines. Plus de déchirages de chemises intempestifs. C'était trop beau pour durer. Doucement, le gardien de musée se retourna.
"Salut, Jim. Ça faisait longtemps.
L'homme qui se tenait devant James s'appelait Joseph "Joe" Ledger. Journaliste pour la chaîne de télévision ATV, il connaissait Jim depuis environ 5 ans. En fait, c'était Mike qui les avait présenté, lors d'une soirée. Avec Mike, Kingsley et Victor, ils formaient un groupe d'amis solide. Mais depuis qu'il avait hérité de ses pouvoirs, James avait plus ou moins coupé les ponts avec ses amis (à l'exception de Mike), afin de les préserver de "super menaces". Oui, Jim Baxton était bien imprégné par les comics de super-héros de son enfance.
-Bonjour, Joe, répondit James. Comment vas-tu?
-Bien bien. Et toi? Depuis le temps qu'on ne s'est pas vu...
-Et bien, j'ai changé de boulot. Je suis gardien de nuit au Musée d'Histoire Naturelle.
-Et c'est bien?
-Je sais pas encore, je commence lundi.
-Ok...
Le silence s'installa pendant quelques secondes avant que Jim reprenne la parole.
-Bon, il faut que j'y aille.
-Quoi? s'emporta soudainement Ledger. Tu ne donnes pas de nouvelles pendant des mois. Tu ne réponds pas à nos appelles. Tu n'es même pas venu à l'enterrement de Mike. Et tu t'en vas comme ça, sans explications? Putain! T'es pas venu à son enterrement!
-Je n'y arrivais pas! C'était au dessus de mes forces!
-Et Alyssa? Ça n'était pas dur pour elle? Tu étais le meilleur ami de son mari! Tout le monde était là, sauf toi! Donnes-moi une bonne raison de ne pas te foutre mon poing sur la gueule!
-Vas-y, je le mérite plus que ce que tu ne crois...
-Parfait!"
Aussitôt, le journaliste expédia une puissante droite dans le visage de James. Bien sur, ce dernier ne ressentit absolument rien. Mais pour éviter d'éveiller les soupçons de Joe quand il s'exploserait la main, Jim tourna la tête quelques centièmes de secondes avant que le poing n'entre en contact avec sa joue. Ainsi, le journaliste ne fit que frôler James, qui se retrouva par terre, feignant d'être étourdit.
Mais très vite, Joe Ledger sembla regretter son geste. Il tendit la main à son ami et l'aida à se relever.
"Faut qu'on parle, lança-t-il. Je te paie un verre!
-Je ne...
-Ce n’était pas une question!"
*****
Dix minutes plus tard, les deux amis étaient assit au comptoir d'un bar, buvant une bière.
"Et comment va Kingsley? demanda James.
-Très bien. Elle est enceinte de deux mois.
-Ben ça alors! Tu vas être papa! Félicitations.
-Merci, répondit Joe avec un large sourire.
Mais très vite, il prit un air grave.
-Que t'est-il arrivé, Jim?
-J'avais des soucis...
-C'est exactement ce que Mike nous disait quand on lui demandait pourquoi on n'avait plus de nouvelles de toi. On est amis depuis un petit moment, non? Tu sais que tu peux tout me dire...
-Je... Je ne peux pas...
-Ça à un rapport avec la perte de ton emplois? demanda le journaliste.
-Oui et non... De toute façon, c'est de l'histoire ancienne. Écoute, qu'est-ce que vous faîtes, toi et Kingsley, samedi à 21h?
-Aux dernières nouvelles, rien.
-Parfait! J'appellerai Victor, et samedi on se fait un bowling. Ça marche?
-Ok! répondit Joe. Mais ne crois pas que je vais en rester là. Je compte bien découvrir ce que tu nous caches.
Le journaliste jeta un oeil à l'horloge accrochée au mur.
-Bon, il faut que je file.
-Le boulot? demanda Jim.
-Ouais.
Joe fit signe à son ami de s'approcher, puis poursuivit à voix basse.
-Je dois aller interviewer le maire à propos du projet de construction d'une prison capable de contenir les criminels à super pouvoirs. Et je pense qu'on souhaite tout les deux voir particulièrement un salopard dans cette prison, n'est-ce pas?
-Euh ben... Ça dépend à qui tu penses...
-Tu rigoles ou quoi? Je parle de Steelman. Cette ordure à simplement tué notre ami, je te rappelle!
-Oui, tu as raison.... Bien sûr que je veux le voir en prison, ou même pire. Mais... Je ne me souviens pas avoir entendu parler d'un tel projet de prison.
-Peu de gens sont au courant. C'est un de mes contacts à la mairie qui m'a mit au parfum. Le maire m'a accordé l'exclusivité, à condition que je garde ma langue encore quelques temps. Après l'histoire du Samaritain, mon patron va être ravi d'avoir un deuxième scoop..."
Le Samaritain... Il avait bien merdé celui-là! Il y avait deux jours, pour rattraper les conneries de Connors, le Président des États-Unis avait demandé à la Ligue de construire un mur autour de la Louisiane afin de l'isoler.
Ce qui avait surpris James, c'est que l'appel avait également été pour Steelman. Bien qu'accusé de meurtre, le Président lui avait demandé son aide. Malgré sa réputation plus qu'entachée, Steelman restait un être puissant...
"...m'écoutes? demanda Joe.
-Hein?
-Je te demandes si tu m'écoutes. Mais laisse tomber, j'ai ma réponse.
Il fini sa bière d'une traite.
-Ce coup si, j'y vais ou je vais être en retard! A samedi."
*****
Le soir même, James était dans son lit en compagnie de Clara St Vincent.
"J'ai pensé à toi toute la journée, murmura Clara en embrassant Jim dans le cou.
-Moi aussi, Adeline.
Clara stoppa net ses baisers et le regarda droit dans les yeux.
-Qu'est-ce que tu viens de dire?
-Quoi?
-Comment tu viens de m'appeler?
-Clara!
-Non! Tu as dit "Adeline"!
-Mais non!
-Si!
-Je te jure que non!
-Qui c'est?
-Qui?
-Adeline?
-J'en sais rien! C'est qui?
-C'est ce que je te demande!
-Mais je te dis que je ne connais pas d'Adeline!
-Pourtant, tu viens de m'appeler comme ça!
-Comme quoi?
-Tu te moques de moi?
-Je ne me le permettrais pas!
-Alors dis-moi qui est cette Adeline!
-Connais pas! Et toi?
-Dis-moi tout de suite qui c'est où je me casse!
-Ok! Ok! Calmes-toi! C'était pour rire! tenta de se rattraper Jim.
-Pour rire?
-Oui. Une blague, quoi! J'ai fait exprès de t'appeler Adeline pour voir ta réaction. Je ne suis pas déçus!
-Tu me jure que c'était pour rire?
-Juré!
-T'es vraiment qu'un idiot, râla Clara en éteignant la lumière. Pas de galipettes se soir! Bonne nuit!"
Elle tourna le dos à James et ne dit plus un mot. Sur ce coup-là, James Baxton avait merdé.