Il y a trois mois.
-Approche, Tula. Allez viens, ma chérie !
Joey Wilson se prélassait dans son fauteuil en cuir, une coupe de champagne à la main, profitant des premiers rayons du soleil qui inondaient son bureau. Situé tout en haut d’une tour immense au cœur du quartier des affaires, il occupait un étage entier, vaste étalage de la richesse de son propriétaire. Tel un empereur romain, Joey s’était fait sculpter dans le roc et d’imposants bustes encombrait les lieux, tandis que de somptueuses œuvres d’art occupés les murs satinés et illuminaient les pièces d’un criante et écœurante puissance.
Propriétaire de plusieurs groupes pétroliers texans, de diverses chaînes de télévision ainsi que du club de base-ball de San Francisco, Joey avait crée une affaire florissante et en pleine expansion. Au sommet de sa gloire, le trentenaire avait parfaitement réussi son coup. Qui aurait pu croire qu’il y a encore dix ans, ce petit orphelin du Kansas aurait put devenir le nouveau roi du pétrole texan et le maître absolu de l’industrie californienne ? Oui, Joey avait tiré les bonnes cartes, comme toujours. Et maintenant que son empire économique était bâti sur de solides bases, une nouvelle vie s’offrait à lui.
L’avenir portait les couleurs du parti républicain, bien sûr. Habile orateur et rusé comme un renard, Joey avait su bouger ses pions aux bons moments et réussir là ou tout ses concurrents échouaient. Le poste de candidat à la mairie. Arrivé comme un cheveux sur la soupe dans le milieu politique, il s’était taillé une place parmi les grands et à présent, un ligne droite vers le siège de la mairie s’offrait à lui. Il serrait le futur maire, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. En janvier, c’est à dire dans deux mois, il gagnerait les élections. Les sondages l’élisaient déjà à plus de soixante pour cent des voix. Et les sondages reflétaient pour une fois le choix du peuple.
La guerre des gangs ravageait en ce moment même San Francisco. La guerre qu’il avait lui même mis en place pour s’assurer un appui durable dans le milieu criminel et bien sûr, mettre hors circuit une bonne fois pour toute son adversaire politique, l’actuel maire démocrate de la ville. Il avait exciter les gangs et les mafias grâce à l’appui de ses amis qui avaient fait enlever Joe Dixit puis avait lâcher les chiens. Résultat : un bain de sang magnifique, le signe du changement qui allait s’opérer très bientôt. Ses amis allaient faire de lui le nouveau maître de la Californie. Et lorsque l’ouest lui appartiendrait, Joey pourrait se débarrasser de son adversaire de la côte st, Lex Luthor.
Joey avait rencontré Lex à plusieurs reprises lors de soirées mondaines. Entre eux deux était née une antipathie partagée, quasi immédiate au moment même ou un sourire hypocrite s’affichait sur le visage du chauve. Il était pire qu’un serpent et Joey le savait. Mais ses amis le muselaient, l’empêchait de mordre. Jusqu’à quand ? Telle était la question. D’autant plus que ses amis allaient bientôt organisés un vaste coup d’éclat. Et il y participerait. Dans sa ligne de mire ? Les Titans. C’était l’ordre de mission. Se débarrasser de ces justiciers de San Francisco une bonne fois pour toute. L’opération avait été appelée : grand nettoyage et s’organiserait sur tout le territoire américain. Chaque justicier se ferrait éliminer par une équipe recrutée parmi les meilleurs tueurs de la planète. Les cadavres s’amoncelleraient, le sang inonderait les rues et une nouvelle aire commencerait pour Joey.
Il était maintenant membre des Architectes. C’était clair, il avait été accepté dans le groupe. Il lui suffisait de faire ses preuves en éliminant ses cibles et le tour serrait joué. Pour cela, rien de mieux qu’un appui surnaturel. La secte des moines fous allait de nouveau ressurgir. Bientôt. Très bientôt. Et alors, elle exploserait sans laisser de traces, avec les Titans comme victimes !
A l’idée d’un plan aussi génial, Joey se mit à rire à gorge déployée. Puis il s’interrompit lorsque surgit de la chambre à coucher une Tula nue, son corps si désirable superbement mis en valeur, naturellement magnifique. La belle blonde de dix sept ans avait été facile à séduire. Puis lui mettre des idées dans la tête, encore plus simple. Qui plus est, coucher avec elle restait un délice que Wilson savait savourer en connaisseur. Mélanger plaisir et travail, quoi de mieux pour un homme comme lui ?
-Bonjour, Joey.
Tula s’assit sur les genoux de son amant puis l’embrassa langoureusement, caressant le sexe du sénateur, en extase devant cette petite aux doigts de fée.
-Bon sang, c’est avec ton quaterback que t’as appris ça ?
Joey sourit. Si ce Victor Stone savait ce que sa copine faisait derrière son dos. Oui, ce serrait drôle de voir la tête qu’il tirerait. Lui envoyer une cassette vidéo de leurs ébats nocturnes serrait une bonne idée pour saper totalement le morale du groupe. Mais après la guerre et après que les Titans aient appris qu’il y avait un traître dans leur équipe. Personne ne pouvait se douter que Tula était sa taupe. Elle avait été l’une des premières recrues du groupe, une amie fidèles de Grayson, Stone et Logan. Tous lui faisait confiance. Absolument tous. La désillusion serrait encore plus grande et ce serrait absolument jouissif.
-J’espère que nos chers Titans s’amusent bien là dehors. Ca doit chauffer pour leur matricule.
-Ils dorment en ce moment. Sauf Dick, je pense.
-Ah oui, Grayson. Un élément intéressant. Dommage que ce petit con est choisi de devenir un trou du cul en costume.
-Dick est un type génial, tu sais. Arrête de l’appeler comme tu l’appelles.
-Je croyais que tu sortais avec Victor ? Il faut savoir quel lapin courir.
Le nouvel éclat de rire de Wilson effaça le sourire de Tula.
-Arrête. Tu sais très bien que si je les espionne, c’est pour…
-Moi ?
-Oui. Joey, je… je t’aime et… et je sais que ce que tu fais, tu le fais pour notre bien à tout les deux mais… mais la situation commence à se dégrader avec les Titans tu sais.
-Heureusement que ça se dégrade. Cette bande de nuls vont bientôt rentrer en conflit. C’est le but de notre petit jeu, je te rappelle.
-Mais, tu sais, ce sont mes amis…
-Tes amis ?! Ces idiots appartiennent au passé et seront balayer, Tula ! Bientôt, je serrais, nous serrons les maître !
La voix du sénateur s’était brusquement transformée, plus sombre, plus brutale, plus effrayante qu’avant. Qui plus est, une lueur brillait dans son regard. Joey avait soif de pouvoir et rien ne l’arrêterait, Tula le comprenait bien. Aussi l’embrassa-t-elle tendrement puis se laissa aller à son bon plaisir. Elle ne pouvait lutter face à lui. Il était trop fort, trop écrasant et elle était son esclave docile.
Aujourd’hui.
Connor banda son arc. Sur son visage, aucun sentiment ne transparaissait. Il était prêt à faire son office lorsque Dick le lui ordonnerait. Grâce à Grayson, il avait pu retrouver les assassins de sa famille et se venger comme il l’avait toujours rêvé. Ainsi, il avait une dette considérable envers lui et serrait prêt à lui donner sa vie. Il était clair que maintenant, Connor était l’élément le plus sûr des Titans et donc, le mieux à même pour exécuter sa tâche.
Sa flèche caressa les mèches blondes de Tula, agenouillée et en pleurs, priant inutilement pour rester en vie. Le métal froid fit frissonner la jeune femme. Elle savait qu’à l’heure qu’il était, elle n’aurait aucune chance de survivre au courroux de Dick et de ses anciens amis. Elle les avait trahi et cela ne se pardonnait pas. Elle sentait tout ces regards posés sur elles et qui la fusillait. Elle entendait leurs soupirs de déception, ressentait leur douleur et leur colère. Et elle les comprenait. Elle avait abusé de leur confiance. C’était à cause d’elle que Tara était morte, que tout ces problèmes étaient arrivés aux Titans. Elle était la coupable idéale.
-Tue là, Connor.
La voix de Victor était froide et terriblement effrayante. De tous, c’était lui dont elle s’était le plus moqué. Elle avait partagé son intimité, ses secrets. Et au bout du compte, elle n’était qu’une espionne. Vic était brisé, oui. Et cela se ressentait en lui. Lorsqu’il avait appris de la bouche de Dick la nouvelle, il était rentré dans une folie pure et avait tout cassé sur son passage. Ce fut les forces combinés de Garfield sous sa forme animale et de Connor qui parvinrent à le maîtriser, non sans mal. Il avait envie de la tuer, bien sûr. Pour ce qu’elle avait fais, pour ce qu’elle représentait. Mais Dick allait accepter sa requête, Tula en avait bien peur.
-Non, pas encore.
Dick avait dit ces quelques mots d’une voix claire et autoritaire, sans appel. Connor se décontracta légèrement.
-Tara, tu nous as tous déçu, tu sais. Mais à vrai dire… Je ne t’en veux pas. Tu m’as juste déçu, voilà tout. Maintenant, si il te reste un quelconque sens de l’honneur, alors livre nous le nom de ton maître. Connor m’a tout dit à propos de Neil Richards. Celui-ci est mort, une flèche en plein cœur.
L’anecdote fit mouche dans l’assemblée et Garfield retint un hoquet de surprise. Assommé par les nouvelles en cascade de l’existence des Architectes et d’un traître qui n’était autre que Tula, une grande sœur pour lui, Garfield avait du mal à saisir le sens de la réalité en ce moment. Il avait vraiment envie de décrocher, de tout laisser tomber. Et c’était compréhensif. Mais la nouvelle de l’assassinat d’un mafieux par les Titans, ça il ne pouvait l’accepter. C’était contre tout les principes du groupe !
-Connor à tué… cet homme ?
-Oui, Garfield, il l’a fait. Il s’est infiltré sur mon ordre dans l’intimité de Neil et l’a abattu sans aucune vergogne. Comme toi Tula.
Les mots heurtèrent profondément la jeune femme, blessée intimement.
-L’heure de la vengeance a sonné. Ceux qui s’en sont pris aux Titans et aux autres justiciers vont payer. Tula, le nom !
Tula sursauta. La voix de Dick était si brutale. Que restait-il du jeune homme qu’elle avait tant apprécié ? Il était devenu quelque chose d’autre, et ce quelque chose l’effrayait.
-Un nom, Tula ! Bon sang !
Connor banda de nouveau son arc. Cette fois-ci, il tirerait au premier ordre qui fuserait.
-Tula !
-D’accord ! D’accord !
Elle était épuisée et souhaitait en finir. De toute façon, elle allait mourir, alors, à quoi bon résister ?
-C’est… c’est Joey.
-Joey ? Qui est-ce ?
-Joey Wilson.
-Le nouveau maire ?!
-Oui.
Voilà, c’était fait. Dick et les autres savaient tout à présent. Ne restait plus que s’exécute la terrible sentence. Elle l’avait mérité de toute façon alors elle était prête. Comment rester en vie après cela ?
-Va t’en maintenant.
Tula lança un regard empli de larmes à Dick. Celui-ci l’observait avec dédain et mépris.
-Qu… Quoi ?
-Tu ne mourras pas, Tula. J’en ai marre que des gens crèvent. Richards était un taré, un assassin. Il méritait ce qu’il a eu. Toi c’est différent. Je veux que tu vives. Que tu te souviennes de tout ce que tu nous as fais. Que tu vives avec ça pour le restant de tes jours.