Le goût du sang. Ce qu’on sent en premier quand on se réveille après une bagarre, une nuit de beuverie ou après avoir été frappé par un type invincible aux yeux injectés de sang. Alors qu’il revenait lentement à la conscience, Bobby Drake tenta de faire le point sur la situation et les dernières heures.
Alors qu’il tentait de se battre (il n’avait même pas donner un coup) pour protéger un SDF de trois gars apparemment dotés d’une force surhumaine, il avait lamentablement échoué contre l’un d’entre eux, sans pouvoir utiliser son dangereux pouvoir. Désormais, il était ligoté par des liens très durs, sûrement des lanières de plastique pensa-t-il, et ses yeux étaient bandés avec bandeau serré très fort, de sorte que Bobby ne puisse pas tenter de le faire glisser.
Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, le jeune homme retrouvait ses sensations, mais aussi les douleurs qui allaient avec. Les liens lui serraient la peau jusqu’au sang, sa gorge lui faisait mal, il avait très faim et froid. Il se trouvait certainement dans une cave ou un endroit du genre, le sol était très froid et en béton, et la pièce était humide, des gouttes d’eau tombant à intervalles réguliers du plafond au sol. Le jeune homme se trouvait vraisemblablement à terre, et sans rien autour de lui.
Bobby commença à compter lentement les gouttes d’eau et à quand est-ce qu’elles tombaient, le temps qu’elles mettaient pour tomber et les différents sons que cela faisait. Il avait vu cela dans les films d’espionnage, et il pensait que c’était certainement un des seuls moyens pour ne pas devenir dingue. Il avait tenté plus tôt d’utiliser son pouvoir sur la glace, mais il n’avait pas réussit, ce qui ajoutait à sa frustration d’être si handicapé.
Soudain, une porte s’ouvrit violemment. Bobby tourna rapidement la tête, tentant de chercher d’où venait le bruit, combien étaient ceux qui arrivaient, tout ce qu’il pouvait savoir en utilisant à fond son odorat et son ouïe. Apparemment, il y avait deux hommes, assez lourds, avec des sortes de bottes. Bobby ne parla pas, sachant que cela ne servirait à rien. Les deux hommes le soulevèrent sans douceur, et le sortirent de la pièce, non sans le cogner contre la porte.
Après environ cinq minutes de voyage après plusieurs couloirs qui furent difficiles à passer, les deux hommes ne faisant rien pour que le jeune homme ne se fasse pas cogner contre les murs, on le jeta sur un sol dur et froid et béton, la tête la première, se faisant encore mal à son nez qui n’était pas entièrement réparé. A ce moment-là, il se cassa de nouveau, et beaucoup de sang coula sur le visage du jeune homme aveuglé par son bandeau.
Une voix douce et simple s’éleva dans la salle, tandis que Bobby tentait de mettre sa tête au-dessus de son corps, ce qui était loin d’être le cas pour l’instant. Etrangement, le jeune homme avait une impression de déjà vu en entendant cette voix…
« Robert, que faisais-tu donc dans cette rue sinistre ? Tu me vois désolé de te voir ici en pareille posture…
- Ben, vous savez, on peut s’arranger…si vous êtes désolé de me voir comme ça, détachez-moi…
- J’aime bien ton humour en temps normal. Mais là, non. »
L’inconnu claqua des doigts, et soudain Bobby reçut en pleine face un coup de pied puissant qui lui fit tomber une dent. Le jeune homme, sous le choc, fut projeté contre le mur. En tentant de reprendre ses esprits, il se dit que personne de normal n’avait autant de force…
« Putain, mais c’est quoi votre problème ? Déjà vous tabassez un pauvre vieux dans une rue, ensuite vous m’enlevez, vous m’enfermez, vous me frappez ! Vous êtes quoi, le Klux Klux Klan version anti-SDF ?
- Hum, il est vrai que vu comme cela, cela peut choquer…mais non. Nous protégeons l’avenir, mon petit.
- L’avenir ? Vous pensez que les SDF sont une menace ?
- Non. Mais les mutants, si.
- Les quoi ?
- Allons, tu sais bien de quoi je parle, Robert. Tu en es un aussi.
- Mais merde de quoi vous parlez ? C’est quoi un mutant ?
- Tu ne le sais pas ? C’est possible. On ne connaît pas encore vraiment ce terme, et les autorités tentent de garder le secret…un mutant, c’est en fait un être qui a un code génétique différent de celui des humains normaux. Ce code génétique transforme les capacités des personnes qui l’ont, et donc nous pouvons voir que les gens infectés ont des pouvoirs particuliers. Je suis assez curieux de voir quel pouvoir tu as, mon cher Drake. »
Mon cher Drake…Bobby se rappela enfin à qui appartenait cette voix…mais c’était impossible…c’était un être sympathique et gentil, il avait un des rares à ne pas agressif ou soupçonneux avec lui au lycée…non, c’était impossible…mais c’était la même voix, et seul lui l’appelait ainsi…
Le jeune homme savait qu’il courrait un grand danger. Il devait à tout prix utiliser son pouvoir, mais il n’y arrivait plus. Sans doute que son geôlier lui avait injecté une sorte de drogue qui l’empêchait d’utiliser sa capacité de geler ce qu’il voulait. Alors qu’il se concentrait de plus belle, il entendit quelqu’un arriver. On lui enleva alors son bandeau, et ses soupçons furent vrais.
Alors que ses yeux se réhabituaient à la lumière, il distingua le visage orné d’un grand sourire du professeur Essex, son professeur de chimie au lycée…