Un mois plus tôt
Le McGuinty's, dans le Bronx, était le bar préféré de Frank Castle. Comme lui, ce bar était en contradiction avec lui-même. La saleté du dehors contrastait avec la propreté de l'intérieur. Le proprio, Rick McGuinty, était un obssédé de la propreté. C'était d'ailleurs comme ça que Frank et lui était devenu amis. Un soir, une serveuse qui débutait avait trébuché et renversé la bière de Frank sur son pantalon. Pour se faire pardonner, Rick avait offert un verre a Frank. Les deux hommes s'étaient mit à discuter de tout et de rien, et la conversation ne s'était terminée qu'à une heure avancée de la nuit.
Mais ce soir, Frank n'avait pas envie d'entrer dans de grandes discussions. Assit au comptoire (comme à son habitude), il était préoccupé par l'avenir du petit Brian Kerry, 6 ans. Brian était le fils de Stephen Kerry, alias Microship. Ce dernier avait été le complice de Frank dans toutes sortes de vols et d'escroqueries. Stephen repérait les pigeons à plumer et fournissait Frank en déguisements et gadgets, puis Frank faisait le reste. Grâce à ce système, les deux hommes s'étaient préparés une bonne petite retraite, cachant l'argent dans un endroit connu exclusivement d'eux. Mais il y a 7 ans, Stephen tomba amoureux d'Alyssa, et de cet amour nacquit Brian. Quelques mois plus tard, Frank découvrit qu'Alyssa était en fait un flic infiltrée pour découvrir où ils avaient caché leur butin et amasser assez de preuves pour les inculper. Il voulu prévenir Stephen, mais c'était trop tard. S'ensuivit alors une descente aux enfers. Alyssa (qui était réellement tombée amoureuse de Microship) se fit tuer lors d'une fusillade entre les deux hommes et la police, Stephen se fit arrêter, et Frank se retrouva sans argent avec un bébé sur les bras. Il decida donc de se faire oublier et d'élever Brian pour en faire un escroc encore meilleur que Frank et Stephen réunis. Mais avait-il fait le bon choix ?
Frank en était là de ses pensées, quand il remarqua soudain que le bar était étrangement calme. Pas même un murmure. Il regarda autour de lui. A sa grande stupeur, les clients, à l'instar de Rick McGuinty et de ses serveuses, étaient figés dans leurs actions. Tous, sans exceptions, étaient immobiles : Rick servant à boire à un client accoudé au comptoire, Jenny Sparks (la nouvelle serveuse) giflant un homme d'une trentaine d'années, un client ramassant les morceaux du verre qu'il avait fait tomber ... C'est en faisant un tour circulaire de la salle que le regard de Frank s'arrêta sur une silouette qui venait d'entrer dans le bar. Au début, Frank crut que la personne avait été également figée. Elle restait là à le fixer. Puis elle avanca vers lui. Elle prit un tabouret et s'assis près de Frank. Aussi étrange que celà puisse paraître, Frank était incapable de savoir si cette personne était un homme ou une femme. Elle portait une tenue de moine, la capuche en arrière. Mais même en voyant son visage, il était impossible à Frank de dire le sexe de cet étrange individu.
"Bonsoir Frank. Comment vas-tu?
-Comment connaissez-vous mon nom? répondit Castle.
-Je ne connais pas que ton nom. Je sais TOUT de toi.
-C'est ça! Et comment vous avez réussit à bloquer le temps, ou je ne sais quoi?
-J'ai pris des leçons avec le magicien qui était venu animer tes 12 ans. Tu te souviens?
"Comment ce moine peut-il savoir ça?" pensa Frank.
-Je sais TOUT de toi. Qui a volé le comics de ton cousin, ce que tu as fait avec Jessica dans la chambre de tes parents, pourquoi tu as crevé les pneus de ta prof de chimie... Je continue?
Frank sentait son coeur battre la chamade. Il n'avait ressentit ça que très rarement.
-Que... Que voulez-vous de moi?
-Nous avons un travail pour toi.
-Je me suis rangé!
-Ce n'est pas ce genre de travail. Tu vas tuer des gens pour nous.
-J'ai jamais tué personne.
-Celà ne serait durer.
-Pourquoi moi?
-Tu es la seul personne capable de faire ce travail.
-Demandez à Deadpool.
-Il n'est pas assez fin pour ce genre de mission.
Frank se tut un instant. Puis :
-Trouvez quelqu'un d'autre.
-Brian a bien 6 ans, non?
A ces mots, le sang de Frank ne fit qu'un tour. Il voulu se lever de son tabouret et saisir le moine par le col. Mais à la surprise de Frank, il ne put bouger le petit doigt. Son esprit voulait frapper, mais son corps n'obéissait pas.
-Je comprend pas, lança Frank. Vous stoppez le temps, êtes visiblement omniscient, pouvez contrôler mon corps, et sûrement faire des tas d'autres trucs! Vous n'avez pas besoin de moi pour flinguer quelqu'un.
-Disons que tout ne nous ait pas permis.
-Et c'est qui, NOUS?
Le moine esquiva la question.
-Tu va tout d'abord éliminer Wilson Fisk...
-Rien que ça!
-Interromps-moi encore une fois et je t'implante les pires cauchemards jusqu'a la fin des tes jours!
-O...Ok ok!
-Tu va tout d'abord éliminer Wilson Fisk. Un policier du nom d'Aaron Kearse va être chargé de l'affaire. Tu devras le ridiculiser, le pousser à bout. Puis tu le feras accuser d'un meurtre qu'il n'a pas commit. Nous te laissons le choix de la victime.
Frank sentit qu'il pouvait à nouveau bouger son corps.
-Mais je n'ai pas l'âme d'un tueur...
-Ne t'en fais pas pour ça. Tu l'auras, ton âme de tueur. Je dois partir. Tu auras d'autres consignes en temps voulu.
Le moine se dirigea vers la sortie. Mais Frank n'en avait pas fini avec ses questions.
-Pourquoi tout ce cinéma?
-Ca fait partit du "Plan", répondit le moine en s'éloigant. Et ne dis à personne que tu m'as parlé, sinon Brian ne fêtera jamais son septième anniversaire!"
Le moine sortit du bar, et la frénésie environnante reprit.
*****
Frank s'était levé de bonne heure ce jour-là. Après avoir déposé le fils de Microship chez un ami, il était retourné dans la seule planque que les flics n'avaient pas trouvé: un vieil entrepôt désaffecté. Frank n'y avait pas mit les pieds depuis ce foutu jour où Microship s'était fait arrêter. Tout était comme dans son souvenir. Sur trois grandes tables se trouvaient tout ce qu'il fallait pour mener à bien des arnaques de grandes envergures. Du matériel pour faire des masques aux péruques, en passant par les micros planqués dans des boutons de manchette, rien n'avait disparu. Non seulement il ne manquait rien, mais certaines choses avaient été ajoutées sur la plus grandes tables : deux pistolets avec silencieux, deux chargeurs et une sorte d'amulette en fer. Cette dernière représentait un disque d'environ 8 cm de diamètre, dont le contour était pourvu d'inscriptions en langue inconnue de Frank.
"Tu voulais une âme de tueur..."
Frank fit volte face et se trouva nez à nez avec un moine. Mais pas le même que celui qui l'avait abordé au McGuinty's quelques jours plus tôt. Il était clair que celui-là était un homme. Il possédait une carrure impressionnante et était plus grand que l'autre.
"Tu voulais une âme de tueur... répéta-t-il.
-Vous... Vous voulez dire qu'il y a une...âme là dedans?
-Pourquoi se contenter d'UNE âme? Mets-la et ne la quitte plus tant que ta mission ne sera pas entièrement accomplie!"
Frank s'exécuta et mit l'amulette autour de son cou.
En un éclair, il se retrouva dans l'Angleterre du XIXème siècle. Il faisait nuit et il y avait du brouillard. Il suivait cette prostituée depuis plus d'un quart d'heure. Les suivre, c'était ce qu'il préférait. Il appelait ça "la chasse". Puis il décida de s'approcher. Quand il fut assez près d'elle pour sentir son parfum, il sortit un couteau de sa poche et la poignarda sauvagement.
Paris. 1986. Il surprit sa femme dans le même lit que le chef de la police. Comment avait-elle put lui faire ça? Ils étaient mariés depuis 15 ans! Fou de râge, il battu à mort le policier avec un club de golf que lui avait offert sa femme pour Noël. Puis il se tourna vers elle. Elle étati pétrifiée dans le lit. Il l'attrapa par le bras et la défenestra sans la moindre hésitation. Au fait, son patron refusait de l'augmenter malgré son excellent travail. Il décida d'aller lui rendre visite chez lui.
Los Angeles. 2003. C'était son contrat le plus juteux. Une famille avait été témoin d'un réglement de compte entre mafieux. Résultat des courses: on avait fait appelle à lui pour régler le problème. Il était dans sa voiture à regarder la maison où la famille dormait paisiblement. Il ouvrit la boîte à gants et en sortit un petit détonateur. Sans attendre une seconde de plus, il fit sauter la maison.
Frank revint à la réalité. Il se sentait différent. Il ne comprenait pas pourquoi il s'était fixé cette stupide règle de ne pas tuer. C'était si ennivrant. Si excitant. Il ne voulait qu'une chose : tuer!
"Qui êtes-vous? demanda Frank.
-Si je te le disais, tu ne me croirais pas! Bien, il est temps pour toi d'y aller. N'oublis pas! D'abord la mort de Fisk, puis de la persone de ton choix, pourvu qu'elle soit proche de l'inspecteur Kearse.
-Je sens que je vais m'amuser!"