L’ombre d’une ruelle d’Hell’s Kitchen abrite un curieux rendez-vous ce soir. Rien avoir avec les habituels trafics. Sept personnes sont regroupé autour d’un homme dont le cigare laisse s’échappé la fumée lentement et doucement dans l’air putride et fatigué du quartier difficile de New York. Ces invités ne voient ni son visage, ni celui des autres. Seuls, ils sont et seuls ils doivent le rester. C’est la règle.
Tous savent pourquoi ils sont là. C’est une réunion de guerre. Un briefing avant l’attaque. Un homme, seul, a déclaré la guerre aux héros de la ville. Et cet homme a commit l’exploit de les trouver, un par un, pour traquer ces justiciers de malheur, pour les acculer et pour porter un coup fatal.
Une voix froide et lourde s’élève alors de la gorge fatiguée par les années de cigare et d’ordres.
« Je suis partagé voyez vous. Chers associés, vous avez tous rempli votre mission à bien et pour cela je vous félicite. Mais il me reste une épine dans le pied, un de vous malgré toutes ses compétences et son prix exorbitant a faillit. Et ceci est impardonnable… »
La main du chef disparut dans sa veste et un pistolet en sortit. L’effroi parcourut l’assistance. Tous pensaient qu’ils avaient mené leurs travaux avec brio. Ils avaient affronté les adversaires les plus difficiles Le canon chromé parcourt l’assistance, de gauche à droite puis de droite à gauche, accentuant la tension qui s’est soudain abattue sur l’assistance. Soudain, l’arme s’arrête, désignant sa victime. La silhouette désignée s’avance alors donnant un visage à ce futur cadavre, le visage de l’agent Quatermain, dont l’expression du visage est partagée entre la surprise, l’incompréhension et la colère. C’est cette dernière qui s’exprime par ses paroles.
« Mon cul ! J’ai affronté les plus puissants ! Tant pis si t’es pas content, va crever dans un cancer du poumon connard…
Il tourne le dos et s’éloigne de la sombre assemblée, blasé et fatigué de jouer son rôle. Il est sûr que son ancien patron n’osera jamais tirer sur lui, surtout habillé ainsi. Cela serait trop dangereux pour lui. Et même : il est invincible, ou presque.
Mais le coup part, un cri de douleur, un muscle qui éclate, le sang qui jaillit, la surprise qui se lit dans les yex. Il a visé la cuisse, mais malgré tout l’homme se relève, et son regard est maintenant remplit de haine, ses mains, elles, saisissent un katana rangé dans son dos.
- T’aurais pas du enflure ! J’vais te faire des trucs qui vont te faire chialer ta mère ! Salope !
- Immobilisez-le.
Il faudra plus de cinq hommes pour le mettre à genoux après quelques instants de lutte vaine mais courageuse. Alors son bourreau s’avance vers lui. Lentement. Solennellement. Il sait qu’il ne doit pas se rater. Il sait qu’il est en démonstration de son autorité devant les autres. Il doit leur montrer qui commande et ce qu’on fait aux traîtres.
Il lui attrape alors les cheveux et tire dessus. La peau se tend, se déforme et d’un coup sec un masque de latex est arraché de la peau sur laquelle il était collé tandis qu’un cri de souffrance s’échappe malgré la victime. Un sursaut de surprise se fait sentir quand tous voient qu’un autre visage se cache derrière. Un visage horrible, remplit de cicatrice, de brûlure. Un masque…il portait un masque…
- Bien messieurs, voyez donc le vrai visage de Deadpool. Qu’on s’occupe de lui !
Son sourire sadique fait craindre le pire, lorsque deux hommes traîne le tueur vers une voiture et que ses autres employés jettent vers lui un regard inquiet et troublé…qui était donc cet homme ? Qui était donc celui qui faisait frémir les plus puissants de New York tandis qu’il allait éliminer ses ennemis d’une main de maître ?
Le commissariat de la 15eme rue en a vu des choses : drogue, assassinat dans leurs locaux, massacres de bandes devant eux, manifestations, etc, etc…autant dire que les policiers pensent avoir déjà tout vu dans leur carrière et ne sont plus vraiment surpris. Mais qu’une voiture leur balance un monstre avec un masque en latex sans rien de plus, et que ce monstre semble savoir énormément de choses mais qu’il refuse de le dire, ça, c’est quelque chose qu’ils pourront raconter aux clients du bar après leur service…
Plus loin un groupe hétéroclite essaye de comprendre ce qui leur arrive. Tous ont été traqués, un de leur proche a été tué. Tous ont subis une attaque personnelle, ont été touché au cœur par quelqu’un ou quelque chose. Quelqu’un a déclenché un conflit contre eux. Mais pour l’instant il faut réfléchir, se poser. Pour savoir quoi faire. Savoir où frapper. Et le faire après avec une violence rare et définitive.
Red s’est isolé avec Sue alors que Daredevil discute avec Spiderman. A l’écart Johnny regarde pensivement le sol. Quelque chose d’immense, d’affreux et d’impressionnant s’approche alors de lui, mais il ne relève pas la tête, blasé apparemment par la vision de cauchemar qui est à quelques centimètres de lui.
« Tu pense parfois à notre vie, à la mort, Ben ?
Le tas de pierre humain s’assoit à coté de lui, faisant grincer les lattes de bois. Sa voix rocailleuse se fait entendre.
- J’y pense tout le temps. Chaque fois qu’une vitre me renvoi l’image d’un monstre. Et toi ?
- Chaque fois que je sens cette odeur de cochon brûlé. Tu sais la chair humaine qui crame à cette odeur et j’ai l’impression de la sentir en permanence. J’ai beau avoir du Armani je pue. Je pue la mort. J’en ai marre d’être traité comme ça, d’être rabaissé par M. Fantastic, ce crétin gonflant qui s’invente des noms à la comics !
- Du calme…
De la fumée commençait à entourer le jeune homme. La main énorme et monstrueuse de son acolyte vint se placer sur son épaule. Il regarde la chose aux yeux bleus, la tristesse se lit dans ses yeux depuis le premier jour. Johnny comprend que sans Red ils seraient tous des monstres : l’homme élastique leur a donné une vie meilleur, loin de la merde qui les a fait échoué dans ce pensionnat horrible où tout a changé… il a transformé leurs tares en dons exceptionnels.
Bien sûr il traite Johnny comme une sous merde, le rabaisse autant qu’il peut. Mais il peut gérer ça le temps de retrouver celui qui a osé s’attaquer à lui, la Torche Humaine… La fumée se dissipe, l’homme est paisible en apparence car en lui bouent les feux de l’enfer depuis que quelqu’un, en cherchant à l’atteindre, a tué sa petite amie, une fille qu’il appréciait beaucoup et qui était presque aussi géniale que lui au lit.
La vengeance peut lier quatre délinquants comme personne, quatre êtres différents qui ne se seraient jamais adressés la parole avant. Et la leur, grâce a Red Richards, sera terrible et exceptionnelle…
A coté de lui Benjamin Grimm pense à son passé. Il a toujours eu peur de son père, honte de sa mère, de lui. Mais il est différent aujourd’hui, la force qu’il possède, son aspect, font que c’est lui qui terrorise. Mais bizarrement il a toujours honte de lui. Strecho, comme il s’amuse à l’appeler amicalement, lui offre une vie, une raison de vivre, une famille. Oui c’est sa famille, alors si on s’attaque à un d’eux il répliquera de toutes ses forces, de toute sa colère enfouie depuis des années…
- Johnny je suis avec Red, et je pense qu’avec lui tu vas pouvoir te venger…
- T’as raison beau gosse, je le crois aussi… voyons où en est grosse tête avec les deux péquenots…
Adossé contre un mur en béton, Matt essayait de contenir sa rancœur envers son ami. A cause de cette tête brûlée il avait faillit y rester. Comme s’il avait que ça à faire ! Il est aveugle, merde ! Alors il fait comment pour deviner que son adversaire, déjà énorme, est en plus recouvert de roche ? Et les trois autres ne lui inspirent pas plus confiance. Leur chef semble un peu trop confiant et ses réponses, bien que franches, ne le satisfont pas du tout. De plus leurs pouvoirs les rendent dangereux et si son intuition est bonne, il faudra un jour ou l’autre les affronter. Et franchement si Daredevil pouvait éviter ça, il ne le refuserait pas…
- Moi je dis que tu déconnes ! Tu te casses et moi je suis censé faire quoi ? Des crêpes ? Alors je suis monsieur pour vérifier qu’il va pas tuer quelqu’un, et le seul mec qui risque quelque chose c’est moi !!! J’ai pas ta combi qui te protége, moi j’ai que des super sens et je te raconte pas les cicatrices, alors maintenant tu te calme OK ?
Ben déguste, il sait qu’il a tort. Alors il baisse la tête, tout en souriant intérieurement car il sait que Matt n’est pas si énervé que cela.
- Excuse moi Matt… je ne sais pas ce qui m’a pris. Ce mec me rappelle trop de mauvais souvenirs…
- Je sais ce que c’est. Mais tu comprends je dois rester en vie, j’ai des personnes à protéger, des gens que j’aime…
- Moi aussi… j’ai laissé Gwen seule alors que son père vient de mourir. Je ferais peut-être mieux de rentrer…
- Je te comprends, moi aussi il y a quelqu’un qui m’attend…
Les deux amis allaient repartir chacun vers son quartier, essayant d’oublier la souffrance qui les avait conduits ici, même si chaque fois qu’ils arrêteraient quelqu’un, ils y penseront. Mais alors que Ben allait tisser une toile pour s’envoler, une voix s’éleva.
- Vous partez ? Mais si ça peut vous intéresser je sais qui a fait ça…
Deux cœurs qui s’arrêtent. Deux esprits qui réclament vengeance, qui réclament réparation. Matt le sait, ils ne seront pas tranquilles tant que ce mec est en vie. Ben sait qu’il aura toujours une épine dans le pied s’il s’en va. Alors les deux héros se retournent.
- OK qu’est ce que tu proposes ?
Johnny et Ben les rejoignent. Red tient Sue par la hanche, son sourire ne rassurait pas Spiderman, au contraire même. Pas plus que l’air réjoui de la montagne de pierre qui faisait craquer les jointures de ses poings massifs.
- Je propose de répliquer, je propose la guerre…