5ème jour
Brook avait emmené Hermann dans un de ses bars préférés et ils sirotaient chacun une petite bière. Ça faisait plus de 4 heures qu’ils parlaient du passé d’Hermann… enfin le peu de choses que savait la fille, mais elle continuait à penser qu’il lui faisait une blague.
- Alors comme ça vous avez vraiment perdu la mémoire et vous voulez que je vous aide ? Et puis d’abord, pourquoi vous êtes sapé comme un clodo ?
- Oui, c’est ça. J’ai eu un accident, il y a une semaine. Pour les fringues, vous ne me croirez pas.
- Et votre femme… et vos fils ? Ils vont bien ?
- Oui… enfin, je l’espère !
- Je vous ai raconté tout ce que je sais…mais si vous voulez, je peux vous donner votre adresse ?
- Oui ! Parfait, donne-la-moi !
- Et pour mon augmentation, Mr Schneidell ?
- Ecoutes, je ne vais plus pouvoir assumer mes fonctions de chef. Vois ça avec mon successeur !
- Mr Goldman ? C’est un salaud ! Jamais…
- Qui est-ce ?
- Votre principal investisseur. Il détient 50% de la boite, il en est l’actionnaire majoritaire, il est aussi le sous directeur !
- Et si il devait m’arriver quelque chose, je suppose…
- Il devient le patron et fait ce qu’il veut de l’entreprise !
- Grr…Goldman ! (Hermann sentit la colère monter en lui)
- Qu’est-ce qu’il vous arrive ? Ah !
Il serra si fort son verre qu’il lui explosa dans les mains. Il vit son sang commencer à couler sur la table.
« Serais-je vulnérable pendant la journée ? »
- …dingue de faire ça, vous auriez pu me blesser ! Vous m’avez foutu la trouille ! Pu…
- Dis-moi, Brook...j’ai encore trois questions avant qu’on aille chercher mon adresse.
- Allez-y, j’ai tout mon temps !
- Est-ce que ce Mr Goldman était absent ces derniers temps ?
- On l’a pas vu depuis une semaine. Il est en vacances. D’après ce que je sais, il passe ses journées à faire du parapente dans le désert !
- Merci ! Est-ce que j’étais un bon patron ?
- Vous aimeriez que je vous dise oui ! Bah, en fait, j’en ai eu des meilleurs. Vous êtes sévère, mais vous savez être drôle et écouter vos employés. Cependant vous êtes un gros radin, ça fait quatre mois que j’attends…
- En parlant de ça, tu peux payer la note ?
Il lui fit un gros sourire qui se voulait séducteur.
- Qu’est-ce que je disais, plus c’est riche et plus c’est radin ! Je vous interdis de me tutoyer à partir de maintenant !
Après être retourné, à l’agence, il demanda à Brook de lui donner aussi l’adresse de ce Goldman. Il irait peut-être faire un tour chez lui ce soir.
Hermann prit le premier car, Brook parut étonnée de le voir partir à pied. Elle lui expliqua que sa Yamaha était encore sur le parking et il lui répondit qu’il préférait marcher et qu’il passerait plus tard.
Il arriva chez lui une heure et demi plus tard. Il devait être pas loin de 18h.
Dès qu’il mit la main sur la poignée de porte un sentiment fort, mélange de chagrin et de haine, l’envahit.
Sa maison était modeste. Il y avait un jardin avec plein de jouets à l’arrière de la maison, qui ne comprenait qu’un étage.
Il vit un flash de lui ouvrant la porte après avoir garé sa moto près de la Chrysler familiale. Sa femme était rentrée un peu avant lui du travail pour récupérer leurs deux enfants, qui se disputaient la manette de leur X-box. Elle préparait le repas qui devait être prêt dès le moment où il rentrait.
- Salut les P’tit monstres ! C’est papa !
Il ressentait les odeurs du repas et les enfants qui se jetaient dans ses bras. Le plus jeune pleurant parce que son frère l’avait frappé pour garder la manette.
- Ca sent bon chérie, qu’est-ce qu’on mange…
… Un bruit ? La télé… il y avait quelqu’un à l’intérieur, il défonça la porte d’entrée avec son pied. Et le spectacle qu’il vit lui coupa le souffle. Dans sa vision, le salon était propre et bien entretenu. Maintenant, il semblait y avoir eut une bagarre… ou alors il avait été cambriolé !
« Cambriolé ? Pour qu’elle raison ! Non ! Il y avait bien eut une bagarre ici ! »
Cependant il ne pouvait s’empêcher de penser à un cambriolage. Le son de la télé était à fond. Il l’éteignit et se mit à ranger le salon. A chaque objet qu’il touchait, il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il lui était arrivé et sa haine envers son bourreau s’accentua. Il attrapa un cadre retourné sur le sol et sentit une espèce de truc visqueux presque sec. Il retira sa main. C’était rouge. Du sang !
Il aurait eut le temps de coaguler. Il sentit et porta sa main à la bouche. C’était sucré ! Il releva la tête et vit un pot rouge. De la sauce tomate. Il y avait un truc écrit dessus… Ketchup Heinz ? Sans importance !
Il retourna le cadre et le nettoya avec sa veste. Le verre était cassé. C’était une photo de famille. Des larmes de désespoir coulèrent le long de sa joue. Il retira la photo du cadre. En un instant, des flashs lui vinrent au cerveau. Les bons moments et les mauvais qu’il avait eut avec sa famille passèrent à une vitesse folle. Puis vint la souffrance. Les flashs insistèrent sur les tortures que sa femme et ses enfants avaient endurées. Ils hurlaient, ils suppliaient, mais le salaud continuait sa basse besogne et ressentait beaucoup de plaisir à faire ça. Pour Hermann, ce fut comme regarder la télé mais avec le volume coupé. Toutes les images, mais pas de son.
Il vit le moment où il les acheva et il ressentit la douleur qu’il avait eut lors de sa mort. Ce fut plus qu’il ne pouvait en supporté, mais il serra la photo de toutes ses forces. Soudain une lumière l’aveugla et il entendit une voix de femme crier son nom et lui demander de se dépêcher.
C’était elle ! Le corbeau lâcha la photo et la lumière disparut en même temps que la voix. Il reprit la photo, mais plus rien ne se produisit. Les images avaient disparues.
Il avait revu le visage de son ennemi, il était tel qu’il se le rappelait. Ce Goldman allait passer un sale quart d’heure ! Il continua de chercher des objets qui lui permettraient d’en savoir plus. Mais il ne trouva rien.
Le téléphone sonna. Il décrocha… c’était Brook.
- Hermann, c’est moi. Vous m’avez demandé si vous aviez des ennemis en ville. Je vous ai dit que j’en savais rien.
- Et alors ?
- J’en ai parler avec Ross, un de vos plus anciens employés, il m’a dit que vous aviez qu’un seul ennemi…
- Goldman.
- Non, pas lui. Je me suis renseignée. Vous pouvez pas vous blairer, mais ça n’a jamais était la guerre entre vous.
- Qui alors ?
- C’est Monsieur Graiger !
- Qui…
- Votre concurrent direct !
- Quoi ?
- Ça fait dix ans qu’il rachète une à une les différentes compagnies de car de la ville.
- C’est pour ça…
- Qu’il n’y a que deux compagnies ! Oui !
- Et personne ne fait rien ?
- Si, vous et l’ancien maire qui vous a donné des subventions pour tenir au cas où il proposerait votre rachat, mais cette année ça c’est compliqué, parce que le nouveau maire soutient Graiger !
La colère du corbeau augmenta, le soleil commença peu à peu à se coucher. Et Hermann sentit que ses habits le gênaient de plus en plus et lui paraissaient de plus en plus lourds. Il commença à les arracher pour s’en débarrasser.
- Allo ! Hermann, vous êtes toujours là ?
- Euh... oui, excuses moi Brook … tu as l’adresse de ce Graiger ?
- Laissez-moi le temps de chercher ça et je vous rappelle !
- D’accord, je fais comment pour la connaître ? Je serais pas…
- Je vous ai déjà laissés 4 messages sur votre répondeur depuis que vous êtes partis. Je sais pas dans quand vous vous êtes fourrés, mais y a des flics qui sont venu cette aprèm. Ils vous cherchaient.
- Des flics ?
- Ils parlaient de votre famille, quelqu’un les a retrouvés morts ! Et vos voisins ont déclarés que vous n’êtes pas rentrés chez vous depuis une semaine.
- Oh ? C’est… (il préféra se taire pour ne pas montrer sa joie.)
- C’est affreux, oui ! J’ai pas dit que vous étiez venus ce matin.
- Merci. Ecoute, je… hein ? Je dois raccrocher ! Je te rappelle ! Non, on se retrouve demain, au même bar que ce midi.
Hermann raccrocha si sèchement qu’il explosa le combiné. Des sirènes se faisaient entendre au loin et rapidement, des lumières bleu et rouge envahirent la nuit.
- Police ! Hermann Schneidell ! On sait que vous êtes là ! Vos voisins ont appelé ! Inutile de résister, on veut juste vous poser quelques questions !
Le corbeau se cacha dans l’ombre, un clignotement attira son attention. Le répondeur, il devait éviter de mêler Brook à ça. Il prit le répondeur et l’explosa. Tout le monde rentrerait chez lui ce soir. Mais Hermann devait s’enfuir.
L’escalier ! Il allait monter au premier étage quand la porte d’entrée explosa sous le coup du bélier. Il s’enfonça dans l’ombre et deux flics lui passèrent devant tandis que la porte qui donnait sur le jardin subit le même sort.
- Ned, t’as vu quelqu’un ?
- Non !
- Merde ! Il a pas pu se volatiliser quand même !
Schneidell en avait assez entendu. Il se faufila par la porte de derrière et traversa le jardin en direction de la ville. Il avait une visite à faire chez ce Goldman. Il était presque minuit, le sixième jour commençait déjà…
Plus loin au même moment, dans un homme finissait sa deuxième bouteille de Vodka ; il avait la main posé sur une mallette sur laquelle étaient gravées deux initiales : HS.
- Ils ont retrouvé trois corps ! Y avait quatre ! C’est pas possible, il n’a pas pu survivre ! Je l’ai égorgé comme un porc !
- C’est vrai !
L’homme ne put s’empêcher de vomir devant la vision d’horreur qu’il avait en face de lui.
- Non, tu n’es pas réel ! je…
- Tu l’as tué… et tu m’as permis en quelques sortes de vivre ! Hermann et bien mort ! Mais je ne suis pas Hermann ! Je suis Ashe ! Calme-toi, Doug !
Ashe s’approcha de l’homme et prit sa tête dans sa main en rapprochant son visage du sien. L’homme le vit sourire sadiquement. Son visage blanc avec ses trois traits rouge sang et ses lèvres marron lui donnait un air de démon tandis que ses yeux pâles comme la lune semblaient transpercé son âme.
- On va avoir pas mal de choses à se dire tous les deux !
- Euh… très bien… je… j’écoute...
Ashe sourit de plus belle avant de commencer à parler. Il allait adorer leur discussion…