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 Projet W

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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyMer 24 Jan - 19:27

Alors qu’il plongeait son regard dans les yeux déterminés d’un type en costume militaire, le Hollandais vit une balle filer à ses côtés…une balle venant de derrière lui. Il comprit immédiatement que c’était Harrison qui venait de tirer de l’intérieur de la salle et viser les hommes dans le couloir, et il voulut alors se retourner pour essayer de savoir ce qu’il se passait…mais il n’en eut pas le temps.
A peine les types armés avaient aperçus la balle que leurs instincts avaient pris le dessus, et que les ordres de ne pas tirer de leur patron étaient oubliés. Tous appuyèrent avec une frénésie mortelle sur leurs gâchettes, criblant de balles Van Den Gall qui avait à peine commencé à se retourner.

Les munitions des hommes placés devant la porte continuèrent encore à sortir de leurs armes alors que Arjen était au sol, déjà mort. Enervés par l’attente et l’entrée d’intrus dans le bâtiment, ils avaient ressentis une trop grande pression et ne s’étaient pas comportés en professionnels.
D’eux-mêmes, ils s’arrêtèrent après quelques secondes, mais le mal était fait : l’homme devant eux était mort, et plusieurs documents étaient criblés de balles dans la salle. Celle-ci était un bordel sans nom, avec des feuilles et différents objets placés n’importe comment dans la pièce. Mais ce n’était pas ça le plus troublant.
Quelques secondes avant, une balle était partie de derrière le cadavre qui salissait désormais de son sang le couloir. Ça ne pouvait donc pas être lui qui avait tiré…il avait dû avoir un allié derrière lui, qui l’avait condamné à mort, d’ailleurs. Mais il y avait un souci avec ça…un gros souci, même.
La salle était vide. A part des documents mal rangés et criblés de balles, il n’y avait rien. Strictement rien. La personne qui avait été là avait disparue, et personne ne savait comment ou pourquoi. Elle avait simplement disparue. Et ça augurait de très mauvaises choses pour eux, pensèrent-ils alors que John Doe arrivait, certainement énervé et angoissé par ce qu’il venait de se passer…Oh oui…Ca augurait de très, très mauvaises choses pour eux tous, malheureusement…






« Tuuut…Tuuut…Allo ?
- Pascal Lebrun ?
- Euh…Oui ?
- Mon français n’est pas bon, vous parlez anglais ?
- Oui. Que puis-je pour vous ?
- Vous êtes bien journaliste ?
- Oui. Qui êtes-vous ?
- Vous travaillez bien au New York Times ?
- Ça m’arrive, oui. Mais j’aimerais connaître votre identité, ou je coupe de suite la communication.
- Je ne peux pas vous révéler mon nom. Pas de suite.
- Pourquoi ?
- Une info’, ça vous intéresse ?
- Tout dépend de ce que c’est. Ecoutez, je ne peux pas vous parler, là, je…
- Providenya.
- …
- Providenya.
- Comment connaissez-vous cette ville ?
- Comme vous.
- Vous ne savez rien de ce que je sais.
- Oh si. Je sais que vous essayez de prouver depuis des années maintenant l’existence il y a environ vingt ans d’un centre de recherches internationale et secret dans la ville de Providenya, au Nord Est de la Russie. Mais que vous n’avez pas encore réussis à le faire publier, à cause du manque de preuves et de la peur de vos éditeurs. Je me trompe ?
- Non. Et je n’aime pas ça. Que voulez-vous ?
- Que la vérité soit faite.
- Comment ça ?
- Comme vous, je sais que Providenya a abrité ce centre, mais j’ai en ma possession des informations qui me le prouvent.
- Quoi ?!
- Lettres des différents directeurs, notes de services, missives des équipes d’intervention envoyées là-bas…j’ai tout ça. Et bien plus.
- Mon dieu…
- Je sais tout ce qui y a été fait. J’ai les dossiers des patients, les protocoles de recherches, etc. J’ai tout ça, monsieur Lebrun. Et je pense que ça peut vous intéresser.
- Combien ?
- Combien ?
- Combien pour tout ça ?
- Rien.
- Je ne vous crois pas.
- Vous devriez.
- On ne donne pas gratuitement des informations comme ça. Vous avez sûrement dû mettre votre couverture ou votre vie en danger pour ça, sans même penser aux gens que vous avez dû tuer. Je ne peux pas croire que vous me donniez ça sans rien demander en échange. C’est sûrement un piège.
- Vous êtes un peu paranoïaque.
- Simplement réaliste.
- Vous commencez à me plaire, monsieur Lebrun.
- Ce n’est pas réciproque. Que voulez-vous ? Ma mort ? Ou de l’argent ?
- Je ne veux ni l’un, ni l’autre. Je veux seulement que les gens responsables de tout ça payent. Je veux que tout le monde apprenne leur existence, et qu’ils reçoivent enfin le châtiment qu’ils méritent.
- Et vous voulez que je fasse quoi, dans tout ça ?
- Ecrivez des articles. Montrer à la planète entière ce qu’il s’est passé. Ils tomberont alors de leur piédestal. Je m’occuperai du reste.
- Je n’aime pas ça.
- Je sais. Mais allez-vous passer à côté d’une telle occasion ? Ca n’arrive qu’une fois, monsieur Lebrun…pensez-y.
- C’est peut-être un piège. Vous voulez peut-être m’appâter pour me tuer et me réduire au silence.
- Et j’utiliserais le téléphone pour ça ? Allons…Même si je sais que vous vous doutez que ceux que nous combattons peuvent bloquer des enquêtes, il y a quand même une certaine prudence à avoir, non ? Ils vous auraient contactés par l’intermédiaire d’une rencontre dans une rue sombre avec un type très paranoïaque pour vous faire penser qu’il était sincère. Moi, je sais qu’ils vous écoutent, mais je m’en fiche. Je suis déjà mort, ça ne change plus grand-chose. Et je n’ai pas vraiment envie d’être prudent sur ce coup-là.
- Bon. Je ne vous fais pas confiance, mais vos arguments se tiennent. Je veux voir.
- Bien. Demain. Paris. Gare de l’Est. Huit heures.
- Vous serez comment ?
- Vous verrez sur place.
- Dites-moi au moins votre nom, si vous ne voulez pas vous décrire.
- Pourquoi ?
- Pour chercher des informations sur vous et savoir à qui je me frotte.
- Votre sincérité me plaît.
- Alors, ce nom ?
- Harrison. Seth Harrison. Au revoir, monsieur Lebrun, et à demain. Tuuut…Tuuut… »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyVen 16 Fév - 20:50

Episode #16 : Réactions en chaîne, première partie.

« Docteur Harrison, je présume ? »

Paris.
Gare de l’Est.
Huit heures douze du matin. Le temps était frais, et une bonne quinzaine de passagers attendaient, emmitouflés dans leurs grosses vestes et leurs bonnets, que leur train prenne la peine d’ouvrir ses portes chauffées à leurs corps frigorifiés. Mais avant que la douce chaleur des compartiments ne les entoure, tous s’étaient attroupés autour du petit stand où café et petits pains étaient disponibles avant le départ. La foule était donc amassée au centre de la gare de l’Est, posés sur les quelques choses disposées autour du petit commerce ou bien debout. L’endroit parfait pour un rendez-vous, en somme. Surtout entre deux hommes recherchés par la majorité des gouvernements du monde et avec une bonne demi douzaine de contrats sur leur tête. Oui. Surtout pour eux.

« Pascal Lebrun ? »

L’homme qui avait parlé en premier sourit en voyant l’homme au crâne parfaitement rasé approcher de lui. Il était là depuis une demi heure déjà et avait commencé à se demander si le rendez-vous n’avait pas été un piège, finalement, mais l’arrivée de son « contact » le faisait sourire. Il avait cherché des informations sur ce Seth Harrison, et le journaliste avait réussi à dénicher une photographie d’un Anglais aux cheveux longs et sombres, et avec une barbe très fournie. L’être devant lui semblait avoir beaucoup changé ces derniers temps, chose qui le confortait dans son sourire : il aurait été stupide et anormal que Harrison ne change pas de look pour ne pas se faire repérer, et Lebrun se calme légèrement à ce moment-là, même si son angoisse était toujours présente au fond de lui.

« Lui-même. »

Le Français présenta une chaise à l’arrivant, qui acquiesça et s’assit en face de lui. Il sortit immédiatement un paquet de cigarettes et s’en alluma une, avec la grâce de l’expérience nota son interlocuteur. Celui-ci termina son deuxième café avant de croiser les bras sur son pull beige, alors que ses yeux observaient l’homme devant lui derrière ses petites lunettes rondes et…rouge, ce qui choquait toujours en général ceux avec qui il parlait.

« Je suis pas docteur, vous savez.
- Je sais. »

Lebrun sourit légèrement, ne bougeant toujours pas alors que Harrison se mettait à l’aise, enlevant son imperméable marron pour révéler un t-shirt noir vantant les mérites d’un groupe de musique qu’il ne connaissait pas.

« C’était une blague pour détendre l’atmosphère.
- Ah.
- C’était sensé être drôle.
- Ah. Ouais. Ahah. Je suis mort de rire, mais c’est intérieur. »

Le Français se retint de sortir une réplique cinglante à l’arrivant. Il savait que celui-ci était en train de tester ses nerfs et sa détermination, pour savoir si il était digne de recevoir les informations qu’il lui avait promises. C’était la procédure classique des agents secrets, et Pascal avait assez passé de temps dans ce milieu pour en connaître toutes les ficelles. Il sourit donc légèrement, à nouveau, avant de reprendre la parole en fixant toujours l’homme assit juste en face de lui.

« Vous savez qu’il est interdit de fumer ici ?
- Ah ouais ?
- Plus dans les lieux publics.
- Pays de merde. Totalitarisme de facho. Tous des cons.
- Je ne vous le fais pas dire. »

Lebrun fit avancer l’assiette où on lui avait servit un croissant une quinzaine de minutes auparavant vers Seth, qui y écrasa sa cigarette. Le journaliste nota qu’il le fit en étant forcé et en n’appréciant pas cela, mais qu’il le faisait quand même. Apparemment, Harrison ne voulait pas se faire repérer par la police en faisant le débile rebelle de base, et il fut heureux de voir que ce type sur lequel il s’était renseigné avait un cerveau et une certaine intelligence pratique…dans ce milieu, ce n’était que malheureusement très rarement le cas, et il décida donc de noter ça dans son esprit, pour que ça lui serve plus tard.

« Vous avez fais bon voyage ? »

L’Anglais sourit légèrement dès qu’il entendit cela, et afficha sur son visage un air sympathique mais un peu hypocrite. Il ne se sentait pas en sécurité, et il n’aimait pas vraiment l’homme à ses côtés. Ce Pascal Lebrun était un journaliste, un des types qui fouinaient partout pour les empêcher, lui et ses collègues, de faire ce qu’ils avaient à faire. En général, Seth avait toujours évité d’être mêlé à des affaires avec des types comme ça, mais là…il n’avait pas eu le choix. Il ne l’avait toujours pas, d’ailleurs.

Maintenant qu’il avait avec lui une bonne quinzaine de documents prouvant l’implication de ses patrons dans le centre de recherches de Provydenia et qu’il en savait plus sur les Humains Evolués, et surtout sur leurs identités, il se savait très bien en danger. Bien sûr, il avait tout fait pour ne pas être sur les bandes vidéos ou audio du complexe secret de la Haye, mais Harrison n’était pas idiot : il était sûr que Doe avait déjà comprit qu’il était derrière tout ça, et qu’il avait lancé sa meute sur ses pas.
Il n’avait donc plus beaucoup de temps avant d’être coincé par les flics des pays contrôlés par les patrons de Doe, et il devait utiliser ces quelques jours voir semaines au mieux. Peu importait qu’il meure ou qu’il soit enfermé de nouveau après ça. Ce qu’il avait apprit était beaucoup trop gros, beaucoup trop monstrueux pour qu’il ne fasse pas quelque chose…même si ça impliquait le sacrifice ultime. Oui. Même si ça impliquait ça.

« Comme un mec qui fait le voyage la Haye-Paris accroché sous une putain de voiture.
- Ca a dû être drôle.
- Ouais. C’est pour ça que j’ai toujours le fou rire. »

Lebrun sourit encore une fois en entendant ça.
Il commençait à apprécier ce type. Même si ce qu’il avait apprit sur lui l’avait beaucoup refroidit dans son envie de le rencontrer, ce Seth Harrison avait un cynisme et un charisme assez impressionnants. Il semblait être désespéré et un peu mélancolique, mais avait aussi, apparemment, une rage de vaincre et de vivre assez impressionnante. Le journaliste reprit alors la parole en inscrivant tout ça dans son cerveau, se promettant de ne pas se laisser avoir par l’aspect sympathique de l’homme en face de lui…trop de choses comptaient maintenant qu’il était si près du but.

« Vous avez les informations ?
- Vous êtes un peu rapide. »

Pascal sourit encore une fois, mais il n’avait pas vraiment le cœur à ça. Apparemment, Harrison voulait un peu jouer avec lui, mais…mais il n’était pas d’accord pour ça. Même si il n’était pas autant recherché que l’Anglais, le journaliste savait qu’il énervait beaucoup, beaucoup de monde sur la planète, et il savait surtout qu’en venant seul dans un endroit aussi découvert, il risquait sa vie.
Bien sûr, il était presque sûr qu’on ne tenterait rien dans un endroit aussi bondé et avec tant de variables difficilement contrôlables, mais il y avait quand même un risque. Et il n’avait pas vraiment envie de continuer à le prendre trop longtemps, surtout qu’il n’avait toujours aucune garantie que ce Seth Harrison disait la vérité…ça pouvait très bien être un piège, et il décida alors d’être encore plus sur ses gardes. Ça ne pourrait pas faire de mal, pensa-t-il en se penchant en avant pour parler plus discrètement à celui qui était à ses côtés.

« Disons surtout que je n’ai pas envie de tourner autour du pot. Vous m’avez fais venir ici en me promettant certaines choses, monsieur Harrison. J’entends les avoir le plus rapidement possible. Moi aussi, des gens veulent ma mort, voyez-vous. Moi aussi, j’ennuie fortement beaucoup de personnes importantes de par le monde. Et je suis sûr que c’est pour ça que vous m’avez contacté.
Alors arrêtons un peu de jouer aux adolescents avec certaines blagues cyniques qui ne font rire que nous, et passons aux choses sérieuses. Trop d’événements peuvent découler de cette entrevue pour que j’ai véritablement le cœur à rire, voyez-vous. »

Lebrun lui fit un sourire poli, mais Seth comprit de suite le message. Et il était d’accord.
Il avait essayé de détendre l’atmosphère et de tester l’homme devant lui par quelques petites piques, mais il était temps de passer à la vitesse supérieure, maintenant. Il avait risqué sa vie, et l’avait même condamnée d’ailleurs, pour avoir le droit de divulguer les documents qu’il avait dans la poche de son imperméable à des types comme ce journaliste, et il ne devait pas réduire à néant son sacrifice et ce qu’il avait simplement par quelques bons mots utilisés trop longuement.

L’Anglais acquiesça donc aux paroles du Français, posant calmement les mains sur la table en fer entre eux avant de parler d’une voix calme et posée, son regard sombre se posant dans les yeux protégés par des petites lunettes rondes pathétiques et gamines selon lui de celui qui allait très certainement poursuivre sa mission à sa mort…si lui arrivait à survivre, bien sûr.

« Ok.
Si vous voulez la jouer franc jeu, on va le faire comme ça.
J’ai en ma possession une quinzaine de documents prouvant l’intervention de cinq hommes, cinq anciens agents secrets qui ont hérité de la Guerre Froide assez d’argent et de secrets honteux pour pouvoir contrôler le monde en coulisses, dans un projet secret, dit Projet W, dans le Nord Est de la Russie, à Provydenia. A cause de ces cinq hommes, des dizaines d’hommes et de femmes ont été torturé des années durant pour en faire des armes absolues et uniquement programmées à servir ces cinq types. »

Lebrun croisa calmement les bras à ce moment-là. Il resta silencieux quelques instants, réfléchissant à tout ceci, avant de prendre lui aussi la parole, fixant toujours l’Anglais qui faisait de même maintenant.

« Hum. Vous avez des preuves ?
- J’ai toutes les preuves qu’il faut.
- Ces armes…c’étaient des êtres humains ?
- Des Humains Evolués, plutôt.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Vous connaissez les X-Men ?
- Des acteurs pornos ?
- Votre sens de l’humour est aussi nul que le mien. Ça fait peur.
- Je sais. Et oui, je connais. Des mutants de BD, c’est ça ?
- C’est ça. Bah c’est pareil.
- Comment ça ?
- Les scientifiques de nos cinq amis ont découvert, il y a une bonne quarantaine d’années, que certaines personnes avaient des codes génétiques différents des autres.
- On a tous un code génétique différent.
- Arrêtez vos conneries, je le sais bien. Mais ces gens-là ont des codes génétiques TRES différents, ce qui leur permet certaines…choses qui ne sont pas à la portée de tout le monde.
- Comme ? »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyVen 16 Fév - 20:51

Le Français était intéressé par tout ça. Même si il avait un peu de mal à croire tout ce que Harrison lui avait dit en quelques secondes à peine, il avait toujours pensé que les histoires de manipulations génétiques étaient vraies…et il s’était rendu compte en devenant journaliste qu’il avait eu raison. Néanmoins, il n’avait jamais eu la possibilité de prouver au monde ce qu’il savait, vu que ses preuves disparaissaient « par hasard » à chaque fois qu’il les rassemblait pour faire ses articles.
Là, donc, Pascal sentait sa curiosité piquée au vif, mais il ne voulait pas trop le montrer. Même si Seth lui disait des choses intéressantes et qu’il commençait à lui plaire, ce type pouvait très bien être un assassin envoyé pour le tuer, et il resta encore sur ses gardes…sa paranoïa lui avait bien des fois sauvée la vie, finalement.

« Comme ? »

L’Anglais sourit à ce moment-là.
Il n’aimait pas ce journaliste, c’était officiel.
Son humour foireux, son angoisse et sa paranoïa beaucoup trop visibles et ses questions fatigantes et creuses…non, il ne l’aimait pas. Mais au fond, c’était une bonne chose. Les rares journalistes qu’il avait quelque peu appréciés avaient été des outres à whisky qui ne faisaient pas bien leur travail, et ceux qu’il détestait étaient en général les types qui faisaient le maximum pour apporter la vérité aux gens.

Harrison inspira donc lourdement, avant de reprendre la parole en faisant apparaître un masque très neutre sur son visage, étant visiblement très concentré par tout ça et par ce qui pouvait découler de cette entrevue.

« Comme être télékinésique, télépathe, savoir lire les émotions par les mouvements et attitudes gens, cicatriser plus rapidement, dépasser les ennuis de la gravité et même se téléporter. Entre autres. Il doit y avoir beaucoup plus de capacités que ça chez certains Humains Evolués, mais ça…c’est ce que j’ai vu en vrai. Ce sont des pouvoirs dont j’ai vu les démonstrations. »

Seth croisa lentement les bras en voyant la bouche du journaliste s’ouvrir en grand. Il comprenait. Il commençait à comprendre. Il était en train d’entrevoir que l’Anglais lui disait la vérité, et il voyait tout ce qui pouvait découler de ces informations, et surtout des preuves des agissements des cinq anciens agents secrets que lui apportait l’homme en face de lui.
Harrison sourit donc doucement en voyant que Lebrun était choqué et impressionné par tout ça, assez content de son petit effet sur cet homme qu’il n’appréciait pas vraiment, mais qui allait lui être d’un très grand secours dans les jours à venir.

« Je… »

Pascal n’en croyait pas ses oreilles.
Autour de lui, le monde disparaissait. La gare de l’Est, ses voyageurs, Paris, le monde même…tout disparaissait. Seuls Seth Harrison et ce qu’il venait de dire avaient de l’importance pour lui. Seuls Seth et ses informations comptaient désormais. Et ce qu’il pourrait en faire, aussi. Surtout ce qu’il pourrait en faire, d’ailleurs.

« Mon dieu… »

Un sourire apparut lentement sur le visage du journaliste alors qu’il comprenait tout ce qui venait d’être dit. Il avait toujours pensé, et avait même découvert dans son propre pays, que les manipulations génétiques existaient, mais il n’avait jamais réussit à le prouver ou même à trouver des êtres survivants à ça. Et là, maintenant, alors qu’il était en train de s’exiler définitivement aux Etats-Unis pour éviter d’être prit sous les balles de plusieurs agences secrètes européennes…voila qu’on lui apportait sur un plateau les informations qu’il avait toujours voulues. Voila qu’on lui donnait comme un cadeau de Noël les documents et les preuves pour réussir ce qu’il avait toujours désiré : stopper définitivement les cinq hommes qui contrôlaient plus ou moins le monde en douce, chose qu’il avait apprise plusieurs années auparavant mais qu’il n’avait jamais pu dénoncer, malheureusement.

Oui.
Il n’y était jamais arrivé, jusque là.
Mais ça allait changer, maintenant. Si Harrison disait vrai, et il en était certain maintenant, il pourrait enfin proclamer au monde entier l’existence de ces êtres. En plus, avec ce que venait de dire l’Anglais sur ces Humains Evolués, il y avait la possibilité d’une prise de conscience internationale sur les manipulations génétiques…il y avait la possibilité de changer bien de choses, oui. Pour le moment, les peuples ne savaient rien ou ne voulaient rien savoir, mais si il arrivait à leur expliquer tout ça, à les forcer à regarder vraiment leurs gouvernements…la Terre pourrait changée. Elle pourrait devenir meilleure. Elle pourrait devenir enfin un endroit où il fait bon vivre.

Un énorme sourire apparut sur son visage alors qu’il imaginait ça, mais Lebrun décida de se calmer. Même si tout ça lui plaisait, même si l’idée de changer le monde et de faire du bien grâce à ses actes lui faisait envie, il ne devait pas trop s’enflammer. Trop souvent, certaines pistes semblaient parfaites et sans aucun danger pour finalement se transformer en vastes fumisteries où il avait risqué sa vie pour rien.
Il décida donc de se reprendre, fit disparaître son sourire et soupira légèrement pour redevenir lui-même. Pascal se racla lentement la gorge avant de reprendre la parole d’une voix qui se voulait calme et posée, mais où on pouvait encore sentir un peu de l’excitation qui avait régnée sur son cœur quelques instants auparavant.

« Vous avez vu tout ça ? Vous êtes sûr ?
- Oui.
- Vous comprenez bien que je ne peux pas vous croire sur parole. Il va falloir m’apporter certaines preuves, et m’expliquer un peu comment vous avez pu être le témoin de tels phénomènes. Aux dernières nouvelles, vous n’étiez pas vraiment dans le secret des dieux…Je dirais même que vous étiez plutôt sur la liste noire de la Grande Bretagne, non ? »

Le journaliste sourit à ce moment-là, mais Seth avait une énorme envie de lui exploser son nez avec ses lunettes rouge pour le même prix. Il ne l’aimait vraiment pas. Tout en lui puait le journaliste, et il ne supportait pas ça. Bien sûr, l’Anglais savait qu’il devait le supporter pour le bien de son plan, et qu’il devait sacrifier son temps avec lui pour ça…mais quand même. Ce type ne lui revenait vraiment pas, et il avait énormément de mal à ne pas se lever pour lui en mettre une.

Néanmoins, Harrison réussit à reprendre le contrôle de lui-même.
Il prit une grande inspiration en fixant d’un air méchant Lebrun, se calmant peu à peu. Il devait rester zen. Il avait trop sacrifié pour ça : sa vie, sa carrière, sa possibilité d’être à nouveau libre, et…et son honneur, oui. Même si il n’avait pas eu le choix, il regrettait toujours d’avoir dû laisser Arjen Van Den Gall se faire tuer pour pouvoir s’enfuir de la Haye et du complexe secret de ses patrons.
Normalement, il faisait toujours tout pour que les innocents s’en sortent, et là…là, c’était lui qui avait tué un innocent. Seth porterait ce fardeaud, cette culpabilité jusqu’à la fin, mais il sourit intérieurement en pensant que ça ne durerait plus très longtemps, maintenant…

Néanmoins, l’Anglais chassa ces pensées de son esprit pour parler d’une voix dure et froide, fixant toujours d’un air très violent et agressif le journaliste, qui s’était légèrement reculé à cause de ça…la peur pouvait prendre n’importe qui à n’importe quel moment.

« Les preuves, je les ai là. »

Il sortit de la poche intérieure de son imperméable la quinzaine de documents écrits qu’il avait volés à la Haye. Diverses lettres de service ou autres entre les cinq anciens agents secrets et ceux qui avaient été envoyés à Provydenia constituaient les preuves qui allaient permettre à Lebrun de dénoncer ces agissements, et il continua à parler alors qu’il faisait avancer ces papiers vers le Français aux yeux brillants en face de lui.

« Et pour les phénomènes…disons que j’ai décidé de faire quelque chose de ma vie. Sans entrer dans les détails, je peux dire que j’ai été en contact avec un de ces Humains Evolués, et que son discours m’a plu. J’ai été touché par son envie de vivre après tout ce qu’on lui avait fait et surtout de se venger de tout ça, et j’ai alors décidé de les aider…même si cet homme a eu un destin tragique. J’ai réussis à entrer en contact avec les autres Humains Evolués, et nous avons décidés d’intervenir après une rencontre secrète…qui s’est faite dans mon esprit. Je sais, ça peut paraître fou, mais c’est vrai. Ils savent très bien que ceux qui les ont torturés sont à leur recherche, et ils savent aussi qu’un assaut frontal ne servirait à rien. Si ils les attaquaient, soit ils se feraient descendre et ça n’aura servit à rien, soit ils passeront pour des monstres aux yeux du monde entier et ça serait encore pire.
Nous avons donc pensés qu’il serait mieux de faire publier tout ça. Vu que vous êtes un des seuls journalistes à avoir enquêter sur nos ennemis, vous êtes la meilleure personne pour ça. Nous voulons donc que vous publiez tout ça, et nous voulons que la vérité soit faite sur cette histoire, que ce genre de choses n’arrivent plus jamais…et que les coupables payent, aussi. »

Seth se tut alors.
Il attendait la réaction de Lebrun.
Il savait que ce qu’il venait de dire était difficilement croyable, mais c’était vrai. L’Anglais avait eu beaucoup de mal à tuer Fulo, mais il avait été conquit par son discours. Il avait été ensuite contacté par un télépathe de la bande des Humains Evolués, et il avait ainsi pu « dialoguer » avec eux et mettre au point ce plan. Il était dangereux, certes, mais il lui plaisait. Faire découvrir au monde entier l’existence des cinq anciens agents secrets était quelque chose qui lui tenait à cœur, surtout si il pouvait en même temps faire accepter ces êtres à pouvoirs.

Mais malheureusement, ce n’était pas encore gagné. Maintenant, tout dépendait de la réaction du journaliste, et Harrison sentit la tension naître peu à peu en lui. Il attendait la réponse de cet homme à ses côtés, espérant vraiment qu’elle serait positive…Oui…Il l’espérait vraiment…Parce que si ce n’était pas le cas, tout serait fini…Tout ce qu’il aurait fait n’aurait servit à rien…Tout ce qu’il avait été obligé de faire n’aurait eu aucune importance…Et ça…Ca, il ne pouvait l’accepter…Il ne pourrait l’accepter…Il n’en aurait pas la force…Pas la force, non…








« Il est mort.
- Je sais.
- C’est impossible, normalement.
- Je sais. Mais c’est le cas.
- Il a été tué chez lui ?
- Oui.
- Et ses gardes du corps ?
- Assassinés aussi.
- Mon dieu.
- Oui.
- Nous ne sommes plus à l’abri.
- Nous ne l’avons jamais été.
- Oui mais là…
- Je sais. C’est pire.
- Que peut-on faire ? Nous n’allons pas nous cacher au fond d’un trou…
- Ça serait le meilleur moyen pour se faire tuer. Nous devons trouver autre chose.
- Quoi ?
- Nous devons répliquer.
- Mais contre qui ? Nous ne savons même pas qui l’a tué !
- Nous devons chercher. Et nous devons aussi nous occuper des cibles que nous connaissons. Celles que nous avons identifiées.
- Harrison ?
- Harrison.
- Celui qui nous a volé des documents.
- Exact.
- Nous devons le tuer, oui.
- J’envoie tout ce que nous avons en réserve.
- Tout ?
- Tout. Cet homme nous a volé et va vouloir nous faire du mal. Nous ne devons pas l’accepter.
- Oui. Tu as raison. Qu’il meure.
- Et tous ceux qui l’auront rencontré.
- Et tous ceux qui l’auront rencontré, oui… »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyVen 23 Mar - 21:50

Episode #17 : Réactions en chaîne, deuxième partie.

« A terre ! »

Seth poussa Lebrun dans le dos, qui tomba alors violemment au sol. Il se blessa la paume des mains, mais il sentit les balles voler au-dessus de lui et entrer dans le mur juste à sa droite. Le journaliste déglutit lentement quand ses genoux touchèrent aussi le sol dur et froid de Paris. Les balles continuaient à siffler autour de lui, et un frisson le prit quand il entendit l’homme juste au-dessus de lui enlever la sécurité de son arme…ça commençait vraiment mal, pensa-t-il à ce moment-là.

« Enfoiré… »

Harrison se mit à tirer.
Pascal était toujours au sol et avait mis ses mains autour de sa tête pour se protéger, même si il savait au fond que ça ne servirait pas à grand-chose. Son acolyte faisait tomber plusieurs douilles sur le sol, mais aucun cri de victoire ou de contentement ne se faisait pour l’instant entendre.

Ils étaient dans la merde, vraiment. Même si l’Anglais savait tirer et tuer, et le Français le savait par ce qu’il avait appris sur lui, ils étaient en train de se faire canarder par un sniper en plein milieu de Paris, à quelques rues à peine de la gare de l’Est. Ils étaient parfaitement à découvert, et son nouvel allié n’avait certainement pas les munitions pour tenir le combat très longtemps.
Oui. Ils étaient dans une belle merde. Et Lebrun ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même d’être là-dedans.

« Fils de pute ! »

Il vit Seth rouler sur le sol et éviter une balle du sniper. Seules quelques secondes s’étaient écoulées depuis le début de la fusillade, mais le journaliste avait l’impression que ça durait depuis déjà une heure. L’Anglais essayait de tirer sur celui ou ceux qui avaient l’envie de les tuer, mais il avait du mal. Le soleil était contre lui, et le ou les personnes qui constituaient désormais ses cibles avaient pris le soin de se mettre sur un immeuble assez haut pour pouvoir leur ôter la vie.
Harrison n’avait pas une chance d’atteindre sa cible. A moins d’un miracle, c’était impossible. Et c’était bien pour ça que sa colère était si grande…il ne pouvait rien faire, à part attendre qu’une balle ne vienne le faucher. Il était piégé, et il le savait.

« Lebrun ! »

Mais même si il le savait, même si il en avait conscience, il ne voulait pas abandonner. Son visage montrait parfaitement qu’il n’avait pas envie de se laisser tuer sans avoir au moins fait quelques dégâts ou donner du fil à retordre à ses adversaires, et l’appel de son nom et surtout le ton employé confirmèrent cela à Pascal. Celui-ci leva légèrement ses yeux, alors que les balles continuaient à être tirées vers eux.

« On se casse ! »

L’Anglais ne croisa le regard du Français que quelques millièmes de secondes, mais le journaliste comprit qu’il ne fallait pas traîner. Il se releva extrêmement rapidement alors que les balles fusaient toujours autour de lui, et il commença à courir devant lui. Il avait lâché sa mallette d’ordinateur portable, il avait lâché sa veste qu’il avait eu sur son bras avant lui, il avait tout lâché.
Oui. Tout. Sauf une chose. Les documents apportés par Harrison. Il les avait toujours. Il les avait toujours sur lui, dans la poche de son pantalon, pliés. Il les avait toujours. Et c’était bien ça le plus important.

Pour lui, nul doute qu’on voulait ces quelques papiers.
Même si Seth était une enflure que beaucoup voulaient certainement voir mort, il était logique de penser que c’était pour ces quelques documents qu’on tentait de les tuer, ici et maintenant. Bien sûr, le contraire était possible, mais les coïncidences…il n’y croyait pas.
Pas dans son boulot, pas dans sa vie. Il était Pascal Lebrun, un journaliste plus ou moins indépendant dont le nom était posé sur beaucoup, beaucoup de listes noires de gouvernements du monde. Et il entrait en possession de documents qui pouvaient l’amener à régler enfin leur compte aux enfoirés qui transformaient la planète en charnier et en gigantesque manne à fric. Normal qu’on veuille le tuer…surtout maintenant…

Oui. Maintenant, il était encore plus dangereux qu’auparavant. Maintenant, il était capable d’enfin réussir ce qu’il avait toujours voulu faire. Maintenant, il pouvait enfin parvenir à ses fins. Enfin…normalement. Si tout se passait bien, il réussirait à faire tomber les cinq anciens agents secrets qui contrôlaient plus ou moins le monde en coulisses. Normalement, oui…Parce que rien n’était sûr encore, malheureusement…

« Plus vite ! »

Alors que l’Anglais se faisait toucher à l’épaule et qu’il commençait à le suivre en courant, essayant toujours de tirer sur leurs adversaires en hauteur, le cerveau du journaliste fonctionnait à cent à l’heure. Etrangement, alors qu’il était en train de risquer sa vie et qu’il avait finalement peu de chance de s’en sortir cette fois-ci, son esprit était en train d’analyser tout ce qu’il s’était passé dans les minutes précédentes, et commençait à avoir des doutes sur les documents donnés par Seth…de sérieux doutes, même.

Evidemment, Pascal était prêt à croire l’agent secret.
Evidemment, il était prêt à sauter sur cette occasion offerte d’enfin faire savoir la vérité.
Evidemment, il était heureux d’avoir enfin un vrai allié dans la guerre secrète qu’il menait contre ces fous. Et évidemment, il voulait faire confiance à Harrison. Mais le pouvait-il ? En avait-il vraiment la possibilité ? L’homme qui était en train de courir derrière lui était un inconnu. Et le peu qu’il avait réussi à apprendre sur lui ne lui avait pas plu…pas plu du tout, même.

Seth Harrison était un ancien agent de Grande Bretagne qui en avait trop vu et trop fait. Il avait été considéré au bout de quelques années comme une gêne, et son gouvernement avait décidé de le torturer et de l’oublier au fond d’une cage en Afrique parce qu’il avait trop ouvert sa gueule. Ce type était plein de haine, de colère et d’envie de vengeance, et il était donc extrêmement dangereux et incontrôlable. Mais Harrison était aussi une enflure de première, un type capable de vendre père et mère pour arriver à ses fins. Et si Lebrun appréciait la première partie de son profil, la seconde lui faisait un peu peur…

Après tout, qui pouvait dire qu’on ne le piégeait pas, là ?
L’homme chauve qui le forçait à aller plus vite alors que les balles se faisaient moins régulières, il ne le connaissait pas. Il pouvait très bien avoir été sortit de sa cage pour le piéger et attirer sa sympathie, ou bien tout ce qu’il avait trouvé sur lui pouvait avoir été créé de toutes pièces quelques jours auparavant…malgré ses sources fiables, il y avait toujours des gens qui pouvaient faire ce qu’ils voulaient, et c’étaient toujours ceux contre qui il se battait.

Lebrun avait donc de sérieux doutes sur l’honnêteté et les buts de l’Anglais, même si il n’avait pas le choix. Comme à ce moment-là, comme lorsqu’il devait courir comme maintenant pour s’en tirer, il n’avait pas d’option. Bientôt, si il continuait ainsi, il allait être assassiné, du moins si il s’en sortait maintenant. Et de toutes façons, sans documents ou sans preuves, son combat n’était rien d’autre que symbolique.
Oui. Il n’avait rien pour réussir à prouver ce qu’il avançait, et il allait être bientôt réduit au silence parce qu’il énervait des gens trop puissants. Le journaliste n’avait pas le choix. Il devait faire confiance à l’agent secret derrière lui. Pour le meilleur…et certainement pour le pire, aussi.

« Ici ! »

Seth le poussa dans une rue qui s’ouvrait sur sa gauche, et le Français vit du coin de l’œil une balle exploser un bout du coin de mur à ses côtés. Il fut collé par son acolyte contre l’immeuble qui était derrière lui, et il sentit alors que ses poumons le brûlaient et que ses jambes avaient du mal à le porter. Etrange. Il n’avait rien eu jusque là, mais c’était certainement parce que son cerveau avait préféré se focaliser sur ses doutes.
Il sourit légèrement à ce moment-là. Au fond, ce n’était pas plus mal. Sans ses pensées, il aurait certainement eut trop mal et n’aurait pas pu courir autant et aussi vite. Néanmoins, son sourire disparut rapidement quand il vit que Harrison n’allait pas bien, et quand il entendit que les tirs continuaient. Ils étaient toujours dans une belle merde. Et peut-être encore plus qu’auparavant, vu le sang qui coulait de l’épaule gauche de son nouveau compagnon.

« Ca va ? »

Sa voix était faible.
Son endurance n’était plus vraiment ce qu’elle était, et Pascal avait du mal à parler, surtout en anglais, qui n’était pas sa langue maternelle. La tête lui tournait alors qu’il essayait de se relever, et que ses jambes lui faisaient bien comprendre qu’elles avaient envie d’une petite pause. Il retomba donc lourdement au sol alors que sa respiration sifflait…il n’était pas dans le meilleur des états, et l’Anglais non plus apparemment.

« Mouais…j’ai vu mieux. »

Mais si l’agent secret était blessé et avait aussi un peu de mal à reprendre son souffle, certainement à cause de la fatigue, lui ne se laissait pas aller…il agissait. Il avait récupéré son mouchoir dans la poche de son pantalon et épongeait la blessure à son épaule, qui était plus superficielle et embêtante que réellement grave.
En fait, la balle avait frôlée la chair, et avait emmenée quelques bouts de peau avec elle. Ça saignait abondamment, ça faisait mal, mais ce n’était pas dangereux ou mortel. Néanmoins, Harrison allait maintenant devoir trouver quelque chose pour ne pas saigner partout, et donc ne pas se faire repérer par leurs ennemis qui approchaient très certainement pour finir le travail. Pas facile.

« On…on fait quoi ? »

Lebrun commençait à aller mieux.
L’asthme qu’il avait eu dans son enfance et dans son adolescence avait été plus ou moins guérit par les années, et les nombreux moments de souffrance devenaient moins intenses et moins longs avec l’expérience et l’âge. Il soupira donc lourdement avant de se relever lentement, ses jambes tremblant toujours un peu même si ça commençait aussi à aller un peu mieux. Mais un peu mieux seulement, malheureusement…

« On va essayer de se casser. Mais ça va être dur.
- Tu penses qu’ils vont nous suivre ?
- Non. »

Seth finit de recharger son arme dans un CLAC sonore. Son regard croisa alors celui du journaliste, et le Français sentit un frisson lui parcourir le bas du dos. Ce type faisait peur…ce type faisait vraiment peur.

« Je pense qu’ils sont déjà là. »

Il leva son arme et tira derrière Pascal.
La balle passa à quelques centimètres à peine du journaliste, qui se baissa instinctivement alors que la fusillade reprenait. Harrison appuya trois fois sur la gâchette, et un petit cri étouffé fit sourire son acolyte qui était désormais accroupit à ses pieds. Il en avait eu un…il en avait eu un ! Il en avait touché un !

« Connard ! »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyVen 23 Mar - 21:51

Quelques balles fusèrent encore autour d’eux, puis ça se stoppa. L’Anglais avait aussi arrêté de tirer avec son arme, et il aida Lebrun à se relever rapidement. Celui-ci vit encore ses yeux et y lut une détermination sans faille…ainsi qu’une grande haine. Il ne savait pas pourquoi il était ainsi, il ne savait pas pourquoi ce type avait une telle rage au fond de son cœur et comment il pouvait être aussi calme et précis avec ce sentiment en lui, mais le journaliste fut alors heureux d’être de son côté.
Oui. Même si il était sûr que le type touché n’était pas seul, même si il était sûr que la situation était toujours très dure et même si il était sûr qu’ils étaient toujours dans une belle merde…il était heureux d’être avec lui, et pas contre lui.

« Non… »

Seth marchait.
Et il rechargeait son arme.
A pas calmes et lents, il s’approchait du corps étendu au fond de la rue sombre de Paris, alors qu’il était encore très tôt et que les gens étaient seulement en train d’appeler la police…faire son devoir de citoyen, oui, mais seulement quand on a les yeux en face des trous, comme toujours. Pascal le suivit à ce moment-là, se mettant un peu derrière lui, plus par réflexe qu’autre chose. Après tout, c’était lui qui avait le flingue, pas le Français…et il n’avait pas vraiment envie de jouer à l’intrépide suicidaire à ce moment-là. Il avait bien d’autres choses à faire avant de mourir bêtement…oh oui, bien d’autres choses plus importantes que ça.

« Pas toi… »

Lebrun regarda alors Harrison. Il avait changé. La haine avait été visible dans ses yeux jusque là, mais c’était différent maintenant. On pouvait plus y voir de la peine, de la tristesse, une certaine colère mais pas la même qu’auparavant et…et de la déception ?! Le Français avait toujours été fort pour voir et sentir les sentiments des gens, mais il ne comprenait pas un tel revirement.
Qu’est-ce qu’il se passait ? Qu’est-ce qu’il s’était bien passé pour que le type prêt à tout pour se venger quelques secondes auparavant devienne plus humain qu’il ne l’avait été ces dix dernières années selon ce qu’il savait de lui ?

« Maggie… »

Maggie ?
Pascal ne comprit pas tout de suite ce qu’il voulait dire en prononçant ce nom, mais quand il regarda le corps qui était au fond de la rue, il sut le pourquoi de ce mot. Le tireur qui avait tenté de les tuer quelques instants auparavant était…il était elle, en fait. C’était une femme, rousse, assez jolie même si une plaie au milieu du torse la rendait irréelle et étrange…dangereusement étrange, même.

« Maggie…non… »

Seth était juste devant le corps étendu devant lui. La jeune femme avait les cheveux coupés très courts et portait un simple t-shirt blanc moulant assez bien sa poitrine généreuse, un jeans informe, des baskets bon marché et une longue veste verte. Le sang coulait lentement sur le vêtement immaculé, et le journaliste put apercevoir une larme naître dans l’œil de son acolyte. Mais celui-ci passa rapidement la main sur son visage pour la faire partir, ainsi que les sentiments qui commençaient à naître en lui à cause de ça.

Silencieusement, il commença donc à agir.
Lui qui était sûrement encore très touché par ce qui venait de se passer, et qui était toujours incompréhensible pour le Français à ses côtés, donna un gros coup de pied dans la main droite de la jeune femme rousse, faisant glisser au loin le flingue qui était serré jusque là par ses doigts abîmés. Il s’agenouilla ensuite devant elle et la fouilla avec une infinie douceur, cherchant si elle n’avait pas de micros, de bombes ou d’autres armes.
Il faisait ça avec un sérieux énorme, même si Lebrun pouvait bien voir qu’il était encore fragilisé par cette vision, chose qu’il n’arrivait toujours pas à saisir et qui ne lui plaisait pas vraiment…après tout, que pouvait bien encore cacher cette apparente brute de Seth Harrison, qui devient tout mièvre dès qu’il tire sur une femme ? Il ne savait pas, et il n’aimait pas vraiment ça…

« Maggie… »

Après quelques secondes, l’Anglais avait arrêté et prononcé ce nom dans un long soupir. Il tenait dans ses mains un micro qui avait été caché dans sa veste, et il le jeta au loin dans la ruelle, celui-ci atterrissant à quelques centimètres d’une grosse poubelle débordant de détritus. Pascal resta quelques secondes à regarder ce spectacle, avant de reporter son attention sur son acolyte et la jeune femme qui était en train de mourir.

« Maggie… »

Seth posa son arme.
Il mit ensuite ses mains dans les rares cheveux roux de la jeune femme. Ses yeux étaient fermés mais son torse se soulevait encore un tout petit peu. La vie était lentement en train de la quitter, et Pascal voyait que ça faisait beaucoup de mal à son acolyte. Apparemment, les deux étaient liés, et très liés même. Même si il ne savait pas comment Harrison pouvait avoir autant de chagrin pour quelqu’un qui avait tenté de le tuer, il respectait ça et s’était mis quelques mètres en arrière, pour ne pas gêner son nouvel allié et surtout pour essayer de comprendre ce qui était en train de se passer juste sous ses yeux.

« Merde…
Pourquoi t’as fait ça ?
Pourquoi tu t’es laissée dominer par ces connards ? »

La respiration de la jeune femme était presque nulle. Elle n’entendait certainement plus les paroles de Seth, qui avait sûrement bien pris son temps pour qu’elle ne puisse pas lui répondre. Lebrun était sûr que l’homme qui lui avait sauvé la vie avait fait exprès de la fouiller avant, pour pouvoir éviter d’entendre des réponses qui lui feraient plus que mal qu’autre chose.
Bien sûr, c’était une attitude de lâche et ce que cette Maggie aurait pu leur dire aurait très certainement pu grandement les aider dans leur mission à venir, mais…mais Pascal pouvait comprendre ça. Ils étaient liés, très liés même. Ils étaient peut-être amants, qui pouvait savoir ? Et il avait été trop souvent blessé et trahi dans sa vie pour savoir que si il avait le choix, lui non plus ne voudrait pas entendre de la bouche de la personne qu’on aime des mots qui vous feraient du mal et vous hanteraient de longues, très longues nuits durant…

« Maggie…
Je suis désolé… »

Même si il avait voulu chasser ces sentiments avant, le journaliste voyait bien que l’Anglais n’y arrivait pas. Sa voix était faible, basse, difficile et remplie d’une émotion certaine. Il avait une grande envie de s’approcher, de lui mettre une main sur l’épaule pour lui faire comprendre qu’il était là, qu’il pouvait l’aider, mais il savait qu’il ne devait pas faire ça. Harrison s’était condamné à mort en lui donnant les documents qu’il avait dans la poche, et il renonçait à tout pour que la vérité éclate grâce à lui. Lebrun devait respecter ça. Il devait respecter ce sacrifice. Et il devait le laisser en paix avec les fantômes qui le hantaient…mais plus pour très longtemps encore, malheureusement.

« Je suis vraiment…
- Elle ne t’entend plus, tu sais. »

Un accent chantant venant de se faire entendre.
Seth, dont les larmes recommençaient à naître dans ses yeux depuis que la poitrine de la jeune femme devant lui avait arrêtée de se soulever quelques secondes auparavant, leva des yeux rougis. En un instant, il reprit son arme qui traînait sur le sol et la pointa sur le fond de la ruelle, serrant fortement la crosse contre sa paume alors que sa voix froide et dure s’élevait pour parler à celui qui avait osé briser ce moment d’émotion entre lui et celle qui comptait apparemment beaucoup pour lui.

« Qui…
- Salut, Seth. »

Harrison se releva en quelques secondes à peine. Son arme était toujours levée devant lui, et même si il ne le voyait que de dos, Lebrun était sûr que toute trace de fragilité et de douleur avait disparue de son visage. Seul devait rester le professionnalisme et le côté haineux qu’il avait dans les yeux avant qu’il ne se rende compte sur qui il avait tiré, et il sut que rien n’était encore fini…ça ne faisait que commencer, lui cria son instinct alors que Pascal commençait lentement à reculer, plus par réflexe que pour autre chose.

« Qui… »

L’homme approchait.
Ses pas claquaient sur le sol alors que sa silhouette commençait à apparaître. C’était un homme de taille moyenne, avec la peau légèrement sombre…plus bronzée que sombre, finalement. Ses cheveux étaient entièrement rasés, comme ceux de Seth, et seuls ses sourcils très sombres et abondants montraient qu’il n’était pas totalement imberbe. Il portait une veste blanche très simple mais qui lui donnait un côté sûr de lui et fort, ainsi qu’un pantalon et des chaussures de la même couleur. Seul le noir de son t-shirt lui moulant les muscles dénotait avec le côté immaculé de son habit.

« Content de te revoir.
- Oh merde… »

Seth frissonna. Pascal l’aperçut très bien, et il était sûr qu’à nouveau, son acolyte était très troublé. Il connaissait encore ce type qui venait d’arriver, et comme pour la dénommée Maggie, ça n’avait pas l’air de lui plaire ou de le rassurer de voir cet homme ici. Il trembla même pendant quelques secondes, avant de se reprendre.
Lebrun était certain qu’il soupira avant de parler d’une voix froide et dure. Il voulait certainement montrer que malgré la surprise, il n’était pas largué ou perdu, mais au fond le journaliste savait bien que c’était sûrement le cas…et ça continuait à ne pas le rassurer sur cet agent secret qu’il ne connaissait pas, et à qui il faisait le moins en moins confiance…

« Salut. »

Harrison leva encore plus son arme et enleva la sécurité avant de prononcer quelques mots qui firent frissonner le Français, qui recula encore plus à ce moment-là, la peur lui dictant totalement ses gestes.

« Content aussi de te revoir, Fernando. Et content de pouvoir te tuer. »


BANG.









« J’ai peur, vous savez.
- Nous avons tous peurs.
- Nous ne sommes plus que quatre maintenant.
- Pour combien de temps encore ?
- Fernando Nunoz veut notre mort.
- Seth Harrison veut notre mort.
- Seth Harrison est mort.
- Nous n’en savons rien.
- Maggie ne peut échouer. Et son acolyte non plus.
- Son acolyte est trop incontrôlable. Je ne lui fais pas confiance.
- Je sais. Mais il réussira quand même. Malgré vos protestations.
- Calmez-vous, vous deux. Notre ami va bientôt arriver.
- Youri ?
- Oui. Mais ne prononcez pas son nom, je vous prie. Ni le mien.
- Allons…Nous sommes en sécurité, non ?
- Non.
- Il dit vrai. Nous ne sommes pas certains que ce bâtiment soit entièrement sous notre contrôle.
- Allons…Depuis le temps…
- Depuis le temps, ton instinct fatigue, mon ami. Il y a vingt ans, tu aurais été aussi vigilant que nous.
- Il y a vingt ans, nous étions plus jeunes. Nous sommes vieux maintenant…
- Et alors ?
- Et alors ? Peut-être serait-il temps de laisser la main…
- Tu plaisantes j’espère.
- Non. Et vous le savez bien. Nous sommes vieux, nous sommes faibles. Mieux vaut partir en pleine gloire et vivants que continuer ce simulacre. Nous nous sommes laissés contrôler par les Etats-Unis, voyons !
- C’est faux.
- C’est vrai. Il dit vrai.
- Ah !
- Nous sommes vieux. Nous sommes faibles. Nous nous faisons dominer par l’Amérique et la Chine, et nous n’y pouvons rien.
- Mais…
- Pas de mais. Nous devons passer la main. Mais pas maintenant. Harrison et Nunoz nous défient. Nos créatures nous défient. Je n’accepte pas cela.
- Moi non plus.
- Idem.
- Ceci est notre chant du cygne, messieurs. Nous sommes vieux, cette affaire le prouve. Nous nous sommes reposés sur nos lauriers et nous ne sommes plus autant réactifs qu’avant. Mais je ne veux pas partir ainsi. Je veux partir sur une action glorieuse. Sur un dernier coup de poing sur la table.
- Tuons Harrison.
- Tuons Nunoz.
- Et tuons nos créatures, oui. Montrons au monde qui commande…et qui est son véritable Maître. Montrons qui nous sommes. Et montrons-le avec le sang de nos ennemis. »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyJeu 12 Avr - 23:48

Episode #18 : Réactions en chaîne, troisième partie.

« Putain de bordel de merde ! »

La petite Austin Mini jaune fit une embardée pour éviter la salve de balles qui allèrent s’écraser sur l’asphalte, à quelques centimètres à peine de sa roue arrière gauche. Le véhicule allait extrêmement vite dans les rues de Paris, essayant d’éviter le plus possible les endroits où il y aurait de la circulation, même si à environ neuf heures du matin, c’était pratiquement impossible.

« A gauche ! »

Harrison entendit l’ordre de Lebrun et pila pour suivre l’indication du journaliste. Il ne le connaissait pas depuis une heure, mais il avait décidé de faire comme il dirait durant ces quelques instants. L’homme était parisien et connaissait la ville mieux que lui, même si il l’avait jadis visitée dans ses moindres recoins avec les services secrets britanniques. Mais ça faisait longtemps, et il n’avait pas le temps de se remémorer de vieux souvenirs…il avait autre chose à faire, à ce moment-là. Comme essayer de les sortir d’une course poursuite avec un hélicoptère contenant deux snipers qui voulaient leur faire la peau, par exemple.

« A droite ! »

Il tourna à nouveau pour suivre l’ordre du journaliste, son regard fixé sur la route devant lui. Ses mains étaient crispées sur le volant alors que son pied était calé au plancher, et il savait qu’il était dans un état d’excitation intense. Depuis des jours, il vivait un stress hors du commun, et il se doutait bien qu’il en payerait bientôt le prix…mais il s’en fichait.

Seth n’avait rien à faire de la possibilité d’un arrêt cardiaque rapide ou d’un problème physique. Il n’avait rien à faire de la possibilité de mourir jeune à cause de tant d’émotions, lui qui savait que sa famille présentait quelques cas de soucis cardiaques. Il n’avait rien à faire de perdre quelques années à cause de ça. Il allait mourir bientôt. Il allait mourir avant demain, même. Alors autant s’amuser et bien finir, non ? Il avait fait sienne cette idée, et il comptait bien la mener jusqu’à son terme.

« Bordel ! On peut pas aller plus loin !
- Merde !
- Putain, Lebrun ! »

L’Anglais avait envie de lancer un regard noir au Français, mais il savait qu’il ne devait pas décoller son regard de la route. Des travaux étaient en train d’être faits juste devant eux, et il leur était possible d’aller tout droit. Toute possibilité pour tourner était aussi impossible vu qu’ils étaient entourés d’immeubles, et seul le demi tour semblait envisageable, à ce moment-là. Mais lui aussi était impossible…du moins, si ils espéraient autre chose qu’une dernière charge héroïque et suicidaire, évidemment.

« Putain, putain, putain…putain ! »

Lebrun tira sur ses cheveux alors que l’Austin Mini continuait d’approcher extrêmement rapidement des travaux. Il connaissait bien Paris, mais il avait oublié que cette zone était en pleine rénovation. Evidemment, maintenant, il s’en rappelait, mais avec l’excitation et la peur, et avec tout ce qui était arrivé depuis moins d’une heure maintenant…ça lui était sortit de l’esprit. Et il se rendait compte maintenant que son manque de mémoire risquait bien de précipiter leurs morts.

« Bordel ! Qu’est-ce qu’on fout ?!
- On fonce. »

Fernando Nunoz avait parlé d’une voix froide et dure.
La main serrée sur son avant bras droit, il n’avait pas dit un mot depuis qu’ils étaient entrés dans le véhicule, assistant impuissant à la course poursuite entre l’Austin Mini et l’hélicoptère qui les pourchassait dans tout Paris depuis quelques minutes. Mais alors que ses compagnons ne savaient pas quoi faire, alors qu’ils semblaient perdus, il avait décidé de rompre le silence pour leur dire quoi faire…ou du moins, leur proposer quelque chose à faire.

« Quoi ?! Mais c’est de la folie !
- Il a raison. On a pas le choix. »

Seth soupira lourdement avant d’appuyer encore plus sur la pédale d’accélérateur. La petite voiture eut un vrombissement de douleur alors qu’on la poussait au maximum, mais alla un petit peu plus vite. Evidemment, les balles des snipers continuaient de rencontrer le sol autour d’eux, mais apparemment, les snipers n’arrivaient pas à accrocher, jusque là, leur véhicule. Ils avaient de la chance…et il valait mieux prier pour qu’elle continue d’être là, pensa l’Anglais alors que l’écriteau des travaux explosait sous l’arrivée de la Smart.

« Bordel ! »

Lebrun se passa les mains sur les yeux alors que Harrison commençait à zigzaguer entre les différents trous faits dans le sol par la compagnie de rénovation engagée par la ville. Il s’agissait d’un exercice extrêmement difficile, rendu encore plus ardu par la vitesse à laquelle ils étaient et surtout par l’hélicoptère qui tentait de les tuer derrière eux.
C’était de la folie, en fait. De la pure folie. Ils étaient trois pauvre paumés au beau milieu de Paris, pourchassés par des mecs chargés de les tuer et prêts à tout pour ça. Ils avaient simplement quelques documents prouvant l’implication de cinq mecs, de cinq supers espions hérités de la Guerre Froide, dans des manipulations génétiques et gouvernements…et ils risquaient leurs vies pour ça. Pour juste quelques papiers. Quelques bouts d’arbres, ouais. Quelques bouts d’arbres qui pourraient changer le monde si ils étaient mis à la portée de tous, en fait…

« C’est presque fini ! »

Le Français, qui semblait être totalement prit dans la folie de l’instant, leva son doigt pour montrer que les travaux prenaient fin dans quelques mètres. Il n’y avait plus qu’une maigre distance entre l’Austin Mini et la fin de leurs soucis, mais même si elle était courte…ça restait quand même extrêmement dangereux. Harrison usait d’un art de la conduite et de l’esquive assez impressionnant, surtout pour quelqu’un qui n’avait plus roulé ainsi depuis plusieurs années. Mais même si il n’avait pas eu une pratique régulière dernièrement, l’homme avait une expérience assez grande et un talent presque inné pour se sortir des situations les plus désespérées. Beaucoup disaient que c’était une sorte de super pouvoir, et depuis qu’il avait commencé à enquêter sur les êtres surhumains que ses patrons avaient torturés, il s’était demandé si lui-même n’était pas un de ces Humains Evolués dont il connaissait maintenant l’existence.
Mais au fond, pensa-t-il alors qu’il évitait un nouveau trou, il s’en fichait. Qu’il soit un de ces types ou simplement un être humain trop chanceux n’importait pas. Il avait une mission à finir. Il devait avertir la population de tout ça. Toutes ces conneries devaient finir…et elles devaient finir très bientôt. Et il était prêt à tout pour ça. Absolument à tout.

« Yeah ! »

Le journaliste poussa une petite exclamation de joie, avant d’être rapidement ramené en arrière par une main puissante. Il avait été pratiquement couché sur le tableau de bord pendant la majorité de la course poursuite, et Fernando Nunoz venait de le recaler contre son siège d’une manière brutale et violente. Il tourna immédiatement son visage vers l’homme qu’il avait rencontré une dizaine de minutes auparavant, n’appréciant pas vraiment ça même si son esprit commençait à perdre le contrôle et à laisser à son corps et à ses émotions le contrôle.

« On n’est pas sauvés. Mieux vaut éviter que vous y passiez, alors restez un peu calme.
- Mais…
- Pas de mais, Lebrun. Ecoutez Fernando. Il a raison. »

Pascal ne comprenait rien.
Pourquoi Seth disait-il ça ? Pourquoi est-ce qu’il le traitait comme ça ? Et surtout, pourquoi est-ce qu’il avait voulu partir avec ce type, ce Nunoz ? Il lui avait tiré dessus ! Il lui avait défoncé l’avant bras avec une de ses balles, et il l’avait quand même amené avec eux ! Pourquoi ? Pourquoi avoir fait ça ? C’était illogique ! Complètement illogique !

« Mais…
- Oh merde. »

Des balles firent exploser les vitres du côté de l’Anglais, et celui-ci dû lâcher d’une main le volant pour se protéger les yeux. Des petits bouts de verre pénétrèrent dans sa chair et il retint difficilement un gémissement de douleur, tandis que d’autres balles étaient tirées. Les snipers n’avaient toujours pas abandonnés l’idée de les faire passer de vie à trépas, et Harrison accéléré encore. Même si il savait qu’il n’arriverait jamais à battre de vitesse un hélicoptère avec une Austin Mini, au moins pouvait-il essayer, et pouvait-il espérer trouver une échappatoire à cette putain de situation, comme il le pensait si bien…

« On va pas s’en sortir si on continue comme ça.
- Ouais. »

Nunoz avait raison, et l’Anglais le savait. Il ne savait pas comment cet enfoiré avait fait pour échapper au recrutement de John Doe après leur fiasco aux Etats-Unis, mais apparemment, ce type roulait pour la même chose que lui. Il ne lui avait fallu que quelques paroles échangées à l’abri des oreilles du Français pour comprendre que l’Espagnol avait rejoint les rangs des Humains Evolués qui voulaient se venger des cinq salopards, et il avait donc accepté de fuir avec lui…ou plutôt de le suivre dans la fuite. C’était Fernando qui leur avait fournit cette Smart, et il savait qu’il prenait un gros risque en lui faisant confiance.

Mais il ne pouvait faire autrement.
Il était blessé à l’épaule, et celle-ci lui faisait mal malgré l’aspect bénin de la plaie. Nunoz était le seul qui pouvait leur permettre de fuir, et aussi de répondre à ses questions par rapport à Maggie. Maggie…rien que penser à elle lui faisait mal. Il l’avait tuée. Il avait tuée Maggie. Oh, bien sûr, Seth savait qu’il avait été obligé de faire ça, qu’elle n’aurait sûrement pas hésitée elle à les tuer…mais quand même. Il n’aimait pas ça. Il n’aimait pas ce qu’il avait fait. Ca lui faisait mal d’y repenser. Ca lui faisait très mal d’y repenser, en fait.

Et se rappeler ce qu’il avait fait à la jeune femme le rendait soucieux, en fait. Soucieux par rapport à Nunoz. Bien sûr, Maggie avait été différente depuis que John Doe les avait rappelés, et il se doutait que les cinq enfoirés avaient fait faire une manipulation mentale à celle qui avait été sa collègue…mais quand même. Il la connaissait comme Fernando, et il pouvait donc se poser des questions sur l’homme qui était juste derrière lui.
Pouvait-il lui faire confiance ? Pouvait-il mettre sa vie et celle de Lebrun entre ses mains ? Pouvait-il prendre le risque de le croire et de lui livrer les informations pour qui il avait dû tuer et sacrifier ? Pouvait-il accepter de tout miser, de miser sa vie et sa mort glorieuse sur une confiance donnée en un mec qu’il ne connaissait que trop peu finalement ?

L’Anglais soupira lourdement alors qu’il faisait tourner la voiture sur la gauche. Il n’avait pas le choix. Il devait croire en Nunoz. Il devait lui faire confiance quand il lui assurait qu’il était avec lui. Il ne pouvait faire autrement, malheureusement. Il avait grillé tous ses jokers. Et il avait bien besoin d’une nouvelle carte pour finir le tour et gagner la partie avec son bluff…

« On va s’arrêter.
- Quoi ?! »

Lebrun se tourna immédiatement vers le conducteur. Lui qui tenait les quelques documents sauvés par Seth quelques minutes auparavant de peur qu’ils ne s’envolent ou ne soient détruits ne comprenait pas. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Il voulait s’arrêter ? Il voulait arrêter l’Austin Mini ? Mais il était complètement fou ou quoi ? Est-ce qu’il savait qu’un hélicoptère était en train de les canarder ? Est-ce qu’il savait qu’ils allaient se faire massacrer dès qu’ils sortiraient d’ici ? Est-ce qu’il savait tout ça, oui ou non ?!

« Mais…Mais…
- C’est la solution, Lebrun.
- Mais c’est de la folie !
- Ouais. C’est bien pour ça que ça va fonctionner. »

Nunoz prit alors le relais, tandis que les snipers continuaient d’essayer de tirer sur la petite Smart conduite par l’Anglais. Celui-ci livrait des trésors de conduite tandis qu’ils remontaient tout Paris, tentant de dépasser le plus de véhicules possibles tout en évitant au maximum les passants, ceux-ci criant avant d’appeler la police vu la scène de film hollywoodien qui se déroulait devant leurs yeux.

« Oui. Ils croient que nous allons continuer à fuir longtemps, en espérant les semer. Et ils espèrent nous avoir par la baisse de concentration de Seth. Ce qui va arriver tôt ou tard, d’ailleurs. Mais ils ne penseraient jamais que nous pourrions nous arrêter, sortir de la Smart et essayer de nous enfuir à pied. Ou essayer de les avoir.
- Essayer de les avoir ?!
- Oui.
- Mais vous êtes des malades ! »

Fernando et Seth sourirent en même temps à ce moment-là, ce qui intensifia le sentiment de malaise que ressentait le journaliste depuis que ces deux hommes s’étaient retrouvés. Ils semblaient être complices, avoir une sorte de lien secret obscur entre eux, et il n’aimait pas ça. Il n’appréciait pas vraiment d’être mit de côté, surtout dans une telle affaire où il allait risquer sa carrière, sa vie et celle de ses proches…

« Totalement, Lebrun. Totalement. »

Harrison fit un très violent dérapage dans une rue déserte et de taille moyenne. L’hélicoptère n’était qu’à quelques mètres derrière eux, et les balles continuaient de voler autour d’eux, entrant dans le véhicule comme elles l’avaient plus ou moins fait durant tout leur périple. Heureusement, l’Austin Mini était une voiture assez solide et résistante, mais il savait bien que quelques tires de plus, et elle se transformerait en une véritable bombe. Il arrêta donc le véhicule, avant d’ouvrir violemment la porte et d’en sortir le plus rapidement possible.

« Tout le monde dehors ! »

Le journaliste sortit en trombe de sa place alors que Nunoz avait plus de difficulté, devant donner un grand coup dans la porte du coffre pour sortir de celui-ci, vu qu’il avait dû s’y mettre de par les deux seules places disponibles dans la voiture. Tous trois commencèrent alors à courir vers les immeubles autour de la rue, tandis que les balles pleuvaient encore plus rapidement et dangereusement qu’avant autour d’eux. Les deux snipers avaient envie d’en terminer maintenant avec les trois hommes qu’ils devaient tuer, et même si ils n’avaient pas réussis jusque là à les avoir, ils étaient bien décidés à rectifier le tir…et à le rectifier dès maintenant.

« Bordel ! »

Seth se jeta dans l’ombre d’un immeuble, mais son mollet droit fut touché par une balle. Encore une fois, il serra les dents tandis qu’il roulait sur le sol, relevant assez vite son visage pour voir si ses compagnons s’en étaient sortis ou non. Le Français et l’Espagnol étaient allés de l’autre côté, et ils ne semblaient pas avoir été touchés. Il poussa un ouf de soulagement tandis qu’il sortait son flingue et remettait quelques balles dedans.

Bien, pensa-t-il à ce moment-là. Il était temps de remonter au score.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyJeu 12 Avr - 23:48

« Nunoz, Harrison et Lebrun vont bientôt nous quitter.
- Bientôt ?
- Oui, bientôt.
- Je pensais que c’était déjà réglé.
- Cela prend apparemment du temps.
- Je n’aime pas ça.
- Moi non plus.
- Et les autres non plus n’apprécieront pas.
- Je sais. Mais nous ne leur dirons pas de suite.
- Tu veux leur cacher des choses ?
- Nous l’avons souvent fait.
- Ce n’est pas pour ça que j’apprécie ces méthodes.
- Je sais. Mais c’est indispensable.
- Ils vont venir, tu sais.
- Oui. Et ils vont vouloir nous tuer.
- Cela peut se comprendre.
- Evidemment. Mais ce n’est pas pour ça que je vais les laisser faire. J’ai passé trop de temps à bâtir ce que nous avons désormais pour ça.
- Et le tour d’honneur que notre ami désire ?
- Le fait de finir ça en beauté et d’arrêter après ?
- Oui.
- Laisse-moi rire.
- Pourquoi ?
- Je ne veux pas abandonner tout ça.
- Moi non plus.
- Il vieillit. Il veut nous faire perdre ce que nous avons. Et je ne suis pas d’accord.
- Moi non plus. Qu’allons-nous faire, alors ?
- Nous pouvons le réduire au silence. Et notre dernier collègue aussi.
- Il n’a rien dit, lui. Il n’a pas proposé de nous retirer.
- Mais il n’est pas contre.
- Certes.
- Nous allons les tuer, mon ami.
- Oui. Et je sais comment.
- Ah ?
- Oui. Nous allons utiliser nos créatures.
- Comment ça ?
- Nous allons leur donner ce qu’elles veulent.
- Hum…
- Elles désirent notre mort. Elles veulent quatre cadavres de vieux espions de la Guerre Froide. Et c’est ce que nous allons leur donner.
- Quatre cadavres ?
- Oui. Deux faux, et…
- Deux vrais ?
- Oui.
- J’aime cette idée.
- Je m’en doutais. Commençons à la mettre en œuvre, alors… »






« Mais qu’est-ce qu’il fout ?! »

Lebrun n’en croyait pas ses yeux.
Ca faisait à peine quelques secondes que lui et Nunoz étaient derrière un immeuble à essayer de se protéger des tirs de rafales des snipers qui semblaient avoir des balles infinies, et qui surtout n’étaient pas inquiétés par la police étrangement, et voila qu’il voyait Seth Harrison lever son arme vers l’hélicoptère ! Ce taré d’Anglais voulait descendre un tel appareil avec juste un putain de flingue ! Il était complètement taré !

« Il est complètement dingue !
- Lebrun… »

L’Espagnol était juste derrière lui, observant la situation comme le journaliste. Il tenait deux armes dans les mains, et le Français savait qu’elles étaient chargées et qu’il n’hésiterait pas à tirer. Une certaine tranquillité s’échappait de son être, même si il sentait que l’homme à ses côtés avait un côté fragile. Il ne pouvait pas savoir comment ou pourquoi, mais il était sûr que ce Nunoz n’était pas aussi confiant et aussi sûr de lui qu’il voulait le montrer. Mais il chassa rapidement ces pensées de son esprit pour se concentrer sur la situation qu’ils étaient en train de vivre, et sur la folie qui s’abattait sur eux.

« …pour une fois, t’as pas tort. »

Il soupira lourdement à côté de Pascal, et celui-ci sentait qu’il ne savait pas quoi faire. Fernando était aussi blessé, il avait mal à la main même si il tenait entre ses doigts une arme, et il n’avait apparemment pas la moindre idée de comment gérer tout ça.
Mais, après tout, il ne pouvait pas lui en vouloir : qui pourrait bien trouver une solution à ce qu’ils étaient en train de vivre ? Qui pourrait savoir comment stopper un putain d’hélicoptère qui les canardait, alors qu’ils n’avaient que quelques armes et aucune correcte pour détruire un truc comme ça ? Qui pourrait bien les sauver, dans une telle situation ?

Lebrun connaissait la réponse : personne. Et ce n’était vraiment pas quelque chose qui lui faisait plaisir, à ce moment-là…

« Il va se faire tuer…
- Ouais. Ca m’en a tout l’air. »

Il sentit Nunoz soupirer alors que Harrison commençait à tirer sur l’hélicoptère. Il tentait d’être le moins à découvert possible, mais tous deux savaient bien que très bientôt, une balle des snipers allait le toucher. Leurs ennemis devaient l’avoir vus maintenant, et ils allaient concentrer leurs efforts sur lui. Il était condamné. Cet enfoiré était condamné, et il le savait…au moins inconsciemment.

Ce fut au tour du Français de soupirer à ce moment-là.
Il regardait la scène et il savait que Seth allait mourir. Même si celui-ci voulait se battre, même si il espérait évidemment s’en sortir, il avait compris qu’au fond, ça ne dérangerait pas forcément l’Anglais d’y passer. Il lui avait donné les documents, il l’avait confié implicitement à Nunoz…Lebrun avait désormais toutes les cartes en main pour faire éclater la vérité. La mission de Harrison était terminée, au fond. Même si des doutes subsistaient sur Fernando, sa mission était globalement terminée, normalement. Et il pouvait donc mourir. Et il pouvait donc avoir sa fin glorieuse.

Mais ça n’allait pas arriver. Ou du moins, pas maintenant.

En effet, alors que les snipers essayaient de l’atteindre et allaient bientôt y parvenir, alors que Seth lâchait toutes ses maigres balles sur l’immense hélicoptère devant eux…celui-ci explosa. Une roquette fut tirée quelques mètres derrière l’énorme appareil, le détruisant en quelques instants à peine, faisant tomber d’énormes débris sur le sol dans un déluge de flammes et de cendres.

« Oh nom de dieu… »

Pascal ne put s’empêcher de dire ça lorsqu’il vit l’hélicoptère exploser. Ses yeux s’agrandir alors que sa mâchoire se décrochait sous le coup de la surprise. Il ne restait désormais plus rien de l’appareil qui les avait tant menacés, et alors que le feu régnait encore sur la carcasse au sol de l’engin, l’homme qui avait tiré et qui les avait sauvés passa entre les flammes pour s’approcher d’eux.

Il sentit immédiatement Nunoz se raidir derrière lui, mais il ne comprenait pas bien pourquoi. Le journaliste entendit les bruits caractéristiques des sécurités enlevées des armes, et il comprit qu’il y avait un problème…qu’il y avait même un très gros problème, vu l’attitude de l’homme à ses côtés.

« Mais…Mais qui est-ce… ?
- Je le connais. »

Fernando soupira alors qu’il levait ses deux armes devant lui, son avant bras continuant de saigner mais ne semblant plus le gêner à ce moment-là.

« C’est Doe. C’est John Doe. C’est ce putain d’enfoiré de John Doe… »

Le Français soupira encore une fois en entendant ça. Apparemment, la merde dans laquelle il était venait de devenir plus grosse encore qu’auparavant…Comme si ça suffisait pas, pensa-t-il en voyant Nunoz et Harrison se diriger vers le nouvel arrivant, les armes levées et menaçantes…
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyDim 13 Mai - 20:15

Après environ un mois, voici l'avant-dernier épisode de Projet W. J'espère que ça vous plaira, j'ai tenté de donner des réponses aux questions qui peuvent se poser tout en donnant une dynamique à ce numéro. Bonne lecture.

Episode #19 : Stratégies.

« Seth…j’aime pas ça.
- Moi non plus.
- Qu’est-ce qu’on fout ici, alors ?
- On essaye de survivre. C’est la seule chose qu’on puisse encore faire. »

Seth Harrison et Pascal Lebrun étaient dans une petite pièce simple d’un appartement parisien, un deux pièces perdu près de la gare de l’Est. Le premier avait l’épaule et le mollet bandés, et une balle ensanglantée traînait sur la table à côté du lit sur lequel il se reposait. L’opération avait été douloureuse, mais il avait été obligé de s’arracher lui-même le petit objet vaguement ovale de sa chair. Il ne faisait pas confiance aux autres…il ne faisait pas confiance à grand monde, en fait.

Ca faisait environ deux heures qu’ils étaient dans cet endroit, et midi s’approchait lentement. Pourtant, aucun des deux hommes ne pensait à manger, ou bien à se reposer un peu au milieu de la journée…ils avaient bien d’autres choses en tête, et elles étaient beaucoup plus importantes que retrouver des forces.
Elles étaient bien plus importantes que leurs vies, en fait, et ces deux-là l’avaient compris quelques heures auparavant quand ils avaient échappés à la mort : ils ne s’étaient pas battus pour survivre, ils s’étaient battus pour que vérité soit faite.

Et désormais, ils étaient encore plus prêts à tout pour ça qu’auparavant. Ils n’en étaient donc que plus dangereux encore.

Néanmoins, malgré leurs extrêmes déterminations et leurs envies de faire tomber, enfin, le conseil secret des espions qui étaient à la tête de l’ONU, d’autres choses les troublaient. A commencer par l’identité de leur sauveur…à commencer par John Doe. Celui qu’ils devraient normalement devoir tuer pour arriver à leurs fins, et qui était venu les aider au moment le plus critique qui soit, alors qu’ils devaient affronter un hélicoptère remplit de snipers voulant s’amuser avec eux.

Et ça, le fait que Doe les ait sauvé, le fait qu’il soit venu détruire l’appareil et les ait amené dans cet appartement neutre et anonyme pour qu’ils soient protégés des hommes qu’il devait normalement mener à leurs trousses…ils avaient du mal à le comprendre et à l’accepter.
Ils avaient même tellement de mal qu’ils avaient demandés à Fernando Nunoz de tenir en joue John Doe pendant que Seth s’arracherait sa balle, pour pouvoir apprendre l’interroger.

Mais, au fond, aucun ne savait vraiment quoi faire à ce moment-là. Pascal Lebrun n’était qu’un « simple » journaliste qui avait donné sa vie et sa carrière à la découverte des sombres secrets du monde, et même si il avait très souvent échappé aux dangers inhérents à son travail, ça…ce n’était pas vraiment quelque chose qu’il connaissait.
Après tout, même si il savait beaucoup de choses et qu’il avait en sa possession des informations propres à changer réellement le monde, il n’avait aucune idée de comment aborder le cas John Doe, cet homme sur qui les documents qu’il avait disaient clairement qu’il était un Humain Evolué à la solde de leurs ennemis…et accessoirement un homme mort plus d’une douzaine de fois, et revenu étrangement à la vie.

Pour le Français, tout ça relevait de la science fiction, et il était donc totalement perdu. Il espérait que Seth Harrison arriverait à trouver une idée, une conduite à adopter face à cette chasse dans laquelle ils étaient les proies, mais malheureusement, il était aussi perdu que lui, même si l’Anglais s’efforçait de le cacher.
Celui-ci était aussi étonné que le Français de voir que son ancien patron était venu les sauver, et qu’il se proposait de les aider à vaincre ses propres chefs. Sa conduite était incompréhensible au premier abord, mais certains souvenirs commençaient lentement à refaire surface dans son esprit, et des éléments de réponse apparaissaient, même si ils semblaient extrêmement flous.

Tout d’abord, même si Doe avait toujours affiché une grande loyauté envers ses employeurs, certains des ordres qu’on lui avait donnés ne lui avaient pas plus. Ca se voyait, ça se sentait, et Seth s’était alors fait la réflexion sans chercher plus loin. Son coup de stress, aussi, après la déroute de la mission de protection face au Mage pouvait aussi, finalement, être vu comme une pseudo rébellion, vu qu’il voulait absolument protéger une équipe vouée à disparaître face à ses chefs.
En plus, le fait qu’il n’ait pas utilisé toutes les armes et les moyens les plus absolus contre lui à la Haye, alors qu’il aurait pu et dû tout faire pour le stopper…ça pouvait aussi montrer qu’il réfléchissait de lui-même, et qu’il pouvait ne pas être totalement d’accord avec le conseil secret, surtout qu’il pouvait en avoir assez d’être utilisé et maltraité avec son pouvoir étrange et quelque peu terrifiant de ressusciter. Ca ne devait pas être plaisant de mourir autant pour des enfoirés…

Mais, au fond, ça ne suffisait pas vraiment pour expliquer pourquoi il changeait de camp maintenant, alors qu’ils étaient les plus faibles et voués à une disparition pleine de panache, mais à une disparition quand même. L’Anglais ne comprenait vraiment pas la décision et le comportement de l’homme qui était venu le chercher en Afrique, et il n’aimait pas ça. Surtout pas avec tout ce qu’il savait sur lui avec les documents volés aux Pays-Bas…cet homme était trop dangereux et mystérieux pour lui faire confiance aussi facilement.

« On va aller parler à Doe.
- Maintenant ?
- Ouais. »

Avec difficulté, l’adrénaline ayant quittée son corps et la souffrance étant revenue violemment dans ses veines et son esprit, l’agent secret s’assit sur le lit et se tourna vers le bord de celui-ci. Un rictus de douleur apparut sur sa face fatiguée, mais il se reprit rapidement, faisant appel au souvenir de la mort de Maggie pour se motiver et reprendre des forces…et ça fonctionnait évidemment, tant son sentiment par rapport à la jeune femme était fort, comme son envie de vengeance face à ceux qui l’avaient forcés à la tuer.

« Il est temps de savoir certaines choses. »

Il se leva donc, renfila son pantalon et s’approcha de la porte. Suivit par Pascal Lebrun, il la franchit donc, son regard froid et dur planté dans la pièce dans laquelle ils entraient. Il devait avoir les réponses à ses questions. Il devait savoir comment Maggie avait été manipulée. Il devait savoir comment Doe pouvait survivre à toutes ses morts. Il devait savoir pourquoi le conseil secret tentait de les tuer maintenant, alors qu’avant ça avait été moins visible.
Il devait savoir où étaient ces enfoirés, aussi. Et il devait le savoir dès maintenant.






« L’opération a échouée.
- C’est impossible.
- C’est malheureusement ainsi.
- Mais comment est-ce que cela a pu arriver ? Nos troupes sont parmi les plus expérimentées de la planète. Nous avons des dizaines d’hommes habitués à tuer avec nous. Ils sont craints dans le monde entier. Comment ont-ils pu échouer à assassiner trois bêtes humains ? Et à les perdre après ?
- Déjà, nous n’avons pas envoyés toutes nos équipes.
- Pourquoi ?
- Oui, pourquoi ? Ca aurait été plus rapide et plus efficace.
- Vous êtes sérieux ?
- Et bien…oui. C’est une question primordiale. Et je te rappelle que c’est toi qui étais chargé de cette opération. Nous te tenons pour responsable de cet échec.
- Je n’arrive pas à y croire…
- Tu devrais pourtant. C’est une faute grave que tu viens de faire.
- Pas autant que vous.
- Quoi ?
- J’avoue ne pas comprendre…
- Moi si.
- Ah ? Qu’est-ce qu’il veut dire, alors ?
- Il veut dire que vous êtes deux vieux stupides et séniles. Envoyer toutes les équipes à Paris aurait ruiné notre couverture et n’aurait servit qu’à nous mettre en mauvaise posture face à la France. Et son gouvernement n’acceptera pas ça.
- Exactement. Nicolas me tient déjà à l’œil, ça aurait été stupide. Comme votre réaction.
- Mais…
- Mais je ne vous permets pas ! J’ai monté ce groupe avec vous, rappelez-vous !
- Moi aussi, j’étais là. Et je vous ai sauvé la vie à tous les temps plus de fois que vous ne pouvez vous en rappeler.
- Je sais. Mais ce n’est pas pour autant que ça change quelque chose.
- Mais…
- Il a raison. Vous êtes vieux.
- Vous êtes plus âgés que nous…excusez-moi de rire devant un tel argument.
- Vous êtes vieux dans vos têtes. Vous pensez à votre retraite, vous pensez à céder la main…vous êtes vieux et fatigués. Vous nous faites honte.
- Mais je ne te permets pas de dire ça ! Je suis encore autant alerte que vous deux, et je suis meilleur que vous dans bien des choses !
- Mais tu es vieux. Tu n’as plus le feu sacré. Et ça nous amène à notre décision.
- Votre décision ? Et c’est quoi ?
- Je sais déjà ce qu’ils vont dire. Ils veulent nous remplacer.
- Je ne me laisserais pas faire ! Je…
- Tu ne vas rien faire du tout. Et non, nous n’allons pas vous remplacer.
- Ah oui ? Alors qu’elle est votre grande décision ?
- Nous allons vous tuer. Et nous occuper seuls de ce que nous avons créés.
- Très drôle. Reste sérieux, s’il te plaît.
- Nous le sommes.
- Je ne peux le croire. Vous n’oserez jamais.
- Vous n’y arriverez pas.
- Ah oui ? Vous êtes sûrs ?
- Oui. Nous nous connaissons depuis trop d’années pour ça.
- C’est que vous deviez mal nous connaître, alors… »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyDim 13 Mai - 21:19

« Je veux des réponses, John. Et je les veux maintenant. »

Seth et Pascal étaient dans la deuxième pièce de l’appartement trouvé par John Doe pour les loger et échapper aux hommes qui voulaient les tuer…à ses hommes, finalement. Lui était d’ailleurs assit dans un canapé en cuir, avec en face un Fernando Nunoz avec un Desert Eagle dans la main et pointé vers l’ancien chef de l’agent secret anglais qui venait d’entrer.

« Vous avoir sauvés la vie n’est pas suffisant ?
- Non.
- Ah. »

Doe souriait.
Les jambes croisées, les bras collés contre le canapé, il semblait très tranquille et zen, ce qui changeait de l’Espagnol à ses côtés, tout en tension et en rage contenue. John jouait de ça, évidemment, et Harrison se dit alors que son ancien camarade dans leur ancien groupe avait dû faire preuve d’une grande patience pour supporter ce type qu’il n’avait jamais apprécié…et à qui il avait bien envie, lui aussi, de régler son compte maintenant.

« C’est un souci. Je n’ai pas vraiment envie de parler.
- Ah oui ? »

L’Anglais s’approcha calmement de son ancien chef, habillé comme à son habitude tout en noir. Lebrun allait s’asseoir aux côtés de Nunoz, qui visait toujours l’employé du conseil secret, ne voulant pas que celui-ci fasse un sale coup, et étant prêt à chaque instant à le tuer…autant pour éliminer une menace potentielle que pour s’accorder un petit plaisir qu’il jugeait mérité.

« Ouais. Je suis venu vous sauver, je me suis mis en danger. Je suis autant recherché que vous, maintenant. Il faudrait voir à ne pas pousser, non ?
- Non. Je ne suis pas d’accord. »

Seth le regarda dans les yeux pendant quelques instants, avant de mettre sa main dans son dos, et d’en ressortir une arme à feu. Extrêmement rapidement, il frappa ensuite avec la crosse la tempe de son ancien patron, celui-ci ne pouvant se protéger à cause de sa surprise et de son incompréhension face au geste qu’il subissait.

« Je ne suis pas d’accord du tout. »

Après ce premier coup, il lui en donna un second, ses « associés » ne bougeant pas d’un pouce. Fernando n’avait aucune envie d’aider celui qui avait dissout son équipe et l’avait presque fait tuer en le renvoyant chez lui, et Lebrun, après avoir apprit tout ce qui était dans les documents qu’il serrait toujours contre lui sur cet Humain Evolué, n’avait pas non plus le désir de le protéger.
John Doe était un monstre et une ordure. Il devait payer pour ce qu’il avait fait.

« Ah putain…Seth…
- Pas de ça. Tu vas me dire ce que je veux savoir.
- Nan…Putain…Ca fait mal… »

Doe se tenait les tempes, celles-ci saignant abondamment à cause des coups infligés par son ancien employé, qu’il avait malheureusement fait renvoyer en Afrique après la déroute de leurs premières missions. Ses yeux étaient fermés, et il sentait que tout tournait autour de lui, même si il était encore conscient…pour le moment.

« Dis-moi ce que je veux savoir. Dis-moi pourquoi Maggie a essayée de me tuer. Dis-moi pourquoi tes enfoirés de patrons se bougent seulement le cul maintenant. Dis-moi pourquoi t’es là. Pourquoi tu nous as sauvés. Dis-moi tout ça, John. Dis-moi où sont tes patrons, aussi. Et je te laisserais peut-être vivre.
- Tu…bluffes… »

Il releva des yeux rougis par la douleur et le bourdonnement dans sa tête vers Harrison. Il lui lança un regard extrêmement noir alors que le sang coulait toujours le long de ses doigts, et qu’il parlait d’une voix faible, mais où la détermination se lisait malgré tout.

« T’oseras jamais…Tu…tu comptes trop sur…moi…
- Ah ouais ? »

L’Anglais enleva la sécurité de son arme et posa le canon sur le front de Doe. Celui-ci ne bougea pas, mais ses yeux allaient et venaient de l’arme jusqu’à l’Anglais. Sa confiance s’évapora alors, tandis qu’il comprenait que l’homme qui tenait le flingue était extrêmement sérieux…et qu’il allait vraiment le tuer si il ne faisait pas ce qu’il voulait.

Et là, alors, John Doe eut peur. Lui qui avait toujours essayé d’être le plus sérieux, le plus froid possible. Lui qui avait toujours tenté d’être le meilleur pour être digne de ses patrons. Lui qui avait toujours tout fait pour pouvoir être la parfaite arme que désiraient ses chefs…il avait peur. Il avait peur pour sa vie.

« Je…Vous n’allez pas le laisser faire ça… ? »

Un seul regard à Fernando Nunoz et à Pascal Lebrun lui fit comprendre que sa cause était perdue à ce moment-là. Il soupira donc lourdement, la douleur faisant presque exploser son crâne. Il regarda à nouveau Seth Harrison et parla d’une voix fatiguée, le canon toujours posé contre son front.

« Okay…je vais parler…
- Bien. Dépêches-toi, alors.
- Enlève ça d’abord…
- Nan. Je ne veux pas que tu me fasses un coup de pute. T’es un enfoiré, John. Et là, tu comprends qu’avec tout ce que j’ai vécu, je te ferais péter la cervelle sans remords si tu vas pas dans mon sens. Alors parle. Et parle vite. »

Doe déglutit lentement en comprenant que sa situation était vraiment compliquée, avant de reprendre la parole, arrivant un peu mieux à énoncer ses mots, même si la souffrance était encore présente, mais beaucoup moins forte que la peur qui s’était installée en lui depuis quelques secondes.

« Okay…Maggie a été manipulée. Mais je ne sais pas comment.
- Ah ouais ? Toi, John Doe, tu ne saurais pas certaines choses ?
- Je ne siège pas au conseil, Seth. Je ne suis qu’un larbin. »

Il déglutit à nouveau.

« Maggie est passée au Département Psy, c’est tout ce que je sais. Apparemment, elle n’a pas été renvoyée en Irlande, comme toi en Afrique, Seth, ou toi en Espagne, Fernando. Elle a été gardée par mes chefs, et ils ont ordonnés qu’on change son esprit pour en faire un de leurs soldats zombies.
- Soldats zombies ?
- Oui. Ce sont des hommes et des femmes dont l’esprit a été détruit par un conditionnement mental violent, et ils sont désormais des robots au service du conseil. Ils ne sont plus eux-mêmes, juste des armes humaines.
- Et on a fait ça à Maggie ?
- Apparemment. Ils devaient vouloir avoir un agent infiltré au cas où le groupe se reformerait, ou au cas où vous refaisiez parler de vous.
- Super la paranoïa.
- N’oublie pas de qui nous parlons, Seth. »

L’Anglais acquiesça. C’est vrai que venant de la part de gens manipulant le monde depuis des décennies et étant capables de faire pratiquer des tortures affreuses sur des hommes et des femmes innocents, simplement pour avoir une meilleure prise sur la planète et ses affaires, il n’y avait plus grand-chose à espérer au niveau de la conscience et de la morale…surtout quand ils devaient protéger leurs arrières.

« Ouais. Continue.
- Sur Maggie ?
- Si tu as encore des choses à dire, ouais.
- Après l’opération avec Fulo, je l’ai récupérée, et on m’a ordonné de la garder emprisonnée. C’est ce que j’ai fait, mais je l’ai observé pour savoir ce qui n’allait pas, et c’est là que j’ai pu apprendre qu’elle était passée au Département Psy.
- Pourquoi ?
- Ceux qui en sortent ont une façon de dormir et de manger spécifique. Personne n’a jamais comprit le pourquoi de cet effet secondaire, mais si je rajoute ça au fait qu’elle était beaucoup plus froide qu’avant, je suis vite arrivé à mes déductions.
- Ça se tient.
- Et après, on m’a ordonné de venir vous rechercher. Avec Maggie.
- Et c’est là où tu vas sortir ta meilleure argumentation pour me convaincre de ne pas te tirer une balle dans le crâne, John.
- Pourquoi ?
- Parce que j’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre et à accepter que l’enfoiré qui a tout fait pour m’arrêter et me tuer jusque là change aussi vite d’avis et nous protège. Ça pue le piège, mec. Ça pue le double jeu. Et j’aime pas ça, sauf quand c’est moi qui le fait. »

L’Anglais appuya plus fortement son arme sur le front de son ancien patron, et celui-ci déglutit encore une fois. Cela attira l’attention de Harrison et de Lebrun, les deux seuls à savoir que Doe était apparemment immortel, vu qu’il avait été tué plusieurs fois et qu’il en était revenu. Pourquoi était-il autant mal à l’aise ? Pourquoi semblait-il avoir si peur de mourir ?

Ca n’était pas normal, vu ses capacités. Et ça ne leur plaisait pas du tout, même si aucun ne savait que l’autre pensait exactement comme lui.

« Je…C’est pas simple à expliquer, Seth.
- Essaye. Avec des mots, ça aide. »

Un petit sourire apparut sur le visage de Pascal Lebrun suite au trait d’humour acide de son nouvel ami. Même si ils étaient dans une situation extrêmement difficile, même si il ne savait pas si il pourrait survivre à tout ça et qu’il était perdu dans ce beau bordel avec des quasi inconnus, il se sentait…bien.

C’était étrange et anormal, mais le Français se sentait bien, heureux. Il avait voulu devenir journaliste pour changer le monde et tenter de l’améliorer, mais il n’était jamais parvenu à le faire vraiment, gêné par la géopolitique et les pressions exercées contre ses employeurs. Il tentait donc de faire ce qu’il pouvait, mais il avait été bien trop seul, et au final, ses actions n’avaient pas faits grand-chose, juste le placer comme une épine dans le pied de ceux qui dirigeaient le monde en secret.

Mais là…là, c’était différent.
Avec Seth et maintenant Nunoz, même si il ne lui faisait pas confiance, ils voulaient vraiment faire quelque chose. Ils étaient en train de rendre fous ceux qui étaient les pires monstres de la planète, et même si ils ne parvenaient pas à faire éclater la vérité…au moins auraient-ils faits mal à leurs ennemis. Au moins ils auraient été inquiets. Au moins ils se seraient sentis faibles et fragiles à cause de leurs actions.

Et ça, faire ça à ceux qui n’avaient plus eu peurs depuis des années, ceux qui se pensaient au-dessus des lois…c’était bien. C’était peu, mais c’était bien. Et même si Pascal allait se battre bec et ongles pour pouvoir réussir à les faire tomber, il mourrait heureux et fier de lui si il y passait avant d’y être parvenu.
Et il aimait cette idée, admit-il en regardant Doe tenter d’éponger le sang de ses tempes avec ses manches, sans succès pour le moment.

« Et bien…disons que je ne suis pas d’accord avec tout.
- Comment ça ?
- Je sais ce qu’ont fait mes patrons avec les Humains Evolués. Je sais ce qu’ils veulent faire encore. Je sais qu’ils ne reculeront devant rien, et qu’ils feront tout pour vous stopper. Et…et moi, je n’en ai pas envie.
- Pourquoi ?
- Je sais pas. L’impression que votre combat est bon…
- Arrête tes conneries.
- Quoi ?
- Arrête tes conneries d’ado’ pré pubère.
- Mais…
- Pas de mais, connard. Sois honnête pour une fois. Dis-moi pourquoi tu nous as aidés, et pas simplement tes conneries apprises par cœur. »

Doe afficha un mauvais sourire, à ce moment-là. Nunoz serra encore plus fort ses doigts autour de la crosse de son arme tandis que Lebrun sentait que quelque chose n’allait pas. Un mauvais pressentiment le prit alors, tandis que Harrison continuait à parler, étant un peu plus rigide qu’auparavant, comme si lui aussi était conscient d’un changement dans le comportement de celui qu’il visait, même si seul un étrange sourire était apparu sur sa face.

« Tu veux vraiment savoir pourquoi ?
- Ouais. Ou je te flingue.
- Je… »

John hésita alors.
Le Français pouvait très bien voir, à ce moment-là, que se jouait un combat intérieur chez celui sur qui tous les regards étaient tournés. Il ne comprenait pas très bien, d’ailleurs, pourquoi un type échappé du Projet W, nommé apparemment selon le Professeur Wagner dont les travaux ont influencés ses successeurs, et qui pouvait survivre à une douzaine de mises à mort avait peur.

Après tout, même si la perspective de se prendre une balle dans la tête n’était pas réjouissante, il avait déjà survécu à pire, non ? Il était encore là, revenu à la vie comme par miracle, même si le journaliste savait que ça venait de son étrange code génétique. Il ne comprenait pas comment l’ADN pouvait faire en sorte de survivre à la Mort, mais il n’était pas scientifique après tout, et il pouvait vivre en ignorant ça.
Par contre, il avait plus de mal à ne pas comprendre l’attitude de John Doe…et il n’aimait pas ça, d’ailleurs. Ca ne sentait vraiment pas bon, et il se tenait sur le qui vive, même si il se doutait bien que lui ne pourrait pas faire grand-chose en cas de problème.

« Je ne veux pas mourir, Seth. J’ai toujours détesté cette idée. Mais j’obéis aux ordres.
- Aux ordres ? »

Harrison se tourna rapidement et regarda Lebrun pendant quelques instants. Une seule pensée arriva dans leurs esprits alors que les paroles de Doe raisonnaient encore dans leurs têtes, en même temps que la vision des yeux très sincères de cet Humain Evolué au moment où ils les disaient : il disait vrai. Et donc, il ne savait pas qu’il avait ressusciter plusieurs fois.

L’incompréhension régnait donc en eux, en même temps que leurs cerveaux fonctionnaient au maximum suite à cette information. Il ne savait pas. Donc soit son pouvoir zappait ses souvenirs, soit on le lui avait fait oublier. Donc il ne pouvait pas vouloir trahir pour cette raison. Donc il n’avait sûrement pas trahi, et il ne savait pas qu’il était un Humain Evolué, ou l’avait oublié.
Donc ils étaient dans la merde. Encore plus qu’avant.

« Oui. Aux ordres.
- Quels ordres ? »

Le sourire de Doe revint lentement, malgré la menace des deux armes plantées vers lui.

« Tu m’as bien demandé de te dire où sont mes chefs, non ?
- Ouais…
- Ils sont ici, Seth. Je les ai amenés ici. Content ? »

Soudain, la porte de l’appartement explosa, et Seth, Fernando et Pascal comprirent que leur fin pessimiste de charge suicidaire allait très certainement devenir réelle, malheureusement.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyLun 21 Mai - 19:53

Episode #20 : Espoirs.

« Ils sont ici, Seth. Je les ai amenés ici. Content ? »

Harrison sentit son sang se glacer dans ses veines alors que la porte de l’appartement parisien où ils se trouvaient explosait violemment. Merde, pensa-t-il, c’était fini. Tout était fini.

Leurs rêves de stopper le conseil d’anciens agents secrets semblant contrôler le monde en secret. Leurs espoirs de faire éclater la vérité. Leurs envies de rendre la Terre un peu plus juste et égalitaire. Leurs volontés de changer réellement les choses. Tout était fini.
Ils avaient essayés, mais ils avaient échoués. C’était fini.

Alors que des hommes armés et habillés de tenues de camouflage militaires entraient en ordre dans la chambre et que Fernando et Pascal se levaient, plus par réflexe qu’autre chose, l’Anglais sentait qu’il avait perdu. Que son dernier combat s’était soldé par une défaite. Une très lourde défaite, à quelques secondes à peine du gong final et d’une victoire à l’arrachée.

Il avait failli gagner, oui. Mais ça n’avait pas réussi. Il avait perdu. Encore.

Un long soupir sortit de sa cage thoracique tandis qu’il observait leurs adversaires se mettre accroupit devant eux, lever leurs armes et les menacer. Il avait été stupide de penser qu’il pourrait gagner contre ses anciens employeurs. Il avait été bête de croire qu’il pouvait faire quelque chose contre eux.
On ne pouvait pas les vaincre. On ne pouvait pas gagner avec eux. Ils étaient les Maîtres. Ils l’avaient toujours été. Et le seraient toujours.

Pourquoi avait-il pensé le contraire ? Ca n’avait été que de la folie. Vouloir espérer changer le monde, c’était bon pour les imbéciles et les gosses stupides. Il était dans le métier depuis des années, pourquoi avait-il pensé que lui pourrait transformer ce milieu écoeurant et dégoûtant ? Pourquoi n’avait-il fait que songer à la possibilité que la planète aille mieux ? Qu’il puisse la débarrasser des monstres qui la gouvernaient dans l’ombre ?

Ca n’avait été que de la folie, de la stupidité et de la naïveté. Oui. Il avait été naïf et imbécile. Et il allait maintenant en payer le prix, lui qui avait tant sacrifié pour cette cause…lui qui avait tant fait pour ça. Pour cette idée qui ne représentait plus rien, maintenant. Plus rien du tout.

« Alors ? Tu ne dis plus rien ? »

Lentement, son regard se tourna vers John Doe. D’une façon très lasse, il plongea ses yeux dans ceux de son ancien chef, et il vit à quel point celui-ci jouissait de la situation. A quel point il aimait ce qui était en train de se passer. Oui. Il aimait ça. Il les avait manipulés, et ils allaient mourir. A cause de lui. Tout était à cause de lui.

Au fond, c’était lui qui était la raison de tout ça, vraiment. Ses attitudes, le traitement qu’il avait infligé à Seth l’avait poussé à se rebeller, même si il n’avait pas eu trop besoin d’aide pour ça vu son tempérament et son naturel. Mais le rôle de Doe était quand même grand dans tout ce qu’il s’était passé dernièrement, et ça, personne ne pouvait dire le contraire.

C’était lui qui avait informé l’Anglais de l’existence des Humains Evolués. C’était lui qui l’avait envoyé en Amérique du Sud pour tuer Fulo, un homme qu’il avait apprécié et qu’il avait été obligé d’assassiner, même si ça lui avait permit d’entrer en contact avec les partenaires du Sud Américain. C’était encore Doe qui était responsable des accès de colère de Seth, lorsqu’il voyait bien que Maggie n’allait pas bien ou qu’on ne leur disait pas tout. Et c’était encore lui qui avait presque forcé l’agent secret à s’échapper de son hôtel à la Haye, de par la manière dont il avait été traité à son retour d’Amérique du Sud.

Oui, John était responsable de beaucoup de choses. Oui, c’était à cause de lui que des drames s’étaient joués, comme la mort de Fulo ou du type à la Haye. Mais il n’était pas la raison de tout, finalement. Il n’était pas la cause de toutes ces horreurs, de toute cette folie. Ca, il le savait. Il savait que son ancien patron n’était pas le seul être à blâmer, et qu’il y en avait un autre à pointer du doigt en premier.
Pour lui, le véritable responsable de tout ça…c’était lui. Seth Harrison. C’était lui qu’on devait accuser.

Après tout, c’était bien lui qui n’avait plus pu supporter les ordres de John Doe. C’était bien lui qui avait fait capoter leurs premières missions par son manque de professionnalisme. C’était bien lui qui avait été incapable de parler à Maggie pour savoir ce qu’elle avait quelques semaines auparavant…et aussi pour lui avouer qu’elle l’attirait beaucoup.
Mais il en avait été incapable. Il n’avait jamais rien pu faire ou dire avec les femmes qu’il commençait à aimer. Spécialement avec celles qui vivaient dans le même monde que lui.

Et en plus de ça, Seth avait aussi du sang sur les mains. Fulo. Arjen Van Den Gall. Tous les agents qui avaient été abattus par sa croisade folle. Maggie. Maggie, celle qui lui faisait certainement le plus mal, car il n’avait su qu’après avoir tiré que c’était elle. Mais il n’y avait pas qu’eux. Il y avait aussi ceux présents.

Fernando Nunoz. Pascal Lebrun.
Si pour le premier, il n’avait pas beaucoup de responsabilité dans sa participation à la lutte, vu qu’il semblait être lié aux Humains Evolués qu’il avait lui-même rencontré deux fois, la première après la mort de Fulo et la seconde quand ils l’avaient sortis des archives de leurs ennemis à la Haye, c’était différent pour le deuxième. Et c’était à cause de lui qu’il s’en voulait énormément, les yeux toujours posés sur la face souriante et vicieuse de John Doe.

Pascal Lebrun n’avait rien demandé, finalement. Même si il savait qu’il était venu de son plein gré, Harrison ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir de sa présence ici. Bien sûr, c’était les aléas de la vie, et de toutes façons tout le monde mourrait un jour, mais…quand même. Il n’aimait pas ça. Il n’aimait pas se sentir responsable et coupable.
Et là, il savait qu’il était responsable de la mort à venir de ce type finalement bien.

Seth avait toujours eu un rapport étrange avec les responsabilités et la culpabilité. Sur le moment, il n’hésitait jamais à sacrifier les autres pour parvenir à ses fins ou à tuer, mais après…c’était différent. Il n’aimait pas se sentir coupable, mais ça venait quand même.
Oh, bien sûr, quand il s’agissait d’êtres de son espèce ou d’autres agents secrets, il n’avait aucun remords : ils vivaient tous la même vie, ils avaient choisis d’être ainsi et d’en subir les risques. Non, c’était plus pour les innocents qu’il se sentait mal. C’était plus pour les innocents morts par sa faute que sa conscience se rappelait à son bon souvenir.

Arjen Van Den Gall. Pascal Lebrun.
Eux étaient innocents. Eux n’étaient pas de son monde. Et tous deux seraient bientôt ensemble dans la Mort. Par sa faute. Parce qu’il avait préféré sa mission à la sauvegarde de leurs vies. Parce qu’il n’avait pas hésité à les faire intégrer une folie qui ne devait que le concerner lui. Parce qu’il n’avait pas pu arriver seul à combattre le conseil dont il voulait tant la perte. Parce qu’il avait été bête et méchant. Parce qu’il avait été lui, tout simplement.

« Alors, Seth ? Tu as perdu ta langue ? »

Un autre soupir s’échappa de lui à ce moment-là. Il était dépité. Bien sûr, il avait toujours su que ça se finirait ainsi…que leurs ennemis ne les laisseraient jamais vaincre. Mais avec Lebrun, Nunoz et même après les paroles de Fulo, Seth avait retrouvé quelque chose qu’il n’avait plus connu depuis longtemps…l’espoir.

Grâce aux mots de Fulo, grâce à la rencontre avec les Humains Evolués, grâce à ses victoires et à l’aide du Français et de l’Espagnol, Harrison avait redécouvert l’espoir d’un monde meilleur. Il avait retrouvé ses élans d’adolescent, quand il pensait faire de bonnes choses pour sauver la planète, quand il pensait être parmi les bons.
Oh, évidemment, il savait que l’espoir ne servait pas à grand-chose, mais il s’était sentit grisé quand il avait à nouveau eut cette force supplémentaire au fond de lui. Oui. Il avait aimé l’espoir. Mais l’espoir était mort, maintenant. Seule la Mort l’attendait. La Mort portant le visage de John Doe, l’être qui était responsable de la fin de sa mission et de la présence des hommes armés ici.

« Non… »

Sa voix était faible et fatiguée. Tout le poids de ses efforts ces dernières semaines retomba lourdement, tandis que toutes les armes étaient pointées sur lui, et qu’il visait toujours John Doe. Mais celui-ci n’avait plus peur, il le savait. Il se croyait en sécurité, avec sa douzaine de types surarmés qui voulaient les abattre et toucher leurs primes.
Il avait raison, au fond. Avec tous ces hommes à lui, il ne risquait rien. Normalement.

« Non, John. Je n’ai pas perdu ma langue. »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyLun 21 Mai - 19:54

L’Anglais soupira encore, et sa voix se fit plus dure. Nunoz visait toujours leurs adversaires, et Lebrun était à ses côtés, mais ils ne survivraient pas à la première salve, et il le savait. Aucune d’entre eux n’allait survivre à cette journée. Ils étaient condamnés, et leur espérance de vie ne se comptait plus qu’en minutes.

Mais ça n’était plus ça qui occupait l’esprit de Seth à ce moment-là. Ce n’était plus non plus la culpabilité et la sensation d’avoir fait tout ça pour rien. Non. Il n’avait pas fait tout ça pour rien. Il s’était battu pour ses idées, et avait failli vaincre. Et il était énervé. Il sentait la rage exploser au fond de lui. Et il aimait ça.

On l’avait torturé. On l’avait renvoyé dans sa prison d’Afrique. On l’avait trahi. On l’avait forcé à tuer. On avait tenté de le réduire en silence. Et là, on était en train de réduire en miettes ses espoirs d’un monde et d’une vie meilleurs. On voulait totalement le détruire, que ça soit psychologiquement et physiquement. Et il n’était pas d’accord.

Trop souvent, Harrison avait plié. Trop souvent, il avait accepté ses ordres en râlant pour la forme. Là, il allait mourir. Quoiqu’il fasse, il allait mourir. On allait l’abattre comme un chien parce qu’il avait osé se lever contre l’ordre établit. On allait l’assassiner parce qu’il n’était pas le gentil toutou de ses maîtres.

Bien, sourit-il alors. Qu’il en soit ainsi. Mais qu’il ne parte pas seul en enfer, alors. Que toute une rangée d’ennemis l’escorte avec lui dans un putain de grand final.

« Par contre, toi… »

Le sourire de Seth s’agrandit encore plus à ce moment-là. Ses ennemis comprirent qu’il se passait quelque chose quand il posa sa main sur l’épaule de John Doe pour agripper son habit, alors que celui-ci fronçait les sourcils en ne comprenant pas ce qu’il se passait, tout encore à sa victoire savourée.

D’un geste éclair, Harrison leva John Doe pour le mettre entre lui et ses hommes. Ceux-ci hésitèrent à faire feu étant donné que l’Anglais avait été trop rapide pour eux et qu’ils avaient maintenant comme cible leur chef. Ils ne savaient donc pas quoi faire, mais il leur donna une réponse et une conduite à adopter en plantant un regard froid dans les yeux de Doe et en lui parlant d’une voix très déterminée.

« …je crois que tu as perdu la tête. »

Son doigt appuya soudainement sur la gâchette, et la tête de son ancien patron vola alors en morceaux dans la pièce. Immédiatement, les hommes de Doe se mirent à tirer sur le corps déjà inanimé de leur ancien chef, espérant que leurs balles puissent passer au travers du cadavre à peine mort de leur patron.

En même temps, d’autres types commencèrent à tirer sur Lebrun et Nunoz, mais ceux-ci avaient eu l’intelligence et surtout le réflexe de se jeter derrière le fauteuil où ils avaient été assis. Protégés pour le moment par le meuble en cuir, ils virent Harrison jeter le cadavre sanguinolent vers leurs ennemis, et sauter lui derrière le canapé, même si cette protection était évidemment précaire.

« Seth ! »

Alors que la fusillade commençait à s’intensifier et que les balles filaient au-dessus d’eux, Pascal avait crié le nom de son collègue et peut-être ami si ils avaient eus le temps de plus se connaître. Celui-ci, encore blessé au bras, à l’épaule et au mollet, semblait souffrir du mouvement qu’il avait fait pour se protéger, mais il sourit en se tournant vers le Français qui venait de l’appeler.

« Salut, Pascal. Un peu bruyant cet immeuble, nan ? »

Il sourit encore une fois, et le journaliste se demanda alors si il n’était pas devenu fou, à faire de l’humour tandis qu’ils allaient bientôt être abattus. Mais soudain, il se mit à sourire, et même à rire. Au fond, Seth n’était pas fou. Finalement, il avait même raison. Ils étaient déjà perdus. Ils étaient déjà condamnés.
Pourquoi ne pas finir sur une note d’humour et avec du panache ? C’était tout ce qui leur restait maintenant, de toutes façons.

« Ouais, un peu…je devrais me plaindre au propriétaire, je crois. Je paie trop, de toutes façons. »

Il sourit aussi, et il vit même un petit rictus sur le visage de Nunoz, qui tirait quelques balles vers leurs ennemis, mais sans grande conviction. Le fauteuil et le canapé en cuir étaient presque réduits en miettes, et ça ne faisait que quelques secondes que la fusillade avait commencée. Cette protection n’allait pas tenir très longtemps, et ça voulait donc dire que leur fin était proche.
Mais ils n’avaient pas peur.

Même si ils n’avaient jamais vraiment cherchés la Mort, même si ils n’avaient jamais voulus mourir à leurs âges, aucun de ces trois hommes n’avait peur. Ils avaient acceptés, désormais, le fait qu’ils allaient mourir, et qu’ils allaient mourir pour une cause qu’ils croyaient juste. Ils allaient donner leurs vies pour quelque chose en quoi ils croyaient, quelque chose de bien.

Oui, ils allaient faire ça. Et ils en étaient même fiers.

« Désolé, Pascal. Je n’ai pas voulu te foutre là-dedans. »

Malgré leur proximité, Harrison était obligé de crier pour se faire comprendre, tandis que tous les trois entendaient leurs adversaires s’approcher lentement.

« C’est bon, Seth. C’est bon… »

Pascal cria aussi, tandis qu’il vit, dans un petit trou du fauteuil presque réduit à néant, que leurs ennemis n’étaient plus qu’à cinq mètres à peine de leurs petites cachettes. Ca allait bientôt être fini, et Harrison voulait s’excuser de l’avoir sacrifié ainsi. C’était touchant. Jamais Lebrun ne l’aurait cru aussi…bon. Aussi humain.
Finalement, Seth Harrison était peut-être meilleur que l’image du type bourru et susceptible qu’il voulait se donner. Dans une autre vie, il serait peut-être devenu un héros. Oui. Peut-être. Dans un autre monde.

« Nando…maintenant !
- Hein ? »

Lebrun ne comprenait pas.
Perdu dans ses pensées, il n’avait pas vu le petit signe de l’Anglais à l’Espagnol. Et dès que le premier avait crié ces deux mots à son allié, les deux se mirent accroupis avant de tirer quelques balles bien placées vers leurs ennemis. Trois corps tombèrent au sol. Un sourire leur barra le visage alors qu’ils continuaient à s’observer.

« On fait ce qu’on a dit, Nando.
- D’accord ! »

Le journaliste ne comprenait toujours pas. Coincés entre les pauvres fauteuil et canapé et le mur de l’appartement avec une fenêtre au-dessus d’eux, alors qu’ils se trouvaient au deuxième étage, ils ne pouvaient rien faire. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien avoir dits ? Et comment ? Il n’y comprenait rien, et il n’aimait pas ça.

« Désolé, Pascal.
- Hein ?! »

Soudain, le Français sentit ses deux bras être pris par Seth et Fernando, tandis que eux se relevaient et tiraient de leurs mains libres vers leurs agresseurs. Ceux-ci, surpris, virent certains de leurs hommes fauchés avant d’avoir quelques secondes d’incrédulité où leurs tirs furent peu précis. C’était tout ce qu’il fallait aux deux agents secrets pour faire ce qu’ils avaient prévus, et qui n’allait pas plaire à Pascal.

Celui-ci sentit la poigne de ses deux alliés se resserrer autour de ses bras, avant qu’ils ne regardent conjointement la fenêtre. Il comprit immédiatement ce qu’ils voulaient faire, et il n’était pas d’accord. Ils ne voulaient pas que eux se sacrifient et le jettent lui dehors en espérant qu’il survive. Il voulait mourir avec eux. Il voulait en finir avec eux. Il voulait…

« Non, Pascal. Tu dois survivre. Pour les documents. Pour notre cause. Tu dois survivre. Ou essayer. »

Lebrun n’y comprenait toujours rien. Comment Nunoz avait-il pu lui dire ça ? Comment avait-il pu savoir ça ? Les balles fusaient autour d’eux et les deux agents secrets tiraient pour se défendre, à moitié levés et à moitiés accroupis, mais le journaliste s’en fichait. Il voulait savoir. Il voulait savoir avant de mourir.

« Doe n’était pas le seul Humain Evolué que tu connaissais, Pascal. Notre ami ici présent en fait aussi partit. »

C’était Seth qui venait de parler, et immédiatement le journaliste comprit. Tout se recoupa dans son esprit.

C’était à cause de son pouvoir que Nunoz avait été chassé de l’ETA, parce qu’il ne pouvait le contrôler et qu’on le prenait pour un fou. C’était à cause de lui qu’il avait été emprisonné, parce que trop dangereux. C’était à cause de lui qu’il avait pu se rapprocher de Chrissie Edwards, une fille à demi folle échappée des cachots du conseil dont il pouvait lire les pensées et donc comprendre la solitude et la folie. C’était à cause de ses capacités qu’il avait été si silencieux avec le groupe avant de fuir suite aux soucis de cette première équipe.
Et c’était grâce à elles qu’il avait trouvé les Humains Evolués, le membre du conseil qu’il avait tué et qu’il avait aussi découvert où lui et Seth se trouvaient.

Et tout ça, le Français le savait grâce aux images que Fernando mettait dans son esprit. Il comprenait tout grâce à cette symbiose. Il savait tout. Il connaissait la vérité sur Nunoz. Et il connaissait sa douleur d’avoir toujours dû se cacher alors qu’il se considérait comme un monstre, ce qu’il n’était évidemment pas.

Mais alors que Pascal voulut dire quelque chose, alors qu’il ouvrait la bouche pour formuler quelques mots, les deux agents secrets le jetèrent sans sommation dans la fenêtre. Ils ne voulaient pas de paroles : le temps n’était plus à ça, et Lebrun le savait. Même si il ne survivait pas à sa chute, même si il était retrouvé par leurs ennemis, ils devaient tenter de le sauver. Ils devaient le jeter là pour qu’il puisse espérer survivre.

La cause était tout pour eux, mais l’heure n’était plus aux mots. Elle était aux actes.

Alors que Lebrun passait la fenêtre et criait en tombant dans le vide, les deux agents secrets se tournèrent vers leurs ennemis, qui s’étaient stoppés en voyant la scène. Fernando et Seth se regardèrent quelques instants, sourirent et levèrent leurs armes vers leurs adversaires, qui reprenaient leurs esprits et ajustaient leurs tirs.

« Okay, enfoirés. Il est temps d’en finir… »

Harrison fut le dernier à parler. Avec son ami, avec qui il avait tout prévu depuis longtemps, depuis que Fernando était entré en communication avec lui par télépathie, chose qu’il avait dû cacher à Lebrun vu qu’il espérait lui éviter de trop en savoir sur eux d’où son silence jusque là, il fila alors vers leurs ennemis, tirant encore quelques balles, même si il savait que ça ne servirait à rien.

Ils étaient déjà morts, et ce n’étaient pas les balles qui entraient dans leurs corps et faisaient gicler leurs sangs qui allaient changer quelque chose. C’était leur dernière charge, c’était leur mission suicide. Ils faisaient ça pour une cause, pour un but.
Et pour une des premières fois depuis longtemps, ils étaient fiers d’eux. Et ce fut cette image, ce sourire sur leurs visages qui furent leur dernière pensée et leur dernier geste, alors qu’ils tombaient au sol, vaincus, morts…heureux.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 3 EmptyLun 21 Mai - 19:55

« Argh ! »

Pascal Lebrun venait de tomber lourdement sur l’asphalte d’une rue de Paris. Il avait mal à la cheville droite, son poignet gauche avait fait un méchant bruit quand il avait atterrit, mais…il était vivant. Aucune balle ne l’avait atteint, il ne saignait pas, et il pouvait bouger. Il pouvait fuir. Loin.

Un léger sourire se dessina sur son visage…il était vivant ! Seth et Fernando avaient réussis à le lancer dans la fenêtre, et il était parvenu à tomber sans se faire de mal ! C’était un miracle ! Un vrai miracle !

Il aurait voulu sauter partout, mais le journaliste se reprit rapidement. Les bruits de tirs lui vinrent aux oreilles, et il comprit que Harrison et Nunoz étaient en train de mourir. Il voulut avoir une pensée pour eux, mais il se retint : il n’en avait pas le temps. Il devait fuir. Il devait découvrir où se trouvaient les Humains Evolués.

Oui, le Français devait savoir où ils étaient pour les prévenir. Pour leur dire ce qu’il se passait. Il palpa l’endroit où devait se trouver les documents volés…et ils y étaient encore. Il avait les documents, les dossiers.
Il lui suffisait maintenant de trouver les Humains Evolués, et alors tout pourrait se mettre en marche. Alors, la vérité se ferait. Alors, le sacrifice de Seth et de Fernando aura servit à quelque chose…

Soudain, tandis que Pascal commençait à courir dans la ruelle déserte, une sorte de…trou blanchâtre apparut devant lui.
Immédiatement, il se stoppa, et le trou commença lentement à s’agrandir. Et il avait peur. Il ne savait pas ce que c’était. Il ne savait pas ce que ça pouvait être. C’était comme si la réalité, comme si le monde venait d’être percé, et qu’un trou béant tranchait maintenant avec tout le tableau magnifiquement fait autour de lui. Et il avait peur de ça. Surtout que le phénomène s’amplifiait et devenait de plus en plus menaçant.

« Pascal Lebrun ? »

Une voix froide et mécanique venait de se faire entendre, et immédiatement il pensa au premier Terminator, quand Arnold Schwarzenegger cherchait Sara Connor. Il fronça donc les sourcils, ne comprenant toujours pas qui ça pouvait être…ou ce que ça pouvait être, plutôt.

« Euh…oui… »

Il n’était pas rassuré. Au milieu d’une rue, seul, avec des types armés qui allaient le rechercher dans les secondes à venir, le journaliste aurait dû partir plus vite pour éviter ce…cette chose. Mais maintenant, il ne le pouvait plus. Il n’arrivait pas à détacher son regard du trou béant et blanchâtre, alors que la voix se faisait à nouveau étrangement entendre.

Soudain, une idée frappa Pascal. Une idée totalement dingue, totalement folle, mais avec tout ce qu’il s’était passé ces dernières heures, plus rien ne voulait vraiment dire quelque chose pour lui. Son idée était certes sûrement impossible, mais après tout…pourquoi pas ? Pourquoi tout ce qui était arrivé et pas ça ? Pourquoi pas cette illumination et toutes les horreurs qui s’étaient produites ?
Rassemblant son courage à deux mains, il tenta de parler à la chose ouverte devant lui, les poings serrés et la peur au ventre.

« Euh…Êtes…Êtes-vous les Humains Evolués… ? »

Il soupira légèrement. Une dizaine de secondes passa avant que la voix étrange ne se fasse entendre. Autour d’eux, autour de ce phénomène inexplicable, de cette chose qu’il n’avait jamais vue encore et qu’il ne pouvait expliquer, le monde s’était arrêté, comme si leur entretien était plus important que tout…comme si leurs paroles passaient avant tout.

« Oui. »

Un énorme soupir de soulagement sortit alors de Lebrun. Quel miracle. Quel coup de chance. Lui qui venait de survivre par un énorme coup de bol à une embuscade, lui qui devrait normalement être mort…il tombait de suite sur ceux qu’il voulait chercher. Il tombait de suite sur les êtres qu’il voulait aider et sauver. Il tombait de suite sur ceux pour qui il était prêt à donner sa vie.

Un énorme sourire apparut donc sur son visage. Ca y était, c’était bon. Ils allaient gagner. Avec les Humains Evolués et les documents, il allait pouvoir faire la lumière sur leurs existences. Il allait pouvoir venger Harrison et Nunoz. Il allait pouvoir stopper définitivement le conseil. Oui. La Terre allait mieux. Et tout grâce à lui et à…

« Grrrllll… »

Le sang coulait lentement dans sa gorge percée de part et d’autre. Il s’écroula lourdement à terre, s’explosant les genoux tandis qu’il ne pouvait plus bouger et que la douleur était insupportable. Un rayon l’avait transpercé. Un rayon rouge était sortit du trou blanc pour pénétrer dans sa gorge et y faire un énorme trou. Et il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait.

Néanmoins, Pascal Lebrun ne put penser pendant de longues secondes aux raisons de tout ça. Sa mort fut rapide, violente et pleine de douleur. S’étouffant à cause du sang dans sa gorge et son esprit déjà aux abonnés absents à cause du trop plein de douleur, il tomba violemment au sol, vaincu et assassiné.
Et après quelques secondes, la voix se fit à nouveau entendre de par le trou blanchâtre et étrange, tandis que le sang du journaliste se répandait sur le sol.

« Désolé. Rien de personnel. »

Le trou se referma alors, laissant seul le cadavre du Français sur l’asphalte.






Quelques heures plus tôt…

« Vous êtes bien le Français et le Chinois ?
- Oui.
- Et les autres ? Où sont-ils ?
- Les autres ne sont plus un souci. Ou ne le seront bientôt plus.
- Pourquoi ?
- Divergence d’opinion. C’est une affaire déjà réglée.
- Et alors ? Vous allez les mettre à la retraite ? Ca m’étonnerait qu’ils acceptent.
- Nous saurons les faire entendre raison.
- Hum, je ne suis pas sûr que…
- On s’en fiche, de ça. Nous sommes là pour autre chose.
- Oui.
- Nous sommes là pour un accord.
- J’ai du mal à croire que vous nous laisserez en paix.
- Nous voulons le contrôle de la planète et du conseil. Nous voulons que Nunoz, Harrison, O’Malley et Lebrun soient stoppés. Définitivement. Nous sommes prêts à faire un marché pour ça.
- Lequel ?
- Envoyez Nunoz chez Harrison et Lebrun. Nous y mettrons O’Malley aussi.
- Et vous allez les faire tuer ?
- Oui. Mais nous aurons peut-être besoin de vous.
- Nous ne tuerons plus personne pour vous ! On l’a assez fait, bande de chiens !
- Calmez-vous. Vous êtes les Humains Evolués, les êtres supérieurs du monde. Même si nos actions sont discutables, nous sommes comme vos parents. Au fond, nous ne voulons pas de mal.
- Mais vous voulez nous utiliser.
- Nous voulions.
- C’est vrai. Nous avons décidés d’arrêter de vous chasser.
- Ah ?
- Si vous nous aidez à stopper ces…ces emmerdeurs, disons-le sincèrement, et si vous arrêtez de nous harceler, nous nous engageons à ne plus vous chasser. Nous vous laisserons en paix.
- Je ne vous crois pas.
- Moi non plus.
- Réfléchissez : vous nous connaissez, vous connaissez nos moyens d’action. Vous savez que même si vous continuez pendant quelques années à nous échapper, nous vous retrouverons. Rappelez-vous qui nous sommes et ce que nous pouvons faire.
- Hum…il n’a pas tort…
- Ouais…mais on peut pas sacrifier Fernando !
- Ni les autres. Ni leurs informations.
- Vous savez bien que vous ne pourrez jamais les publier…nous contrôlons la presse depuis le début. C’est le B.A. BA.
- Il a raison. Quoiqu’il arrive, notre combat contre eux est perdu d’avance. Tôt ou tard, nous tomberons.
- On doit faire ce qu’ils veulent.
- Mais on a aucune garantie qu’ils tiennent parole !
- Non. Mais nous non plus. Nous faisons un pacte. Personnellement, je me fiche des Humains Evolués, maintenant. Nous gardons John Doe, et ça nous suffit amplement.
- John ?
- Oui, John Doe. Le premier d’entre vous.
- Mais…mais il était avec nous lors de notre fuite…
- John Doe a l’excellent pouvoir de revenir d’entre les morts.
- On le savait déjà.
- Oui, mais vous ne savez pas tout. Quand John Doe meurt, son ADN meurt. Mais à cause de son…évolution, nous allons dire, chaque fois qu’il meurt, un autre ADN se met en place. Nous l’avons rapidement compris lors des différentes analyses que nous avions faites, mais c’est uniquement lors de son premier décès que nous avons compris ce qu’il se passait. En fait, dès que ce cher John meurt, un autre John prend contrôle de son corps, avec ses précédents souvenirs mais des traits de personnalité différents. Nous avons donc déjà eu un John rebelle, un John pacifiste, etc.
- C’est…c’est complètement dingue…C’est impossible…
- Plus que la téléportation ? La télépathie ? Les rayons lasers dans les yeux ? Allons. Quand on commence à accepter ces capacités-là, la solution à la résurrection de John Doe que nous vous proposons ici ne peut-elle pas, elle aussi, paraître censée ?
- Euh…je ne sais pas.
- Nous ne savons pas grand-chose non plus sur John Doe. Mais nous savons qu’il est immortel et qu’il veut nous suivre.
- Dans cette forme-là.
- Et dans les autres aussi. Faites-nous confiance.
- C’est difficile.
- Je me doute. Mais nous deux, nous ne voulons plus vous poursuivre…nous avons d’autres projets. Vivez en paix, trouvez-vous un petit coin de paradis et prospérez, mais restez discrets. Vous êtes une expérience abandonnée…il est temps de la fermer définitivement, non ?
- Et en échange de ça, vous voulez qu’on vous laisse tranquille…
- …et que Nunoz, Harrison, O’Malley et Lebrun meurent.
- Et que en cas de souci, on vous aide.
- Oui.
- C’est exactement ça.
- Hum…je ne sais pas quoi dire.
- On doit accepter.
- Pourquoi ?
- C’est notre seule chance de vivre heureux.
- Ils ne tiendront pas parole !
- Mais qu’en sais-tu ? Eux aussi sont fatigués de cette guerre, et moi j’en ai plus qu’assez. Je veux vivre heureux et en paix. Et tant pis si ça ne dure que quelques années et qu’ils nous trompent. Je veux penser que c’est fini et je veux vivre ma vie, réellement. J’en ai assez de la vengeance.
- Mais…et nos frères morts…
- Ils voulaient aussi la paix. Et nous les avons bien assez vengés.
- Et Fernando…
- Une victime de plus de cette guerre. Nous devrons vivre avec ça. Mais nous devons vivre quand même.
- Je suis d’accord avec lui. Même si ça fait mal…on doit accepter. On doit le faire.
- Je…d’accord. On le fera.
- Très bien. Préparez-vous, ça se passera bientôt.
- Oh, et une dernière chose… ?
- Oui ?
- Quoi ?
- Au plaisir de ne plus jamais vous revoir, mes enfants… »

Fin ?
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