Urban Comics
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Rirox
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Rirox
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 3 Oct - 23:54

ah,moi j'avoue que ça m'a énormément rappelé le clip de "Respire" par Mickey3D,je sais pas si tu l'as vu.C'est d'ailleurs un superbe clip,très émouvant,comme ton texte.
J'avoue,la fin était attendue,en ce qui me concerne,le début "trop" parfait m'avait déjà rappelé le clip en question.Malgré tout,ca fait le même pincement au coeur de lire la fin de ton histoire,et elle n'en est pas moins touchante.
L'inspiration n'a peut être rien à voir avec le clip dont je parle,et même si c'est le cas,ca ne change rien au fait que c'est un très beau texte,sur le fond comme sur la forme.C'est très sympa de lire des nouvelles,aussi.je me doute que c'est plus dur de trouver l'inspiration,mais c'est aussi agréable à lire.Si tu en as d'autres en réserve.... Mr. Green
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyJeu 4 Oct - 22:28

Le clip m'est un peu venu en tête vers la fin : je n'y avais pas pensé avant que j'improvise ce retour à la réalité. Ca m'a un peu gêné de "copier" ainsi l'idée de Mickey3D, mais je pense mon texte suffisamment original et indépendant pour qu'il accompagne plutôt ces images au lieu de les copier.
Merci en tout cas de l'avis, j'avoue me concentrer essentiellement sur les nouvelles en ce moment, et j'aime ça.
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Rirox
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyJeu 4 Oct - 23:37

tu n'as pas "copié",je n'ai pas employé ce mot pour désigner ton texte.tu apportes beaucoup de choses,et tu fais quelque chose d'original.Jusque là,j'ai jamais vu de bête "recopiage" dans tes textes,pas plus que chez les auteurs urban que j'ai lus,je le précise...^^
et c'est très bien comme ça,d'ailleurs.
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyLun 26 Nov - 0:06

Après plusieurs semaines d'absence, je reviens avec un texte participant à un "concours" d'écriture sur un autre forum (en fait, c'est juste un défi). Le thème était Noël, les contraintes d'avoir une chanson de Bourvil, des pétards et un cachet d'aspirine dans le texte. Voilà ce que j'ai fait. Bonne lecture.


Une vieille chanson de Bourvil arrive doucement à mes oreilles…mais je ne l’entends presque pas. Elle est loin, et je ne fais aucun effort. J’ai les yeux fermés, incapable que je suis de pouvoir les rouvrir. Je ne peux affronter ce qui est en face de moi. Je ne peux affronter mon erreur. Je ne peux affronter mon passé.

J’ai mal. Comme toujours, à cette période de l’année. Comme faire autrement ? On ne peut fuir son passé, on ne peut fuir sa conscience. J’ai mal, et je sais qu’aucun baume, qu’aucune potion, qu’aucun médicament ne pourra me guérir. J’ai mal, et je suis condamné à souffrir. Car je suis maudit, et je dois vivre avec cela.

Dehors, il neige. Chose rare, ces dernières années. Beaucoup ont dit que le climat devient fou, que le monde va bientôt mourir…je n’en sais rien. Je m’en fiche. Tout ceci ne m’intéresse pas…ou plutôt plus. Ce n’est pas important pour moi. Plus rien n’est important, finalement.

Bourvil continue de prononcer à la va vite des paroles pratiquement incompréhensibles, mais je ne l’écoute pas. Ma sœur a pensé que ça me remontrerait le moral d’entendre cet air que j’affectionnais dans ma jeunesse. Que je serais heureux et souriant, pour une fois. La pauvre. Chaque année, je lui gâche son Noël. Chaque année, je m’enferme dans cette vieille pièce au fond de sa maison, restant seul dans cet endroit clos et ne prononçant pas le moindre mot.
Je suis désolé, petite sœur. J’aurais voulu qu’au moins tu me voies sourire une dernière fois. Mais ça ne sera pas le cas.

Ce soir, comme à chaque fois à cette période, je vais mal, et ça ne s’arrangera pas. Jamais. Trop de choses difficiles sont arrivées, le 24 décembre. Trop de choses dures. Horribles, même. Et je ne peux oublier. Ca m’est impossible.

Chaque fois que je ferme les yeux, chaque fois que je me laisse porter par mon esprit jadis si fécond, je la revois. Je revois mon amour. Ma femme. Louise. Je l’aime depuis le premier regard porté vers sa magnifique chevelure brune. Je suis prêt à tout pour elle. J’ai passé des semaines à tenter de la séduire, j’ai passé des heures devant la fenêtre de sa chambre pour lui montrer à quel point je tenais à elle. J’ai inventé toute sorte de manèges pour la voir, la rencontrer, lui parler.
Elle était ma drogue, mon essence vitale, et je n’imaginais pas vivre sans elle. J’étais jeune et amoureux. Et aimé, surtout.

C’était le bon temps. Celui de l’innocence. De l’amour. De la tendresse. Du bonheur. Mais c’est terminé. C’est mort. Comme tout.

Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Oh, bien sûr, je ne suis pas seul apparemment…mais pourtant si. Je ne suis pas seul parce que ma famille essaye d’être là le plus possible pour moi. Je ne suis pas seul parce que ma petite sœur vient me voir tous les deux jours pour voir si je ne suis pas encore mort. Je ne suis pas seul parce que je garde chaque week-end mon petit neveu, à qui j’ai acheté plusieurs pétards pour son cadeau de Noël.
Il va aimer. Il sera heureux, rira et montrera à tous combien le bonheur peut être simple. Il sautera dans tous les coins de la pièce, profitant de sa jeunesse et de son innocence. Il fera la joie de tous. Sauf moi. Il va me faire souffrir. Comme à chaque fois.

Je ne supporte plus tout ça. Je suis seul parce que, même si je suis entouré, personne ne comprend ma peine. Personne ne comprend mon désespoir. L’on me dit que je dois oublier, que je dois continuer ma vie…mais c’est impossible. Je l’aime. Je l’aime plus que tout au monde. Je ne peux vivre sans elle. Elle est mon oxygène. Mais on me l’a enlevé…je me la suis enlevé.

Cela fait déjà plusieurs années qu’elle…qu’elle est partie. Entraînée par un chauffard dans un ravin pour une chute mortelle. Et…et c’est de ma faute.

Je sais, tout le monde me dit que c’est faux, que je n’ai pas à m’en vouloir, mais je sais bien que si. C’était le 24 décembre, et j’avais fait une crise parce que je voulais avoir une dinde aux marrons pour le dîner. J’avais invité ma sœur, enceinte à l’époque. Et je voulais que tout soit parfait, que tout soit merveilleux. Comme souvent, j’étais stupide.
Louise n’avait pas voulu acheter de dinde dans l’après-midi, et j’avais alors crié comme je savais si bien le faire. J’avais dis que c’était un comble, que le repas serait manqué, que rien ne se passerait bien, que Noël allait être gâché, et surtout que tout était de sa faute. Quel imbécile. Comme je regrette mes paroles. Comme je pleure mes mots, désormais.

Elle a logiquement pris la mouche, et a décidé d’aller chercher une dinde avant la fermeture des magasins, bien décidée à me faire taire et surtout à me contenter. Même si elle m’en voulait, elle m’aimait toujours autant et voulut faire un pas en avant vers moi. Mais je n’ai pas su voir et comprendre ça.
Je n’ai rien dis quand elle est partie, bêtement énervé par quelque chose de si stupide et de si peu important. Les dernières paroles que j’ai prononcées envers ma femme sont des mots de colère et de fureur. Le dernier souvenir qu’elle emporta de moi fut celui d’un imbécile égoïste criant pour rien et gesticulant inutilement.
Seigneur. Comment vivre avec ça ?

Bien sûr, tout le monde m’a bien dit que je n’étais pas responsable, que c’était un accident…mais c’est faux. Louise est morte parce que j’ai été stupide. Et je n’ai même pas pu lui dire combien je l’aimais, combien je ne pouvais vivre sans elle. Elle méritait l’homme parfait. Elle méritait tous les honneurs et toutes les grâces. Elle n’a eu qu’un crétin égoïste qui s’énervait trop facilement.

Je vis avec ça depuis sa…sa disparition. Les années ont passées. J’ai tenté de cacher ma peine. J’ai tenté de faire croire à tous que j’allais bien, que je passais le cap. C’est faux. Jamais je n’ai pu survivre à sa mort. Ce terrible soir de Noël, mon cœur a été détruit et mon âme a suivie. Jadis, je me suis effondré devant le corps de Louise, à l’hôpital. Ce soir, je vais m’effondrer définitivement.

Bourvil finit sa petite chanson dans la pièce à côté, et je n’écoute toujours pas. Dans dix minutes, ma sœur va venir pour me demander d’être au moins présent pour l’ouverture des cadeaux, mais elle ne me trouvera plus. Désolé, petite sœur. Désolé, ma petite princesse. Je t’aime énormément, mais je ne peux continuer cette vie. Je ne peux continuer à vivre sans mon amour.

Louise était tout pour moi. Louise était mon soleil, ma lumière dans l’obscurité. J’ai été détruit lors de sa disparition, et il est temps de la rejoindre. Je t’aime, mon amour. Je ne te l’ai pas dis assez quand tu étais là, mais c’est vrai. Je ne peux vivre sans toi, et j’arrive pour te revoir.

Oh, je sais bien que tu dois être au Paradis et que j’irais en Enfer pour ce que j’ai fait, mais…mais j’espère au moins t’apercevoir quelques secondes. Juste quelques secondes. Revoir ton sourire. Entendre ton rire si merveilleux. Sentir ta peau si douce. Goûter tes lèvres si tendres. Juste quelques secondes, s’il-te-plaît…pardonne-moi juste quelques secondes. Je t’en prie. Je ne peux vivre en pensant que je suis responsable de ta disparition. Je ne peux supporter ça.

J’ai pris tous les médicaments de la pharmacie. J’ai failli avaler les cachets d’aspirine au lieu des somnifères, mais je ne me suis finalement pas trompé. Les larmes coulent sur mes joues vieilles et fatiguées, mais pourtant je souris, pour la première fois depuis que tu es partie. Je n’en peux plus de ce monde sans toi. Je n’en peux plus de ce vide. Je suis vieux et usé. Il est temps que je vive à nouveau. Il est temps que je retrouve mon oxygène.

Je t’aime, Louise. Et j’arrive. Enfin.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyLun 26 Nov - 0:47

Et ben voilà, encore un texte de mister Ben où le personnage meurt en ce suicidant, je vais finir par m'inquiéter... Laughing Non je plaisante. Cette histoire est magnifique, sincèrement, j'en étais complètement émue, c'était houaaaa, palpitant, émouvant, triste, mais j'ai de le peine pour cette homme qui a perdu la femme qu'il aimait, et qui veut la rejoindre, j'ai de la peine pour lui car on ne peut ramener les morts à les vie, et parfois, c'est bien dommage. Et en plus, perdre quelqu'un ainsi, de cette manière, par un voiture, ça me rappel quelque chose, pour avoir perdu quelqu'un ainsi, en étant énervée la dernière fois que je l'ai vu, le soir d'avant, merci Ben Wawe pour ce superbe texte. Merci et chapeau bas
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Zauriel
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyLun 26 Nov - 13:04

c'est trèes expressif sur les sentiments du mec. on compatis tout au long du texte tout en se demandant s'il va parvenir à faire son deuil ou non.
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Rirox
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 5 Déc - 0:58

purée,Ben,tu avais vraiment rien de plus joyeux...? Mr. Green
en plus,c'est bien la période pour ça,avec déjà les dindes dans les vitrines,les décos dans les rues,et tout le toutim autour de Noël...
Bon,ca joue beaucoup sur le ressenti du héros (enfin,je ne sais pas si on peut l'appeler comme ça,mais étant donné qu'on ignore son nom...),mais c'est efficace.presque sobre,en fait,et en même temps très pathétique...
En revanche,si ca continue je vais te mette au défi de caser "Hakuna Matata" dans un texte,parce que tu ne fais pas franchement dans le joyeux ces temps çi...je sais que c'est pas ton registre,mais une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal ^^
Et puis les "éléments" exigés pour le concours ne font pas "tache" dans le récit,tout s'intègre très bien et si tu ne l'avais pas précisé on n'aurait jamais su que c'était pour un concours (je dis ça car certains textes pour concours,ou "défi" font vraiment "fait sur mesure",et en général le résultat est peu digeste. :p ).
très beau texte en tous les cas.et "défi" réussi. Wink
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Bakusan
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 5 Déc - 22:21

Joli en effet. Mais Rirox a raison! on devrait te mettre au défis de nous pondre une une Fanfics heureuse avec les mots "Hakuna matata", "plein de cadeau", "Humour", "petits oiseau qui volent dans le ciel" et "Papa Noël" et puis phrase trés dur à placer pour toi: "Môman Je t'aime"...Very Happy et à la fin pas de suicide du personnage principal! mais t'as le droit de zigouiller tout les autres personnage que tu veux cheers

Si certains ont d'autre idées, n'hésiter pas à lui rajouter d'autre régles!
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyJeu 6 Déc - 15:39

Merci à tous. C'est vrai que mes textes sont rarement "joyeux" (et on m'en fait souvent la remarque Mr. Green ), mais j'ai du mal à écrire des choses heureuses. M'enfin, je vais essayer de m'y employer. Merci de me lire !
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 8 Déc - 1:08

Défi "bonus" ce mois-ci sur le forum où j'ai déjà posté ce que je vous ai montré avant, basé sur la "joie", avec comme contraintes "en pleine mer", "une citation de Desproges", "un positroneur nucléaire" (l'arme des Ghosbusters) et "un ours en peluche". Le tout, je le répète, de manière joyeuse. Voici ce que j'ai tenté de faire.

« If there's something strange in your neighborhood
Who you gonna call?
Ghostbusters!»


La chanson est à peine entamée que la dizaine de personnes sur la piste de danse commence déjà à exploser de joie et à pousser des cris qui se veulent artistiques. Ils chantent, ou du moins essayent. D’habitude, je me serais moqué de cette bande d’ados attardés qui se déhanchent comme si ils avaient vingt ans alors qu’ils en ont dix de plus et des kilos en trop. Généralement, je serais là, un verre de vodka à la main, lançant des vannes crasseuses et bêtement méchantes pour tenter de me faire bien voir de ma cour et croire que je suis meilleur que ces gens. En temps normal, je dirais que tout ça n’est que la représentation de la dégénérescence de notre société et que le monde court à sa perte à cause de l’infantilisation voulue par les gouvernements, qui en profitent pour nous manipuler et détruire la planète.
Oui, d’habitude, j’aurais été un gros con. Mais pas ce soir. Ce soir, c’est la fête et je me fiche de ce que je suis le reste du temps. Ce soir, je me sens bien.

Je souris en regardant mes anciens camarades se rappeler leur jeunesse et leurs délires alors que Ray Parker Jr se défonce sur scène. Pauvre vieux. Ce type n’a fait en gros qu’un seul tube dans sa vie, et il essaye de vivre dessus depuis. C’est dur, la vie d’artiste. Il doit se payer toute l’année des soirées de ce genre pour s’en sortir et payer ses dettes. Il est sûrement alcoolique ou pas loin, et doit payer une pension alimentaire à son ex femme. Un truc du genre.
Ce n’est pas étonnant, au fond. Beaucoup d’anciennes stars deviennent ainsi quand les gens décident qu’ils sont passés de mode. Ils sont comme des mouchoirs : on en a besoin un temps, on les affectionne sur le moment, mais dès qu’on n’en a plus besoin…on les jette. Et eux essayent de survivre. Pauvre vieux. J’en pleurerai presque si j’en avais quelque chose à faire.

Nan. Pas de ça ce soir. Pas de pensée déprimante. Pas de cynisme ou d’humour noir. Ce soir, je ne suis pas le glandeur qui traîne dans les soirées parisiennes avec sa cour, ce bobo imbécile qui ne vit que par ses phrases piquantes et qui fait croire à tout le monde qu’il est Grand parce qu’il a de la culture. Non. Ce soir, je suis simplement l’ado attardé qui survit au fond de moi et qui ne demande qu’à sortir. Je suis comme ceux qui font poindre un sourire sur le visage de Ray quand il voit que tout le monde aime ce qu’il chante, ce qui ne doit plus lui arriver aussi souvent.
Ce soir, je suis juste moi. Et ça fait du bien.

Je suis heureux…et ça fait des mois que ce n’est plus arrivé. Voir plus. Je pensais m’ennuyer comme un rat mort ici, mais ce n’est pas le cas. C’est une soirée d’anciens étudiants de la fac, promotion 97. La moitié ici s’est arrêtée au DEUG, je suis un des seuls à être allé plus loin. D’habitude, je fais bien sentir aux fantômes de mon passé combien je leur suis supérieur, combien j’ai une vie meilleure que la leur avec mes diplômes, mon superbe appartement…mais pas ce soir. Ce soir, je souris juste, je danse un peu, je plaisante et je bois. Du jus d’orange. Pour une fois.

La vie est belle, ici. Un ancien camarade a organisé cette soirée il y a quelques mois, et je ne suis là uniquement parce que mon projet d’aller dans l’appartement d’un ami pour boire et payer des putes pour se déhancher devant nous est tombé à l’eau…le pauvre vieux est à l’hôpital, une overdose. Pauvre mec. Je devrais lui envoyer quelque chose, demain. Peut-être de la farine, pour déconner. Ou pas.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas envie d’être méchant ou stupide, ce soir. Marre d’être égoïste. Marre d’être con. Marre d’être arrogant. Marre d’être un branleur. En regardant ces gens danser, je pourrais me dire combien ma vie est nulle, combien je suis passé à côté du bonheur. Ok, je gagne plein de fric, mais je ne suis pas heureux : je me drogue, je bois, je n’ai pas de vrais amis, mon boulot me bouffe tout mon temps et je pleure chaque soir parce que je veux mourir.
Eux…eux sont biens. Ils n’ont pas tout ce que j’ai, mais ils ont bien plus. Presque tous sont mariés et ont l’air heureux. D’accord, ça ne doit pas être facile tous les jours, mais au moins ils ne sont pas des loques comme moi. Ils sont des gens normaux. Ils sont des gens biens qui, même si ils font un peu attardés ce soir à danser sur une chanson vieille de vingt ans et à parler de dessins animés qu’aucun jeune actuel ne connaît, devraient normalement me rendre jaloux.

Mais ce n’est pas le cas. Je suis heureux, ici. Avec eux.

Il est deux heures du matin. Je ne suis pas bourré. Je ne suis pas drogué. Je ne suis pas entre les jambes d’une immigrée roumaine ou sud-américaine priant pour que je finisse vite. Je bois du jus d’orange en discutant avec des gens gros, pas très beaux, pas toujours intéressants mais gentils. Je rigole de choses bêtes, mais simples. Je parle de mes souvenirs, de la période universitaire, de mes délires, de nos conneries…de l’âge de l’innocence.

Je revois d’anciens amis, avec qui j’étais comme frère mais que j’ai abandonné depuis. Ils ne m’en tiennent pas rigueur, et parlent avec moi comme si rien n’avait changé. Je souris à une fille qui me répond alors que je l’ai fait pleurer jadis. Elle m’avait proposé de sortir un soir, et tout ce que j’avais trouvé à répondre, c’est que je n’avais aucun intérêt à lui parler vu qu’elle n’avait pas d’amies jolies, car « il n’y a qu’un seul cas où il est convenable d'aborder une femme laide : c'est pour lui demander si elle ne connaît pas l'adresse d'une jolie femme ». J’étais déjà con, à l’époque. Je n’ai fait qu’empirer, depuis.

En regardant tous ces gens, je pourrais déprimer en me demandant ce que dirait le gosse que j’ai été, celui dont le cœur vibrait devant Ghostbusters, avec son ours en peluche en rêvant d’aller aider Ray et les autres en tuant le monstre avec son positroneur nucléaire. J’étais un gamin quand j’ai vu ce film pour la première fois, et j’ai été de suite fan. Qu’est-ce qu’il dirait, ce petit garçon, en me voyant maintenant ? En voyant la loque qu’il est devenu ?
Il ne serait pas content. Il pleurerait. Et normalement, en me rendant compte de ça, en voyant ces gens heureux comme je ne le serais jamais, je devrais aussi faire ça. Je devrais aussi m’écraser et me dire que j’ai raté ma vie…ce qui est le cas, quand même. Mais je ne réagis pas comme ça. Au contraire, je me sens…bien.

Je me sens chez moi, ici. Je me sens entier. Enfin. Depuis tant d’années, je suis à la recherche de quelque chose. Une partie de moi me manque, et j’essaye de la retrouver dans l’alcool, le travail, la drogue, les fans, le cynisme…mais ça ne fonctionne jamais. Je n’ai jamais rien trouvé, à part le néant de mon existence et l’inutilité de mes actes. Et ce soir…ce soir, je comprends enfin ce qu’il me manque tant. Je sais ce que j’ai perdu et ce que je recherche depuis si longtemps.

L’âge de l’innocence.
Ce moment où j’étais un simple adolescent rêvant de changer le monde, de marquer l’Humanité de mon empreinte. C’est pour ça que j’ai voulu faire tant d’études…pour devenir quelqu’un, pour avoir de l’importance et faire quelque chose. Je voulais révolutionner la société, la rendre meilleure, en chasser les monstres. Je suis devenu un de ces parasites qui profitent du monde et des gens et qui se détruisent peu à peu. Je suis ce que je voulais détruire.

C’est triste, mais ce soir…ce soir, je sens que tout n’est peut-être pas perdu.

Je suis au milieu de ceux qui ont façonné l’adolescent que j’étais. Je suis au milieu de ceux que je ne voulais jamais perdre de vue, jadis. Je suis avec les personnes qui comptaient le plus pour moi, mais que j’ai éloignées. Et je me sens bien, tout simplement. Rire à des choses vaguement drôles, être gentil, faire des efforts, s’amuser tout simplement…ça me manquait. Ils me manquaient.

Ce sont mes amis. Mes frères, mes sœurs, mes amours. Je les ai perdus de vue pendant dix ans, et je suis devenu…autre chose. Mais c’est fini, je crois. Je me rends compte que tout ça, ce n’est pas moi. Être con, bête, méchant…nan, ce n’est pas moi. J’ai été ainsi car je voulais me fondre dans la masse. J’ai été comme ça car je n’ai pas osé aller dépasser mes limites et changer les choses, comme je voulais le faire. Et je sais pourquoi j’ai été ainsi : car ils n’étaient plus là. Car j’étais tout seul.

Oui, ce soir, je suis heureux. Je suis de nouveau moi. Je suis avec mes amis, au beau milieu de la mer, sans alcool et à m’amuser simplement. J’ai joué à l’adulte blasé pendant dix ans alors que je suis toujours un gosse, comme eux. Je me suis caché dans ce costume parce que j’étais seul et que j’avais peur. Mais c’est fini, maintenant.
Il est temps que je reprenne les commandes. Que je refasse des conneries. Que je sourisse. Et que je sois heureux. Comme ce soir. Comme quand je suis avec eux.

Ray finit sa chanson et est acclamé. Les larmes perlent à ses yeux. J’applaudis violemment dans mes mains. Il le mérite. C’est un vieux monsieur qui n’a pas souvent l’occasion d’être autant apprécié. Merci, Ray. Tu as marqué mon enfance par ta chanson, et j’espère que tu t’en sortiras. J’espère que je m’en sortirai, aussi. Mais je crois que oui.

Ce soir, je me rends compte de ce que je suis et de ce que je veux être…et ne plus être. Je veux être heureux, comme maintenant. Je veux rire, m’amuser et laisser sortir l’homme que je suis vraiment. Cette soirée devait être ennuyeuse. Elle est finalement révolutionnaire et extraordinaire. Elle me fait sourire et me fait changer. C’est quand même mieux que quelques heures passées avec de la drogue et des putes. Et surtout…c’est moins cher.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 8 Déc - 4:18

heummm...disons qu'effectivement,tu as fait un effort pour rendre le texte un peu plus (reprenons le terme...) "joyeux" qu'à l'ordinaire.mais,je sais pas comment tu fais,tu cases toujours malgré tout une bonne dose de cynisme,voire d'humour noir. Mr. Green
Tu n'as sans doute pas lu 99 francs, de Beigberder,mais par certains aspects le narrateur de ton récit m'a fait penser au héros de ce livre.Sans doute à cause du recul dont il fait preuve sur sa situation^^
en tous les cas,même si tu n'as pas casé "hakuna matata" dedans,c'était une lecture agréable.et il n'y a même pas de morts.Sans la phrase de fin(même si elle peut être prise de plusieurs façons différentes) ca aurait sans doute été encore plus joyeux.mais moins drôle. Mr.Red
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 8 Déc - 12:29

Les vieux réflexes ont la vie dure. Mr. Green
Et pour répondre à ta question, si, si, j'ai lu 99FR. Mais j'ai quand même préféré le film (le livre est lourd, arrogant et au style parfois très moyen).
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 8 Déc - 15:40

Rirox a écrit:
et il n'y a même pas de morts.

Y a quand même un type qui a fais une overdose. Bah oui, c'est du Ben quand même. Ca peut pas être trop joyeux, ce serrait louche. Mr.Red

Sinon, j'ai bien aimé ce texte. Vraiment très sympa, avec une dose d'humour noir, un homme qui remet en question sa vie. très plaisant, bravo.
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Bakusan
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 8 Déc - 20:38

Tout a fait d'accord, c'est du Ben Wawe!!!
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 16 Jan - 0:03

Ca fait bien longtemps que je n'ai plus touché au clavier, et ayant fini les examens, je m'y remets lentement par un "petit" texte que j'estime assez plaisant. J'espère que ça vous plaira et que je n'ai pas trop perdu la main.

London by night.

La flammèche apparaît et embrase ce qui est proche. Rapidement, le feu prend dans la petite tige de nicotine recouverte de papier fin et blanchâtre. Il inhale lourdement, pour que l’étincelle devienne flamme. Il soupire. Ca fait du bien. Ca faisait longtemps. Il aime ça.
Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours eu cette saloperie dans la main et aux lèvres. Il est fumeur, il est né fumeur. Il mourra peut-être à cause de ça. Il devrait déjà être mort à cause de ça, en fait. Mais il a ses petits trucs pour s’échapper à ce genre de choses. Ça ne durera pas toujours, il le sait. Mais il en profite tant que ça fonctionne. Tant qu’il est toujours assez lui-même pour se trouver une porte de sortie. Sa spécialité.

Ses pas claquent sur l’asphalte. Il connaît ce son. Il l’accompagne depuis toujours. Comme les clopes. Comme cette ville. Sa ville. Il n’a pas grand-chose au monde, il a pratiquement tout perdu, que ça soit au niveau matériel ou au niveau relations, mais ça au moins, il est sûr : c’est à lui. Cette ville est à lui. Londres. Son monde. Son univers.

La nuit est fraîche, comme toujours dans la ville. La Tamise envoie son joli brouillard. Il a appris à l’aimer. Il a appris à s’y cacher, à s’en faire un allié. Ce n’était pas gagné d’avance, mais il a réussi. Il aime tout dans cette cité. L’odeur. Les sons. Le brouillard. L’agitation. Les petites rues étranges. Les pubs. Les endroits selects qui cachent des lieux encore plus secrets et souvent plus glauques. Les petits secrets inavouables. Les petits mensonges qui en donnent de gros.
Il aime tout à Londres. Sauf les gens. Il a du mal avec eux.

Non pas qu’il soit agoraphobe ou une merde du genre…non. Il a juste du mal à les voir sous un bon jour. Ça n’a pas toujours été comme ça, même si il a été durant toute son existence un petit con opportuniste et cynique. C’est juste qu’il a perdu des êtres chers…beaucoup. Trop. Et qu’il a du mal à accepter de se lier encore. Car il sait très bien que ça finira mal. Comme toujours. Et il en a assez de se battre et de souffrir au final.

La fumée s’infiltre dans ses poumons, et il soupire d’aisance. Ouais, ça fait du bien. Il essaye de baisser sa consommation, mais comme toujours, ça ne marche pas. Il est fumeur, et le sera toujours. Ca le déstresse et lui permet d’être plus serein, et parfois plus concentré. Et il en a souvent besoin, dans ce qu’il fait. Même si il ne sait pas vraiment comment le définir. Il n’a jamais cherché à trouver un nom à ce boulot. Peut-être parce qu’il s’en fout.
Il fait ce qu’il doit faire. Rien de plus. Même si ce n’est jamais joli.

Sur sa gauche. Accent gallois. Grosse bedaine. Crâne presque chauve. Les gestes incohérents, appuyé contre la vitre d’un pub. Un mec bourré, en train de délirer et de gueuler que les Sex Pistols ne sont rien que des pédés qu’il faudrait brûler. Il doit avoir plusieurs clones, à Londres, dans le même état. Surtout aux premières heures du matin.

Son pote essaye de le raisonner. Bon courage, mec, pense-t-il en s’arrêtant pour regarder la scène. Bien des fois, il a été dans le rôle du crétin totalement détruit par l’alcool, avec plus de bière dans les veines que de sang. Le bon vieux temps. L’époque où il n’avait pas trop de soucis à se faire. L’époque où il faisait son truc sans penser aux autres. Seulement, c’est fini. On est toujours rattrapé par son passé. On est toujours rattrapé par ses actes. Même lui.

Le Gallois continue et insulte de plus belle les Sex Pistols. Il soupire. Ce mec est con. Les Pistols n’étaient pas les meilleurs musiciens du monde, mais au moins ils faisaient bouger les choses et ces mecs savaient comment s’amuser. Il les avait rencontrés, à l’époque. Des mecs cools. Même si Johnny est un peu con et que Sid est parti trop tôt.
Pas des gens biens, nan. Pas vraiment le genre. Mais des putains de mecs quand même.

Il reprend sa marche. Il n’avait pas envie d’écouter plus…pas envie d’entendre encore que Sid Vicious a bien fait de crever, alors qu’il vaut facilement dix débiles de ce genre. Il n’est pas assez bourré pour exploser la gueule à ce crétin, et il n’a pas l’intention de boire plus pour en avoir l’occasion. Il a un peu passé l’âge pour ce genre de choses. Non pas qu’il se soit calmé…faut pas déconner, quand même. Juste qu’il réfléchit un peu plus avant de foncer tête baissée. Juste un peu.

Il continue encore, même si la voix faiblit à cause de l’alcool et de la distance qui s’agrandit entre eux. Quel gros con de gallois. Ce sont eux qu’il faudra cramer. Avec leurs putains de moutons.

Le bruit de ses pas se fait à nouveau entendre, alors que la cendre de sa cigarette est semée dans les différentes petites ruelles de Londres. Il devient vieux, quand même. Il a bientôt cinquante-quatre ans, bordel. Enfin, officiellement. Avec son truc, il fait moins que son âge. Mais quand même. Il en a fait du chemin depuis sa découverte dans le jardin, pas loin de quatre décennies auparavant. Beaucoup de choses ont changées. Pas en bien.
Mais il chasse tout ça de son esprit. Les souvenirs et les déprimes, ça n’est pas pour lui. Il est né pour vivre une existence folle et incohérente, et il est ok avec ça. Il a accepté ce fait depuis bien longtemps, et ce n’est plus maintenant qu’il va changer. Il est trop vieux. Trop con. Trop têtu. Ça n’en vaudrait pas la peine.

Ses pas le mènent près de l’eau, dans le brouillard, ce vieil ami. Il se sent bien. Ça l’a toujours calmé d’être près de l’eau. Il ne sait pas pourquoi. Il a pourtant eu pas mal de merdes avec ce genre de choses. Mais il est bien, là. Détendu. Calme. En paix avec lui-même. Du moins, autant qu’il peut l’être…et autant qu’on le laisse l’être.

La clope est jetée dans l’eau. Elles durent de moins en moins longtemps. Ou bien lui y fait moins attention qu’auparavant. Jadis, il pouvait les fumer durant un très bon bout de temps, simplement pour pavaner devant les potes. Ou économiser du fric. Il a toujours quelques problèmes d’argent. Mais il n’a plus de potes pour pavaner.
Ainsi va la vie. Une stabilité extrême pour certaines choses. Des putains de virages à quatre-vingt degrés pour d’autres.

Un cri. Dans la nuit. Pas vraiment rare à Londres. Malgré les chiffres et les « gentilles » mesures du « merveilleux » pouvoir en place, il y a encore des saloperies qui se passent par ici. Plus qu’on ne le croit. Plus qu’on ne veut le savoir. Les monstres se cachent encore à Londres. Ils s’y cacheront toujours. Parfois plus près qu’on ne veut bien l’accepter.

Il ne s’étonne donc pas de ce cri. Il en a entendu des centaines dans sa vie, et il est sûr que bien d’autres arriveront à ses oreilles. C’est donc avec tout le flegme britannique qu’il possède qu’il sort son paquet de cigarettes pour en mettre une autre à sa bouche. Il s’en fiche, en fait. Ce n’est pas son problème si quelqu’un a un souci. En plus, il ne sait même pas où c’est. Et il est vieux. Il a autre chose à faire qu’à jouer au héros. Il laisse ça aux autres. Aux dingues.

Seulement, si il n’est pas surpris par ce cri, il l’est plus par l’apparition qui lui succède. Sortant en trombes du brouillard, une jeune femme court. Nue. Les cheveux à moitié brûlés. Le corps recouvert de sang. Et avec un bras en moins. Ça, c’est pas commun. Même pour Londres.

Elle n’arrive même plus à crier. Elle semble à bout de force. Il n’aime pas beaucoup s’occuper des problèmes des autres, même si il a passé les trois quarts de sa vie à faire ça. Il rechigne toujours. Ça l’emmerde à chaque fois. Il dit qu’il ne veut pas se mêler des ennuis des gens qu’il ne connaît pas…et même de ceux qu’il connaît. Mais toujours, il soupire et s’avance vers ceux dans la merde pour les aider…simplement parce qu’il ne peut pas faire autrement.
Certains diraient qu’il a bon fond. D’autres qu’il est un héros malgré tout. Ils ne le connaissent pas. C’est un salaud. Mais il y a pire que lui. Et c’est ça qui fait le plus peur.

Elle a les yeux injectés de sang et de larmes. Elle a morflé. Le sang s’écoule de son bras et d’autres plaies sur son corps, mais il y en a trop pour que ça ne vienne que d’elle. Elle serait déjà morte, avec tout ça en moins. Ça veut dire qu’elle s’est faite arrosée. Et qu’il y a d’autres victimes. La merde.

Elle s’écroule à ses pieds, demandant de l’aide avec des râles et des gestes désespérés, alors qu’il a toujours sa clope à la bouche et le briquet dans la main. Il la regarde. Elle est en train de crever. Elle va crever. Il n’y a sûrement plus beaucoup d’espoir pour elle. Il pourrait la laisser là…de toutes façons, elle va y passer, personne ne peut l’amener assez vite à l’hôpital pour qu’elle s’en sorte. Ouais. Il pourrait la laisser, se casser et être peinard dans sa ville, à profiter de la nuit.
Il soupire. Il s’accroupit et range son briquet. Il ne la laisse pas.

Il la prend dans ses bras. Elle va y passer, il n’y a plus d’espoir. Mais ça ne veut pas dire qu’elle va vivre ça seule. Ca ne veut pas dire qu’il n’y aura personne avec elle lors de ses derniers instants. Son sang éclabousse toute la manche de son imperméable…il s’en fiche. Elle suffoque, elle a du mal à respirer. Normal. Elle n’a plus que deux ou trois minutes à vivre. Un simple regard lui suffit pour voir que son bras n’a pas été enlevé proprement, avec une scie ou un objet tranchant. Il y a des bouts de peau qui pendent, quelques morceaux d’os. C’est crade. Comme si on lui avait directement arraché le bras. Comme si on l’avait mordu…
Mais pas de conclusion hâtive. Faut essayer de la faire parler. Savoir qui lui a fait ça. Pourquoi. Où. Retrouver l’enflure responsable et lui dire ce qu’il pense de ça. A sa manière. Lente et crade, aussi.

Il n’a que quelques minutes pour tenter d’en savoir plus. Elle est en état de choc, elle voudrait que tout se finisse vite même si elle s’accroche désespérément à la vie. Pauvre gosse. Plus personne ne peut la sauver. Il peut juste la faire parler pour retrouver l’enfoiré responsable. Il essaye. Ce n’est pas simple, mais il a une certaine expérience des mourants et il arrive à ses fins. En quelques instants, il réussit à lui extirper ce qu’il lui faut. Il sait qui et où.

Qui, c’est elle et ses potes qui voulaient acheter de la drogue et qui se sont faits embarquer par un type dans un endroit qu’ils n’auraient jamais dû connaître. Cet endroit, c’est le où. C’est le nom qu’elle lui a donné. La Maison. Il n’aime pas ça.

C’est fini, et il se relève. Elle ne pouvait survivre à ses blessures, et apparemment elle n’est pas la seule à avoir subi ça. Pauvre môme. Elle ne méritait pas ça. Ok, c’était une droguée et ce n’est jamais bon, même si il est loin d’être un exemple pour ça, mais quand même…pas comme ça. Pas de cette manière. Pas aussi jeune.

Il ramasse la cigarette au sol et l’allume, d’un geste las et fatigué. Il sait qu’il ne peut plus reculer et qu’il va devoir aller à la Maison. Ca ne lui plaît pas, mais il n’a plus le choix. Elle a saigné sur sa manche, elle est morte dans ses bras, elle lui a demandé de l’aide…et il n’a pas pu la sauver. Bien sûr, il n’est pas un de ces tarés qui veulent sauver le monde, mais quand même…il a un peu de conscience. Parfois. Dans certains moments. Et il est en train d’en vivre un.

A nouveau, ses pas résonnent sur l’asphalte londonien. Il ne zone plus, maintenant. Il ne se ballade plus. Il sait où il va. La Maison. Que ça lui plaise ou non, il est mouillé dans cette affaire, et il doit intervenir. Pour une gamine qui est morte bien trop tôt et bien trop cradement. Il ne la connaît pas et ne sait même pas si c’était une fille bien ou non, mais il s’en fiche. A Londres, un malade arrache les bras des mômes et s’amuse à les torturer après les avoir appâtés. Il n’accepte pas ça. Pas dans sa ville.

En quelques minutes à peine, il est arrivé. L’avantage de connaître la ville comme sa poche. L’avantage d’être trop souvent venu là, surtout.

La Maison. Une vieille bâtisse fin XIXe siècle, à l’époque où les architectes roulaient à l’opium et à d’autres trucs louches. C’était une drôle d’époque. Remplie de mythes, de monstres, de légendes et de drogues. Il aurait bien voulu y vivre. Même si il aurait eu du mal sans le punk et ses clopes.
C’est donc un vieil immeuble d’un étage, avec une grande porte en bois foncé, entourée de deux fenêtres au rez-de-chaussée. Une lanterne est posée à la droite de la porte, et il peut voir qu’il y a aussi trois vitres au premier étage. Aucune lumière ne s’en dégage. Le toit sombre et recouvert de vieilles tuiles ne semble faire qu’un avec la nuit, et la lanterne fait penser à une sorte de phare dans l’obscurité, menant à la porte comme si c’était le seul refuge possible aux ténèbres. C’est le but.

Il soupire, sa cigarette toujours à la bouche. Il n’aime pas la Maison. Il y a passé beaucoup de moments, et ils n’ont jamais été très réjouissants. Il n’aime pas ceux qui la font vivre. Il n’aime pas son origine. Il n’aime pas son fonctionnement. Il n’aime rien de cet endroit. Il toque quand même.

Un petit battant de la porte s’ouvre pour laisser apparaître une paire d’yeux vitreux. Quelques secondes passent, le temps pour l’autre de le regarder. Il ne bouge pas. Il n’a pas à le faire. Ils savent qui il est. Ils ont peur de lui et ils ne veulent pas de lui dans la Maison. Ils lui ouvrent quand même. Ils ne peuvent faire autrement…refuser serait pire qu’accepter.
Il entre. Devant lui, des dizaines d’hommes gros et gras sont en train de s’amuser avec des jeunes filles ou des jeunes garçons à des jeux qui feraient l’admiration du marquis de Sade. Il expulse violemment la fumée de sa bouche. Rien n’a changé. Rien ne peut changer.

Le majordome tente de l’appâter avec ses hôtesses et leurs charmes. Il l’envoie valser sans ménagement. Il n’est pas là pour ça. Rien ne l’intéresse vraiment, par ici. Il ne prend pas la viande avariée…surtout quand elle traîne avec des saloperies comme les maîtres des lieux. Il a de la dignité. Un peu. Quand il n’est pas bourré.

Il slalome entre les politiciens fouettés par des nymphettes en cuir et des folasses qui s’amusent avec d’autres copines. Il sait où il va. La cave. Même si le majordome essaye de lui dire qu’il n’a pas droit d’y accéder, qu’elle est fermée, que l’entrée est interdite, qu’il n’y a rien d’intéressant là-bas. Il se met même devant lui pour lui signifier l’ordre de sortir. Il s’arrête et le regarde, les mains dans les poches et la cigarette à moitié consumée à la bouche. Il ne bouge plus.
De longues secondes s’écoulent, et la témérité du majordome décline de plus en plus. Pas facile de lui faire face et de lui dire qu’il doit dégager. Beaucoup l’ont fait. Beaucoup s’en sont mal sortis. Lui ne va pas faire exception à la règle.

Il fait tomber sa cendre sur le sol et le regarde. Il sourit. Le majordome croit qu’il a gagné et qu’il va partir. Il se trompe. La seconde d’après, l’employé sent la cigarette entrer en contact avec son œil. Un cri inhumain s’échappe de sa gorge alors qu’on le frappe encore dans le ventre. Le majordome s’écroule à terre. Il n’avait qu’à pas le chercher.
Il le dépasse et se dirige vers la cave. A peine la porte ouverte, il entend d’autres employés le menacer et s’approcher de lui. Un seul regard suffit à leur faire comprendre que leur pote a eu de la chance et que ça ne sera pas leur cas si ils font un pas de plus. Ils comprennent, reculent. Lui descend.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 16 Jan - 0:03

La porte claque derrière lui. Les ténèbres l’entourent. Il n’est pas étonné. Ca se passe toujours ainsi, dans la Maison. Un effet de style, diront certains. Lui sait que c’est la volonté des propriétaires des lieux. Ils savent donc qu’il est là. C’est bien. Au moins, il n’aura pas à se présenter et à leur rappeler qui il est. Il peut prendre son temps pour descendre. Les faire saliver. Les faire se demander ce qu’il fait là. Les faire s’inquiéter.
Quand il sera en bas, il pourra presque sentir leur peur. Il aime ça, aussi.

Il est en bas. Comme d’habitude, la descente a parue une éternité. C’est normal. On veut lui faire croire qu’il arrive aux Enfers, qu’il est une âme morte condamnée à souffrir pour les siècles et les siècles. C’est drôle. Ils ne savent même pas ce que sont l’Enfer ou la souffrance. Même lui n’est pas sûr. Il a du mal à se rappeler de certaines choses, parfois.
Il regarde à droite et à gauche…rien. Seule une lumière dénote dans l’obscurité ambiante. Là, c’est un effet de style, vraiment. Les maîtres des lieux veulent terrifier ceux qui ont la folie de vouloir descendre jusqu’ici. Il a eu un peu peur, la première fois. C’est passé.

En quelques minutes, il arrive au niveau des premières portes, renfermant au choix des salons de torture, des jeunes filles compatissantes prêtes à tout pour quelques dollars et leur liberté, et d’autres choses dont il ne veut pas se rappeler. Tout ça ne l’intéresse pas. Il sait où il va. Il y est en quelques pas, juste le temps de sortir son paquet et son briquet. Il hésite. Ce n’est peut-être pas une bonne idée d’en allumer une…du moins tout de suite.
Il range le briquet. Soupire. Se malaxe le nez au niveau des yeux. Et entre.

Comme prévu, il voit une énorme marre de sang avec des corps sans vie au milieu, nus. Il voit aussi le bras de la gamine qui traîne sur une des marches menant au liquide rougeâtre, placé au milieu de la pièce avec une sorte de fontaine. Sur les côtés, il peut voir d’énormes robinets et lavabos, certainement prêts à déverser le sang qui se trouve près de lui. Tout l’endroit est construit en architecture romaine, avec en plus peu de lumière et des jeux avec les ombres pour accentuer l’effet…tout pour le style. Ces types feraient fortune à Hollywood. Mais ce n’est pas vraiment l’argent qu’ils recherchent. Lui non plus.

Evidemment, son regard se pose sur le mur opposé, et il voit ce qui doit s’y trouver. Les maîtres des lieux, assis sur des fauteuils de pierre. Les Hôtes. Trois êtres qui n’ont d’humain que la forme. Ils sourient, bien sûr. Ils sont heureux de le revoir. Ils commencent à parler, l’un après l’autre, de leur voix doucereuse. Ils veulent savoir si il est prêt à reprendre ses vieilles habitudes à la Maison. Si il veut regoûter à certains plaisirs. Si il a certaines personnes à faire disparaître. Si il a besoin de quelque drogue. Ils peuvent tout lui donner en échange d’un engagement de sa part envers eux.
Les crétins. Comme si il ne pouvait pas s’occuper de tout ça lui-même.

Lui aussi parle lentement et calmement, la cigarette toujours à la main. Il leur explique pourquoi il est là, ce qu’il veut et ce qu’il va faire. Au fil de son discours, ils froncent leurs sourcils et semblent moins à l’aise. Il sourit intérieurement. Il aime ça.
Finalement, il s’arrête de parler et les laisse réagir. Il leur a calmement annoncé qu’il allait faire ce qu’il fallait faire pour que tout ça s’arrête, et ils commencent à rire, à se moquer de lui. Ils lui disent qu’il n’est qu’un humain, qu’il ne peut rien contre eux et qu’ils vont le détruire comme ils ont détruit tous les autres. Ils lui annoncent aussi fièrement que si il avait été là deux minutes plus tôt, il aurait pu sauver le dernier gosse. Ce n’était pas la bonne chose à dire.

Il les fait parler, avant tout. Il veut savoir ce que leur ont fait ces gosses, pourquoi une telle boucherie, tout en évitant de poser trop son regard sur l’horreur qui s’entasse dans la marre rougeâtre. Ils lui disent simplement que les gamins voulaient de la drogue, qu’ils ont été amenés à la Maison mais qu’ils n’avaient pas de quoi payer et qu’ils ont refusé de s’engager. Ils sont partis et ont volé un objet pour s’en payer autre part…un porte plumes. Et les Hôtes ne l’ont pas supporté. Ils se sont vengés.
C’est aussi bête que ça. Six gamins drogués sont morts simplement parce qu’ils se sont frottés à ce qui ne doit pas exister, et parce qu’ils ont volés un porte plumes. Ancien, sacré pour les Hôtes, mais juste un porte plumes. La vie de six gosses pour un putain de porte plumes.

Il n’est pas foncièrement quelqu’un de bien…il n’est même pas du tout quelqu’un de bien. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il a du mal avec l’injustice et les saloperies de leur genre. Beaucoup de mal. Calmement, il remonte ses manches. Tout sourire a disparu de son visage. Il range la cigarette dans son paquet. La nuit va être longue. Il aura besoin d’elle, plus tard…quand tout sera fini.


Trois heures plus tard. Londres. Sa ville. Ses pas claquent toujours sur l’asphalte, et le sang a séché sur sa manche alors que les premiers rayons du jour apparaissent. Il fume. Encore. Il est fatigué, mais au moins s’endormira-t-il mieux ce soir. Ce qu’il a fait n’est pas beau, mais il devait le faire, tout simplement. Les monstres n’ont pas droit d’exister dans la cité. Pas sans son accord.

Alors que la fumée s’échappe toujours de sa bouche et de sa cigarette, il soupire et se demande de quoi la nuit suivante sera faite. Mais alors qu’il tourne à nouveau dans une des multiples rues de la ville, il sent une grosse masse s’effondrer sur lui, violemment et subitement. Il tombe, et l’énormité est sur sa poitrine. C’est un homme. Gros, laid, puant. Surtout puant.
En jurant, il parvient à se dégager, et aide même le type à faire de même. Il est bourré, il ne va pas bien. Il pourrait le laisser là, mais bon…il a déjà été dans cette situation. Et il était bien content quand les connards l’ont été un peu moins pour lui donner un coup de main.

Le type se relève, et il le reconnaît…le Gallois qui n’aimait pas les Sex Pistols. Et en plus, il lui vomit dessus, éclaboussant son visage tout en ruinant son imperméable et sa chemise. Ses jointures craquent sous la pression des poings serrés. Ses dents grincent sous sa nervosité et son envie de meurtre. Il a la rage. Il veut lui exploser la tête et ne rien laisser de son visage. Il veut le rouer de coups et le frapper, encore et encore, jusqu’à en faire de la bouillie humaine.
Il le regarde. Et ne le frappe pas.

Il parle une minute avec le type et lui donne quelque chose, en souriant légèrement. Il lui recommande de bien faire attention et lui murmure quelques mots à l’oreille. Il pose sa main sur son épaule en signe d’amitié. Et il s’en va, calmement, sa cigarette toujours au visage et les habits maculés de sang et de vomi.

Quelques minutes plus tard, le Gallois rencontre son ami, celui qui l’avait aidé, plus tôt. Il l’aide à marcher, avant de sortir le cadeau de sa poche. Il lui dit qu’il a rencontré un type sympa’, qui l’a aidé et qui lui a donné un cadeau. Il doit le garder toujours, ça lui portera chance, c’est une sorte de talisman. Ça l’empêchera de tomber sur des mauvaises surprises.
Le Gallois sourit, alors qu’on l’aide à marcher. Il murmure difficilement qu’il a eu de la chance de tomber sur un mec bien, qu’il n’y en a plus beaucoup à Londres, que c’était vraiment un chic type. Quelques mètres derrière lui, des ombres se mettent étrangement à bouger et à s’agiter. Son ami lui demande le nom de son bienfaiteur. Le Gallois met quelques instants avant de se rappeler, et il n’y arrive que quand il regarde son cadeau : un porte plumes. Un beau porte plumes ancien. Le type qui lui a donné ça s’appelle John. Et c’est vraiment un mec bien.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyMer 16 Jan - 19:11

C'est dure et sombre. Très sympa à lire en tout cas, et j'ai apprécié ce côté pragmatique du récit que tu mets en valeur à travers ton personnage. Tout est bien amené, on ne s'ennuie pas malgré le peu d'actions. Tout est crédible, également. Bravo.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyVen 18 Jan - 22:44

Merci beaucoup. J'ai voulu ici rendre hommage au personnage, j'espère avoir réussi.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 19 Jan - 2:39

ayais,j'ai lu aussi.(un peu à la bourre,certes) ^^
Déjà,je dois dire que je ne connais que très peu le personnage mis en scène,j'ai vu une adaptation ciné,point.et je me doute que la BD est bien plus riche et le pesonnage plus intéressant (même si il ne manque pas d'une certaine classe,c'est vrai).
L'ambiance est vraiment glauque,je crois que c'est le mot.mais ca colle très bien au récit,et à une certaine image de Londres,aussi.C'est bien raconté et je trouve,et comme a dit Lex le coté pragmatique du personnage joue beaucoup dans l'ambiance.Je me suis lu le texte avec la chanson que tu m'as passé tout à l'heure (London Calling) en fond sonore,et je peux te dire que ca aussi,ca rajoute à l'ambiance du texte.Bon,c'est pas le truc à se lire un soir de déprime,encore une fois,mais j'ai bien aimé.et donc,non,tu n'as pas "perdu la main". Mr. Green
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 19 Jan - 14:27

Merci beaucoup, ça fait vraiment plaisir. Lire ça avec London Calling est une bonne idée, mais je pense que ça serait aussi bien passé avec l'album des Sex Pistols. En tout cas, c'est top d'être suivi, merci à vous.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 26 Jan - 15:45

Je reviens avec un nouveau texte, provenant de ma psychée malade et dérangée, évidemment. Au programme : SF, idées totalement dingues, un peu de style j'espère quand même, monde futuriste déshumanisé et rempli de règles délirantes. Bonne lecture aux courageux.
(ceux qui ont déjà lus normalement ce texte doivent savoir que je l'ai pas mal modifié Wink)

Le pari.

« Tu as ce qu’il faut ?
- Je crois.
- Il faut que tu en sois sûr. Tu n’as droit qu’à un essai. C’est comme la roulrus : ou c’est bon, ou c’est fini. Et ne continue pas, même si tu perds : ça n’en vaut pas la peine.
- Je sais, je sais. Pas besoin de me mettre la pression non plus.
- Désolé, mon chéri. C’est que…c’est tellement important…
- Je sais. »

Il colla sa vitre contre la sienne pour mimer un baiser sur son le haut du casque de sa combinaison et sourit légèrement, même si il avait du mal depuis que ses lèvres étaient tombées après une erreur dans son système de ventilation. Au lieu d’un air juste frais comme il l’avait commandé, la machine avait programmé une température glaciaire, comme on en trouvait en Afrique ou en Amérique du Sud. Il avait fallu attendre plusieurs longues heures avant que la maintenance du Consulat ne vienne arranger tout cela, et il n’avait donc plus de lèvres. Mais ce n’était pas le pire, au fond : il aurait pu perdre son nez ou ses oreilles. Là, ça aurait été plus problématique, même si il avait déjà entendu que les combinaisons pouvaient s’adapter pour pallier ce manque. Néanmoins, il n’était pas encore prêt à découvrir si c’était vrai ou non.

« A tout à l’heure, j’espère.
- Patlièvre, Jack.
- Trèflquatfeul, chérie. »

Il soupira et passa dans la zone d’attente entre l’extérieur et leur conapt de douze mètres carrés. Ils avaient de la chance d’avoir obtenu tout cet espace à la roulrus nationale, jadis : tout le monde savait que c’était plus que dangereux vu qu’on pouvait soit tout gagner, soit tout perdre, mais ils n’avaient alors rien à sacrifier. Quoiqu’il s’était passé, ils venaient de se marier et ne possédaient en tout et pour tout que leurs combinaisons et deux Unités : rien d’important n’aurait donc pu leur arriver. Ce jour-là, la Chance et les deux autres divinités avait été avec eux, et ils avaient ainsi hérités de cet immense conapt. Et aujourd’hui, il partait pour tenter de le garder.

Ca faisait des années qu’ils l’avaient, réussissant toujours à y rester grâce à leur pourcentage de chance annuel. La règle était simple et universelle : les gains restent la propriété des vainqueurs, du moment que ceux-ci ont au moins 56.5% de chance chaque année. C’était calculé en fonction de la chance d’avoir un métro au moment où on arrive sur le quai, en fonction d’un avancement fortuit, en fonction de tout ce qui pouvait arriver dans l’année et qui n’était pas prévu ou contrôlable par l’homme.
Le pourcentage avait été calculé par les plus grands scientifiques du Consulat, qui étaient arrivés à la conclusion qu’un Terrien normal avait 54.5% de chance dans l’année, et donc 45.5% de malchance en contrepartie. Et donc, pour que les gagnants restent propriétaires, il fallait évidemment qu’ils soient plus chanceux que les autres. Jusque là, Jack et Janice avaient réussi, mais cette année-là, ça ne semblait plus être le cas.

La porte derrière lui se scella, le coupant totalement de sa compagne, alors que celle devant lui s’ouvrait lourdement. Elle était un peu rouillée, mais la maintenance ne jugeait pas des réparations utiles, et ils devaient donc vivre en espérant qu’elle ne resterait jamais coincé. Qu’elle soit ouverte ou fermée, si elle ne bougeait plus, elle les condamnait à une mort certaine : soit par l’impossibilité de chercher à aller travailler, ce qui se soldait par une exécution par l’arrêt total des combinaisons au bout d’une journée chômée, soit par une exposition trop longue et brutale aux rayons du soleil, qui n’étaient plus arrêtés par l’atmosphère terrestre. Jadis, leurs ancêtres s’étaient moqués de l’effet de serre. Aujourd’hui, ils étaient maudits par leurs descendants pour leur stupidité.

Jack soupira et s’avança vers la plateforme qui prenait naissance à l’entrée de son conapt, et se mit rapidement à marcher vers le quai du métro. Il n’était que six heures du matin, mais déjà la température extérieure frisait les cinquante degrés : la journée serait difficile. Il lui fallait faire vite : il commençait à travailler à huit heures et demi, et il se devait d’aller faire sa course avant d’aller au boulot. Sa survie en dépendait.

Evidemment, quand il arriva sur le quai, aucun métro en vue : ça aurait été trop facile. Encore une fois, il sentit une boule au fond de son ventre, en même temps qu’il jetait un œil sur la petite sphère mécanique qui l’avait rejoint sur le chemin. Sa surface argentée était entièrement plane, à la seule exception d’une petite lentille qui n’arrêtait pas de le fixer : elle le filmait. C’était un des mouchards du Consulat, les machines qui enregistraient les faits et gestes de Jack pour permettre aux scientifiques gouvernementaux de calculer son pourcentage de chance. Là, il venait encore de perdre des points.
Cette chose le suivait n’importe où et n’importe quand, et chaque Terrien en avait une au-dessus de lui. Heureusement, le Syndicat avait réussi à l’interdire dans les conapts, et c’était une véritable bénédiction de ne pas être surveillé chez soi. Bien sûr, les caméras gouvernementales de la Protection et de la Vigilance du Consulat, la fameuse PVC, observaient tout, mais au moins elles ne vérifiaient pas le niveau de chance. Ce n’était rien d’être épié vingt-quatre heures sur vingt-quatre si on n’enregistrait pas des preuves contre vous. La vie privée n’était rien face à la vie tout court.

Le métro arriva quelques minutes plus tard, alors que Jack sentait sa combinaison subir les premiers effets de la chaleur. La température interne était toujours réglée sur « douce brise printanière », et ça commençait à ne plus être suffisant pour lutter contre les rayons du soleil qui le chauffait. Néanmoins, il n’osait pas changer la programmation. Le souvenir de ses lèvres tombant vulgairement contre la vitre de sa combinaison le fit frissonner. Il ne voulait pas revivre un autre événement du genre.
Sans un mot et subissant de plus en plus la chaleur, Jack s’engouffra donc dans l’astronef à six places qui passaient tous les quart d’heure pour transporter la population du six cent soixante-sixième étage de la Tour qu’il habitait jusqu’à l’embranchement le plus proche, où ils pourraient prendre d’autres métros. En regardant le ciel, il vit les quatre cents étages supérieurs de la Tour, plaignant ceux qui vivaient là-haut. Plus on s’approchait du soleil, plus il faisait chaud et donc plus le risque de mourir augmentait. Avec Janice, étant jeunes, ils avaient vécus à un étage huit cent cinquante ou quelque chose du genre. Même à l’époque, ça avait été dur. Il n’imaginait pas retenter ça maintenant, et sa détermination de sauver sa situation n’en fut que renforcée.

Une heure et demi plus tard, Jack sortit de son troisième métro pour déboucher sur le quai sale et mal entretenu qui était sa destination. Il était dans une des Tours les plus dangereuses de la ville, et au sept centième étage en plus. Sa combinaison n’était toujours pas adaptée à la chaleur, mais il n’avait pas le choix : risquer de changer était trop dangereux, et il le savait. Il se devait de souffrir, c’était apparemment écrit pour cette journée. Peut-être cela allait-il lui porter chance : il fallait bien que ça s’équilibre quelque part, et le moment était tout indiqué pour ça.

Il marcha rapidement devant les portes de conapts pour finalement arriver à sa destination, tandis que la température augmentait encore. C’était une vieille porte en fer qui était brûlée par endroits et qui était directement sujette aux premiers rayons du soleil, le matin. Il savait que le lieu avait été choisi exprès pour que la PCV ne vienne pas se risquer à une perquisition le matin, au moment où le soleil était le plus puissant : ainsi, les propriétaires des lieux avaient le temps de tout remettre en ordre en cas d’arrivée surprise des agents du Consulat. C’était une mécanique bien huilée, et Jack espérait qu’elle fonctionne encore ce matin-là. En soupirant, il posa sa main contre le battant de la porte et attendit que sa combinaison transfère les informations à l’ordinateur du conapt. Après quelques secondes, la porte s’ouvrit sur la zone d’attente.

Evidemment, il y entra et remarqua combien elle était sale et mal entretenue : graffitis un peu partout, déjections humaines ou animales dans les coins, interfaces brûlées par les rayons du soleil…le fait que tout fonctionne encore tenait du miracle. Ça ne le rassura évidemment pas, mais il repensa à ce qu’il risquait si il ne réussissait pas aujourd’hui, et il serra les poings pour forcer sa détermination. Il devait entrer et gagner, il n’avait pas le choix.
La porte derrière lui se ferma et la seconde s’ouvrit quelques instants plus tard. Il s’engouffra dans le conapt de cinq mètres carrés et rempli d’une douzaine de personnes. Ils étaient évidemment tous serrés, mais vu que la gravité était coupée, il y avait encore de la place pour au moins six autres joueurs. Il n’y avait donc pas foule, et ça l’arrangeait.

Jack s’approcha de la table qui était au centre de la pièce et clouée au sol par d’énormes barreaux. Un Maître du Jeu était derrière lui, collé évidemment à sa chaise elle aussi fixée sur la moquette. Les Maîtres du Jeu étaient des personnes vendues par leurs parents aux casinos et autres agences gouvernementales à leur naissance, et ils étaient fusionnés avec leurs chaises et leurs tables quelques semaines après leur vieillissement artificiel. Ils n’étaient plus vraiment humains, et n’avaient comme seul objectif que la continuation perpétuelle du jeu. A voir les cicatrices sur le visage et les membres de celui-ci, et le fait qu’il porte un uniforme du Consulat, Jack comprit qu’il avait été volé par les propriétaires des lieux. Ca ne lui plaisait pas vraiment, mais il ne pouvait pas se permettre de faire quelque chose, et il chassa donc toute sympathie et pitié de son cerveau en se concentrant sur son objectif. Il ferait bien une électro-thérapie plus tard, pour se pardonner lui-même.

Il lévita au-dessus de la table et tâcha de s’installer le plus confortablement possible avec les barres placées au plafond pour se stabiliser. Sa combinaison n’aimait pas vraiment quand il faisait trop de mouvements, mais il ne pouvait pas faire autrement. Un jour, il lui faudrait en changer, mais ce n’était pas aussi simple que ça, et les nouvelles combinaisons ne couraient pas les rues. Déjà qu’il était difficile d’équiper tous les nouveaux nés, pas sûr qu’on accepte de changer celle d’un quadra à un niveau si peu important.

Les combinaisons étaient apparues deux siècles plus tôt, quand il avait été clair que les rayons du soleil étaient devenus trop violents et trop incontrôlables. Beaucoup de solutions possibles avaient été proposées pour protéger la Terre des conséquences de l’effet de serre, mais aucune n’avait fonctionné, et on en était donc venu à la conclusion qu’il fallait se résigner à une protection individuelle, permanente et quelque peu horrible. Désormais, toute la population terrienne était équipée dès la naissance de sa combinaison, qui avait une relation symbiotique avec l’être humain : elle grandissait en même temps que lui, lui fournissait l’air qu’il nécessitait, recevait la nourriture qui lui était transmise pour l’injecter dans le corps de son hôte, etc.
La combinaison était pratiquement devenue le véritable corps de l’Homme, mais elle n’était pas sans désavantages : à cause d’elle, la reproduction était faite artificiellement et l’amour physique était prohibé, mais le pire était surtout qu’elle contrôlait totalement la survie de son propriétaire. En effet, en cas de panne, il ne pourrait survivre longtemps étant donné qu’il dépendait totalement d’elle, mais surtout, c’était elle qui le tuait le moment venu. Dès la venue au monde, la durée de vie du bébé était calculée selon ses attributs génétiques et le mode de vie dans lequel il allait évoluer (ce qui provenait encore une fois de la chance : si un bébé naissait à une heure X, il pourrait avoir une meilleure vie que le bébé né deux minutes plus tôt ; c’était évidemment inégal, mais le système était ainsi fait). Et quand le moment était arrivé, la combinaison cessait de fonctionner, ce qui rendait bien sûr toute vie impossible : la mort était désormais programmée à l’avance et tout le monde connaissait sa « date limite ». Beaucoup s’étaient élevés pour protester contre cette technique, mais elle était finalement rentrée dans les mœurs et plus personne n’y trouvait vraiment à redire.

« Euh…je voudrais jouer. »


Dernière édition par le Sam 26 Jan - 15:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 26 Jan - 15:45

Le Maître du Jeu leva ses yeux vides vers lui et parla d’une voix évidemment neutre et sans vie. Son teint blafard le fit frissonner.

« Evibzztdemment, monbzztsieur. Quelle bzzt mise ?
- Euh…six mois.
- Imbzztpossible.
- Quoi ? »

Jack blêmit. Les autres joueurs se mirent à ricaner, même si ils semblaient plus concernés par leurs propres pertes et gains sur leur écran, qu’ils ne quittaient pas des yeux, que par son destin. Néanmoins, il était courant que chacun ait toujours l’oreille qui traîne, pour voir si un autre gagnait une grosse somme ou si un événement se passait. Ça en avait sauvé beaucoup de la PCV.

« Monbzztsieur, la bzzt mise minibzztmale est bzzt d’un bzzt an.
- Il n’est pas possible de parier pour une mise inférieure ?
- Non bzzt.
- Bon…d’accord. Je mise un an.
- Merbzztci, monbzztsieur. Quelle bzzt périobzztde ? »

Devant Jack, un écran tactile apparut sur ordre mental du Maître du Jeu, qui était apparemment endommagé. Il espérait que ce n’était que dans ses fonctions mentales, mais il avait un peu peur que le jeu soit déjà biaisé à cause de ces problèmes. Il aurait bien demandé aux autres, mais il savait qu’il n’aurait pas de réponses et que ça fragiliserait sa position…peut-être même que certains l’agresseraient dehors, en bravant la surveillance de son appareil de chance, resté à l’extérieur car il n’avait jamais le droit d’entrer dans un conapt. Non, il devait se débrouiller seul et prier la Chance, Patlièvre et Trèflquatfeul de l’aider.

Après quelques secondes d’hésitation, il choisit la première proposition : XXIe siècle. L’écran se modifia en fonction de la période visée et fit apparaître une question avec deux choix possibles : « L’effondrement de l’économie européenne s’est produit en 2057. Pourquoi ? » et les réponses proposées : « A cause de la guerre américano-orientale de 2052 » ou « A cause du refus de la Russie de rejoindre les Etats-Unis d’Europe en 2055 ».
Jack soupira lourdement. La Chance n’était définitivement pas de son côté. Il avait une minute pour choisir la bonne réponse, sinon il perdrait une année entière de sa vie, qui était pour le moment calculée à quatre-vingt douze ans, huit mois et cinquante jours ; on avait abandonné le calcul des heures bien avant sa naissance. Les propriétaires des lieux la retirerait de sa combinaison, qui mettrait fin à son existence au moment choisi, et ils pourraient revendre cette année au plus offrant, à ces gens extrêmement riches qui voulaient repousser la date de leur décès. Si il gagnait, au contraire, il aurait alors une Carte de Chance, et c’était là son but ultime.

La Carte de Chance était un de ses objets mythiques qui changeait une vie. Même si son degré de rareté n’était pas aussi grand que la majorité des gens le croyait, le nombre de Cartes en circulation restait quand même assez faible pour susciter les convoitises, et pour cause : en avoir une donnait automatiquement le droit à 20% de chance en plus. Avec ce qu’il avait calculé, Jack en était en ce moment à 40.7% de chance annuelle, et Jacine à 50.2%. Il lui suffirait de répartir la Carte de Chance entre elle et lui, et ils seraient sauvés. Même si en avoir une à ce jeu était illégal, le Consulat ne vérifiait pas vraiment les méthodes d’acquisition des Cartes de Chance, et ils pouvaient ainsi s’en tirer…si il gagnait aujourd’hui. Ce qui était incontrôlable, malheureusement.

Ce type d’endroit était appelé la Salle de Pari, et ce n’était pas pour rien : personne ne connaissait jamais les réponses aux questions posées. Celles-ci s’arrêtaient au XXIIe siècle, à savoir six siècles plus tôt ! Aucun Terrien ne pouvait connaître des éléments aussi insignifiants que la chute des Etats-Unis d’Europe et de leur économie, c’était impossible. Le seul choix était alors de parier sur une des deux propositions, et généralement, le parieur perdait, et continuait à essayer car si il en était réduit à tenter ça, c’était qu’il n’avait pas d’autre choix. C’était un cercle vicieux, et beaucoup disaient que le Consulat encourageait ça pour que les six consuls principaux puissent continuer à survivre très longtemps. C’étaient eux les plus grands acheteurs d’années pariées, mais personne n’osait vraiment le dire, même si c’était globalement connu de tous. La PCV veillait au grain.

« Euh…je parie sur « A cause de la guerre américano-orientale de 2052 ».
- Choix bzzt valibzztdé. »

Le Maître du Jeu lui fit un sourire sans âme alors que son écran devenait noir, après qu’il ait finalisé sa réponse en cliquant dessus. Il posa ses yeux sans vie sur le visage de Jack, qui suait à grosses gouttes dans sa combinaison à cause de la tension. Le système d’absorption de l’humidité avait depuis longtemps lâché, et généralement il ne le regrettait pas, mais là, il aurait bien voulu qu’il soit toujours opérant. Ca lui aurait au moins permis de se sentir moins faible et insignifiant face au Hasard.
Quelques secondes plus tard, l’écran se ralluma et montra la bonne réponse, alors que le Maître du Jeu reprenait la parole pour annoncer la nouvelle de sa voix déshumanisée.

« Maubzztvaise bzzt rébzztponse. Noubzztvelle bzzt mise ? »

Jack sentait la pression monter. Il savait qu’il ne pourrait plus jamais gagner ses années perdues, et que déjà Janice avait deux ans à vivre de plus que lui. Il savait aussi que sans lui, elle vivrait dans une misère plus grande et qu’elle passerait ses vieux jours dans un conapt au huit centième étage…voir pire. Mais il était certain que si il laissait la situation ainsi, ils passeraient directement à ce genre de conapt, et sans vivre dans un confort plus grand les cinquante années à venir. Il n’avait pas vraiment le choix : même si Janice lui avait interdit de le faire, il devait se sacrifier. Au moins pour elle.

« Oui. Un an, à nouveau. Période XIXe siècle.
- Merbzztci. »

L’écran apparut à nouveau, et la nouvelle question ne tarda pas à s’afficher avec ses deux choix : « De quelle nationalité était Porfirio Díaz ? » avec deux réponses possibles : « Mexicaine » ou « Ukrainienne ». Jack sentit à nouveau le sol se dérober sous ses pieds, même si il était accroché au plafond. Il ne savait rien de ce type, et ne connaissait même pas les nationalités proposées. Ça faisait bien longtemps que la délimitation par pays avait disparue sur la Terre et que le Consulat avait pris le pas sur le système précédent, tout en gérant les relations sociales sur la chance. On était arrivés à la conclusion, à l’époque, que les castes étaient néfastes si elles étaient basées sur des faits contrôlables par l’homme, et il avait donc été décidé de changer cela pour parvenir à une classification sur la chance, les probabilités que personne ne pouvait gérer. Pour tout le monde, maintenant et depuis longtemps, il y avait le Consulat et son système de chance qui régissaient tout, et rien d’autre. C’était donc à nouveau une question impossible.

Les secondes s’écoulaient, et il savait qu’il risquait toute son existence sur son choix. Janice comptait sur lui, et il ne pouvait la décevoir. Le souci, c’était qu’il n’avait aucune idée de la bonne réponse ! D’ailleurs, personne ne connaissait jamais la bonne réponse. Tous ceux qui venaient tenter leur chance perdaient car les questions étaient calibrées pour faire perdre et paraître illogique. A croire qu’on manipulait l’Histoire pour qu’elle semble incontrôlable et peuplée d’éléments qui n’auraient jamais eu lieu si certains s’étaient assis pour bêtement discuter au lieu de se taper directement dessus.
En désespoir de cause, Jack cliqua sur une réponse au hasard, et l’écran s’éteignit directement après.

« Choix bzzt valibzztdé. »

Le Maître du Jeu refit son petit manège avant que l’image ne revienne. Jack posa un regard las dessus, et fut à nouveau déçu. Il n’entendit même pas la parodie humaine devant lui annoncer qu’il avait encore une fois perdu. Il savait bien que venir ici, tenter de parier sur des choses inconnues était une folie, mais est-ce qu’il avait vraiment le choix ? Janice comptait sur lui, et il ne pouvait pas la décevoir. Leur vie entière dépendait de sa réussite ici, mais il était certain de perdre plus qu’il ne gagnerait, et ce en partant du principe qu’il finirait par avoir sa damnée Carte de Chance. Il mourrait bien avant sa femme, et celle-ci vivrait péniblement les dernières années de sa vie. Mais, en même temps, si il ne faisait rien, elle passerait encore plus de temps dans les hauteurs, près du soleil, à souffrir et à se demander quand sa combinaison lâcherait pour qu’elle soit enfin libre. Dans ses deux possibilités, Janice souffrirait et ça serait de sa faute. Autant choisir celle où son malheur serait le moins long.

« Je parie à nouveau. Même mise, même période.
- Merbzztci. »

Jack soupira et se remis à parier, encore et encore. Il ne compta pas le nombre de fois qu’il paria, mais il était sûr que Janice lui en voudrait à jamais si elle apprenait un jour toutes les années qu’il avait perdues. Bien sûr, elle serait touchée qu’elle ait fait ça pour elle, mais elle n’accepterait jamais son sacrifice…et c’était bien pour ça qu’il ne lui en parlerait pas. Mieux valait l’incompréhension de sa mort rapide que sa tristesse quotidienne en sachant leur destin.
Finalement, après plus d’une demi heure de paris intenses, il décida d’arrêter : il venait de perdre une dizaine d’années de vie, les divinités mises en place par le Consulat n’avaient apparemment pas envie de l’aider…à quoi bon, alors ? Dépité, il se laissa glisser des anneaux sous le regard amusé des autres joueurs. Il savait qu’ils riaient de lui, mais eux non plus ne gagnaient pas et perdaient leur existence à ces jeux impossibles. Ils étaient autant pathétiques que lui, même si il s’interdit de répliquer.

Il lévita jusqu’à la porte et entra dans la zone d’attente, le moral détruit : il n’avait pas réussi à gagner sa Carte de Chance, et en plus il avait perdu plusieurs années de vie. Janice et lui allaient retomber à un niveau social extrêmement bas, et en plus il ne pourrait pas s’occuper d’elle autant de temps qu’il l’aurait voulu. La journée commençait vraiment mal.

La lourde porte coulissa devant Jack, et il retrouva le quai qu’il avait laissé, ainsi que le mouchard du Concordat. D’un air las, il se mit à marcher vers le métro, sachant bien que sa vie était brisée et que plus rien ne pourrait le sauver. Janice allait peut-être le quitter pour se trouver un meilleur compagnon, et elle n’aurait pas eu tort : il n’était qu’un raté, et peut-être aurait-elle plus de réussite en retentant sa chance au roulmar, le système qui permettait de se trouver un conjoint selon son pourcentage de chance. Elle était encore jeune et son niveau n’était pas trop mauvais : elle pourrait s’en sortir, même si ça voulait dire que lui n’aurait plus rien.

Abattu, il s’approchait du métro qui n’était évidemment pas là quand quelque chose brilla au sol. Au départ, il crut que c’était la visière de son casque qui était encore sale, et il essaya donc de frotter son gant dessus, mais la brillance ne disparut pas : peut-être était-ce vraiment quelque chose par terre, se dit-il. Il s’accroupit et essaya de voir l’objet de ses recherches, ce qui était assez difficile étant donné qu’il avait le soleil juste en face de lui et que celui-ci faisait briller la passerelle argentée. Néanmoins, après quelques secondes difficiles, il finit par mettre la main sur quelque chose…et il n’en crut pas ses yeux.

« Trèflquatfeul… »

Jack déglutit difficilement alors qu’il se relevait et se mettait dos au soleil pour mieux voir ce qu’il tenait dans ses mains. Il ne pouvait pas y croire…c’était trop beau pour être vrai. Est-ce que c’était possible ? Est-ce que ça pouvait être ce qu’il pensait que c’était ? Est-ce que c’était bien une…Carte de Chance ?!

A nouveau, il transpira dans sa combinaison, mais cette fois-ci, il s’en fichait complètement. Dans sa main brillait une Carte de Chance, cet objet rare qui était normalement déposé aléatoirement sur toute la planète et souvent ramassé par des gens peu recommandables comme les propriétaires du lieu qu’il venait de quitter. A cause du système de pari, il était pratiquement impossible d’en trouver une ainsi, par « chance », avant que certains ne viennent les ramasser volontairement. Mais lui qui venait de perdre une dizaine d’années à essayer d’en gagner une, lui qui en avait tant besoin, lui qui était prêt à laisser partir sa femme pour qu’elle survive…lui venait d’en trouver une ! Une vraie !

C’était évidemment un événement hors du commun, et immédiatement Jack l’exhiba au mouchard du Concordat, pour que celui-ci voit bien la Carte de Chance et qu’il l’enregistre bien. Jack était évidemment aux anges, et même le fait d’avoir perdu plusieurs années d’existence ne venait pas tant le troubler que ça. C’était bien sûr un souci : il avait dû sacrifier énormément pour rien, et tout ça aurait pu être évité si il était simplement sortit du conapt. En d’autres circonstances, Jack aurait déprimé en pensant à sa « malchance », mais il chassa rapidement tout ça de ces pensées : il voulait profiter avant tout du moment, et surtout il était clair maintenant que cette « malchance » n’existait pas, vu ce qu’il venait de trouver. Il ne pouvait y avoir de signe plus clair que cela, après tout, non ?

Le sourire au visage, il s’avança donc vers le métro qui n’arrivait toujours pas, serrant bien sa Carte de Chance dans la main. Il allait être en retard au travail, mais ce n’était pas bien grave : pour un an encore, il aurait son merveilleux conapt et pourrait survivre. Même si il était sur une pente descendante du fait de son âge (plus on vieillissait, moins la chance était là : c’était évidemment une mesure pour faire disparaître les anciens et laisser la place aux jeunes, mais personne ne s’en plaignait vraiment…ou n’osait s’en plaindre, par peur de la PCV), même si il était quand même inquiétant d’avoir si peu de chance en dehors de cette magnifique découverte, il n’aurait pas à s’inquiéter pour l’année à venir. Il avait apparemment un sursis, et c’était le plus important : le reste, il s’en occuperait plus tard, quand le sens des réalités et de ses sacrifices inutiles lui reviendraient. Là, il profitait juste, et ça lui suffisait.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptyVen 21 Mar - 22:00

Horrible. Et c'est un compliment.
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 22 Mar - 1:44

Ah, tu l'as lu ? Mais pourquoi horrible ?
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MessageSujet: Re: Quelques textes   Quelques textes - Page 2 EmptySam 22 Mar - 10:33

Parceque j'ai eu envie de me suicider pendant toute la soirée, que ça m'a foutu le moral à zéro, déjà qu'il était pas terrible, terrible. C'est inexplicable.
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