Résumé des épisodes précédents : Transférée de force à Québec de Los Angeles après la mort mystérieuse de son coéquipier, Sara Pezzini tente de faire son travail avec son ami Danny, mais ses vieux démons et sa culpabilité viennent la hanter. Tandis qu'elle s'oppose à son collègue sur les super héros après la découverte macabre d'un violeur tué par un pseudo justicier inconnu, la jeune femme est surprise par l'arrivée de la Question, qui semble en savoir beaucoup sur un bracelet que Sara aurait volé à Kenneth Irons, celui responsable de la mort de son coéquipier et qui cherche à la retrouver.Interrogatoire, première partie.
« Mais…mais qu’est-ce que c’est ?! »
Sara n’en revenait pas.
Le bracelet qu’elle avait « empruntée » dans la maison de Kenneth Irons des semaines plus tôt, celui-là qui était tant important pour cet homme qu’il avait fait assassiner son collègue pour le retrouver…il était autour de son poignet. Mais c’était impossible : elle se souvenait parfaitement l’avoir réduit en miettes dès que Matthieu avait été tué, folle de rage à l’idée d’être pour quelque chose dans la mort de son ami.
Et pourtant…il était là. Malgré ses souvenirs, malgré ce dont elle se rappelait de cette affreuse nuit et de son accès de colère…l’étrange bracelet était collé contre sa peau. Et elle ne comprenait pas comment c’était la possible.
« La Witchblade. »
La voix de l’homme était froide et dure, mais elle ne le regardait même plus. Ses yeux étaient fixés sur l’objet autour de son poignet, objet qui n’aurait jamais dû se trouver là et qui ne devrait plus exister. Comment était-ce possible ? Comment la chose qu’elle avait brisée pouvait être entière, et pouvait se trouver là ?
Elle se souvenait très bien l’avoir cassé, pourtant.
Cette nuit-là, elle avait malheureusement vue son ami et coéquipier être tué par les hommes de Kenneth Irons, qui recherchait cette chose étrange. Pezzini l’avait dérobé lors d’une perquisition au domicile de cet homme qu’elle avait connue jadis, et elle ne savait toujours pas pourquoi, d’ailleurs. Son instinct lui avait crié de prendre et d’emmener au loin ce bracelet, pour empêcher que Irons ne l’utilise.
Pourquoi s’était-elle sentie de voler cet objet ? Elle n’en savait rien. Qu’est-ce que c’était ? Elle n’en savait rien. Ca l’avait travaillé de longues heures durant, après la perquisition, et elle avait donc décidée alors d’aller jeter le bracelet dans le Pacifique, en espérant ne pas être prise pour ce vol dans l’exercice de ses fonctions.
Mais le destin avait décidé d’autres choses pour elle.
Alors qu’elle se trouvait dans une position étrange, avec cet être mystérieux devant elle, les souvenirs remontaient à la surface. Elle avait rejoint Matthieu dans un endroit tranquille pour lui parler de son vol, de ce bracelet bizarre qui semblait n’avoir rien d’original mais qu’elle n’avait pu laisser chez Irons. Elle espérait qu’il la conseillerait, qu’il lui dirait quoi faire…mais il n’en eut pas le temps.
Ils avaient commencés à parler devant un hangar étrange, appartenant à Kenneth Irons…le paradoxe les avait alors fait sourire, vu qu’ils discutaient tous deux de comment stopper cet homme qui violait tant de lois. Mais la suite avait été moins plaisante, malheureusement…bien moins plaisante, même.
Ils avaient entendus à un moment du bruit, et elle avait voulue aller voir…Sara avait toujours été un peu protectrice avec Matthieu. Il était plus jeune que lui, moins expérimenté, et même si il la conseillait bien…elle voulait parfois jouer à la grande sœur avec lui. Et c’était ce qu’elle avait fait. Et c’était pourquoi il était mort.
Une larme coula lentement sur sa joue alors qu’elle se rappelait comment Kenneth Irons et ses hommes avaient assassinés Matthieu sous ses yeux. Ca avait été un avertissement, selon eux : ou elle leur rendait le bracelet, ou c’était elle qui allait finir ainsi. Ils avaient dis d’autres choses après, mais la jeune femme n’avait plus écoutée : elle s’était jetée sur le corps sans vie de son ami, et avait pleurée.
De longues heures durant, Pezzini avait laissée couler toutes les larmes de son corps sur le cadavre encore chaud de son coéquipier. Mais après la tristesse et la douleur, la colère et la rage prirent place dans le cœur de la jeune femme, et elle avait détruit de ses mains l’objet responsable de la mort de son ami. Elle s’était acharnée sur ce bracelet avec une intensité folle, et elle avait envoyée les restes à Kenneth Irons, pour bien lui faire comprendre qu’elle n’avait pas peur de lui, et qu’elle ne voulait pas qu’il gagne…qu’elle ne voulait absolument pas qu’elle gagne.
Après ça, Sara avait déprimée.
Pendant plusieurs jours, la jeune femme était restée seule, chez elle, n’ayant plus goût à rien. Danny était venu la voir, et c’était lui qui l’avait aidée : c’était lui qui lui avait réapprit à vivre, qui lui avait réapprit à vouloir vivre. Avec des mots simples mais forts, il avait réussit à lui faire comprendre que Matthieu ne voudrait pas de ça pour elle, et qu’elle devait se battre…au moins pour lui.
Bien sûr, il lui avait fait un peu violence parfois, mais elle lui en était reconnaissante. Sans lui, elle serait encore en pleine déprime, ou pire peut-être, et si elle vivait maintenant, si elle avait réussie à accepter la mort de son coéquipier par les hommes de Kenneth Irons…c’était grâce à Danny ShanLi. Et pour ça, elle lui en serait à jamais reconnaissante.
Néanmoins, la jeune femme chassa ces pensées de son esprit. Les souvenirs de la mort de Matthieu étaient douloureux, et elle devait se concentrer sur l’instant présent…sur les soucis présents.
Un homme, qu’elle ne connaissait pas et qui semblait être dangereux, ou au moins mystérieux, était en face d’elle. Dans sa chambre. Ça voulait donc dire qu’il était parvenu à forcer la porte d’entrée sans qu’elle le remarque, ce qui dénotait une certaine grâce dans cet exercice, et qu’il la connaissait assez pour savoir où se cacher et comment. De plus, cet être semblait connaître le nom du bracelet qu’elle avait, et il connaissait peut-être la cause de sa survie à la rage vengeresse de Sara.
Et tout ça…la jeune femme n’appréciait pas vraiment. Elle leva donc les yeux vers l’inconnu, lui parlant d’une voix froide et dure, voulant oublier et faire oublier sa peine et ses larmes derrière un masque de détermination qu’elle désirait sans faille.
« Qui êtes-vous ? Que venez-vous faire ici ? Et qu’est-ce que ce truc, là ? »
Elle montra de la main le bracelet, alors qu’elle se tenait désormais plus droite. Mais l’homme en face d’elle ne réagissait pas, et elle ne pouvait voir si il avait une quelconque émotion vu le masque qu’il portait. Celui-ci la mettait d’ailleurs mal à l’aise, mais elle essayait de cacher ça…du moins, pour le moment.
« Je suis la Question. Je viens t’interroger sur la signification que tu veux donner à ta vie. Et ceci est la Witchblade. »
Sara fut frappée par autant de franchise, mais aussi par le ton délibérément très froid et très inhumain de la personne qui se trouvait en face d’elle. Un frisson la prit à ce moment-là, alors que ses yeux se tournaient à nouveau vers l’objet collé contre sa peau, et qu’elle n’avait pas aperçue auparavant. Elle reprit la parole, observant toujours le bracelet, et cherchant des réponses là où elle ne trouvait à chaque fois que de nouvelles questions.
« Mais…mais qu’est-ce que c’est que la Witchblade ? C’est…c’est son nom ?
- Oui. »
L’homme s’accroupit et revint donc dans son champ de vision. Il en profita pour s’approcher encore plus, et elle sentit la peur revenir en elle, même si elle tentait de la contrôler, ne sachant pas encore ce qui allait se passer et voulant donc parer à toute éventualité.
« Mais c’est plus que ça, aussi. »
Alors qu’il regardait aussi le bracelet, il releva les « yeux », ou plutôt les deux tâches noires qui faisaient ses yeux, vers Sara. Celle-ci tourna aussi son regard vers lui, alors qu’il reprenait la parole, d’une voix un peu plus humaine qu’auparavant, même si le sentiment de tension et le mal à l’aise qu’elle subissait persistaient.
« C’est une arme.
- Une arme ?
- Oui. Une arme antique, ancienne…mauvaise. Elle a été façonnée avant la venue au monde de Jésus de Nazareth, Sara Pezzini. Elle a été créée avant même que notre civilisation n’en soit à ses balbutiements. Elle est l’arme sans âge. Elle est l’Arme Antique, tout simplement. »
Pezzini ne comprenait rien. En temps normal, avec un tel discours et un tel accoutrement, elle aurait prit cet homme pour un fou, mais là…elle était presque prête à le croire. Même si ça semblait complètement dingue, même si elle ne comprenait strictement rien, les étranges appels qu’elle avait eue chez Irons pour prendre le bracelet, l’intérêt mystérieux de l’industriel pour cet objet et surtout cette apparition à son poignet alors qu’elle pensait l’avoir détruit…tout ça la dépassait, et elle était prête à croire toute explication pour pouvoir remettre de l’ordre dans son esprit, et reprendre un peu pied dans la réalité.
« Je…je comprends rien… »
Sa voix trahissait son incompréhension et le trouble qu’elle subissait alors. L’homme resta silencieux quelques secondes, avant de recommencer à parler, d’un ton lent et froid, comme si il était un professeur et elle l’élève qui avait des soucis pour assimiler la leçon du jour.
« C’est normal. C’est toujours comme ça, au début. Mais malheureusement, je n’ai pas le temps de te faire une leçon complète…tu vas devoir te contenter de la version abrégée. »
Elle fronça les sourcils à ce moment-là. Pourquoi version abrégée ? Pourquoi ne lui disait-il pas tout ? Est-ce que ça ne serait pas plus simple pour elle de comprendre si il lui disait tout ce qu’il savait ?
« Je…pourquoi version abrégée ?
- Parce que nous sommes en danger. Nous devons partir. Et vite. »
Pezzini continuait à ne rien comprendre, et elle se rendait compte aussi qu’elle était très passive. Elle prenait plus ou moins pour vérité ce qu’était en train de lui dire l’homme masqué devant elle, alors qu’elle ne savait rien de lui et qu’elle ne le connaissait pas. En général, elle était d’un tempérament de feu, mais avec tout ce qu’il s’était passé aujourd’hui et les souvenirs de la mort de Matthieu…la jeune femme avait du mal à être véritablement elle-même, à ce moment-là.
Néanmoins, elle décida de se reprendre, ne voulant pas être menée en bateau et ne faisant pas du tout confiance à cet homme mystérieux qui semblait en savoir beaucoup trop sur elle et sur le bracelet qu’elle avait autour du poignet.
« Ola, ola…je suis pas d’accord. »