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| Episode 36 : Oraison funèbre | |
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La Rédac' Rédacteur
Nombre de messages : 1491 Date d'inscription : 02/12/2004
| Sujet: Episode 36 : Oraison funèbre Mar 25 Mar - 0:45 | |
| « Bruce Wayne est mort, et il s’agissait bien de Batman. »
La moitié du pays était collée à son écran de télévision, et le journaliste connaissait la pression il avait sur ses épaules. Toute sa chaîne attendait qu’il soit meilleur que jamais, et lui restait calme et se concentrait pour garder un visage sévère et dur. Il n’était pas là pour rigoler ou faire le show : la mort était quelque chose de sérieux, même pour un type déguisé avec des collants.
« L’autoproclamé protecteur de Chicago était poursuivi par la police et malgré ses actions contre les criminels de la ville, son implication ne peut être totalement positive. Comme le Gorille en France après une explosion où un cadavre décharné a été retrouvé là où on avait vu le hors la loi quelques secondes plus tôt, ou encore les Mutants massacrés partout dans le pays malgré les injonctions présidentielles, avec par exemple l’apparent meurtre d’Anita Schaffer à New York il y a quelques jours, un de ces soi-disant justiciers vient de mourir, et nous ne pouvons savoir si cela une bonne ou une mauvaise nouvelle. Même si nous ne connaissons pas toute son influence sur la criminalité de la cité et même si nous ne saurons jamais tous les détails, il semble clair que les coups et blessures régulièrement perpétrés contre certains criminels ne peuvent qu’être à charge envers le chirurgien principal et directeur du Wayne Hospital. »
L’image, qui était alors centrée sur le journaliste, fait apparaître le visage souriant de Bruce Wayne sur la gauche et un croquis de Batman sur la droite.
« Nous ne saurons certainement jamais non plus comment cet honnête chirurgien apprécié par ses pairs et sa communauté a pu devenir le sombre et inquiétant Batman. La police s’est trouvée aussi surprise que la population de Chicago lorsque le corps de Wayne a été retrouvé dans une décharge, une balle en pleine tête et un billet glissé à sa ceinture. En effet, le meurtre a bien été signé. »
Le journaliste revint à l’écran, et son visage se ferma encore plus.
« Il s’agit d’un homme malade qui a déjà enlevé Harvey Dent dans le passé et qui est responsable de l’exil de l’ancien procureur en Europe. Pour le moment, nous ne savons pas encore le nom de cet homme, mais il est toujours en liberté et très dangereux. Le commissaire Gavin King, qui vient d’être nommé après l’enquête interne dirigée contre le CPD, nous a assuré qu’il fera tout son possible pour découvrir la vérité sur cette affaire, et pour retrouver l’assassin de Bruce Wayne. Néanmoins une question demeure… »
Il laissa un petit silence pour que les téléspectateurs soient bien pris dans ses paroles et qu’ils restent longuement sur la chaîne. Celle-ci avait bien besoin d’un pic d’audience, surtout aujourd’hui.
« …qui était vraiment Bruce Wayne ? Aujourd’hui, cela semble peu clair, mais notre chaîne s’engage à explorer le passé de cet homme tourmenté et plus complexe qu’il n’y paraissait dans les jours à venir. Une série de reportages va vous être proposée, allant de la famille Wayne et son rôle dans la création de Chicago, à l’enfance du jeune Bruce Wayne et l’influence énorme de ses parents dans son évolution, jusqu’au meurtre certainement fondateur de ceux-ci et son adolescence. Plusieurs vidéos d’archives seront ainsi divulguées pour la première fois au public, et peut-être trouverons-nous une explication à une telle attitude. »
Un de ses assistants lui fit un signe, et il ne lui fallu qu’une seconde pour comprendre. Il sourit légèrement à la caméra.
« Bien, on m’informe que l’enterrement va commencer. Vous allez pouvoir suivre la retransmission complète sur notre chaîne avec les commentaires éclairés de Harvey Bullock, officier de police à la CPD, et de Marianne Cooper, notre merveilleuse présentatrice. C’était Jack Ryder…au revoir. »
Ryder disparut de la télévision, et l’image de la cathédrale de Chicago fit son apparition. L’enterrement allait commencer, et des centaines de personnes étaient amassées autour de l’énorme bâtiment. Apparemment, Batman était plus apprécié qu’on n’avait pu le penser…ou bien était-ce juste une sorte de curiosité morbide de la part des habitants de la ville. En tout cas, il y avait foule, et ça promettait d’être l’enterrement de l’année.
« …et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? »
Barry Allen desserra son nœud de cravate, il ne s’était jamais senti à l’aise avec ce genre de trucs. Il soupira légèrement avant de se tourner vers le groupe avec lequel il était arrivé et avec qui il s’était assit durant l’enterrement. Tous étaient dans le même état d’esprit que lui : la tristesse régnait, et rien ne semblait pouvoir la faire partir.
« Je n’en sais rien. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver un jour. Pas à lui. - Je sais…je croyais ça aussi. Même si je n’étais pas très lié avec lui, il était tellement sûr de lui, tellement fort…ça paraît dingue qu’il soit mort. Ça paraît impossible. - Pourtant, c’est le cas. Et il va falloir prendre des mesures. »
James Baxton et Donna Troy se tournèrent vers Hal Jordan. Le premier était vêtu d’un costume classique un peu ample qui lui permettait de paraître moins musclé qu’il n’était, mais le second était venu avec un smoking classique mais qui moulait parfaitement son corps d’athlète. Seule sa cravate, d’émeraude, démontrait son appartenance au Corps des Green Lantern, dont il était désormais le chef et général. La jeune femme, elle, était vêtue d’une jupe noire qui descendait jusqu’au haut des genoux, et d’une chemise blanche munie d’une veste sombre avec cravate. Elle était très belle, ainsi.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? - Bat…enfin, Bruce Wayne n’a pas été tué par un petit voleur ou quelque chose du genre. Je ne sais pas encore le nom de son assassin, mais si ce type est assez doué pour le vaincre lui, il y a fort à parier que la police de Chicago ne pourra pas faire grand-chose contre lui. Je crois que c’est à nous de faire quelque chose. - Attends…il est à peine dans la tombe que tu te prépares déjà à traquer son assassin ? - Bien sûr. C’est ce qu’il aurait fait à notre place. - Mouais…dis tout de suite que tu veux rapidement classer cette affaire et retourner sur ta plateforme verdâtre ! »
Jordan fronça les sourcils, alors que John Jones s’approchait de Clark Kent, plus en retrait des autres et qui regardait toutes les célébrités de Chicago sortir du cimetière où Bruce Wayne venait d’être enterré. Sur le côté se trouvaient aussi quelques adolescents qui discutaient entre eux, mais ils ne semblaient pas être prêts à s’approcher de la Ligue pour le moment.
« Qu’est-ce que ça veut dire, Allen ?! Va jusqu’au bout de tes idées, je t’en prie, gamin ! - Tu peux me traiter de gamin si tu veux, Jordan, mais je sais quand même que tu ne t’es jamais entendu avec lui ! Dès notre première rencontre, vous avez commencé à vous engueuler, et ça ne s’est jamais arrêté depuis ! - Et alors ? Tu crois peut-être que sa mort ne me fait rien ? Ok, je ne l’aimais pas et je le trouvais dangereux, mais ce n’est pas pour ça que je suis content qu’il ne soit plus là ! J’ai perdu trop d’êtres chers pour savoir que toute mort est une catastrophe ! - Je me fous de savoir qui tu as perdu ! Moi aussi, des proches ne sont plus là ! Seulement, ma première pensée n’a pas été de donner la chasse à son assassin ! J’ai eu assez de respect pour ne pas penser et parler de ça quelques instants après son enterrement ! - Bien sûr que si, Barry. »
Alors que les deux hommes haussaient la voix et que la tension commençait lentement à exploser, John Jones s’était approché et avait parlé d’une voix calme et posée. Il était le créateur de ce groupe, et il était aussi et surtout celui qui permettait à tous ces êtres merveilleux de travailler ensemble sans trop se taper dessus. Aujourd’hui plus que jamais, il se devait de redonner de l’unité à cette équipe qui en manquait tant.
« Quand cette personne est morte, tu as hurlé à la vengeance et tu t’es juré de retrouver celui ou celle responsable de sa disparition. Seulement, tu te refuses à t’en rappeler car tu as honte de cela, et parce que tu n’as pas pu arrêter le meurtrier. Je comprends ta douleur et je peux accepter ton indignation envers Hal, mais ne vas pas trop loin…et ne te trahis pas plus en te mentant à toi-même. »
Barry s’était tourné vers leur leader et serra les dents pendant de longues secondes avant de soupirer lourdement. Tout ça n’en valait pas la peine, et Batman méritait mieux que des engueulades imbéciles le jour de son enterrement.
« Ouais, ok…désolé de m’être énervé. C’est que…je n’arrive pas à croire qu’il soit mort. Ca me paraît dingue. - Je sais. Et Hal aurait dû avoir plus de tact. - Ce n’est pas mon fort, John. - Oui. Mais ce n’est pas pour ça que tu ne dois pas faire d’efforts. »
L’œil de Hal Jordan se mit à briller d’une lueur d’émeraude pendant quelques secondes, avant que cela ne disparaisse. John Jones était le seul à pouvoir lui parler ainsi, il était le seul dont il acceptait de telles remarques. Ils avaient une histoire commune importante, et il le respectait assez pour subir ce genre de choses, même si sa limite pouvait être atteinte assez rapidement, dans certains cas.
« Ok, d’accord. Je m’excuse aussi. Mais il n’empêche que retrouver ce type doit être une de nos priorités. - Ouais…mais il n’y a pas que ça, Hal. On a d’autres soucis, en ce moment. »
James Baxton soupira. Il avait laissé ses deux collègues se crier dessus, et il n’était pas intervenu : mieux valait parfois que certaines choses explosent avant qu’elles ne deviennent trop ancrées en soi. Néanmoins, il était content que John soit intervenu : au moins maintenant pouvaient-ils se concentrer sur les choses importantes.
« Déjà, il y a le souci du Samaritain qui n’est toujours pas réglé…même si on a réussi à contenir les lézards dans certains foyers, rien n’est terminé et on va devoir s’occuper de ça le plus vite possible. Ensuite, il ne faut pas oublier non plus les Titans : même si tout semble terminé depuis notre rencontre avec eux, je ne suis pas sûr que tout soit aussi clair qu’on le pense. D’ailleurs, la présence de ce qui reste d’eux ici n’est sûrement pas une coïncidence. »
Il montra d’un geste le tout petit groupe d’adolescents qui était à plusieurs mètres d’eux, se protégeant aussi des vues de toute la foule amassée dans le cimetière.
« Après, il reste encore d’autres problèmes à gérer : même si Osborn est en prison, il n’empêche que Luthor est toujours dans la nature, que son équipe n’est pas totalement dissoute et qu’il y a encore le souci des Architectes. Ils sont derrière la folie qu’on a dû observé sans pouvoir intervenir, et ils ont massacrés des…collègues au Canada. Je ne connaissais pas la Question avant que John ne nous en parle, mais même si je n’aime pas ce qu’il faisait, on ne peut pas laisser ce genre de personnes dans la nature. - Sauf que ça risque d’être difficile de s’en prendre à eux, et tu le sais. La Question a essayé, et il en a payé le prix. Et, en plus, il paraît qu’ils ne sont plus là…il paraît qu’ils sont morts. - Je sais, Barry. Mais ce n’est pas pour ça que nous devons baisser les bras, non ? Je ne pense pas que faire confiance à des rumeurs soit une bonne chose pour leur cas. - Non. Nous devons trouver ces Architectes, nous assurer qu’ils sont morts et leur faire payer leurs crimes si ce n’est pas le cas. Il suffit qu’ils nous manipulent dans l’ombre et se servent de nous pour se protéger. Je ne sais pas pour vous, mais je suis écoeurée de les avoir protégés, à New York. - Ecoeurée d’avoir protégé la ville entière ? - Tu sais ce que je veux dire, James. Ils ne méritaient pas d’être sauvés par notre intervention. - Ouais, mais il n’empêche qu’on n’a pas à raisonner à comme ça. - Comment on doit raisonner, alors ? Donna a raison : ils font du mal, nous devons les arrêter. - Chez les Green Lantern, c’est aussi simple que ça ? - Nan. Mais au moins, nous, on ne laisse pas les assassins des nôtres courir dans la nature. »
La tension reprenait légèrement le dessus, et Clark Kent ne savait pas où se mettre. Malgré ses immenses pouvoirs, il n’arrivait pas à prendre part à la conversation : il se sentait trop faible, trop imbécile pour ça. Il n’avait évidemment pas assez confiance en lui, mais ça n’excusait pas tout. Au fond, cet être avait infiniment peur de ses capacités et de lui-même, et il ne pourrait jamais être celui dont tout le monde rêvait si il continuait ainsi. Jones, en lisant ses pensées discrètement, pensa bien qu’il faudrait lui apporter son aide plus tard, mais ça ne serait pas pour tout de suite : il avait d’autres priorités, comme Baxton l’avait démontré en citant toutes les crises à gérer.
Il laissa encore Donna, James, Barry et Hal discuter pendant quelques instants avant de reprendre la parole d’une voix claire et autoritaire. Il était temps de les remettre un peu dans le rang.
« Calmez-vous, s’il vous plaît. Nous ne sommes pas là pour nous crier dessus comme des imbéciles. Oui, James, nous devons gérer plusieurs crises, et Hal nous cache aussi qu’un certain ennemi est de retour et qu’il a déjà dépêché toutes les forces du Corps à sa recherche. N’est-ce pas, Hal ? »
Jordan fronça les sourcils en regardant John Jones. Il n’aimait pas que ses petits secrets soient dévoilés en public, surtout quand il n’y était pas préparé. Quelques mois plus tôt, il aurait déjà cogné son ami pour avoir fait ça, mais heureusement il avait changé et était devenu plus sage. Il se contenta d’un regard noir et froid et de faire apparaître une cigarette d’émeraude pour notifier son mécontentement. Officiellement, il avait arrêté de fumer, mais avec la pression du Corps et les problèmes inhérents à sa gérance, il avait bien besoin de ce genre de choses pour se calmer.
« Ouais, il y a une crise au Corps. Pour l’instant, on gère. Je vous en dirais plus si ça devient plus dur. - Je préférerai que tu nous en dises plus maintenant, Hal. - On verra, John. Pour le moment, mieux vaut se concentrer sur la raison de notre présence ici, nan ? Je rappelle qu’un des nôtres est mort et qu’on doit gérer ça du mieux qu’on peut. Après tout, Batman était quand même un fondateur, un des piliers même si on ne s’est pas beaucoup réunis. On doit faire quelque chose. - D’accord, mais quoi ? Je ne connais rien de cette ville, et il me semble que vous non plus… - On pourrait essayer de demander de l’aide à ses alliés. - Tu crois qu’il en avait beaucoup, Barry ? Vu le genre de type que c’était et ses actions, ça m’étonnerait. - Il en avait quand même quelques uns. » | |
| | | La Rédac' Rédacteur
Nombre de messages : 1491 Date d'inscription : 02/12/2004
| Sujet: Re: Episode 36 : Oraison funèbre Mar 25 Mar - 0:46 | |
| John, les bras croisés, parlait d’une voix calme et posée.
« L’inspecteur James Gordon était son support le plus sûr, mais il est désormais en Europe avec Harvey Dent, autre allié de Wayne. Tous deux ne vont pas bien : Gordon s’est évadé de la prison de Chicago après que l’ancien commissaire l’ait manipulé pour le faire tomber parce qu’il avait de bons rapports avec Batman, et Dent a beaucoup souffert. Il a été défiguré par Bane, un ancien Commando devenu fou en Afrique qui se prenait pour l’envoyé de Dieu. Et il a été torturé par l’assassin de Wayne. - Tu en sais plus sur celui-là ? - Non. Je ne sais pas par où chercher, je sais juste qu’il se fait appeler le Joker et qu’il est fou. Il a laissé un billet sur Batman, mais il a été classé secret et je n’ai pas encore trouvé les bonnes personnes pour lire leurs pensées et apprendre son contenu. - Ça nous avance beaucoup. - Je dois faire trop de choses avec ma télépathie en ce moment, James. Je me concentrerai sur ce cas par la suite, quand je pourrais arrêter de calmer tous les reptiles de Louisiane pour éviter qu’ils ne se jettent sur tout ce qui vit. - On sait tous que c’est difficile, John. Wayne n’avait aucun autre allié ? - Il y avait l’Anarchiste qui l’a aidé, mais il est mort. Alfred Pennysworth était son majordome, mais il a disparu dès qu’on a découvert la mort de son employeur. La cave de la propriété a aussi été dynamitée. - Dynamitée ?! - Oui. Je suppose que c’est pour éviter que les secrets de Wayne ne soient découverts par des gens qui ne seraient pas assez intelligents ou prudents pour bien s’en servir. - Ça se comprend, mais il reste que personne ne peut nous aider sur ce coup : pas d’alliés, pas de collègue…rien. Wayne était quelqu’un de très seul, nan ? Je suis sûr que personne ne savait qu’il était Batman… - Il y avait trois personnes qui en étaient informés. »
Tous se tournèrent vers Jones. Même Kent s’approcha, lui qui était toujours à l’écart, craignant de gêner ses « collègues » dans leur discussion où il ne se sentait pas à sa place.
« Qui ? - Pennysworth, évidemment. L’Anarchiste, mais il est mort. Et Dick Grayson. - Qui ? - Le chef des Titans. - Oh merde…mais comment c’est possible ? Il était ami avec Wayne ? Il sait quelque chose sur lui ? - Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est en rapport avec la mort d’un enfant. Notre rencontre avec les Titans n’a pas été calme, et je n’ai donc pas pu me concentrer sur ça. - On devrait peut-être lui demander directement, non ? - Il est déjà parti… »
Clark parlait pour la première fois : il avait réussi à vaincre sa timidité pour quelques instants, mais les regards qui se posèrent sur lui le firent rougir. Il n’était vraiment pas à l’aise en public, même si il se sentait de mieux en mieux quand il usait de ses capacités. L’espoir existait de le voir changer un jour, même si il était faible.
« Ils ont disparu alors que vous parliez du…du Corps. Je ne pensais pas que c’était important, je n’ai rien dis… - Ce n’est pas grave, Clark. On pourra les retrouver plus tard au cas où. »
Ken sourit à Jordan, qui acquiesça en sa direction. Il était toujours stupéfait de voir que ce type aussi fort et puissant était aussi renfermé et timide. Ca lui semblait impossible, mais bon…chacun était différent, et mieux valait l’avoir de leur côté plutôt que dans l’autre.
« Bon, soyons clairs : Bruce Wayne a été tué, et il faut trouver son assassin. Cette ville va vite devenir le repaire de tous les dingues qui ont fui après l’arrivée du Batman, mais on ne peut pas faire grand-chose contre ça. Moi-même, je ne vais pas pouvoir beaucoup vous aider : je dois ma priorité au Corps, mais je vous enverrais des membres pour vous seconder. Phylla a déjà fait du bon boulot, et j’ai d’autres bons agents prêts à vous aider. Après, il faut trouver un plan d’action. - Nous devons nous concentrer avant tout sur la Louisiane et après sur Wayne. Même si ça fait mal au cœur de le dire, la survie des innocents prime sur la vengeance. - Tu veux dire la justice ? »
Baxton fixa Donna et de longues secondes s’écoulèrent. Personne ne bougea, jusqu’à ce que la jeune femme parle d’une voix ferme et plus froide que d’habitude.
« Oui, la justice. Mais elle est parfois proche de la vengeance. - Jamais. - Nous verrons ça. »
Elle claqua sa langue et James soupira. Même si il appréciait la jeune femme, ça n’allait pas être facile de continuer longtemps avec elle. Beaucoup de sacrifices allaient devoir être faits, et il espérait que ça serait le cas des deux côtés, et pas seulement du sien.
« Bien. Nous savons pour le moment que Bruce Wayne a été tué, et qu’aucun de ses alliés ne peut nous aider, même si James Gordon va pouvoir rentrer dès que les avocats payés par Wayne jusque là auront terminés de démontrer son innocence. Nous savons aussi qu’il a été assassiné par le Joker et que son majordome a disparu. - Qu’en est-il de Cole Cash ? C’est le Parrain local, je crois. - Il se terre chez lui depuis la guerre des gangs. C’est son second qui s’occupe de tout, et il est beaucoup plus diplomate et calme…enfin, autant qu’un mafieux puisse l’être. Il s’agit de Jérémy Stone. - Hum, d’accord. On ne peut donc rien faire, John ? - Je voudrais agir, Barry. Vraiment. Bruce est un des premiers que j’ai contactés pour la Ligue et je le respectais énormément. Nous avons d’autres priorités mais nous ne l’oublierons pas. Sa perte est énorme pour le monde, et son assassin sera arrêté, je le promets. Seulement…nous ne pouvons faire cela de suite. La Louisiane nous appelle. »
Chacun soupira à ce moment-là : tous regrettaient de devoir partir, mais tous savaient que John Jones avait raison. Bruce Wayne était mort, et ils n’avaient pas été là pour leur coéquipier. Ils regretteraient cela toute leur vie, mais les habitants de la Louisiane avaient plus besoin d’eux que lui. Même si ça leur faisait mal, ils se devaient avant tout aux vivants. Ils partirent donc rapidement, Barry se dirigeant vers Los Angeles pour faire ses au revoirs à sa mère avant de rejoindre la Louisiane. Hal Jordan repartit sur la base du Corps, et les autres s’en allèrent vers l’Etat infesté de lézards, le cœur lourd mais bien décidés à rendre honneur à Batman.
Ils sont partis. Je ne pensais pas qu’ils feraient ça, mais ils sont bien partis. Bruce était des leurs, il était un membre fondateur de ce groupe, et ils l’ont abandonné. Bien sûr, ils disent qu’ils vont revenir pour le venger, mais j’ai du mal à y croire. Dire que j’ai adulé ces types et que je me suis battu à leurs côtés…pff. Ils sont pathétiques. Ils pensent sauver le monde, mais ils ne traquent même pas ceux qui s’en prennent à eux.
J’ai laissé les derniers Ti…enfin, j’ai dit aux autres de partir et j’ai grimpé dans les arbres pour les observer. J’ai beaucoup appris, en faisant ça, et je sais maintenant que jamais je ne ferai partie de ce groupe. Je ne veux plus faire partie d’aucune équipe, d’ailleurs. Ce n’est pas ma place. Même si Bruce pensait que je faisais de bonnes choses avec les Titans, je sais maintenant qu’il se trompait. Tout ça était une erreur…et j’ai failli le payer de ma vie. D’autres l’ont fait à ma place. Mais je ne dois pas penser à ça, pas à ceux que j’ai perdu. Je dois songer à Bruce…à celui qui l’a tué.
Je suis Dick Grayson, et avant je me faisais appeler Robin. J’ai du sang sur les mains, mais j’avais la confiance de Bruce Wayne jusque là. Maintenant, il est mort et je me retrouve tout seul. Mon instinct me crie de poursuivre le tueur pour le retrouver et le faire rejoindre Bruce, mais…mais je sais que ce n’est pas ce que lui voudrait. Même dans les pires moments de sa folie, il s’est toujours empêché de tuer, de devenir comme les criminels qu’il poursuit. Je n’ai pas eu assez de temps pour savoir pourquoi il faisait ça, pourquoi il se comportait ainsi, mais je suis sûr qu’il avait de bonnes raisons pour ne pas devenir un de ceux qu’il traquait.
Au fond, il avait raison : nous ne devons pas tuer, nous ne devons pas dépasser une certaine limite. Lui l’a souvent fait, mais c’était contre sa volonté. Il en était revenu et était désormais aussi stable que possible. Seulement, il n’a pas eu le temps de vivre ça longuement : il est mort alors même qu’une nouvelle vie s’offrait à lui. C’est triste…très triste.
Néanmoins, même si Bruce est mort, je dois honorer sa mémoire. Il a été là quand j’avais besoin de lui et il a été un des rares à me faire réellement confiance en me montrant qui il était vraiment. Ca compte, pour moi. Je n’ai jamais pu lui dire combien je le respectais et je l’appréciais, mais je vais tenter de lui rendre hommage par mon comportement. Il mérite ça.
Tu es mort, Bruce, et j’aurais voulu être là pour t’aider. Peut-être même aurions-nous pu faire une jolie équipe, mais c’est trop tard. Je veux tuer ton assassin, mais je ne le ferai pas. Je vais laisser la Ligue le retrouver, parce que je sais bien que si je reste à Chicago, je serai tenté d’oublier mon chagrin dans la violence, et je ne veux pas de ça. Tu as réussi de sortir de ta folie et de tes doutes par la force de ta volonté…je dois faire de même et ne pas me tenter par ce genre de choses.
Bruce, tu es un exemple pour moi, et tu le seras toujours. Peut-être me regardes-tu, peut-être pas…mais je vais tout faire pour que tu sois fier de moi, et pour que je puisse à nouveau me regarder dans une glace. Adieu, mon ami.
L’avion accélère sur la piste, s’envole lentement sans un bruit ou presque, et Alfred Pennysworth soupire. Il n’a pas fermé l’œil depuis la mort de Bruce, et ses yeux sont rouges de fatigue et de tristesse. La douleur d’avoir perdu son employeur est énorme, et il ne peut s’empêcher de se demander si il n’aurait pas dû l’arrêter dans sa folie destructrice bien avant. Bruce était comme un fils pour lui, même si il ne le lui a jamais dit. Il aurait sacrifié sa vie pour lui, mais c’est trop tard maintenant : il ne reste plus que les regrets.
Il soupire en regardant Chicago par le hublot. Il a fait exploser la cave pour que personne ne connaisse les secrets de son employeur et pour que personne ne soit tenté d’utiliser tout ce savoir pour de mauvaises intentions. Ca lui a fait mal au cœur, mais c’était ce qui avait été prévu avec Bruce en cas de souci. Il n’a fait qu’exécuter les ordres, même si ses yeux étaient bien humides quand tout explosa. Cela voulait dire que sa vie à Chicago était terminée…que l’homme qui comptait tant pour lui était mort. Ça avait été dur à accepter.
Néanmoins, sa mission pour Bruce n’est pas encore terminée. Il se doit maintenant de rejoindre Gordon et Dent en Europe pour leur apprendre la mauvaise nouvelle et tenter de mettre au point un plan d’action contre le monstre responsable de tout ça…le Joker. Evidemment, ils n’ont pas de pouvoir et n’ont pas les capacités de la Ligue, mais ils connaissent la ville et savent comment débusquer quelqu’un. Cette ordure ne l’emportera pas au paradis…il ne le laissera pas s’en sortir.
A l’enterrement, auquel il a assisté grimé, il a pu voir beaucoup de monde, et ça l’a touché de voir que Bruce était autant apprécié. Par sa connaissance des fichiers de son employeur, il put reconnaître le gratin des protecteurs de la Terre actuels : la Ligue, évidemment, ce qui reste des jeunes Titans, Nick Fury de New York, un détachement d’Atlantes, maintenant que leur existence est prouvée, Charles Xavier d’un Institut étrange sur lequel Bruce enquêtait et plein d’autres. Il a même vu Jérémy Stone, le vrai Parrain de la ville, tous les policiers de la ville : ils n’appréciaient pas toujours le Batman, mais ils sont venus lui rendre hommage malgré tout. Ca a touché le vieux majordome.
Il renifle lourdement, alors qu’il se demande ce que sa vie va être, maintenant. Il sait qu’il vient de perdre beaucoup d’années en quelques instants, et qu’il lui sera difficile de reprendre sa vie de simple majordome, après tout ce qu’il a vécu avec Bruce. Mais il ne doit pas encore penser à ça : l’heure n’est pas à la reconversion. La vengeance prévaut pour le moment, et elle est sa seule priorité. Le reste, il s’en occupera plus tard…quand il aura sentit la vie quitter le corps du Joker.
Le soir même, une ruelle de Chicago. Un homme crie, mais personne ne vient l’aider, personne ne le peut. Il est seul, face à un monstre qui sourit en lacère ses vêtements, son pantalon déjà aux chevilles. Il se débat, hurle, essaye de frapper, mais rien n’y fait : il ne le lâche pas, et l’homme sent l’horreur approcher. Il lui murmure qu’il le veut, qu’il va y passer et que ça va être si bon qu’il en criera de plaisir. Il le supplie d’arrêter, lui promet de l’argent, le menace, tente de le frapper encore, mais l’agresseur s’en fiche. Il se passe la langue sur les lèvres en retournant sa victime et en collant son visage contre le mur froid. Ça va être bon, répète-t-il alors qu’il se cale derrière son anus, prêt à se faire plaisir en le détruisant. Il sourit, ricane mais sent un violent coup sur son épaule. Surprit, il lâche l’homme qui recule et qui suffoque en voyant une silhouette s’acharner sur son agresseur. Son sauveur est apparu soudainement, mais déjà la peur qui s’était évaporée quand il l’avait vu frapper le violeur revient alors qu’il voit celui-ci être tabassé par l’inconnu. Coups de poings, de pied, de tête, rien n’est épargné à celui qui est déjà à terre depuis plusieurs minutes et qui ne gémit même plus. Il ne voit pas la tête de son « sauveur », mais il sent qu’il sourit, qu’il aime ça. L’horreur continue pendant de longs instants, où l’homme se rend compte qu’il a plus peur de celui qui l’a empêché de se faire violer plutôt de celui qui voulait le pénétrer de force. Finalement, alors que son agresseur est à terre et ne bouge plus, coincé dans sa flaque de sang avec des os broyés, l’inconnu s’arrête et le regarde. Il lui dit que tout ira bien, que c’est terminé et qu’il n’y a plus de danger. Il bégaye et ne sait pas quoi dire, remontant par réflexe son pantalon déchiré par la lame de son agresseur. Instinctivement, il lui demande qui il est. Il rit et lui dit qu’il le sait très bien, mais qu’il a peur de la réponse. Il disparaît dans la nuit en murmurant que la ville sera toujours à lui et qu’il est immortel…que rien ne pourra jamais le stopper. L’homme ne pourra plus jamais dormir sereinement après ça, et court à toutes jambes pour tenter de fuir cette cité damnée. | |
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