22h30.
La rue était calme et silencieuse dans ce quartier pauvre et malfamé de Chicago. Les ordures jonchaient le sol humide et sale de cet endroit jadis si beau et si illuminé. Clay Wilson y pensait en rentrant chez lui, l’air nostalgique. Enfant, il avait vu ce quartier être un des plus actifs de la cité. Mais au fil des années, cet endroit était tombé dans les griffes de la pègre, et la police corrompue n’avait rien fait pour arrêter le massacre de son lieu de vie. Nombre de fois ses amis lui avaient dit de partir de cet endroit sinistre et dangereux. Mais Clay avait toujours refusé. C’était chez lui, là où il avait vécu. Et ce n’était pas maintenant, à 70 ans, qu’il allait partir. Mais peut-être aurait-il dû…
Alors qu’il était à deux rues de chez lui, Clay fut agrippé par le col de son imperméable grisonnant. Le vieil homme aux cheveux gris et à la barbe fournit fut alors envoyé contre un mur de briques rouges durs et tranchantes, dont certaines pointes rentrèrent dans son corps, lui faisant pousser un râle de douleur.
Clay sentit ses vieilles jambes d’ancien footballeur américain se défiler, mais il fut retenu par une main puissante. Le vieillard leva alors ses vieux yeux fatigués vers l’homme qui le retenait. Il était grand, jeune et fort. Il portait un jogging blanc et un pull gris où était marqué « The Flash ». Sûrement un groupe de musique ou un gang. Mais Clay n’eut pas le temps d’observer mieux son agresseur, le poing libre de celui-ci vint rencontrer douloureusement la lèvre inférieure du vieil homme, l’ouvrant à cause des multiples bagues que portait l’attaquant.
« Tu vas me filer ton fric, vieillard, sinon je vais te planter… »
Le jeune homme sortit alors un petit couteau de sa poche. Petit, certes, mais assez grand pour égorger Clay. Celui-ci était paralysé par la peur. Il savait. Il avait toujours su. Il avait toujours su qu’il finirait ainsi, dans ce quartier. Il s’était préparé à cela. Et il n’aurait pas peur de la mort.
Alors qu’il allait cracher au visage de son agresseur dans un dernier signe de rébellion contre la pourriture de son quartier, quelque chose bougea à sa gauche. Avait-il rêvé ? Etait-ce une illusion due à sa mort prochaine ? Pourtant quelque chose semblait bouger dans l’ombre, assez rapidement…mais quoi ?
L’agresseur l’avait vu aussi, mais il ne pu rien faire pour éviter l’uppercut qui fut donné aussi rapidement que l’éclair tombe. Clay, libéré de l’étreinte qui le gardait contre le mur, tomba à terre, se protégeant la tête dans un geste de survie. Il se cacha les yeux, n’entendant que de rapides bruits de lutte. Puis rien. Plus rien. Le silence.
Le vieil homme enleva lentement les bras de sa tête. Il vit alors son agresseur à terre, le nez explosé, les mains liées, inconscient. Et le sauveur de Clay avait disparut. Qui avait pu faire cela ? Qui avait pu sauver quelqu’un sans en demander quelque chose après dans ce quartier horrible ?
23h16
Elle essaya de se débattre. Non, pas elle ! Elle pleurait, mais ses sanglots n’avaient aucun effet sur la personne en face d’elle. Elle ne connaissait pas son nom, mais sa lame de 10 centimètres oui. Elle marchait tranquillement dans une ruelle, un raccourci pour allez chez elle. Il l’avait attrapé, et lorsqu’elle avait lâché son sac, et qu’elle avait vu ce qui captivait réellement son agresseur elle avait hurlé. L’argent ne l’intéressait pas, il voulait son corps, s’en servir, en abuser. Son pire cauchemar prenait forme devant elle. Elle savait que son cri ne servirait à rien, personne n’aide personne ici. Elle sentait le souffle de son violeur sur sa joue. Il essayait de la déshabiller en la menaçant de la frapper à mort si elle résistait. Elle essaya de se réfugier dans un coin de sa tête, pour ne pas sentir ses mains sur son corps. Mais alors qu’il allait arracher sa jupe, elle ne sentit plus rien. Elle resta les yeux fermés, de peur de voir quelque chose qui la ferait se réveiller en sursaut toutes les nuits. Elle resta ainsi une éternité. Elle entendit des gémissements, mon dieu mais que faisait-il, quel genre de pervers c’était ? Lorsqu’elle osa ouvrir les yeux elle ne vit qu’une chose, qui lui rendit espoir. Le corps de son violeur se trouvé sur le macadam. La tête était en bouillie, sa respiration se traduisait par des gargouillements. Il crachait du sang. Il se convulsa encore, dans un dernier soubresaut et mourut. Elle essaya de regarder autour d’elle pour voir son sauveur, celui qui avait réaliser ses pensées. Mais elle ne vit qu’une ombre qui sautait entre les toits.
00h29.
Le jeune Tim Drake était heureux. Il venait de fêter son douzième anniversaire avec ses parents dans un restaurant chic de la ville. Son père venait enfin de retrouver du travail après deux ans difficiles de chômage, et sa mère arborait de nouveau ce sourire qui faisait jadis craquer tous les hommes qu’elle rencontrait. Une nouvelle ère s’ouvrait pour les Drake, une nouvelle ère qui semblait promettre plein de bonheur. Hélas, Chicago laisse rarement les rêves devenir réalités…
Alors qu’ils rentraient dans une ruelle sombre pour rejoindre leur nouvelle voiture de sport, les trois personnes furent stoppées net. Un homme sortit soudainement du noir où il se cachait. Il était grand, très grand. Du moins pour Tim, qui semblait être en face d’un géant. Cet être avait quelque chose à la main que le garçon reconnut immédiatement : une arme. Un vieux colt comme il en voyait dans ses westerns préférés. Cette arme était pointée vers lui. Lui, Tim. Pourquoi ? Que voulait cet homme ? De l’argent, bien sûr. De sa voix étouffée par un foulard cachant la moitié de son visage, il l’annonça clairement. Le fric, les bijoux, et ils vivraient.
Tim savait que son père ne se laisserait pas faire. Il avait fait la guerre du Golfe, dit-il au voleur, et il n’allait pas se laisser faire. Tim avait peur, très peur. Généralement, ce n’était pas un trouillard, mais là il avait peur de perdre ses parents. Il ne savait pas quoi faire. Sa mère lui écrasait la main. Elle aussi avait peur. Pourquoi son père voulait-il le contact ? Il n’avait qu’à lui donner ce qu’il voulait, non ?
Alors que le voleur allait tirer sur son père, alors que son père allait sauter sur le voleur, quelque chose sauta du toit voisin. Le voleur fut projeté à terre, le père de Tim aussi. Il entraîna dans sa chute sa femme et son fils.
Tombant dans la crasse de Chicago, Tim ne voyait rien. Ses parents non plus. Sa mère semblait avoir mal à la cheville, son père avait les lunettes cassées. Et lui il avait le visage plein de boue. Il ne pouvait qu’entendre des bruits de lutte, de violence. De quelqu’un qu’on envoyait dans les poubelles, qu’on relevait et qu’on envoyait contre un mur. Puis on le frappait dans le ventre. Encore. Encore. Et encore.
Sa mère n’arrivait pas à se relever, et son père peinait à retrouver ses lunettes. Tim, lui réussit à enlever assez de crasse de sa figure pour voir une sorte d’ombre menaçante au-dessus du voleur, qui semblait pratiquement inconscient. Non. Il n’était pas inconscient. Tim le su en regardant mieux sa tête. Il était mort de peur.
Malgré les râles de sa mère qui semblait saigner, Tim pu entendre les paroles prononcées par l’ombre et le voleur.
« Dis-leur…dis-leur à tous…dis-leur à tous que désormais je suis là…que désormais vous avez quelqu’un à qui combattre…que désormais vous n’êtes plus tranquilles…
- Mais…mais tu es quoi ?
- Je suis ton pire cauchemar. Je suis le protecteur de cette ville. Je suis…Batman ! »
Et l’ombre lâcha le voleur, puis disparut dans la nuit.