Et la porte s’ouvrit. Enfin. Enfin cette damnée porte s’ouvrait. Cela faisait si longtemps qu’il attendait cela. 10 ans. 10 longues années où chaque jour il passait devant cette lourde porte de métal en rêvant de courir, d’assommer les gardes et de la franchir. Pour être libre. Pour revoir un coucher de soleil sans avoir devant lui l’ombre des barreaux. Pour pouvoir respirer un air pure et doux. Pour sentir l’odeur du café chaud et bon le matin. Cela avaient été des rêves pour l’homme qui se dirigeait vers la liberté. Des rêves désormais réalité alors qu’il arrivait à la porte.
Cole Cash marchait tranquillement. Il portait sur lui un vieux jean délavé, un t-shirt rouge, des baskets et une petite valise. C’était tout ce qu’il possédait désormais. Ses cheveux étaient mi longs, ils tombaient presque sur ses épaules. Il portait aussi un petit bouc.
Alors qu’il passait finalement la lourde porte de métal de la prison de Seagate, le trentenaire semblait renaître. Voir la lumière du jour sans l’atmosphère opaque de la prison et des sorties, où chaque instant était dangereux, personne n’étant à l’abri d’un règlement de comptes entre bandes rivales. La prison avait été dure pour lui. Mais il s’en était sortit. C’était terminé maintenant.
Alors qu’il était dehors, sur la chaussée, Cole posa sa valise, et s’étira. Que cela faisait du bien ! Il était enfin de retour dans le monde réel, enfin il pouvait revivre sa vie. Ces 10 années passées à l’ombre n’étaient plus qu’un cauchemar maintenant. Il avait perdu beaucoup d’années, mais maintenant qu’il était dehors, il allait en profiter. A fond.
L’ex-détenu commença à marcher sur le trottoir désert, mais soudain une voiture s’arrête à ses côtés. C’était une limousine noire aux vitres teintées. Cole savait qui c’était. Et c’est pour cela qu’il rentra directement dans le véhicule quand la porte arrière s’ouvrit.
L’intérieur de la voiture était spacieux : sièges en cuir, mini bar, petite télé au plafond. Classe. Cole était un peu impressionné par les progrès faits par la technologie durant son « absence ». Mais il avait désormais le temps pour se plonger dans tout cela, pensa-t-il.
Il y avait deux hommes dans la limousine. Un vieux qui était au fond (et donc à l’avant du véhicule). Très classe, costume propres trois pièces noires. Très beau. Ses cheveux grisonnants étaient coupés au ras et il était rasé de près. L’autre homme était plus jeune. Grand, énorme, puissant, le crâne rasé, l’air barbare. La brute du vieux donc.
« Monsieur Cash, je suis heureux de vous revoir dehors.
- Pas autant que moi.
- Je m’en doute. Votre séjour a-t-il été bon et bénéfique ? »
Le vieux avait vraiment de l’humour, pensa Cole en se rappelant tous les contrats qui avaient été mis sur sa tête. Mais, comme pour les humiliations qu’il avait subit, Cole s’en était sortit, triomphant des caïds ou des tueurs à la force de ses poings ou de son cerveau.
« Je crois, oui.
- Monsieur Simeoni serait heureux de savoir que vous ne lui en voulez pas.
- Alors vous direz à Simeoni qu’il n’a rien à craindre de moi. Je ne ferais rien qui soit contre la justice désormais.
- J’en suis ravi, monsieur Cash. Oserais-je vous prévenir que tout manquement à votre parole entraînerait la réaction de Brutus ? »
La brute, qui regardait depuis avant le sol, leva les yeux et lança vers Cole un regard haineux, auquel l’ex-détenu répondit par un sourire et un petit signe de la main.
« Il a l’air gentil. Vous l’avez trouvé dans quelle boucherie ?
- Votre humour s’est amélioré, monsieur Cash. Bien, cet entretien est terminé. Devons-nous vous déposer quelque part ?
- Non, merci. Laissez-moi là, je me débrouillerais.
- Au revoir, monsieur Cash.
- Bye. »
Cole sortit de la limousine, portant toujours sa valise. En la voyant partir au loin, le trentenaire sourit. Ainsi, ils voulaient qu’il ne fasse rien contre le vieux nain ? Ils avaient peur ? Bien, il allait leur donner des raisons d’avoir peur…
Deux jours plus tard, Hell’s Kitchen, New York City, 22h30. Ce quartier malfamé de la Grosse Pomme était le repaire des pires racailles de la ville. Nul caïd n’avait jamais réussit à s’y imposer, et personne n’osait réellement, les bandits qui y résidaient étant réputés comme les pires du pays. Voir du monde…
Cole marchait tranquillement dans la rue. Il portait un grand imperméable beige et un jean bleu délavé neuf. Il sifflotait tranquillement, insouciant. Il n’avait pas peur. C’était certainement le seul dans ce quartier. Les malfrats commençaient à murmurer le nom d’une sorte de justicier qui roderait dans le quartier, et la peur commençait à s’installer dans le milieu. Mais Cole, lui, s’en fichait. Il n’avait rien à craindre de ce justicier. Pour le moment, pensa-t-il avec ironie.
Après quelques minutes de marche, il arriva à sa destination. Une petite boutique d’informatique. Une lumière blafarde renvoyait les mots « Jack’s Home » avec plus ou moins de constance pour chaque lettre. La vitrine avait été souvent cassée, et on pouvait voir même dans la nuit quelques trous dans le verre. La porte était vieille et fatiguée, et un seul coup de pied l’aurait fait voler en éclat. Mais Cole ne voulait pas entrer par effraction. Il appuya sur la sonnette et attendit.
On entendit alors du bruit dans la boutique qui était pour l’instant silencieuse et sombre. Une lumière s’alluma, et la porte s’ouvrit lentement, laissant apparaître un petit homme, un nain, aux cheveux rares et aux grosses lunettes. Il observa quelques instants Cole, puis le fit entrer silencieusement.
Le fils de madame Cash suivit lentement le petit homme qui le faisait passer au milieu de plusieurs objets insolites que vendait la boutique, qui ressemblait plus à un marché aux puces qu’à une boutique d’informatique. Cole arriva finalement à un escalier et suivit le nain jusqu’au sous-sol.
La cave était un vaste chantier, remplit de fils, d’ordinateurs cassés, de câbles, de prises, bref tout un bordel. Au milieu de tout cela se trouvait un homme qui avait environ l’âge de Cole. Il était de taille moyenne, les cheveux blonds coupés courts. Il portait une salopette en jean et fumait une cigarette. Ce n’était pas sa première de la soirée, vu les trois cendriers remplis qui traînaient un peu partout. A l’arrivée de Cole, il se retourna et afficha une grimace assez laide, puis retourna à ce qu’il faisait : la réparation d’un vieil ordinateur troué. C’est lui qui ouvrit la bouche en premier.
« Cole.
- Jérémy.
- T’es sortit ?
- Comme tu vois.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Ce que je t’ai dit par téléphone.
- C’est pas possible.
- Allons, dis pas de conneries, vieux. On se connaît depuis trop longtemps.
- J’ai arrêté ce genre de trafics et de conneries quand tu t’es fait serré, Cole. Depuis je suis honnête.
- Arrête, tu pourrais pas survivre en faisant mumuse avec ton bordel. Tu fais encore des petits trucs, ok, mais ne dis pas que tu as tout arrêté.
- Si.
- Donc tu vas pas m’aider ?
- Non.
- Ok, tu me laisses pas le choix, vieux… »
Cole sortit alors de son imperméable un ’45 et tira deux balles.