La nuit se finissait, les rayons rougeâtres du soleil commençaient à apparaître. Une moto noire se dirigeait vers une maison de la banlieue chic de Chicago qui surplombait un peu la ville. Elle s’engouffra dans le garage qui s’ouvrit tout seul. Le silence reprit ses droits lorsque le moteur fut éteint. Un homme en descendit, habillé de façon étrange. Des rangers noires comme le reste, un pantalon rentrait dedans, une ceinture remplit de sacoche. Le haut semblait être de la même texture que les combinaisons de plongée, mais une sorte de sigle tranchait avec la panoplie sombre : une chauve souris stylisée peinte en jaune vif.
« Ça c’est bien passé Bruce ?
Bruce Wayne enleva le bandeau qui lui servait de masque avant de se retourner vers le nouveau venu un vieil homme de 60 ans habillé d’un jean et d’un débardeur blanc.
- Bah ! Que des p’tites merde, rien de sérieux.
- Mmh, votre langage n’est plus ce qu’il était mon garçon…
- Alfred, je crois que je suis un peu vieux pour les leçons de morale, non ?
- Vous n’êtes peut-être plus l’enfant à qui je nettoyais les fesses, mais je peux encore vous parler comme j’ai envi !
- Oui, bien sûr, Alfred…j’suis désolé si je t’ai blessé… »
Le vieil homme sourit.
« Ce n’est rien, je radote un peu. Pas de blessures ce soir ?
- Non, rien…bon, je vais me doucher.
- Bien, Bruce. »
Bruce sourit en entendant le parfait ex-maître d’hôtel parler ainsi. Cela lui rappelait le temps heureux et béni, celui de l’insouciance…Alors qu’il passait sous l’eau froide de la douche en béton, le jeune homme se rappela encore une fois ce soir funeste, qu’il revoyait chaque fois qu’il fermait les yeux…
Encore une fois il s’engueulait avec son père. Encore une fois Mme Wayne tenta de les calmaient. Bruce ne voulait rien savoir. Il voulait aller voir « Le silence des agneaux » et son père lui disait que c’était pas pour les gosses. Mais il avait 13 ans ! c’était plus un mioche…
Puis il eu ce rire. Un mec genre « je me la pète » était devant eux. Il avait un Smith et Wesson dans la main. Petit calibre. La famille entière se paralysa, l’air devenait glacé d’un coup…
« Petit t’est trop jeune, va plutôt téter ta mère…
Bruce était paralysé. Ce mec regardait sa mère comme une proie. C’est vrai qu’elle était belle, mais pas vulgairement parlant. Et lui se pavanait devant eux un pistolet dans une main, son père avait peur lui aussi. Mais il réussit à parler.
- si vous voulez de m’argent, tenez… c’est tout ce que nous avons…
Il savait que dans cette ruelle personne ne viendrait les sauver. Il tendit alors son portefeuille, espérant protéger sa famille. Mais le gars n’arrêtait pas de reluquer sa mère, il lui tournait autour, lorsqu’il se pencha vers elle pour sentir ses cheveux, le docteur Wayne ne put plus se contenir. Il se jeta vers l’homme tenta de balancer loin de celle qu’il aimait.
Bruce ferma le robinet d’eau de la douche et en même temps la séquence souvenir. Il ne voulait pas revivre plus loin ces affreux souvenirs…un frisson parcourut son corps nu et fatigué par ses nuits agités. Il avait utilisé toutes ses batteries ces derniers temps, il n’en pouvait plus…alors qu’il descendait de la douche, le jeune Wayne tomba dans l’inconscience, épuisé et à bout de forces…
Plusieurs heures plus tard.
Appartement de Enzo Manfredi, dit Enzo le Chaud. Tueur à gages de la famille Corleone de Chicago, héritière de la dynastie Capone. Enzo était de la vieille école : la soixantaine, le regard droit, la moustache rasée de près, le gel dans les cheveux gris, costume noir sur mesure avec chapeau. Le vieil homme ne ratait jamais sa cible, c’est bien pour cela qu’il était encore vivant et au service de la mafia. Malheureusement, sa vue commençait à baisser…bientôt, cela se verrait et il serait liquidé, comme ceux qu’il avait tués et dont il avait prit la place…
Soudain, alors qu’il rentrait dans sa salle de bains froide, blanche et humide, Enzo entendit un bruit suspect dans son appartement. Rapidement, il prit un Automatique cachée dans le couloir, et se rua dans sa chambre, où une vision impressionnante le fit stopper.
Ce n’était pas un homme. Juste une ombre. Elle se tenait devant son lit, la lumière du matin semblait l’assombrir encore plus. Lorsque sa voix se fit entendre il su qu’elle hanterait ses nuits pendant longtemps.
« Il faut qu’on parle toi et moi…
Le poids des années se fit lourd ses épaules. Il tituba, il avait peur, il craignait la douleur, la mort et cette… chose…
- Que.. que… qui êtes vous ?
- Pose cette arme Enzo… ou je m’en occupe.
Mais le vieux se raccrocha à cette idée. Il avait une arme… il réaffirma sa prise sur la crosse et la pointa vers la chose sans nom. Il eu un sifflement et une douleur. Il lâcha son arme alors que sa main droite était en sang. Une sorte de poignard, avec une forme étrange se retrouvait ficher dedans. Toute résolution disparut, il tomba à genoux…
- Parler de quoi ? »
Enzo ne voyait pas le visage ou ce qu’était la chose, mais il crut alors remarquer une sorte de sourire…
Alex Ryder était un simple messager, un gars médiocre qui bossait pour les Corleone en amenant des choses, des objets, des colis à la famille ou à leurs « amis ». Le jeune homme de 25 ans n’avait jamais pensé à ouvrir les boîtes ou les colis, d’abord par peur de représailles, mais surtout parce qu’il était un peu simplet. En fait, c’était un gros débile tout juste capable de conduire une voiture sans poser de questions. Et c’était d’ailleurs pour cela que le Don l’avait engagé : Il était trop con pour tenter quelque chose.
L’homme blond marchait tranquillement dans la rue. Il venait de passer une petite heure chez Maria, sa prostituée préférée, et se sentait plus « léger » maintenant, bien qu’assez fatigué. Alors qu’il bifurquait d’une des grandes avenues de Chicago pour rentrer dans une ruelle étroite, Alex fut happé par une sorte de chose provenant des recoins sombres du lieu. Il aurait voulu crier, mais il ne le pouvait pas : quelque chose au goût de cuir était entré dans sa bouche, l’empêchant de pousser un hurlement de peur tandis qu’il entrait dans le recoin le plus sombre et le plus effrayant de la ruelle, tiré par un être difforme et monstrueux…
L’opéra. Il n’avait jamais aimé ça. Mais sa mère s’arrangeait toujours pour passer une soirée par mois avec son père ici. Lui restait à la maison avec une baby-sitter quelconque. Et aujourd’hui il se trouvait au-dessus de la scène, dans l’ombre attendant que sa proie soit seule. Il comprenait pourquoi elle venait là. La puissance des émotions retranscrit étant tout simplement divine. Bien sur lui n’écoutait pas ce genre de musique habituellement, mais il commençait à apprécier celle là. Mais il était pour un travail et il était temps de s’y mettre. Il s’élança vers une poutre s’y agrippa et s’en servit pour se propulsait vers le balcon où se trouvait l’objet de sa visite. Son entraînement de gymnaste fit qu’il atterrit sans bruit devant l’homme le plus puissant de la pègre de chicago.
« Bonjour Mr Corleone.
Il faut croire que la vue d’un homme en noir avec un masque effraya un peu le parrain. Il chercha du regard son garde du corps, en l’occurrence Enzo. Celui-ci ne bougea pas. Alors que le chef allait gueuler sur tout le monde, Batman posa un doigt sur ses lèvres en signe de silence.
- Bien, maintenant tu vas m’écouter. Tu vas faire ce que je te dis sinon le petit James Corleone va avoir un accident.
Il balança la photo du gosse sous les yeux du grand-père horrifié. Celui-ci réprima un juron, mais se ravisa et laissa parlé l’ombre qui se tenait devant lui.
- Parfait. Donc à partir de maintenant toi et tes hommes vous allez vous tenir à carreau. Plus de meurtres d’innocent, plus de drogues, de prostitution infantile. Un innocent meurt de ta main et je tue un membre de ta famille c’est clair ?
Il n’attendit pas la réponse, un fumigène éclata, ne laissant derrière lui qu’une toux sèche.
Il savait que cela n’éviterait pas tout. Que le Don limiterait la casse, mais qu’il y’en aurait quand même. Mais mettre le parrain hors d’état de nuire ne ferait que mettre des centaines de cinglés en roue libre dans les rues. Parfois le remède est pire que le mal. Mais son intervention lui donnait un peu de répit. Du répit pour essayer de sauver des vies. Pour préserver sa ville.