Troisième partie : Déchéance
A mesure que je me rapprochais du manoir familial, je prenais peu à peu conscience de ce que je venais de faire. Je venais de m’opposer à un ordre direct de mon père, moi qui lui fut toujours soumis. Et déjà je commençais à paniquer, redoutant plus que tout la réaction de mon géniteur.
Soudain, je la vue, l’immense bâtisse émergeait de la forêt. Magnifique demeure construite par Warren Worthington premier, patriarche et fondateur de l’*affaire* familiale. La beauté extérieure contrastait totalement avec ce qui ce passait à l’intérieur, elle restait, là, inaltérable insensible, impassible.
Je me posai sur le toit et me dirigeai vers une sorte de petit placard en métal sur celui-ci. J’appuyais alors sur un bouton camouflé en boulon et un écran plasma pivota à partir d’un des morceaux de la structure métallique et une voix métallique en sortit.
« Identification
- Warren Worthington
- Identification terminée. Bienvenue Warren »
Le placard s’ouvrit et je pus alors y pénétrer. L’intérieur était en fait une sorte d’ascenseur camouflé, une sortie de secours connue de mon père et de moi seul. Un étage plus bas se trouvait les appartements de celui-ci. Pendant la descente je pris la peine de passer un long manteau pour cacher mes ailes, quand le les laissais à la vue de tous, cela le gênait, il en était jaloux, car c’était la seule chose que je possédais et lui pas.
Sortant alors de l’ascenseur, je suivis un très long couloir, orné de magnifiques tableaux des plus grands maîtres, de portrait de famille. De ci de là, quelques caméras, mais le plus étonnant était le fait que je ne voyais personne, le manoir semblait vide, alors que d’accoutumé, il y avait toujours quelques associés de mon père hantant le salon un verre de whisky à la main et un cigare au bec.
Et là, je la vu, l’immense porte en chêne décorée minutieusement par des milliers de feuilles d’or, un grand W ornait le sommet de celle-ci. A ses cotés, se trouvait une sorte de serrure, mais sans trou pour la clé. Il s’agissait en fait d’un dispositif de sécurité des plus performants de la côte est des Etats-Unis, il suffisait de placer son doigts dessus pour qu’un minuscule aiguille vous pique et analyse votre ADN et vous reconnaisse. Je m’exécuta et ouvrit la porte.
Un homme énorme et chauve en sortit en même temps, me regardant avec dédain, il ne prit même pas la peine de me saluer et continua son chemin comme si de rien n’était. C’était sûrement un mafieux du coin venu narrer ses derniers exploits macabre à mon père qui en raffolait. J’entrai alors.
« Tu m’a déçu Warren…
- Enfin père, vous vous doutiez…
- Humm… Warren, je te connais, je ne me doutais pas, je savais. C’était un test, que tu a raté.
- Mais…!
- Je suis fatigué, Warren, je voulais savoir si tu étais prêt pour prendre ma succession. Je vais donc devoir faire des heures supplémentaires.
- Un test, père ? Vous avez joué avec des vies humaines !
- Peuh… des insectes, oui. De toutes façons, ils ne sont rien. Bien sûr je ne risque rien pour le procès, le juge doit déjà avoir reçu ses commodités »
Ainsi parla mon père. Vêtu d’un ensemble Gucci, un cigare cubain dans la main, il manipulait nerveusement de l’autre main un stylo quelconque. Sur son bureau, quelque bibelots chics et une photo de famille, sans doute pour soulager sa conscience en s’inventant une vie de famille paisible.
« Quoiqu’il en soit, Warren, sache qu’à l’avenir, je ne tolérais plus aucunes erreurs de ta part. Toute action commencée se doit d’être achevée. Je peux te déshérité et faire de toi un paria, pourchassé sans relâche par mes hommes en un seul coup de téléphone, pense y quand te reviendra l’idée de me trahir. Tu es mon fils, et c’est ce pourquoi tu es encore vivant, si s’eussent été un autre, il pourrirait déjà es pieds dans le béton au fond du canal, garde bien cela en tête Warren et ne l’oublies pas : Toute action commencée se doit d’être achevée»
Et sur ce mon père me congédiât, me laissant dans la plus grande surprise. Il l’avait bien pris, cela n’envisageait rien de bon. Comme quoi j’aurais du m’en douter. Une fois là-haut je déploya mes ailes et m’envola en direction de ma villa.
Le soleil commençait maintenant à déployer ses rayons balayant les ténèbres d’une ville déjà beaucoup embrumée. Et déjà les rues étaient surpeuplées, les entrées de métro vomissant un flot imperturbable d’hommes et de femmes aveugles à l’horreur urbaine qui les entourait. Je devais faire attention à ne pas être aperçut, un homme volant est beaucoup plus intéressant sur une table d’opération les entrailles à l’air plutôt qu’évoluant dans les cieux.
Et voilà que j’arrivai chez moi. La porte semblait ouverte depuis mon point de vue. Et en me rapprochant, je constata que j’avais raison. Une vague de peur m’emporta un instant, et je courus rapidement dans la salle ou j’avais enfermé Tara. L’entrée avait été fracturé et la jeune femme ne s’y trouvait plus, j’ai fouillé la maison un bon moment avant de regarder par la fenêtre, les serres ! J’avais oublié de visiter les serres.
Me dirigeant alors à l’est de mon domaine, j’approchais des serres ou jadis ma mère cultivait ses plantes, abandonnées depuis longtemps, elles étaient sensées être condamnées, mais la lumière à l’intérieur était allumée. J’ouvris alors la porte, un cliquetis se fit alors entendre, sinistre craquement signalant l’ouverture des vannes ayant pour but d’arroser toute la serre. Le système d’arrosage se mit alors à déverser son macabre liquide dans toute la serre, du sang. Toute la serre se teinta de sa couleur et moi avec.
Tout de suite j’avais compris, et me dirigeai à l’arrière de la serre, ici trônait une énorme cuve alimentant le système d’arrosage de celle-ci. Terrifié par ce que j’allais découvrir, je grimpa à l’échelle qui lui était fixé. Une fois au sommet j’ouvris l’énorme sas. Impossible de voir quoi que ce soit, l’eau vermeille empêchait toute vision. Malgré mon dégoût, je plongea ma main dans ce mélange sordide d’eau et de sang, et là, je la sentie. J’agrippa alors le corps et le sorti de la cuve. La jeune femme avait été tuée pendant que j’étais chez mon père… sur ordre de mon père. La pauvre n’avait eu aucune chance, un trou dans son épaule témoignait sûrement de la présence d’une balle et sa gorge tranchée était signée des hommes de mon père. Sur son bras était gravé au cutter : « Toute action commencée se doit d’être achevée »
C’en fut trop ! Il était allé trop loin ! Je ne pouvais plus le laisser continuer à agir, je ne pouvais plus le laisser vivre, sans doute la haine guidait mes pas, mais celle-ci était justifiée.
Après avoir vidé le congélateur de la cuisine et y avoir placé le cadavre de la jeune femme, je pris mon revolver dans mon bureau et parti en direction du manoir familial.
Il était temps, pour lui, d’assumer les conséquences.
(à suivre)