Frank et le chercheur arrivèrent finalement sans se faire remarquer au bureau visé auparavant. Avec une discrétion rare, le jeune black avait réussit à ouvrir lentement et sans bruit la porte tout en gardant son regard inquiet sur la scène de Bob se faisant engueuler par son chef car il venait de détruire « cette foutue carte de merde !!! ». Le jeune homme réprima un sourire en entendant les vagues excuses de l’homme en refermant la porte derrière lui.
L’homme de couleur se tourna alors vers le chercheur qui s’était avancé plus dans le bureau, bureau qui était en fait un laboratoire très évolué…plusieurs grandes machines inconnues à Frank trônaient dans les différents recoins de la pièce, machines à qui s’ajoutaient plusieurs armes elles aussi mystérieuses…voila donc une des caches d’armes du pays, pensa le jeune homme…
« Vous pouvez approcher ?
- Bien sûr. Dites, on peut se tutoyer ? Ca me fait bizarre de vous parler ainsi…
- Euh oui, bien entendu. Bon, écoute, le seul moyen pour nous de sortir d’ici réside dans la création d’un de mes collèges…
- Et c’est quoi ?
- Ceci ! »
John appuya alors sur un bouton de la console contre laquelle il était appuyé, et le pan du mur devant eux bougea lentement sans bruit, laissant apparaître une autre pièce, plus petite, éclairée de spots jaunes, au milieu de laquelle était posée une paire d’ailes mécaniques ainsi qu’un casque ressemblant à une tête de faucon.
« Comme dans mon rêve…
- Qu’avez-vo…qu’as-tu dis ?
- Rien, rien…donc avec ça on va pouvoir partir ?
- Oui, si j’arrive à la faire fonctionner…
- Tu ne sais pas ?
- C’est une invention d’un de mes collègues et il la garde farouchement, il m’était impossible de l’examiner en détail, mais c’est un crétin pas très original et il doit avoir mit un dispositif genre « bouton rouge »... Ah, bin, voilà quelque chose de plus réfléchi !
- Quoi ? Arrête de faire dans le suspense, y a des mecs armés à coté !
- Ces ailes sont commandées par la pensée, il suffit de mettre le casque et de s’attacher les ailes.
- Ca a l’air simple.
- Il te faudra peut être un peu d’entraînement, mais je doute que ces types te laissent voler dans l’immeuble en toute impunité.
- Bon, explique moi vite comment faire.
- C’est assez simple dans la théorie, tu décides d’un endroit où aller qui est dans ton champ de vision et les ailes t’emmène. Mais en pratique, c’est plus délicat, disons.
- On a pas le temps, bien, y a-t-il des armes ? Ses ailes sont potentiellement dangereuses, il y a bien un truc à balles, un explosif, quelque chose ?
- Non.
- Hein ? Tu veux dire que j’dois te sortir de là avec des ailes mécaniques dont tu ne connais même pas le fonctionnement et qu’il y a pas d’armes ?
- Exact.
- Et tout ça alors ???
- Elles ne sont pas en état de marche.
- Ah ouais ?
- Oui, elles sont défectueuses. Si tu tires avec un de ces flingues, tu as plus de chance d’y passer que de toucher ton adversaire.
- Merde alors… »
Frank observa alors longuement les ailes. Que devait-il faire ? Pouvait-il être sûr de John ? Ces ailes n’étaient-elles pas dangereuses pour lui-même ? Etait-ce un piège ? Beaucoup de questions auxquelles il ne pourrait pas répondre. En effet, tandis qu’il regardait la création futuriste, la porte s’ouvrit en grand pour laisser apparaître Bob et son chef, des fusils d’assaut à la main, un casque étrange sur leurs têtes.
« Bougez plus ! »
Le jeune black et le chercheur ne savaient pas quoi faire. Ils allaient sûrement se faire tuer, vu qu’ils avaient mis KO un des amis de ces deux fous et parce qu’ils étaient des témoins gênants.
« On fait quoi, boss ?
- On les tue, bien sûr.
- Quoi ?
- Oui, on les tue.
- C’était pas dans mon contrat !
- Ta gueule avec ton contrat à la con ! »
Ces types s’engueulent en permanence, se dit Franck. Peut être qu’ils serraient tellement occupés que John et lui même pourraient continuer à préparer leur évasion. Mais les criminels ne les avaient pas oubliés. Il ne pourrait pas réitérer son exploit comme contre le type qui avait emmené le scientifique aux toilettes. Il ne bénéficiait pas de l’effet de surprise et les hommes étaient bien armés. Des M16 commando, de toute évidence. Ayant traîné des années avec des mecs louches, il savait reconnaître quelques armes. Ils avaient du trouver celles ci dans un surplus de l’armée ou plutôt ils s’en étaient procurés au noir.
John avait aussi comprit que leur chances de survie étaient minimes. L’un des deux hommes, le crane couvert d’un bonnet noir, une combinaison assortie, et qui aurait pu paraître à un soldat de l’U.S. Army, s’approcha.
-Qui a cassé la gueule de Josh ?
Josh devait être ce jeune homme qui avait goûté aux poings de Franck et devait à présent être réveillé et allait le dénoncer de toute façon.
-C’est moi, dit Franck.
Les deux mecs lui firent signe de se lever avec leurs armes, toujours sur le qui-vive. Aussitôt après, le chef, celui qui se nommait Josh et Bob entrèrent. D’un coup d’œil, le chef du groupe comprit qui avait attaqué Josh.
-OK, mec, qui es-tu, qu’est ce que tu fous là et sur quelle partie du corps préfères-tu te faire plomber ?
Le destin de Franck était scellé. Soit il répondait et on le tuait, soit il ne répondait pas et on le tuait tout de même.
-Euh, chef… dit Bob d’une petite voix.
Il semblait apeuré par la réaction de son supérieur. Celui ci se tourna, l’air méfiant et exaspéré.
-Qui a-t-il, crétin ?
-Euh… On pourrait peut être l’engager ? Il a l’air costaud au corps à corps et il a attaqué Josh qui est un des membres les plus forts du groupe. Ca demande réflexion, non ?
Le chef hésita un instant puis prit la parole.
-Pas con, ce qui est rare venant de toi. OK, on vote, qui est pour l’engager ?
Deux mains se levèrent. Le chef les regarda longuement, et vida son chargeur sur les deux hommes devant les yeux ébahis des autres et des deux otages. Le tireur finit alors son office, et rechargea son arme.
« On ne discute pas mes décisions… »
Le leader regarda chaque des neuf autres membres de son équipe d’un regard froid et sans humanité. Ce type était un fou furieux, pensa Frank. Le genre de mecs qui tuent sans hésiter femmes et enfants si ils sont gênants. Le jeune homme déglutit : ils allaient mourir, maintenant il en était sûr.
John était aussi apeuré que le jeune black. Il n’avait pas voulu cela. Lui, il voulait juste faire tranquillement ses expériences dans son coin, avoir une gentille femme, un gosse, rentrer à heures fixes et avoir une vie normale…pourquoi avait-il accepté ce foutu boulot ? Il n’était pas un héros, et il allait mourir…
Soudain, le chercheur releva la tête. Oui, il allait mourir. Mais au moins, il allait choisir comment il allait passer de vie à trépas. Aussi rapidement qu’il pu, il sauta sur le commando, à leur grande surprise.
« Frank, prends les ailes et fuis ! »
Le jeune homme aurait voulu dire quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Il était stupéfait de voir que le chercheur avait osé se sacrifier pour le sauver, lui qui ne le connaissait pas hier. L’adolescent, en voyant le chercheur tenter d’empêcher les terroristes de tirer, se leva d’un bond, prit les ailes dans ses bras, et courut dans un couloir pour les mettre à l’abri des tirs et du commando qui criait.
Avec de la chance, il arriverait à les enfiler, et à aller aider John…mais alors qu’il rentrait dans un bureau, Frank entendit plusieurs coups de feux, et un râle. Il reconnut la voix. C’était John. Il était mort. Vraiment mort. Il s’était sacrifié pour qu’il vive. Une larme perla sur sa joue, mais il l’ignora. Il devait se dépêcher. Son ami avait donné sa vie pour lui, il devait le respecter en faisant tout pour rester vivant.
Rapidement, Frank positionna sur son dos les lourdes ailes de fer, et mit le casque sur sa tête. Il faillit tomber sous le lourd poids des ailes, mais se retint à une table. Wow, c’est pas léger, pensa-t-il…
Son arsenal se mit alors en marche. Les ailes se dressèrent sur son dos dans un léger bruit d’électronique. L’écran du casque, auparavant noir, s’alluma et il découvrit une dizaine de taches rouges en mouvement et de forme humaine. Capteurs thermiques, se dit aussitôt Franck. C’était de la belle technologie. Mais ainsi, il risquait de se prendre les murs froids et devait avoir une vision normale. Des que cette pensée lui vint, il vit à nouveau normalement. L’appareil obéissait à ses pensées. Il devait partir, John était mort pour ça. Mais il entendit justement sa voix hurler de douleur dans la pièce où ils les avaient piégés. Ils le torturaient. Ils devaient tirer des balles un peu partout sur son corps.
-Amene-toi, Black man, ou ton pote saura ce que ça fait de perde chacun de ses membres un à un.
Un fou, ce type est fou, tout simplement. Il torturait John pour que Franck aille le sauver et qu’ils puissent récupérer les ailes. Mais ils ne les auraient pas, les ailes, John et Franck, tous quitteraient cet immeuble.
Il se rapprocha, utilisant tout son arsenal, infrarouges, capteurs auditifs, tout, pour ne pas être piégé. Et il eut une idée de la scène. John était à genoux, le chef derrière lui en train de tirer sur différentes parties du corps qui ne sont pas indispensables et à chaque fois, John hurlait de douleur. C’en était trop, il fallait qu’il y aille.
Il se dressa au milieu du trou qu’avait créé l’explosion et tous les hommes pointèrent leurs armes sur lui.
-Files ton matos, dit le chef. Ou je le bute.
Il rapprocha son M16 de la tempe du savant qui hurla alors :
-Franck, casse toi avec, ils nous buteront de toute façon ! Tire toAAH !!!
John s’était pris une balle dans la tête. Tous les acolytes armés tirèrent alors sur Franck qui, par réflexe, se protégea la tête. Mais les ailes d’acier firent de même et formèrent une sorte de cocon protecteur. Franck ne fut pas touché, mais les hommes rechargèrent et il n’avait pas le choix.
Il se rua sur la fenêtre mal isolée, située juste derrière lui et se jeta en travers. L’espace d’un instant, il tomba en chute libre, mais dans un effort de concentration immense, il réussit à faire battre les ailes. Il volait ! Les ailes marchaient parfaitement, et il arrivait à planer sur la ville à demi plongé dans l’obscurité ce qui lui permit de passer inaperçu. Mais il était trop ébranlé par la mort de John pour continuer et il perdit le contrôle. Les ailes cessèrent de battre et il tombait, il tombait de plusieurs centaines de mètres de haut. C’en était fini de lui.