par Geoff.Choix, troisième partie.Trois semaines plus tôt.
Cole Cash avait peur.
Evidemment, le nouveau chef de la pègre locale n’accepterait jamais de l’avouer…et n’accepterait jamais que quelqu’un l’évoque. Mais il avait bel et bien peur de ce qu’il se passait ces derniers jours dans Chicago. Sa ville. Du moins, c’était ainsi jusqu’il y a peu…
Ses hommes étaient, eux aussi, terrifiés. Leur adversaire le plus coriace, Batman, semblait avoir mit les bouchées doubles. Arrestations, brutalités parfois excessives, menaces, chantages…Depuis quelques jours, le « protecteur » de la ville usait de toutes leurs méthodes, sauf le meurtre et la torture, pour faire comprendre aux criminels qu’ils devaient se calmer, sous peine de punitions. Et quelles punitions…
Chaque membre de son organisation avait reçu des photographies de ses proches, avec le signe de Batman dessus. Tous avaient compris que leurs familles, leurs amis étaient menacés si ils n’obéissaient pas aux directives de leur adversaire…
Et ça, Cole Cash ne l’acceptait pas.
Il s’était suffisamment battu pour avoir ce pouvoir, pour avoir cette ville. Après avoir passé tant d’années en cage à cause de Simeoni, et après s’être vengé pour avoir ce qu’il aurait dû avoir depuis toujours, Cash n’allait pas se laisser avoir par un imbécile en cuir. Même si ils s’étaient alliés à un moment critique…ça n’allait pas se passer comme ça.
Cole se retourna, son Martini blanc à la main.
Il s’approcha rapidement du téléphone, composa un numéro qu’il ne connaissait que trop bien, et demanda quelqu’un de spécifique au bout du fil. C’était risqué, il le savait. Mais son interlocuteur allait peut-être être de son côté…même si ça paraissait être fou. Tous deux étaient potentiellement menacés par un Batman devenu fou, et il pourrait facilement le convaincre après ce qu’il s’était passé avec Dent…
Mais le chef de la pègre fut stoppé par ses pensées quand il entendit une voix fatiguée et rongée par la cigarette au bout du fil. Il sourit alors, avant de parler d’une voix charmante en fixant l’extérieur de sa villa.
« Inspecteur Gordon ? Bonjour, ici Cole Cash. Je crois que nous à parler… »
Au même moment.
Oswald Cobblepot avait lui aussi peur.
Le casse qu’il devait faire ce soir était normalement anodin et facile, mais il avait reçu quelques heures plus tôt une lettre…de Batman. Sa femme et sa fille, qu’il n’avait plus vues depuis des années, étaient en photographie à l’intérieur. Avec un mot, en plus. « Ne fais rien ce soir ». L’avertissement était plus qu’explicite…mais il n’avait pas eu le choix.
Son patron l’avait obligé.
Malgré ses supplications, malgré la lettre, il devait payer. Freeze n’aimait pas quand on était en retard, et il avait une façon bien à lui de prendre des intérêts à ses débiteurs…et Oswald ne voulait pas perdre un doigt ou deux. C’était pour cela qu’il était venu, ce soir-là, avec quelques amis. En espérant que tout se passerait bien, et que Batman ne serait pas là, à les observer…
« Oswald ? »
Il se retourna. Un de ses hommes de main venait de lui toucher le bras, et il ne s’en était même pas aperçut. Etrange, pensa-t-il…il faudrait qu’il fasse un check up complet, demain, pour voir si il n’avait rien…Mais ça devait sûrement être le stress et la peur.
« Qwa ? Qu’est-ce qu’y a ? »
Cobblepott avait un langage très personnel. A cause d’une sorte de bec de lièvre, sa prononciation était très mauvaise, et ressemblait même aux vagues croissements des pingouins, sur la banquise. Cela avait d’ailleurs donné naissance au pire surnom d’Oswald : le pingouin.
Toute son enfance, il avait dû subir ce surnom difficile, et c’était ça qui l’avait conduit au crime. Même si il avait failli trouvé la paix avec son ex femme, jamais Cobblepott n’avait pu passé outre ces blessures enfantines, et c’était pour cela qu’il tentait toujours de faire le Mal et de voler les riches…pour tenter de se donner confiance en lui, et pour se venger.
« On est prêt, boss…
- Bon…D’accord…Mais c’est pas twa qui me doit qwa faire… »
Oswald s’approcha de ses hommes.
Dans une rue sombre et sordide de la ville, ils étaient cinq à attendre les ordres de leur patron, qui lui-même dépendait d’un autre patron…La hiérarchie était présente partout dans le monde, et surtout dans le milieu criminel.
« Bon…Messieurs, vous savez tous qwa faire…On entre dans la bijouterie, on prend ce qui vaut quelque chose, et on s’en va avant l’arrivée de la police, et de…
- Moi ? »
Cobblepott entendit une voix.
Une voix sourde, étrange, dure et presque cruelle en même temps…
Tous levèrent alors les yeux, cherchant l’origine de la voix…même si ils savaient tous ce que ça voulait dire, et qu’ils ne pourraient jamais le voir, sauf si il le voulait…
« Qui a dit ça ? »
Mais Oswald le savait déjà.
Sa pire peur venait de se réaliser : il n’avait pas suivit les ordres de Batman, et il était venu le châtier pour ça…
« Moi, Oswald…Moi ! »
Soudain, une ombre descendit du ciel obscur de la ville.
Tombant au milieu des six personnes, une forme noire atterrit sur le sol dur de Chicago. En quelques gestes, deux des hommes de Cobblepott tombèrent lourdement sur le sol, avant que les autres n’aient pu sortir leurs armes. La peur s’empara encore plus des personnes présentes…
« Non…non…non…
- Si, Oswald…si. »
Des balles ricochèrent alors sur le sol, espérant accrocher le corps de Batman. Mais c’était peine perdue. Dans l’obscurité de la ruelle, il régnait en maître, et nul ne pouvait le voir ou le toucher si il ne l’autorisait pas.
Avec la grâce d’un acrobate, le protecteur de la ville sauta en l’air, et mit KO deux des hommes de Cobblepott simplement avec ses jambes. Et alors qu’ils retombaient lourdement sur le sol, il allait déjà s’occuper du chef et du dernier de ses hommes…
« On…on peut trouver un arrangement, qwa…
- Non, Oswald. Je t’avais prévenu. Je t’avais envoyé la photo. Maintenant, tu vas en payer les conséquences… »
D’un geste, le dernier homme de main d’Oswald Cobblepott tomba lourdement au sol, inconscient. Son employeur pu enfin alors voir Batman, qui s’approchait lentement de lui, un Batarang dans chaque main, et apparemment prêt à les employer…
Dans cette rue sordide de Chicago, le protecteur de la ville allait punir un criminel de n’avoir pas suivit ses nouvelles règles…Il allait montrer à tous ceux qu’il voulait stopper qu’il ne rigolait pas, et qu’il n’était pas qu’un dingue en costume. Batman était dangereux, et il fallait le prendre au sérieux…
« Qwa que tu vas me faire ? Qwa que tu vas me faire ? Qwaaaaaaaa ?! »
Les hurlements d’Oswald Cobblepott allaient se propager durant de longues minutes de souffrance aux mains du soi-disant protecteur de Chicago…Durant tout ce temps, il allait implorer Dieu, Satan et toutes les divinités connues pour que ce cauchemar cesse, mais il n’allait pas cesser avant une heure, environ…Son bourreau voulait qu’il souffre, et voulait que tout le monde sache qu’il n’était pas un guignol. Et il allait réussir.
Seules les drogues et les soins qu’il aurait le lendemain matin, au Wayne Hospital, permettraient à Oswald de s’en sortir…Bruce Wayne en personne allait l’opérer pour faire sortir le Batarang qu’il avait dans le ventre, après que Batman l’ait introduit par une voie pas du tout prévue pour cela, et ce après de longues minutes de torture sur son corps avec ce même objet…
Cobblepott avait failli mourir, mais s’en sortirait et réussirait à remarcher après des semaines de rééducation et d’efforts douloureux. Mais après cela, tout le monde dans la criminalité que Batman ne rigolait pas devant ce spectacle affreux, dont la nouvelle se propagea dans toute la ville…
Tous comprirent alors que leur ennemi était redoutable, cruel et potentiellement pervers…et qu’il fallait prendre ses menaces très au sérieux, pour éviter d’avoir le même sort que le pauvre Oswald, qui n’arrivait même pas à rester assit plus de deux minutes…
J’ai tout vu.
J’ai observé les actions de Bruce Wayne toute la nuit, et j’ai regardé ce qu’il a fait le lendemain, dans son hôpital. La nuit, j’étais vêtu comme lui de ma vraie peau, de cet habit de cuir qui me fait me sentir bien et qui me rend heureux. Et le jour, comme lui, j’étais obligé d’être nu devant tous ces gens, d’être seul et sans ce masque qui me protège et me faire me sentir moi-même…
Au fond, je ne dois pas être trop différent de Batman.
Tous deux, nous avons un objectif, et nous sommes prêts à tout pour y parvenir.
Mais nos buts diffèrent : il veut soi-disant protéger sa ville, alors que ses actions vont la pousser jusqu’au totalitarisme sécuritaire exacerbé. Je veux l’anarchie et la liberté pour tous. Fondamentalement, nous ne pouvons qu’être opposés. Et pour des gens comme nous, cela implique automatiquement un conflit violent et brutal…
Il faut que je l’arrête. Je ne peux pas faire autrement. Même si ses motifs sont globalement compréhensibles, et que le fait qu’Harvey Dent, un ami de Wayne, ait été blessé alors que Batman était en retard explique certainement sa peur et sa fatigue psychologique, je ne peux le laisser faire. Je ne peux le laisser aller au bout de ses idées.
Batman veut ficher les criminels, et utiliser leurs méthodes pour les stopper. Fondamentalement, je ne suis pas contre. Je fais bien exploser des tours de bureaux vides et j’utilise la Bourse pour faire descendre les prix qui me dérangent et qui exploitent des pays pauvres. Oui, fondamentalement, nous avons presque les mêmes méthodes. Presque.
Jamais je ne toucherais aux innocents ou à la famille de ceux qui sont mes adversaires. Jamais je ne ferais de menaces, de chantages sur les enfants ou les femmes de ceux que je veux stopper ou tuer. Ils ne m’ont rien fais, ils sont innocents. Presque purs, car évidemment salis par cette saloperie de société de consommation. Il ne faut pas toucher à ce genre de personnes…jamais.
Et c’est pourtant ce que fait Wayne.
Malgré sa condition de médecin, il veut faire du mal à des êtres que je considère comme intouchables. Il s’abaisse aux méthodes de ceux qu’il combat, alors qu’il est logique de penser qu’un jour, il sera comme eux…Soigner le Mal par le Mal, certes, mais il y a des limites, et un certain code d’honneur à avoir…
Je ne peux le laisser faire. Où est-ce que ça va aller ?
Alors que les émeutes anti Mutants explosent dans les rues, ne voudra-t-il pas les réglementer, eux aussi ? Contrôler leurs naissances ? Les utiliser comme ressources pour sa ville ou son hôpital ? Les tuer si ils voulaient reprendre leurs libertés ?
Et n’a-t-il donc pas compris que les criminels ne vont pas accepter ce qu’il fait ? Ne sait-il donc pas que Cole Cash n’acceptera jamais de telles méthodes ? Ne voit-il pas déjà le retour de bâton qui s’annonce ?
Je crains des affrontements…
Je crains des morts violentes…
Je crains Chicago mise à feu et à sang…
Je ne peux pas laisser faire ça. Je vais intervenir. Je ne vais plus observer, comme hier soir. Prends garde à toi, Bruce Wayne…et Batman. Tu as désormais contre toi l’icône de la Révolte en marche, le poing qui explosera les carcans du peuple. Je suis l’Anarchiste. Et tu vas apprendre à me connaître…