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 Projet W

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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyJeu 9 Nov - 17:48

J'espère que ça te plaira. Je m'amuse beaucoup, là-dessus, comme en témoigne ce déjà 6e épisode.

Episode #6 : Back to the Future.

« Bonjour, Seth.
Je suis sûr que tu es surpris de me voir après tout ce temps, mais je pense que tu devrais calmer tes nerfs qui doivent sûrement être enragés par ma présence, vu qu’il se peut que grâce à moi tu sortes de ce trou. Assieds-toi, je t’en prie. »

John Doe souriait calmement en disant cela.
Assit à une table en métal froid, dans une pièce avec seulement ce meuble et deux chaises du même matériau avec pour seule lumière une petite ampoule nue au-dessus de lui, il semblait très calme et posé, avec ses mains jointes sur la table. Comme toujours, il était simplement habillé d’un costume noir et d’une chemise blanche avec cravate sombre, et ses cheveux étaient parfaitement coiffés au-dessus de ses lunettes noires. Il était comme la dernière fois que Seth Harrison l’avait vu, finalement. Ce qui était bien différent de son cas, évidemment…

L’Anglais était dans un sale état, et ce n’était rien de le dire. Enchaîné aux pieds et aux mains par d’énormes menottes en métal, les cheveux et la barbe longs comme jamais, il ne portait qu’un simple caleçon sale et malodorant. Il avait aussi plusieurs cicatrices en plus sur tout le corps, spécialement autour du cou et des poignets.
On aurait dit en le voyant ainsi que le trentenaire avait passé plusieurs semaines ou même plusieurs mois à être torturé et maltraité chaque jour et peut-être même chaque heure par des bourreaux infernaux…et on aurait eut raison. Ca faisait maintenant six mois que Seth Harrison avait été renvoyé ici, dans son enfer personnel, et durant tout ce temps, il avait été la proie et la victime favorite de ses gardes…Et tout ça simplement par la faute de l’homme souriant qui se trouvait en face de lui…

« Doe… »

Seth lançait un regard extrêmement noir vers son ancien patron. Malgré sa fatigue, le manque de sommeil, le manque de nourriture et toutes les humiliations subies ces derniers mois, jamais il n’avait oublié sa haine envers Doe, qui l’avait renvoyé ici suite à l’abandon de son projet d’équipe secrète de l’ONU, et jamais il n’avait perdu l’espoir de pouvoir se venger un jour…Et là, maintenant que l’homme qui était responsable de ses malheurs était juste devant lui, Harrison se sentait comme un enfant devant des tonnes de cadeaux le jour de Noël…Et il avait vraiment envie d’en profiter un maximum…

« Doe ! »

L’Anglais sauta, malgré ses chaînes et leur poids, simplement mû par sa rage et son envie de vengeance, vers la table et son ennemi à quelques mètres. Mais à cause du peu de forces qui lui restaient, il n’arriva pas à dépasser le meuble et tomba très lourdement sur celui-ci, sentant ses côtes subir violemment le choc alors qu’il avait toujours un regard plein de haine et de colère dans les yeux, et que son ancien patron n’avait même pas prit la peine de bouger durant sa tentative.

« Prévisible, Seth.
- Je t’aurais…Je te jure que je t’aurais…
- Permets-moi d’en douter.
- Enfoiré…Tu sais pas ce que j’ai vécu ici…Je t’aurais…Je te jure que je t’aurais…Où que tu sois, où que tu vives, je te retrouverais…Tu sais pas ce que j’ai vécu ici…Tu sais pas ce que j’ai vécu à cause de toi ! Et quand je sortirais…Putain, quand je sortirais…
- Permets-moi de douter, encore une fois, de tes paroles. »

L’homme en noir semblait extrêmement calme.
Lui qui avait été plus qu’énervé et plus qu’hors de lui la dernière fois que Harrison l’avait rencontré, il était maintenant un modèle de « zen attitude » et de douceur. Il était posé, ne bougeait aucun muscle et inspirait autant la peur que la confiance. Mais pour celui qui se trouvait allongé et sans forces sur la table devant cet être, c’était plus la haine, la colère et l’envie de lui briser tous les os du corps un à un que lui inspirait la vision de John Doe…et c’était finalement assez compréhensible, vu ce qu’il lui avait fait…

« Déjà, je sais ce que tu as vécu ici : tu dois t’en douter, mais j’ai veillé personnellement à ce que tu retrouves l’habitant, si je puis dire, que tu avais quitté quand j’étais venu te chercher il y a quelques mois. Six, il me semble. Et j’ai donc observé tes premières « séances », si je puis dire encore une fois, pour connaître un peu ton sort ici. Je sais donc ce qu’on t’a fait ici, Seth. Je le sais très bien.
Ensuite, il est très improbable que tu saches où je sois et où je vive, étant donné que je ne vis nul part. Tu connais ça, tu as vécu une vie similaire à la mienne jadis, et nous savons tous deux que les agents secrets, spécialement les bons, n’ont pas réellement de résidence fixe. Bien sûr, j’ai un domicile pour les impôts et tout ça, mais je n’y suis jamais. Donc tu ne pourras certainement jamais me retrouver.
Et enfin, tu ne sortiras jamais d’ici. Du moins, pas pour essayer de me tuer et de te venger, ce qui est assez compréhensible même si je ne suis pas le vrai responsable de ta présence ici. Ton pays a décidé que tu étais un danger pour lui, Seth. Il t’a envoyé dans cette prison perdue du Swaziland, cette ancienne colonie anglaise perdue entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Et tu n’en sortiras jamais, sauf si tu acceptes encore de me suivre… »

Doe souriait calmement. Encore une fois, il irradiait de confiance et de charme, mais heureusement Harrison savait que tout ceci n’était que du flan. Bien sûr, la petite représentation de son ancien patron en impressionnerait plus d’un, mais ce n’était plus son cas désormais.
Il était à nouveau dans cet enfer que John lui avait fait quitter six mois auparavant, et il avait faillit pleurer comme un bébé quand il avait vu les sbires de ses patrons venir l’arrêter et le ramener ici, dans cette cage souterraine près de Lavusima, dans le Sud du Swaziland. Il y avait été interné cinq ans durant, cinq longues années d’humiliations et de tortures quotidiennes…et l’Anglais pensait en être définitivement sortit quand Doe était venu le chercher pour sa mission. Mais il se trompait.

Depuis six mois qu’il était de retour ici, sa situation n’avait fait qu’empirer.
Alors que les tortures de son premier séjour avaient déjà été énormes et inhumaines, et c’était bien une punition digne de son pays que de lâcher chez des « sauvages » un agent qui avait trahit, selon eux, pour qu’il apprenne un peu comment se conduire, là c’était pire encore. Ses gardes et geôliers n’avaient apparemment pas appréciés de voir leur victime partir ainsi, et avaient décidés de rattraper le temps perdu en y allant encore plus violemment et encore plus sadiquement pour les tortures. Seth avait donc subit des choses encore plus monstrueuses et encore plus difficiles que la dernière fois depuis six mois maintenant, et il avait décidé de reporter toute sa haine sur l’homme devant lui, même si il se doutait bien que Doe n’était que le messager de ceux qui avaient pris la décision de renvoyer dans leurs trous les membres de leur petit groupe.

« Va te faire foutre.
Je t’ai suivis une fois, et c’est encore pire qu’avant à l’arrivée. Tu crois vraiment que je vais retenter ma chance alors qu’au bout de deux foutues erreurs, je subis des trucs encore pire qu’avant ? Merde, je savais que les Américains étaient des débiles qui n’avaient qu’une seule vision blanc et noir du monde, mais pas à ce point… »

Seth était las. Et ça se voyait.
Lui qui avait toujours réussit à faire d’excellentes réparties et à avoir un sens de l’humour très énervant, il n’y arrivait plus maintenant. Il semblait avoir perdu toute combativité et toute force de caractère à cause de son retour dans cette prison, et au fond ça se comprenait : pour lui, et pour n’importe qui à sa place d’ailleurs, cet endroit représentait réellement l’enfer sur Terre, et il y était revenu alors qu’il croyait en être sortit…qui aurait encore eut la force de se battre et d’espérer dans ces conditions-là ?

Personne, évidemment. Et ça, John Doe l’avait bien comprit, même si il pensait encore au fond de lui que cette loque humaine pouvait encore lui servir, surtout avec les nouvelles instructions qu’il venait enfin d’avoir après plusieurs mois d’immobilisme et de vagues paperasses comme seules occupations.

« Allons, Seth…
Je sais bien que tout ceci, ce n’est que de la bravade.
Même si tu ne me fais plus confiance, et c’est normal, et que tu veux me tuer, et ça l’est aussi, tu désires plus que tout t’échapper de cet endroit. Nous savons tous deux que sans aide de ma part, c’est impossible : ton Gouvernement t’a déjà oublié, ou est content de te savoir ici, et personne d’autre ne te connaît. Tu es seul au monde, et la seule personne qui peut encore te faire sortir de cet enfer…c’est moi. »

L’homme en noir souriait doucement. Il savait que Harrison l’écoutait avec intérêt, et il savait aussi que cette loque était d’accord avec lui. Malgré son état, l’Anglais avait réfléchit dès le départ aux moyens de sortir de cette horreur, et il n’en avait trouvé aucun. Son seul et unique destin était de subir, encore et encore, d’affreuses tortures jusqu’à la mort, et personne ne pourrait rien pour lui. Sauf si on venait lui proposer quelque chose comme une sorte de remise de peine…comme ce que Doe était en train de faire…

« Hum…
- Donc, même si tu me hais et si tu désires ma mort, je suis ta seule chance de t’en tirer vivant…ou plutôt, de te tirer d’ici. Bien sûr, tu seras comme la dernière fois sous mon commandement, ton existence sera rayée et tu seras en danger très souvent…mais sache en tout cas qu’on ne te renverra pas ici si il y a un problème.
- Ah ? »

L’intérêt commençait à augmenter chez Seth, en plus du fol espoir de pouvoir survivre à cette horreur. Bien sûr, il n’appréciait toujours pas John et ne lui faisait toujours pas confiance, mais si il lui permettait de sortir d’ici…il était prêt à tout pour lui. Absolument à tout.

« Oui.
Nous avons aussi renvoyés Maggie et Fernando de là où ils venaient, mais au final…ce n’est pas une très bonne chose. D’une part, vous pouvez parler aux gardes ou aux autres détenus, et ça peut être dangereux pour nous. Et en plus, vous avez encore la possibilité de vous échapper vu que vous êtes encore vivants, et c’est encore plus dangereux pour nous. Nous avons décidés de changer de système, et donc si vous ne satisfaisez pas nos demandes à vos propos…nous vous tuerons, tout simplement. Cela évitera des ennuis et des problèmes à tout le monde. »

Doe continuait de sourire calmement.
Il était en train de parler de choses horribles et inhumaines, mais il était calme et posé. Et même si ça énervait énormément l’homme toujours couché sur la table en métal, force était de constater que John avait raison : mieux valait se faire tuer de suite plutôt que d’être torturé trop longtemps. Et en plus, ça permettrait aussi à Seth de sortir d’ici, d’être un peu libre, et de pouvoir aussi, peut-être, préparer quelque chose pour se venger de l’homme en noir et de ses patrons…C’était donc parfait, pour lui…sauf qu’il fallait qu’il ne tue pas Doe, évidemment, et ça, ça serait peut-être le plus compliqué…

« Alors, Seth ? Que penses-tu de ma proposition ? Acceptes-tu de me suivre et d’être sous mes ordres avec toutes ces conditions, ou préfères-tu rester ici encore quelques années avec tes gardes favoris ? »

Comme si Seth avait eut le choix : on lui proposait soit de sortir et d’être un peu libre, soit de continuer à souffrir. Il n’avait strictement aucun choix…Et Doe le savait bien, c’était pour ça qu’il arborait toujours son sourire condescendant et sûr de lui alors que l’homme sur la table parlait d’une voix fatiguée, en espérant ne pas refaire une des innombrables et terribles erreurs qu’il n’avait que trop faites dans sa vie jusque là…

« Je viens avec toi… »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyJeu 9 Nov - 17:48

24 décembre 1982.



Journal du Docteur Keller.



Trente-neufième jour d’expérimentation.

Quelle expérience merveilleuse. Je ne sais pourquoi j’ai eu tant de doutes au départ, mais maintenant tout ceci s’est envolé. Je ne sais si je réalise complètement ce que je fais ici, mais au moins je sais que maintenant, j’aime ça. Oui. J’aime ça. J’en suis même fou, et je n’arrive même plus à dormir sans penser à toutes ces fantastiques avancées scientifiques que je mets au point chaque jour. C’est fascinant. Oui. Vraiment fascinant, même si je l’avais déjà écris ici la dernière fois que j’avais pris la plume.

C’est vrai, je n’ai plus écris ici depuis longtemps. Mais j’ai été trop occupé pour cela. Vraiment trop occupé.
Mes expériences me prennent de plus en plus de temps. Je ne sais comment je n’ai pas eu l’idée plus tôt de tenter d’intensifier le code génétique des personnes pour améliorer notre vision de la vie et de l’Homme, mais je suis heureux de pouvoir le faire maintenant. En plus, avec tous les moyens dont je dispose dans ce complexe souterrain perdu près de Providenya, cette petite ville au Nord Est de la Russie, je peux faire vraiment ce que je désire. Ici, personne ne viendrait nous chercher, personne ne viendrait essayer de nous stopper. Bien sûr, il y en a qui voudrait bien, mais c’est impossible. Et heureusement.

Oh, je me doute bien de ce qu’ils diraient…protection des droits de l’Homme et tout ça. Mais ce ne sont que des conneries, au fond. Et je m’en suis heureusement rendu compte.
Oui, nous manipulons les gènes de personnes inconscientes et qui n’ont sûrement pas données leur accord. Oui, nous torturons en quelques sortes ces êtres étant donné les pics de douleur nerveuse que je vois sur mes appareils. Oui, nous sommes en train de jouer au savant fou avec le génétisme d’êtres différents qui le deviennent encore plus grâce à nous. Oui, je fais en sorte que mon patient John Doe aille au maximum de ses capacités et de ses talents particuliers, même si pour ça je passe des heures sur son cas à modifier son métabolisme et à le faire souffrir plus que tout.

Oui. Mes collègues et moi faisons tout ceci. Et vous savez quoi ? J’en suis fier.
J’en suis fier, vraiment. Grâce à mes recherches et à celles de mes collègues, nous faisons avancer la Science et l’Humanité. Même si nous faisons souffrir quelques personnes, est-ce que le bien du grand nombre n’est-il pas plus important ? Bien sûr, beaucoup de penseurs iront contre mon avis. Mais je m’en fiche. Ils ne sont pas scientifiques. Ils ne savent pas ce que c’est que de pouvoir suivre une expérience jusqu’à la fin, et de pouvoir aussi voir des résultats probants dépasser nos attentes. Non. Ils ne savent pas. Et c’est bien ça qui montre que moi, j’ai raison, et que eux, ils ont tort.

Mais passons.
Je ne veux pas écrire sur ça. Ça m’énerve trop.
Aujourd’hui, j’écris, et c’est pour parler de mon projet et de mes envies actuelles, après treize jours sans être venu vraiment dans ma chambre. Mais aujourd’hui, j’y suis. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais on nous a « permit » de stopper plus tôt le travail, auparavant. Je n’ai pas compris pourquoi nous devions quitter nos expériences, ni pourquoi mes collègues semblaient heureux de rejoindre leurs familles.
C’est fou, quand même. Nous sommes à l’aube de faire des découvertes plus importantes que celles d’Einstein, et pourtant on nous arrête dans notre élan…et les autres en sont heureux. C’est étrange. Vraiment étrange. Et je n’aime pas ça. Je n’aime vraiment pas être interdit de faire ce que je veux…je veux travailler et avancer, pas rester entre ces quatre murs !

Mais je ne tiens plus, maintenant. Je n’arrive pas à rester calme dans cette pièce qui ne me plaît pas. Je dois faire quelque chose. Je dois continuer mon expérience. Je dois continuer à suivre John Doe, et à faire en sorte que ses capacités augmentent. J’ai découvert quelque chose de très étonnant dans son ADN : apparemment, celui-ci pourrait être changeant. Je lui prends du sang chaque jour, et là j’ai découvert que son code génétique était différent de celui de mes premières prises…Oh, pas trop différent non plus, mais assez pour ne pas provenir de la même personne, du moins normalement.

Je ne sais pas ce que ça veut dire. Mais je veux le savoir. Et je dois le savoir. Cette question me ronge, elle me dévore les entrailles alors que je ne pense qu’à ça. Je dois y aller. Je dois aller continuer mes expériences, malgré le refus de mes employeurs. Oui. Je dois y aller. Je dois vraiment y aller.

Et j’y vais. Alors, au revoir cher journal. J’espère avoir découvert la clef de John Doe et de son ADN la prochaine fois que je reviendrais te voir…si je reviens, évidemment.







Il a peur.
Vraiment très peur.
Les bras croisés dans sa tour d’ivoire, il attend. Et il déteste attendre, surtout quand l’objet de son attente est l’information qui va transformer sa vie paisible ses six derniers mois en enfer sur Terre. Enfin…enfer pour les autres, évidemment. Même si il a peur et si il est impatient, il sait qu’il va réussir et vaincre. Il ne peut en être autrement, en fait. Il est destiné à la victoire, tout simplement.

Ça fait six mois qu’il est ici. Depuis qu’il a réussit à s’échapper de ses geôliers, il a rejoint des alliés qui l’ont informé sur tout ce que ses patrons ont fais…tout ce qu’ils ont osé faire, en fait. Dès qu’il sut tout ça, il fut évident alors pour lui qu’il devait combattre ceux qui avaient fais tout ce mal, et qu’il devait tout faire pour les stopper. Absolument tout faire, même si ça voulait dire aussi trahir l’être qu’il avait été jusque là…malheureusement, d’ailleurs.

Six mois, donc.
Six mois depuis qu’il a apprit les massacres, les expérimentations génétiques et tout ce qui a été fait par ce « conseil secret » de l’ONU, c'est-à-dire cinq anciens espions du temps de la Guerre Froide qui ont su bien manœuvrer au bon moment pour se retrouver en quelques sortes à la tête de la planète. Ils contrôlent tout, ou presque. Et même si ça a été difficile pour eux, dernièrement, ils ont pu rebondir et retrouver leur podium.
Et maintenant, ces êtres qui ont fais tant de mal au peuple de la Terre et à certains spécifiquement…ils veulent utiliser leurs anciens cobayes pour être encore plus puissants. Pour éviter, à l’avenir, d’être pris à la gorge par des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, qui les ont empêchés de mettre à l’œuvre leurs projets durant ces quelques mois écoulés. Mais ça va mieux, maintenant. Malheureusement, évidemment.

Oui. Ces monstres veulent sortir de leurs trous quelques êtres qui n’ont rien demandé à personne, et qui ne désirent que survivre dans un monde qui n’est pas fait pour eux. Mais il ne va pas laisser faire ça. Il n’en a plus envie.
Ça fait six mois qu’il attend ici, se cachant du reste du monde et regardant son remplaçant essayer de faire les mêmes horreurs que lui, auparavant. Mais ça va changer. Dans quelques instants, quelqu’un va rentrer dans cette pièce et lui dire que c’est repartit comme auparavant. Et il interviendra, alors. Il va sortir de sa cachette. Montrer à ses anciens patrons qu’il n’est pas mort. Montrer qu’il est encore là, et qu’il ne va pas laisser ces horreurs être faites.

Ça fait six mois qu’il se cache. Et il est temps maintenant que ses anciens employeurs apprennent que la mort se conjugue par son nom…Et que plus jamais, oh non plus jamais, ils ne devraient laisser leurs anciens employés dans la merde quand ils peuvent les en sortir…Ils ont tenté de le manipuler et de le faire travailler pour eux…Maintenant, ils vont comprendre leur erreur…
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyJeu 9 Nov - 23:54

Encore un très bon épisode.Bondéjà six mois ce sont écoulés,et on l'apprend assez vite,ca fait douter car on ne sait pas trop ce qui arrive aux "autres".Même si ils sont évoqués le temps d'une phrase ca reste assez vague pour qu'on se demande.
La scène à la "prison"(même si le terme est trop gentil) est très réussie,et la manière que tu as de sous entendre la violence sans la décrire rend sans doute la situation de Seth encore plus douloureuse.On voit bien sa rancoeur envers Doe,mais on comprend sa décision finale de le suivre.
Pour la dernière partie,e Docteur Keller est vraiment de plus en plus présenté comme un savant fou.Il se laisse totalement griser par la liberté qu'il a,et est persuadé de faire avancer la science,au mépris des droits de l'homme.L'ouverture sur Doe nous apporte un élément supplémentaire,mais sortant de L je ne sais pas interpréter des données sur l'ADN lol, donc j'attends de voir dans les faits.(traduire par "la suite!" Mr. Green )
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 12 Nov - 21:15

Episode #7 : Rage.

« Je pensais pas revoir ta sale tronche d’Irlandaise finie à la Guiness. T’as couchée avec qui pour être là ?
- Moi aussi, je suis contente de te revoir, enfoiré d’Anglais. T’aurais pu profiter de tes vacances pour changer ta gueule d’ivrogne.
- T’as l’air en forme.
- Comme toujours, baby. »

Maggie O’Malley sourit en s’asseyant aux côtés de Seth Harrison.
Ses cheveux roux désormais coupés courts, portant un jeans bleu délavé avec un gros pull vert, elle semblait lasse et fatiguée. Ses yeux autrefois pétillants avaient encore perdus de leur éclat, même si l’Anglais avait déjà trouvé la première fois qu’il l’avait vue qu’ils avaient sûrement dus être encore plus beaux auparavant, quand elle n’avait pas vécue les choses qui l’avait conduit à suivre John Doe dans son premier projet, celui qui leur avait fait tant de mal, quelques mois auparavant.

« Tu sais quand il arrive ?
- Nan. »

Harrison, lui, n’avait finalement que peu changé par rapport à la première fois où il avait rencontré l’Irlandaise. Les cheveux rasés, vêtu d’un imperméable gris sombre assez classe, il fumait cigarette sur cigarette alors qu’il tenait d’oublier les horreurs qu’il avait vécues au Swaziland, même si il se doutait bien que ça serait extrêmement difficile. Mais il avait autre chose à faire et à penser, maintenant…Il devait se concentrer sur l’arrivée prochaine de leur patron et sur comment il se vengerait de lui et de ceux qui le menaient, même si Seth savait bien que ça ne serait pas pour tout de suite, et qu’il devait s’armer de patience, chose qu’il n’avait malheureusement que rarement eue par le passé…D’où sa situation actuelle, d’ailleurs…

« Je sais même pas si il va venir… »

L’Anglais écrasa sa cigarette dans le cendrier déjà plein d’une demi douzaine de ses petites sœurs, avant de sortir son paquet et d’en tirer une nouvelle. Il l’alluma assez rapidement avant de reprendre la parole, d’une voix lasse et fatiguée qui montrait bien qu’il n’était pas vraiment à son aise ici.

« Et je sais même pas si ‘Nando va venir… »

‘Nando.
Alias Fernando Nunoz, un de leurs collègues de la première équipe réunie par John Doe.
Espagnol, excellent tireur d’élite, il avait été si silencieux que les deux anglophones n’avaient jamais rien sus sur lui, alors qu’ils avaient réussir à réunir quelques informations sur eux-mêmes par quelques questions et recherches avec l’aide de leurs anciens collègues…même si c’était resté très pauvre, malheureusement pour leurs curiosités.

Mais pour Fernando, le mystère demeurait toujours : ils n’avaient jamais rien sus sur lui ou sa vie passée, et le fait qu’il ne soit pas encore là, ou pas du tout, à ce rendez-vous avec John Doe intensifiait encore plus le côté étrange de cet être qui ne se livrait pas et ne parlait pas. Tout ce qu’ils avaient pu savoir, c’était qu’il semblait être rongé par le chagrin ou le remords, mais de quoi ? Et pourquoi avait-il suivit Doe dans cette folie ?
Le mystère restait donc, et risquait de continuer encore longtemps vu la tournure que prenait la situation…

« Mouais…
Enfin, ça serait bien que Doe nous fasse venir la prochaine fois dans des endroits plus sympas…Parce que là, c’est quand même le trou du cul du monde, ou le coin qui s’y rapproche le plus… »

Maggie aussi venait de s’allumer une cigarette, et regardait autour d’eux d’un air las.
Perdus au milieu de l’Australie, dans l’Etat de South Australia, dans le grand désert central de cette île perdue au milieu du Pacifique, les deux agents étaient apparemment les seules âmes qui vivaient dans le village abandonné où ils devaient retrouver leur patron qui devait « tout leur dire ». Evidemment, connaissant Doe, ils se doutaient bien que « tout » ne serait qu’une infime partie de la vérité, mais ils allaient devoir s’en contenter…pour le moment, bien sûr…

« Hum…
J’ai déjà vu pire…
Ce bled a au moins de l’alcool et un toit pour se protéger du Soleil…C’est déjà pas mal… »

Cela faisait déjà deux jours que Seth était ici, dans ce village abandonné avec seulement trois maisons tombant en ruines. Etrangement, trois chambres avaient été mises en état avec même de l’eau courante, et les réserves en nourriture et surtout en alcool étaient conséquentes. Doe avait donc prévu de quoi les faire survivre quelques temps ici…mais combien, au final ? Même si Maggie venait d’arriver et que sa solitude était désormais moins difficilement à assumer, Harrison se demandait toujours ce qu’ils pouvaient bien faire ici, et pourquoi leur patron l’avait obligé à venir d’Afrique à ici dans un bateau pourri et malodorant…Sûrement une forme d’humour à ses dépends qu’il n’appréciait pas vraiment, général…

« T’étais où, alors, pendant ces six mois ? »

La jeune Irlandaise venait de se tourner vers son collègue et de lui poser cette question d’une voix claire et tranquille. Même si ils continuaient déjà et continueraient sûrement encore longtemps à se lancer des piques et à faire des joutes verbales violentes, les deux agents semblaient avoir instaurés une sorte de paix inconsciente : ils avaient énormément soufferts durant ces quelques mois après que Doe les ait abandonnés, et ils n’avaient pas du tout envie que ces horreurs recommencent.
Et le meilleur moyen pour éviter ce scénario catastrophe, c’était d’éviter de se tirer dans les pattes et d’essayer de travailler ensemble. Oui. Ca, les deux agents le savaient, mais même si ils étaient convaincus du bien fondé de cette idée, le pourcentage de réussite pour qu’un Anglais patriote et raciste et pour qu’une ancienne membre de l’IRA travaillent ensemble sans que cela ne vira au massacre était évidemment extrêmement faible…

« Hum… »

Seth n’avait évidemment pas envie de répondre.
Et d’ailleurs, que pouvait-il bien lui répondre ? « J’étais dans une prison secrète des services secrets Britanniques, où on me torturait et où je demandais chaque jour qu’on m’achève…surtout que j’y avais déjà été et que Doe m’en avait sortit, donc les gardiens ont rattrapé le temps perdu durant ces six mois…c’était cool »…ça ne passerait pas vraiment, surtout avec elle en face et son sens de la répartie…du moins, celui qu’elle avait eue les dernières fois où il l’avait vue.
En plus, si Harrison disait ça, il y avait un risque que Maggie le répète un jour ou l’autre, et donc il y a un danger, même infime, que ses anciens patrons apprennent qu’il était sortit de cette horreur…Et rien que l’idée de savoir que ceux qui l’avaient envoyés là-bas sachent qu’il en soit sortit et le reprennent pour le faire encore plus souffrir, et bien ça faisait totalement oublié à l’Anglais la possibilité de révéler à la jeune femme qui se trouvait à côté de lui, même si ça risquait de nuire à leur début de relation professionnelle…

« Pas grand-chose…
Il faisait chaud, mais j’étais au frais…mais c’était quand même pas un voyage de plaisance…Enfin…ça, tu t’en doutes, je pense…Je crois pas que tu aies été volontaire pour le groupe de Doe, y a six mois…Il t’a sûrement renvoyé dans ton trou, comme moi…On a réussit à s’en sortir…mieux vaudrait commencer à oublier…nan ? »

Il s’était tourné vers la jeune femme, continuant toujours de fumer alors qu’il essayait vraiment d’être le moins énervant et arrogant possible. Evidemment, c’était un exercice hautement difficile pour l’ancien agent secret Britannique, mais il n’avait strictement aucune envie de retourner dans l’enfer duquel il venait, et pour ça il était prêt à tout…enfin, presque tout : il n’irait pas faire ami-ami avec un Français, quand même…

« Mmh…
Tu as raison…
Mieux vaut oublier ça…et aller de l’avant…si on peut… »

Maggie lui avait répondue d’une voix un peu faible, les yeux rêveurs. Seth ne savait pas ce qu’elle avait vécue, mais apparemment ça l’avait profondément touchée : moins cassante qu’auparavant, moins crue dans ses paroles, l’Irlandaise semblait s’être énormément calmée, comme si elle avait été matée durant les six mois où ils ne s’étaient vus…Harrison n’appréciait que peu ce genre de changements chez une des rares personnes qui avaient pu lui tenir la dragée haute quand il commençait à lancer des piques à tout va, il décida d’essayer de trouver ce qui avait changée chez O’Malley, même si il se doutait bien qu’elle ne lui dirait rien, et qu’il devrait utiliser les gros moyens pour arriver à ses fins…Mais il y arriverait…Il en était sûr…

« Bon, est-ce que tu veux… »

L’Anglais allait proposée à sa collègue un verre de bière, comme ce qu’il était de boire, lorsqu’il fut stoppé par l’apparition d’un petit point rouge sur le front de Maggie, vers laquelle il était tournée. Evidemment, la jeune femme n’avait rien remarquée, mais la pâleur apparue extrêmement rapidement sur le visage de Seth la rendit immédiatement soupçonneuse et un peu inquiète, surtout qu’elle savait qu’il n’était pas du genre à s’arrêter de parler pour rien…

« Qu’est-ce qu’il y a ?
Y a un problème ? Seth ? »

Harrison réussit à se reprendre (après tout, cela faisait des mois qu’il n’était plus sortit de son trou et ses réflexes étaient quelque peu émoussés, au début du moins), et leva violemment la table entre lui et l’Irlandaise. Un coup de feu partit alors, mais s’enfonça dans le bois du meuble tandis que l’Anglais se jetait au sol et que Maggie le suivait, commençant à crier, leurs verres s’explosant contre le sol tout autour d’eux.

« Putain de bordel de merde !
Doe a même pas sécurisé le périmètre, ou quoi ? Enfoiré d’Américain bon à rien ! »

Malgré la situation et les tirs qui commençaient à se planter un peu partout dans la maison abandonnée dans laquelle Seth avait prit ses aises depuis deux jours, celui-ci sourit en se rendant compte que malgré ce qu’elle semblait avoir vécue, Maggie n’avait pas changée, et qu’elle risquait d’être encore très dangereuse dans ce genre de problèmes qu’ils avaient souvent à affronter dans leurs existences.

« Sur la gauche ! »

O’Malley venait de prévenir l’Anglais qu’un autre tireur venait de faire son apparition, et Harrison réussit à éviter une balle grâce à cette indication. Un petit signe de tête lui suffit à remercier la jeune femme, alors qu’il faisait une roulade avant en sortant en même temps une petite arme à feu qu’il avait cachée dans une petite poche fixée à son mollet.
Il se releva immédiatement après cela, et commença à tirer quelques balles dans la direction d’où étaient venues les premières balles qui les avaient surpris dans leur apathie australienne.

« Bordel, mais c’est quoi ça ?!
- Tais-toi et tires ! »

L’Irlandaise avait aussi une arme à la main, et avait suivie son collègue en tirant un peu partout dans la pièce. Des copeaux de bois volaient un peu partout dans cette maison abandonnée, et les deux agents ne savaient pas où ils tiraient et surtout où ils devaient tirer. Le chaos était total, et Seth et Maggie se rendirent vite compte que si ils continuaient ainsi, à tenter de toucher des ombres et des fantômes alors qu’ils faisaient une cible parfaite au centre de cette pièce bientôt réduite à néant.

« A terre ! »

Harrison sauta sur le sol en emmenant O’Malley avec lui, utilisant son pied pour faire tomber une nouvelle table devant eux pour se protéger. Bien sûr, il savait que cette légère protection ne durerait pas sous les balles apparemment instoppables et inarrêtables de leurs adversaires, mais au moins, ils pourraient souffler pendant quelques secondes et prévoir une stratégie pour gagner…ou ne pas mourir. Ce qui n’était pas toujours la même chose, d’ailleurs…

« On peut pas continuer comme ça !
- Bravo, Einstein ! T’as d’autres idées comme ça ?! »

L’Anglais lança un regard noir vers sa jeune collègue alors qu’il rechargeait son arme avec son seul et dernier chargeur. Les copeaux de bois volaient de la table et d’énormes trous apparaissaient déjà, alors que Seth reprenait la parole d’une voix plus dure et déterminée qu’auparavant pour bien faire comprendre à Maggie qu’il n’appréciait pas vraiment son ton, même si au fond il était assez heureux de voir que l’Irlandaise n’avait strictement rien perdue de sa verve, même si il en avait quelque peu douté lorsqu’elle était arrivée ici, quelques minutes plus tôt.

« Va sur la droite, je vais sur la gauche. On fait un tir croisé : ils n’ont l’airs que deux à nous tirer dessus, ça devrait aller, je pense.
- Un tir croisé ?!
- Ouais. Tu tires pas en face de toi, tu tires sur celui qui semble le moins facile à être touché…bref, le type qui se croira à l’abri de toi.
- Mais c’est impossible !
- Ouais. Et ils le savent aussi. C’est pour ça qu’il faut qu’on fasse ça. »

Harrison lui fit un petit clin d’œil, avant de se mettre à gauche de la table, alors que O’Malley se mettait de l’autre côté. Quelques secondes leur suffirent à voir, ou plutôt à deviner, les silhouettes de leurs adversaires là où ils pensaient qu’ils étaient, et alors que leurs ennemis utilisaient ce temps pour changer de place leurs armes…c’était déjà trop tard.
Les deux collègues appuyèrent alors hâtivement sur leurs gâchettes, et leurs ballent filèrent extrêmement rapidement vers leurs cibles. Deux cris de douleur et de rage s’échappèrent alors de gorges blessées, mais Seth et Maggie ne s’arrêtèrent pas : ils vidèrent leurs chargeurs jusqu’à la dernière balle, conscients qu’ils en faisaient vraiment trop, mais ne voulant pas prendre le moindre risque, étant donné qu’ils ne savaient pas du tout où était leur patron et qui pouvaient bien être ces fous qui leur tiraient dessus sans le moindre préavis et sans le moindre avertissement…

« Stop ! »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 12 Nov - 21:15

Une voix bien connue de la part des deux agents se fit alors entendre, tandis que leurs balles continuaient de filer vers l’endroit où devaient être leurs adversaires.
Ils s’arrêtèrent immédiatement quand ils comprirent que celui qui venait de crier ce simple mot était John Doe, leur chef, ce qui voulait dire qu’il venait d’arriver ou qu’il était là depuis longtemps…et ça voulait donc sûrement dire que cet enfoiré avait prévu tout ça et que c’était certainement de sa faute, ce qui allait encore mettre à mal les nerfs et la capacité des deux anglophones à se calmer et à ne pas massacrer sur place ce type qu’ils n’appréciaient déjà pas, et qui risquait de devenir leur pire ennemi si ils avaient raison…et ils avaient sûrement raisons, connaissant leur patron, malheureusement…

« Doe… »

Seth se releva rapidement, et vit John, habillé comme d’habitude d’une veste et d’un pantalon noir, et d’une chemise blanche, ses éternelles lunettes sombres sur le visage. Un petit sourire sur le visage, il avait les bras croisés alors qu’il se trouvait à l’entrée de la maison détruite en quelques instants par les balles qui avaient volées durant les dernières secondes dans ce combat terminé maintenant. L’Anglais serrait donc fortement les poings alors qu’il avait lâché son arme, se demandant si son patron était bien l’enflure qu’il croyait être…et se demandant ce qu’il ferait si cet enfoiré était bien celui qu’il semblait être…

« Maggie, Seth.
Heureux de vous revoir.
Surtout que vous semblez en forme…et j’en suis très heureux. »

Doe souriait grandement, visiblement ravi de la démonstration que ses agents venaient de lui offrir, même si la rage se lisait clairement dans leurs yeux à ce moment-là.

« Doe…N’ose pas me dire que t’es responsable de tout ça…
- Mais bien sûr que si. »

L’homme en noir continuait de sourire calmement tandis que l’Anglais et l’Irlandaise étaient prêts à se jeter sur lui, vu l’énorme colère qui semblait prendre le contrôle de leurs corps et de leurs cœurs.

« Il me fallait voir si vous étiez encore au top.
Il me fallait voir si vous valiez la peine que je vous sorte de vos prisons.
Et il me fallait voir si j’avais vraiment besoin de vous, et si je ne devais pas trouver d’autres personnes pour l’opération que je vais bientôt mettre sur pied et qui représente pour vous, maintenant, votre seule possibilité de vous en sortir réellement. »

Harrison et O’Malley serraient fortement leurs poings, conscients qu’ils ne devaient surtout pas s’énerver et lâcher leurs rages contre leur patron, étant donné que lui seul pouvait empêcher leurs retours dans les horribles endroits desquels ils venaient à peine de sortir…Alors même si c’était extrêmement dur, même si ils avaient énormément de mal à se calmer, les deux collègues ne disaient rien, essayant d’intérioriser tout cela…Oui…Ils essayaient, surtout…

« Et j’en suis ravi. Vraiment.
Je sais maintenant que vous êtes au top, même si vous avez été un peu rouillé au départ. Donc je pense qu’il est temps, désormais, que je vous dise tout ce dont vous avez besoin de savoir…Et surtout, il est temps que vous sachiez pourquoi j’ai terriblement besoin de vous… »

John Doe se tourna alors, commençant à marcher vers une des autres maisons de la bourgade abandonnée, rapidement suivi par ses deux agents, qui avaient décidés de prendre sur eux malgré leurs forts caractères et leurs envies de régler son compte à leur patron…
Mais après tout, comme ils l’avaient déjà pensés, c’était le seul qui pouvait encore les sauver de ce qu’ils avaient vécus et de ce qu’ils risquaient encore de vivre…donc ils pouvaient bien supporter ce genre d’attitudes…Mais pendant quelques temps, seulement…pas plus…surtout pas plus…






12 janvier 1983.



Journal du Docteur Keller.



Cinquante huitième jour d’expérimentation.

La situation est difficile.
Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens de moins en moins en phase avec les envies de ceux qui nous financent. Même si je ne devrais pas en parler, même si je ne devrais pas savoir ce que je suis en train d’écrire…je le sais. J’en suis informé. Et je risque ma vie à écrire ça…Mon dieu, oui…Je risque ma vie à l’écrire…Voila à quelles extrémités nous sommes arrivés, maintenant…

Il se passe quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais il se passe quelque chose. Depuis deux jours maintenant, un nouveau chercheur est ici. Il vient, il observe, il ne dit rien. Il s’appelle Wagner. John Wagner. Je ne sais pas qui c’est, je ne sais pas d’où il vient, mais il me fait peur. Vraiment peur.
Oh, je n’ai pas peur pour ma vie…je sais qu’ils n’oseront rien me faire. Après tout, je ne suis qu’un simple chercheur…et c’est le Gouvernement, après tout ! Même si ils nous ont délocalisé ici, le Gouvernement n’oserait jamais faire ce genre de choses…du moins, je l’espère.

Donc non, je n’ai pas peur pour ma vie. J’ai peur pour mes recherches.
Ce Wagner…je ne le sens pas. Je ne le sens vraiment pas. Il vient, il me regarde, m’observe…et pose des questions. Il pose énormément, énormément de questions. Et surtout…surtout, il s’intéresse à John Doe. Il s’intéresse beaucoup trop à mon patient favori, et ça, je ne peux le supporter. Je ne peux le permettre, en fait.

John Doe est MON patient. C’est celui que j’observe le plus, c’est celui qui va m…nous donner le plus de résultats, au final. Et ce Wagner…ce Wagner s’y intéresse beaucoup trop. Comme si il voulait l’utiliser, bientôt. Comme si il voulait bientôt prendre ma place alors que j’ai réussis à décoder une demi douzaine de codes génétiques différents chez John Doe quand je le fais souffrir assez…c’est fantastique ! Merveilleux, même !
Te rends-tu compte, cher journal ? Cet homme, ce John Doe, dès que je le fais souffrir longuement et violemment…son code génétique change ! Il se transforme, se recompose ! Je n’ai jamais vu ça ! Jamais ! C’est fantastique !

Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais il faut que je le découvre. Il faut que je sache comment cet être peut faire ça…et il faut que j’y arrive. Mais Wagner…Wagner peut peut-être m’en empêcher. Il le veut, sûrement. Mais je ne vais pas le laisser faire. Oh non. Je ne vais pas le laisser faire…Je vais intervenir…Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais je vais le faire…Et je vais le faire le plus vite possible…Mes recherches sont trop importantes pour les laisser être menacées par un imbécile…Oui…Beaucoup trop importantes…
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyJeu 16 Nov - 20:49

Episode #8 : Histoire.

« Maintenant que je me suis rendu compte que vous êtes toujours à la hauteur de la tâche qui vous attend et que je sais que vous n’allez pas tenter de me tuer à la moindre occasion, vu que vous avez pu garder pour vous votre rage quand vous avez découverts que j’ai essayé de vous assassiner, je pense que nous pouvons commencer. Vous pouvez prendre place. »

Encore une fois, la voix irritante et désagréable de John Doe sonnait aux oreilles de Seth Harrison et de Maggie O’Malley, les deux agents de l’homme en noir, qui avaient dû se battre pour survivre quelques secondes auparavant contre des personnes envoyées par leur patron pour les tuer. Autant dire que la confiance ne régnait dans une des rares maisons du petit village perdu au milieu de l’Australie, dans lequel les deux anglophones étaient venus pour savoir quelle mission ils allaient devoir accomplir pour rester loin de leurs prisons respectives.

« Bien… »

Doe sourit doucement alors qu’il regardait ses deux agents.
Ils avaient tous deux récupérés leurs armes, et même si elles étaient vides maintenant, ils continuaient de les tenir fermement dans leurs mains alors que leurs yeux montraient toute leur rage et leur dégoût de leur employeur. Mais l’homme en noir s’en fichait éperdument : il savait qu’il avait un grand pouvoir sur eux, et qu’ils ne lui feraient jamais rien par crainte de retourner dans les horribles endroits où ils avaient été enfermés, ces six derniers mois. En clair, c’était lui qui contrôlait la situation…et il comptait bien en tirer le maximum de profit.

« …est-ce que vous désirez quelque chose à boire ? »

Leur colère augmenta encore d’un cran alors que John se comportait comme un être calme et posé. Il semblait avoir totalement oublié l’incident précédent, et voulait apparemment aller de l’avant, ce qui n’était bien sûr pas le cas de Seth et de Maggie, qui brûlaient toujours d’une haine féroce contre cet homme qui leur avait fait tant de mal, et tentait de les tuer à la moindre occasion pour voir si ils étaient encore au top de leur forme.

« Ca ira.
- Pareil. »

Les voix des deux agents avaient été cassantes et froides. Si ils ne pouvaient rien faire à leur patron par crainte de ce qui pourrait advenir, ils n’avaient vraiment pas envie de mettre de la bonne volonté et de la politesse dans leurs réponses, même si ils avaient décidés, chacun de leur côté, de ne pas dépasser une certaine limite pour ne pas se retrouver dans leurs anciennes prisons.

« Bien.
Si je vous ai fais venir ici, et surtout si je vous ai fais sortir de vos prisons respectives, c’est parce que les personnes pour qui je travaille ont à nouveau besoin de vous. Bien sûr, leur confiance s’est grandement émoussée depuis que vous les avez déçus, il y a six mois de cela, mais la situation est grave. Très grave, même. Et maintenant qu’ils ont la permission de faire ce qu’ils veulent, ils désirent que vous entriez en action à leur compte… »

Harrison écoutait patiemment et calmement les paroles de Doe.
Même si il avait une énorme rage contre cet homme, il gardait quand même un certain niveau de conscience pour pouvoir comprendre et analyser ce qu’il disait…et quelque chose l’avait déjà frappée.
En effet, l’Anglais avait toujours su qu’il y avait quelqu’un au-dessus de l’homme en noir, et qu’il n’était qu’un sous fifre, ce qui l’avait empêché de le tuer de ses mains nues bien des fois. Il s’imaginait qu’il s’agissait d’une grande entreprise ou d’un conseil secret, et non pas de l’ONU, comme ce qu’on avait essayé de leur faire croire, et qui avait apparemment marché pour Maggie vu la bourde qu’elle avait faite six mois précédemment…
Il n’y avait jamais cru, non. Il savait que les Nations Unies n’accepteraient que difficilement que des anciens criminels haïs par des pays très puissants sortent de leurs trous pour faire le sale boulot, même si ils avaient jadis montés une équipe de super héros dans ce style…qui avait mal finie, d’ailleurs.

Et donc, Seth avait toujours pensé que les patrons de son patron devaient être des espions, ou quelque chose du genre. Mais suffisamment puissants pour pouvoir être avertis d’une épidémie étrange en Russie et de l’existence d’un type comme le Mage, par exemple. Il pensait donc que ces êtres devaient être au-dessus des lois et des Gouvernements…chose qui était remise en cause, maintenant.
En effet, Doe venait de dire que ses patrons avaient MAINTENANT la permission de faire ce qu’ils désiraient…ce qui voulait donc dire qu’ils ne l’avaient pas eus, ou plus eus. Et donc, quelqu’un ou quelque chose devait les contrôler, et ça devait sûrement être un pays comme les Etats-Unis d’Amérique, qui avait dû sacrément taper sur les doigts de ces gens-là après le problème à Manhattan qui l’avait renvoyé au Swaziland.

Oui…Ca devait sûrement être ça…
Il devait y avoir une sorte de conseil d’espions, ou quelque chose du genre, que les grandes puissances laissaient faire pour ne pas avoir à se salir elles-mêmes…Mais quand lui et ses collègues avaient merdés à New York, le retour de bâton avait été violent, et ils avaient dû être stoppés pendant quelques temps…six mois, sûrement. Et maintenant, ça devait aller mieux vu qu’ils l’avaient réembauché, avec Maggie…C’était extrêmement intéressant pour l’Anglais, qui rangea ça immédiatement dans son esprit pour plus tard, comptant bien l’utiliser pour trouver qui étaient ces types et leur faire payer toutes les tortures qu’il avait subies ces six derniers mois…mais plus tard…plus tard…

« Mais avant ça, il faut que vous sachiez certaines choses.
Bien sûr, je ne pas tout vous révéler, mais il est indispensable pour le bon fonctionnement de l’opération à venir que vous en sachiez un peu sur tout ça. Préparez-vous donc à entrer dans le secret des Dieux, si on peut dire ça… »

Le mur derrière l’homme en noir changea alors : un écran holographique apparut soudainement sur ce mur, alors qu’auparavant il n’était qu’une ruine vacillante et couverture de tags étranges. Un petit bruit aigu se fit entendre, et de mystérieuses images apparurent tandis que John reprenait la parole d’une voix déterminée et forte.

« Il y a des années, quarante pour être précis, nous avons découverts que des êtres aux capacités supérieures existaient sur Terre, mais que ces capacités n’apparaissaient qu’extrêmement rarement, et seulement lorsqu’il y avait avant cela des événements catalyseurs : perte de parents, drames, moments de stress, etc. A cause de cela, il était donc impossible de savoir qui avait ces étranges capacités, et surtout comment les catalyser pour qu’elles apparaissent, étant donné qu’un événement donné peut transformer un Humain Normal en Humain Evolué, alors que ça ne fera rien à un autre qui a des capacités endormies. »

Alors que Doe parlait, des images d’hommes et de femmes explosant pour après se recréer en quelques secondes à peine, semblant contrôler le feu ou faire bouger des objets par leur esprit défilaient sur l’écran holographique, tandis que Seth et Maggie voyaient leurs curiosités piquées au vif par ces révélations.

« Etant donné l’énorme potentiel que cela représentait et la possibilité de l’énorme danger pour la planète que cela pouvait être… »

L’Anglais eut du mal à ne pas exploser de rire à ce moment-là, sachant bien que le destin de la Terre n’importait pas plus que ça aux patrons de son employeur actuel, mais il y réussit quand même, ne voulant pas être de nouveau « puni » comme la dernière fois.

« …mes employeurs ont décidés d’intervenir.
Tout d’abord, il fut décidé d’observer et d’analyser tous les nouveaux nés de la planète par prise de sang et analyse génétique, étant donné que les codes génétiques de ces êtres étaient différents de ceux des Humains Normaux. Evidemment, ce fut une énorme entreprise, et les premiers résultats n’apparurent pas avant plusieurs années, étant donné que les premiers mois furent plus utilisés pour mettre tout cela en place.
Mais heureusement, après avoir encore étouffés les apparitions imprévisibles et incontrôlables de ces êtres à capacités surhumaines, mes employeurs eurent la bonne surprise de voir que quelques résultats commencèrent à apparaître, un peu partout sur la planète et dans chaque maternité où se trouvait un de leurs agents, c'est-à-dire dans toutes, même si il est évident que la majorité ne savait pas qu’ils travaillaient pour eux vu que la centrale de surveillance génétique était contrôlée par ceux qui nous emploient maintenant. »

Doe reprit son souffle après cette longue tirade, tandis que des images d’enfants spéciaux étaient montrées à ses agents sur le mur en face d’eux.

« Nous avons donc observés ces enfants durant quelques années, pour analyser si ils allaient passés dans leur nouvel état ou non. Pendant environ une dizaine d’années, rien ne se passa vraiment et mes employeurs perdirent patience.
Après avoir analysés leurs milieux familiaux et avoir pris les informations nécessaires, des équipes furent chargés de soustraire ces enfants à leurs familles, et ils réussirent, évidemment. Ils furent donc mis dans un état de stase et de coma pendant quelques mois, voir années pour ceux pris les plus rapidement, avant qu’un groupe de chercheurs ne se penchent sur leurs cas. »

Des instants de recherche et des photographies d’une demi douzaine de chercheurs autour de tubes étranges dans lesquels étaient placés des enfants ou des adolescents, voir même un ou deux hommes ayant la vingtaine, apparurent alors sur l’écran holographique.

« La recherche fut globalement un succès.
De 1982 à 1984, une bonne centaine d’êtres à capacités supérieures furent activés grâce aux découvertes faites sur leurs codes génétiques. Ils furent donc sortis de leurs comas et on leur ordonna de travailler pour l’ONU et pour le bien du monde, ce que la majorité accepta. Mais la première mission fut malheureusement un échec retentissant avec plusieurs dizaines de morts, et l’obligation pour la Communauté Internationale de fermer ce projet et de fermer aussi le pays dans lequel cela s’était passé, à savoir l’Irak. »

Des images de morts affreux et d’énormes cratères dans la région que l’Anglais reconnut comme le centre de l’Irak pour y avoir déjà été durant la Seconde Guerre du Golfe apparurent alors sur le mur devant eux, et des rictus de dégoûts devant l’horreur des cadavres se fixèrent sur les visages des deux anglophones.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyJeu 16 Nov - 20:50

« Après ça, les Humains Evolués survivants se scindèrent en deux groupes : d’un côté, ceux qui voulurent encore travailler pour l’ONU, et ceux qui refusèrent et s’enfuirent. Malgré nos efforts, nous n’avons jamais réussis à les retrouver…mais leurs descendants, si. »

Un petit sourire apparut sur le visage de l’homme en noir tandis qu’il reprenait la parole.

« Ces êtres se sont reproduits, et leurs enfants ont hérités de leurs capacités supérieures. Heureusement, cette génération était différente, et ses représentants avaient leurs pouvoirs sans élément catalyseur, mais dès leur naissance. Il fut donc plus facile de les retrouver et de les faire venir au centre de recherches, où les expériences reprisent.
Après cela, mes employeurs purent se faire une petite armée pour défendre la planète, mais plusieurs de ces nouveaux Humains Evolués mirent fin à leurs vies, à cause d’un dysfonctionnement psychologique, sûrement… »

Harrison n’y croyait évidemment pas.
Il se doutait bien que soit ces Humains Evolués nouvelle génération avaient été tués parce qu’ils refusaient de coopérer, soit ils avaient mis eux-mêmes fins à leurs jours pour éviter que leurs capacités surhumaines soient mal utilisées. Cette histoire lui plaisait de moins en moins, et il appréhendait fortement le moment où son patron leur dirait quoi faire…et qui tuer, certainement…

« …mais heureusement, tous ne finirent pas ainsi.
Certains, d’ailleurs, furent utilisés dans le projet de l’ONU de créer une équipe de héros pour la planète, il y a quelques années maintenant. Malheureusement, ce groupe fut tué et stoppé, mais ce n’est pas le problème qui nous occupe maintenant… »

Alors que les archives de la présentation de l’équipe par Koffi Anan quelques années auparavant étaient apparues sur le mur, maintenant une bonne dizaine d’étranges êtres, dont le Mage et Drake, qu’ils avaient rencontrés en Russie, étaient affichées par l’écran holographique.

« Le problème, c’est ça : cette dizaine d’Humains Evolués font tout, depuis quelques années maintenant, pour détruire l’ONU et les Gouvernements du monde, parce qu’ils les rendent responsables de l’état de la planète et de leurs situations actuelles. Ils désirent instaurer l’anarchie sur Terre, et des centaines, voir des milliers, d’actes terroristes proviennent ainsi de leurs faits. Evidemment, tout fut passé sous silence, même si ce fut très souvent difficile… »

Des images de destruction, d’attentats et de morts par dizaines défilaient devant eux. Seth ouvrit légèrement la bouche de stupeur en voyant toutes ces horreurs, alors que Maggie restait stoïque, n’ayant pas bougée un seul muscle depuis le début du discours de John Doe, ce qui était assez étrange vu ce que l’Anglais savait d’elle…ou croyait savoir…

« Seulement, maintenant, c’est différent.
Alors qu’ils opéraient dans l’ombre depuis leurs évasions ou la mort de leurs descendants, voir de leurs frères et sœurs pour certains qui nous avaient échappés, ils ont changés leurs méthodes d’approche. Drake, que vous avez rencontrés, a attaqué seul St Petersbourg avec la maladie du sang qu’il contrôlait. Le Mage, lui, a voulu enlever et tuer le diamantaire à New York avec sa capacité de téléportation, c'est-à-dire qu’il peut détruire son corps et le recréer à plusieurs kilomètres de distance, et ce grâce à un lien complexe avec l’atmosphère et la planète… »

Les photographies de Drake et du Mage sortirent du lot tandis que l’homme en noir continuait de parler et que ses deux agents comprenaient que tout, depuis le début de leur groupe, semblait être lié…Et ça ne leur plaisait pas vraiment, surtout quand ils savaient qu’ils avaient dus subir d’horribles monstruosités à cause de leur échec face aux propres créations de leurs employeurs…

« Ils sont donc passés à l’acte, et de manière brutale et presque publique.
Ces six derniers mois ont vus aussi leurs lots d’attaques, mais je vous en parlerais plus tard. Nous ne savons pas encore pourquoi, mais ces Humains Evolués utilisent leurs capacités pour attaquer frontalement leurs cibles, même si elles sont parfois obscures, comme le diamantaire. Nous ne savons pas encore pourquoi ils sortent de leur discrétion, mais cela ne nous plaît évidemment pas… »

L’écran holographique disparut alors, et les deux anglophones tournèrent leurs visages vers leur employeur devant eux. Son visage était plus fermé et froid qu’auparavant, et il semblait clair que John Doe était extrêmement inquiet à cause de cette histoire, chose qui plaisait assez à Seth vu l’énorme haine qu’il éprouvait envers lui, et le fait qu’il pourrait peut-être entrer en contact avec ces Humains Evolués pour pouvoir se libérer et se venger, même si il avait quelques doutes sur la véracité de ces êtres, vu qu’il n’avait pas vraiment foi dans les choses fantastiques ou autre, malgré son expérience…

« Nous voulons donc que vous interveniez.
Vous allez partir très rapidement vers une zone de la planète où nous pensons que se trouvent un ou plusieurs Humains Evolués. Votre mission consistera à le ou les trouver, à le ou les observer et à nous faire votre rapport le plus vite possible. Bien sûr, vous serez accompagnés cette fois-ci, et on ne vous laissera pas partir sans le matériel nécessaire… »

L’homme en noir se leva, immédiatement accompagné par ses agents. L’Anglais jeta un petit regard à Maggie, et vit encore une fois l’apathie de la jeune femme, et ça ne lui plaisait pas. Même si il était compréhensible qu’elle soit choquée par ce qu’elle avait due vivre, l’Irlandaise qu’il avait connue six mois plus tôt n’aurait jamais été aussi froide et calme, et surtout elle n’aurait jamais pu se contenir après ce qu’ils venaient de voir et d’entendre…Quelque chose n’allait vraiment pas chez elle, et Seth se jura de découvrir ce que c’était, au moins pour pouvoir savoir si elle était encore digne de confiance dans un combat ou non…

« Venez…
Nous sommes déjà en retard… »

Un énorme hélicoptère se posa alors devant les trois maisons de la ville perdue au centre de l’Australie, et Doe y entra, rapidement suivit par les deux anglophones. Le silence se fit alors, Harrison se demandant bien dans quelle nouvelle galère il s’était engagée, et comment il pourrait s’en sortir, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, un employeur taré qui ne l’aimait pas, des patrons apparemment contrôlés par les Etats-Unis et une collègue étrange et trop différente d’avant pour que ça soit honnête…Et en plus de ça, il devait aller faire la chasse à des types qui avaient apparemment des pouvoirs et voulaient changer le monde…On pouvait difficilement faire pire, quand même…






15 janvier 1983.

A l’attention de M. XXXX.



M. XXXX (nom rayé par mesure de sûreté),


Je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de mes inquiétudes.
En effet, même si nos recherches donnent de plus en plus de résultats et me laissent espérer une amélioration impressionnante dans les prochains mois pour nos patients, qui donneront certainement des progrès qui vous intéresseront au plus haut point, je me dois d’attirer votre attention sur un de nos chercheurs qui pourrait représenter un grand danger pour nous, si son comportement continue d’être aussi alarmant.

Ce chercheur, le Docteur Keller, ne présentait au départ aucun problème. Nous lui avons attribués le nombre normal de patients, et comme ses collègues, il a décidé d’intensifier ses efforts sur un seul d’entre eux, dénommé ici John Doe. Il est d’ailleurs à remarquer que ses résultats sur ce sujet sont impressionnants, et de loin les plus avancés du centre de recherche. Mais malgré cela, je pense que cet homme est un danger.

En effet, Keller refuse totalement de coopérer avec le nouvel arrivant au centre, le Docteur Wagner (que vous avez fais venir vous-mêmes, d’ailleurs). J’avais caressé l’espoir que ces deux chercheurs travaillent ensemble et fassent accélérer le processus de progression de nos patients, mais ça ne sera visiblement pas le cas, Keller rejetant totalement l’avis et les conseils de son collègue. Certaines rumeurs parlent même d’une rixe entre les deux hommes, mais je n’en ai pas la preuve, malheureusement.
De plus, Keller se replie extrêmement sur lui depuis quelques temps, allant même jusqu’à fuir la compagnie des autres et passant tout son temps sur son patient (il a même manqué la veille de Noël pour continuer ses tests). Et dès qu’il est en présence de ses collègues, il est très froid et insensible, comme si il n’attendait qu’une chose : retourner à ses éprouvettes et à John Doe.

Bien sûr, je connais l’extrême importance que revêt le projet pour vous, et je sais que Keller est un élément important pour la bonne marche de celui-ci, mais je pense qu’il est aussi très dangereux. Son intérêt pour son patient vire à l’obsession, et je crains qu’il ne commette de graves fautes ou de graves erreurs pour hâter les progrès de Doe pour pouvoir supplanter Wagner.
Je pense qu’une sanction, une mise en vacances pendant quelques semaines, voir même un départ total de Keller du projet, serait la solution parfaite pour lui et pour nous. Je crains un grand danger, je le répète.

J’espère donc que vous prendrez bien mes avertissements et que vous saurez prendre la décision qui convient à cette situation.

Respectueusement,


Docteur Christopher Edwards.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyVen 17 Nov - 1:18

alors, je ne peux pas vraiment faire de critique des deux épisodes en même temps,mais je peux parler d'un ou deux éléments du précédent.
Déjà,l'idée de la lettre à la fin de chaque épisode est très bonne. D'autant que les deux dernières semble se répondre,dans le sens ou la dernière est la réaction à toutes les autres,et surtout la dernière.
Ensuite,j'ai surtout été marqué par le dernier épisode. Tu lances vraiment le renouveau du projet W avec celui là.Si le précédent montrait surtout comment Seth et O'malley se retrouvaient,cette fois ci on est plus dans l'explication de tout ce qu'on a lu auparavant.On assiste avec eux à une narration,qui aurait pu être mal décrite,mais ce n'est pas le cas,en particulier grâce au point de vue de Seth,qui est récurrent.
On voit bien que Ce dernier a toujours sa volonté de se venger,et prend son mal en patience,tout comme O'Malley.
Heu,donc oui,j'ai déjà écriut ça avant,mais en fait on voit vraiment dans cet épisode ce à quoi tu nous a "préparé" avec les précédents.Une dimension supplémentaire s'ajoute à la série,et ca promet beaucoup.Malgré le coté bateau de l'idée elle même,la simple nature de l'organisation qui dirige Doe(sans parler des motivations de Seth et O'malley ^^) la rend vraiment excellente.
Donc voilà,encore une fois j'attends avec beaucoup d'impatience la suite,d'autant que cet épisode laisse présager beaucoup de bonnes choses...
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Ben Wawe
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 19 Nov - 21:41

Episode #9 : Fulo 1.

« A terre ! »

Une dizaine de balles s’abattit violemment sur l’arbre où se trouvait auparavant Seth Harrison, qui venait de se coucher et d’ainsi de sauver sa vie…ou de la prolonger pour quelques secondes, peut-être.
Le combat venait à peine de commencer, et déjà il était à terre, en train de se demander comment tout ceci avait bien pu arriver, et comment il avait pu se retrouver en train de combattre des pseudos rebelles Sud Américains dans le centre de la Bolivie, en plein dans l’immense forêt qui parcoure le pays…ce qui voulait dire qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir vu ses mauvaises expériences dans ce genre de régions.

« B, C et F, à droite ! A, D et E à gauche ! G, avec moi, et Maggie aussi ! »

L’Anglais venait de se relever, et commençait à tirer dans la direction d’où les balles qui devaient le tuer étaient venues. Bien sûr, il se doutait bien que ça ne servirait à rien vu l’extrême connaissance des lieux que devaient certainement avoir leurs adversaires, mais il ne pouvait pas non plus rester sans rien faire, et attendre la mort comme une proie n’avait jamais été sa vision idéale de son trépas.

« Raaargh !!! »

L’agent B venait de marcher sur une mine, et une de ses jambes vola devant les yeux de Seth avant de retomber brutalement à quelques mètres de lui. Les autres ne firent même pas attention à son décès aussi violent, et suivirent ses ordres tandis que les balles sifflaient autour d’eux et que des mots en espagnol se faisaient entendre, ce qui prouvait bien qu’ils affrontaient sûrement des rebelles…qui n’étaient bien sûr pas la raison de leur présence ici.

Quelques heures plus tôt, Harrison et Maggie avaient embarqués dans un hélicoptère de John Doe, où il leur avait expliqué qu’ils devaient retrouver un des Humains Evolués en Bolivie. Celui-ci se cachait dans la région forestière autour de la ville d’Oruro, une des « grandes » cités de ce pays d’Amérique Latine en proie, évidemment, à des soucis économiques et sociaux.
Leur patron n’avait pas eu beaucoup d’informations à leur donner sur l’Humain Evolué qu’ils devaient retrouver par ici. Le peu qu’il savait était que cet être était apparemment capable de parler toutes les langues et de vous connaître par coeur simplement par votre attitude ou vos intonations de voix, et qu’en plus il avait une intelligence supérieure à la normale. Doe n’avait rien dit de plus et leur avait juste attribué sept hommes de « l’ONU » pour les accompagner, même si l’Anglais doutait que ces types-là soient bien envoyés par les Nations Unies.

Ils étaient donc arrivés en Bolivie, dans un petit aéroport perdu et dangereusement mal équipé près de Oruro. Avec les agents de Doe, dont ils ne connaissaient pas le nom et qui ne répondaient qu’à des pseudonymes formés des premières lettres de l’alphabet, Maggie et Seth avaient enfilés des tenues de guerre et s’étaient camouflés avec maquillages et toutes les choses possibles, avant d’embarquer dans la forêt avec diverses armes.
Leur objectif était simple, au départ : trouver cet Humain Evolué qui se cachait dans la forêt, l’observer, l’analyser et envoyer les informations à Doe grâce à un système de communication assez évolué. Mais ils ne savaient pas comment le trouver, et comment l’observer…et c’était évidemment la partie la plus difficile du travail, du moins avant de tomber dans cette embuscade.

« Feu nourri ! »

Harrison roula sur le sol avec Maggie et l’agent G, et tira avec eux la majorité des balles de son chargeur. Ils essayaient de trouver où pouvaient bien être les rebelles qui les attaquaient, du moins si c’étaient bien des rebelles : l’Anglais ne connaissait pas, et se fichait d’ailleurs royalement, l’état politique du pays, et pensait sûrement avec raison que quelques types s’étaient cachés dans la forêt et voulaient changer le pays, voir le monde…c’était après tout la norme en Amérique Latine, selon lui.
Pire encore, il n’était pas loin de penser que chaque pays de cette région du monde faisait exprès d’avoir des rebelles, histoire que leurs présidents puissent frimer dans les réunions sur les nombres de morts et de déportés qu’ils avaient chacun…mais c’était une autre histoire. Et il devait penser avant tout à sa survie et à celle de ses hommes plutôt qu’à ces conneries, même si c’était dur.

« Mais butez-les, bordel ! »

Seth n’en pouvait plus.
Cela faisait quelques heures qu’ils pataugeaient dans la boue de cette forêt qui le rendait fou, et maintenant ils devaient en plus affronter des dingues qui gueulaient des trucs incompréhensibles en espagnol. Il regrettait d’ailleurs l’absence de Fernando dans ces moments-là, mais il avait autre chose à penser : il était certain que si le combat s’éternisait encore, son groupe allait perdre, et tout le monde allait mourir.
En effet, leurs adversaires connaissaient le terrain, ils étaient chez eux, et pouvaient très facilement les attirer dans des pièges…comme maintenant, en fait. Il fallait donc faire vite et espérer que tout se passerait « bien », même si il avait peu confiance en cette possibilité, malheureusement.

Un coup d’œil lui suffit d’ailleurs pour voir que la situation empirait à chaque instant. Les balles filaient partout dans ce petit coin presque ouvert de l’épaisse forêt bolivienne, et plusieurs agents de John Doe tombaient violemment sur le sol, vaincus et morts.
Oh, bien sûr, l’Anglais n’en était pas vraiment touché : il ne les connaissait pas, et n’avait pas eut le temps de leur parler…surtout qu’ils étaient très peu bavards, évidemment. Mais ça n’empêchait pas que Seth n’aimait pas ça, étant donné que leurs effectifs baissaient de plus en plus, et que ça risquait d’être bientôt son tour, si ça continuait comme ça…

« Maggie ! »

Harrison se jeta sur sa collègue, et celle-ci évita alors de marcher sur une mine, qu’il avait réussit à apercevoir grâce à un bout de cette arme mortelle qui était sortit. La jeune femme n’était toujours pas dans son assiette selon lui vu son silence trop pesant et pressant, mais en combat elle restait toujours extrêmement dangereuse et violente, et il ne pouvait de toutes façons la laisser mourir, même si il avait de plus en plus de doutes à son propos…

« Bordel, mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? »

Seth se rendit alors compte à quel point ils étaient tombés dans une embuscade. Et il s’en voulut immédiatement de ne pas l’avoir compris plus tôt.
En effet, perdus dans une forêt qu’ils ne connaissaient pas, attaqués juste au moment où son groupe était dans un endroit un peu ouvert de cette même forêt, des balles qui filent partout autour d’eux…ça ne voulait dire qu’une chose : ils étaient entourés d’ennemis, et ils allaient très certainement mourir sous peu…Même si tout était encore possible, bien sûr…

« Argh… »

L’agent A tomba lui aussi au sol, et Harrison comprit alors qu’il ne restait plus que Maggie et lui. En quelques secondes à peine, tous ses hommes étaient morts…et tout ça à cause de lui. Il avait pensé que ce n’étaient que des rebelles débiles et qu’ils pourraient s’en tirer facilement, mais il s’était trompé. Et lourdement.
Ces hommes n’étaient pas que des rebelles. Ou alors, ils étaient d’excellents rebelles, et ses mauvaises blagues mentales n’avaient pas lieues d’être pour eux. Ils étaient organisés, puissants, forts et organisés, et si il s’en sortait, ce qui n’était pas sûr du tout, il devrait changer son commandement, même si il doutait qu’il en aurait l’opportunité encore…

« Seth… »

L’Anglais baissa ses yeux vers la jeune femme qui se trouvait sous lui, et se rendit compte que la situation était encore pire que ce qu’il le pensait. Maggie, en effet, était blessée au ventre, certainement par une balle perdue auparavant…Elle ne l’avait sûrement pas sentie vu l’adrénaline qui la boostait, mais maintenant qu’elle était depuis quelques secondes immobilisait, cette adrénaline était stoppée, et elle subissait violemment le contre coup de la douleur…et de l’horreur de la situation actuelle…

« Et merde… »

Harrison ne savait pas quoi faire.
Les balles continuaient à fuser au-dessus d’eux, et il ne faudrait pas plus de quelques secondes pour que les rebelles se rendent compte qu’ils n’étaient pas morts et qu’il fallait les achever. Et il ne pourrait rien faire contre ça, malgré tous ces faits d’armes dans sa vie et toute sa chance, qu’il avait trop souvent utilisée jadis pour se tirer de ce genre de situations…Mais là…ça ne fonctionnerait sûrement pas…

Il soupira alors lourdement, se demandant si c’était fini. Si sa vie était bien terminée. Si il allait laisser ce monde et tous ceux qui lui ont fais du mal, ceux dont il avait juré de se venger, et mourir. Si il allait disparaître de cet univers et de cette vie, alors qu’il avait survécu à tout, que ça soit les tortures, les horreurs ou les manipulations de couloirs…il avait survécu à tout. Et tout ça allait être fini ? Après tout ça, il allait bêtement mourir dans une forêt perdue au centre de l’Amérique du Sud, à cause de stupides rebelles bien organisés mais anonymes et sans intérêts ?

« Nan… »

L’Anglais n’avait pas envie que ça se finisse ainsi.
Même si il ne pouvait sûrement rien contre ses adversaires, il n’allait pas se laisser faire. Il ne pouvait ni ne voulait se faire abattre et achever, couché sur une jeune femme qui se vidait de son sang et qui ne pouvait pas faire grand-chose. Il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas de cette mort.

Si il devait mourir aujourd’hui, il n’allait pas le faire sans se battre. Il n’allait pas le faire sans pousser un dernier cri de rage contre le monde, et tenter de faire le plus de dégâts possibles dans ceux qui auront la chance de mettre fin à son existence.

« Raaaah !!! »

Harrison se releva alors violemment, prêt à faire feu là où les balles proviendraient. Il était prêt à se prendre toutes les balles possibles si il avait l’occasion de voir au moins un endroit où se trouvait un des tireurs, et même si il en mourrait, il ne partirait pas seul. Il se l’était promit. Il se l’était juré. Mais il n’aurait pas la possibilité de tenir cette promesse et ce serment, en fait.

« Hein… ? »

Les balles s’étaient arrêtées.
Dès qu’il s’était relevé, dès qu’il avait décidé de prendre les choses en main et d’essayer de « bien » finir malgré ses erreurs et les morts de ses hommes, qui étaient de sa faute d’ailleurs, les tirs s’étaient stoppés. La fumée sortait toujours des arbres et des feuilles vu toutes les balles tirées un peu partout dans cette embuscade, mais l’enfer qui s’était installé dès que l’attaque avait commencée avait été arrêté. Et Seth ne comprenait vraiment pas pourquoi.

Son MP5 entre les bras, son uniforme recouvert de sang et de boue, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il n’était pas prit dans le tourbillon des balles qui avait massacré ses hommes. C’était incompréhensible…vraiment incompréhensible…
Pourquoi ces rebelles faisaient-ils ça ? Pourquoi tuer ses hommes et pas lui ? Pourquoi les achever en quelques secondes et le laisser vivre ? Pour le torturer encore plus ? Ou pour autre chose ? Ou pour quelque chose de plus vicieux et de plus sadique pour lui, dans les instants à venir ?

Il n’en savait rien…et il détestait ça, vraiment…

« Enchanté de vous rencontrer, Mister Harrison. »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 19 Nov - 21:41

Une voix venait de parler dans un anglais parfait, avec un léger accent latino. Seth comprit alors immédiatement que cette embuscade n’était pas seulement une attaque de rebelles…que c’était un piège contre lui et Maggie. Et donc, que Doe avait sûrement merdé encore une fois…Ca commençait à faire beaucoup, quand même, vu le nombre de personnes qui connaissaient leurs existences et savaient ce qu’ils faisaient…Et ce n’était pas vraiment bien pour des êtres qui devaient normalement se conduire comme des agents secrets…

« Qui… ? »

L’Anglais se retourna alors, et vit celui qui venait de parler.
Vêtu d’un uniforme militaire lui aussi, c’était un Sud Américain au crâne rasé et au sourire étrange…presque désagréable, en fait. Il était aussi maquillé pour être inaperçu dans la forêt de la Bolivie, et une demi douzaine d’hommes grimés comme lui sortirent alors de la verdure autour d’eux, Seth n’appréciant vraiment pas de voir tous ces hommes autour de lui…tous ces hommes qui avaient tentés de le tuer et qui avaient massacrés ses collègues…tous ces ennemis, en fait…

« Je suis celui que vous êtes venus chercher, Mister Harrison.
Et je suis heureux de voir que vous avez survécus à ce petit…problème, même si Miss O’Malley semble être un peu blessée…malencontreusement, évidemment… »

Harrison ne comprenait rien. Ce type, là, devant lui…c’était l’Humain Evolué ? C’était donc lui l’homme qu’ils devaient observer et peut-être tuer si Doe le voulait ? C’était donc lui leur cible ?
Pourtant, il semblait…comme les autres…Il semblait humain…Il n’avait pas de cornes, d’énorme tête ou de signes extérieurs de son côté… « différent ». Seth ne savait pas à quoi il s’était vraiment attendu, mais il avait pensé que le premier Humain Evolué serait VRAIMENT différent…et qu’il ne ressemblerait pas bêtement à un rebelle anonyme et classique d’Amérique Latine, même si c’était évidemment un des meilleurs costumes pour être incognito dans cette zone du monde, quand on avait son patron et ses chefs à ses trousses…

« Allons…
Venez, Mister Harrison…
Nous avons beaucoup à nous dire… »

L’homme sourit doucement alors qu’un de ceux qui avaient tués les agents de l’Anglais prenait l’arme qu’il tenait dans ses mains. Celui-ci se laissa faire, trop sous le choc pour faire autre chose, et commença alors à suivre ce type qui semblait trop humain et trop calme pour qu’il soit leur cible, même si il ne savait pas à quoi pouvait ressembler un des monstres que Doe leur avait décrit…
Maggie, visiblement gravement atteinte au ventre, se fit aussi emmener, alors que Seth se demandait ce qu’il allait vivre, maintenant qu’il était aux mains d’un de ceux qu’il devait observer et sûrement tuer…Il avait peut-être quitter un enfer en Afrique pour un enfer en Amérique du Sud…et encore une fois, il maudit John Doe pour tout ça, même si au fond ce n’était pas totalement de la faute de l’homme en noir…Pas totalement, non…






17 janvier 1983.



Journal du Docteur Wagner,



Premier jour d’expérimentation du Projet Doe.

C’est aujourd’hui que je reprends les travaux de mon prédécesseur, le Docteur Keller. Je ne sais pas ce que cet éminent chercheur, bien que trop paranoïaque et dangereux à mon avis, est devenu. Cela faisait quelques jours que je tentais une approche envers ce savant que je connaissais simplement de réputation, mais cela se passait mal.
En effet, je me heurtais véritablement à un mur. Apparemment trop prit dans ses recherches sur le patient dit John Doe, il n’avait vraisemblablement plus de vie privée et passait 90% de son temps à s’occuper de ce cobaye, le reste étant pour son sommeil et pour quelque écriture dans un journal, malheureusement bien maigre.

Je ne sais pourquoi cet homme est devenu ainsi…pourquoi il est devenu aussi concentré sur ce patient. Bien sûr, ce John Doe est extrêmement intéressant et passionnant vu ce que nous pourrions découvrir grâce à son analyse, mais Keller était devenu obsédé par ce cas. L’analyse de ses comportements, du peu de pages de son journal et de ses rares rapports avec les autres chercheurs me font penser qu’il avait perdu l’esprit, et qu’il devait donc être rapidement retiré du projet dans le bien de celui-ci.
Heureusement, nos employeurs semblent avoir le même avis que moi vu la disparition troublante, mais finalement accessoire, de nos locaux.

Keller a donc disparu, et j’ai pris sa place.
Bien sûr, je suis très ravi de cette opportunité qu’on m’offre, maintenant. J’étais venu dans ce centre de recherches perdu dans un des endroits les plus durs de Russie, et du monde d’ailleurs, dans l’espoir de pouvoir aider à l’évolution de l’Humanité et de ceux qui la peuplent. Et maintenant, j’ai l’immense honneur de pouvoir me pencher sur ce cas passionnant et extrêmement intéressant…quel bonheur.

Mais passons. Si j’écris ce journal, si je me lance dans l’écriture, c’est bien évidemment parce que nos employeurs nous l’ordonnent (sûrement pour savoir comment nous évoluons et les raisons de nos changements, si jamais ils arrivent, comme pour Keller), mais aussi pour faire l’analyse de toutes mes recherches et de toutes mes actions sur ce patient que j’ai hâte d’observer et d’analyser chaque jour.

Aujourd’hui, donc, j’ai commencé la recherche sur John Doe.
Bien sûr, je ne suis pas aller trop loin dans mes actions de la journée. J’ai d’abord commencé l’observation de tous les appareils autour de cet homme relativement jeune mais apparemment très fort et très rude. Je ne sais comment il peut survivre à tout ce que Keller lui a fait, mais il semble pouvoir survivre à d’autres choses encore. Il faut que je le pousse au bout de ses capacités. Il faut que je cherche jusqu’où il peut aller, et le faire dépasser ça. Il faut que je trouve ses limites. Mais plus tard.
Donc, après l’étude des machines, j’ai passé les quelques heures qui me restaient à regarder comment Doe réagissait à différentes injections de produits variés, mortels ou non. Rien de concluant n’en est sortit. Mais je verrais cela demain, encore.

Voila.
Ma première journée de travail est terminée.
Je n’ai pas grand-chose à dire. Je suis très excité par cette charge qui m’incombe maintenant, mais les excès de mon prédécesseur m’incombent évidemment à la prudence. J’espère que tout se passera bien. J’espère que je trouverais la réponse à l’étrange code génétique de John Doe…et j’espère surtout que je ne me perdrais pas, comme Keller.

Mais soyons optimistes. La première journée fut excellente, et j’ai hâte d’être à la seconde. Et j’ai surtout hâte de pouvoir dépasser les limites de la Science, ce pourquoi je suis là, évidemment…

A bientôt, nouvel ami.

Chris Wagner.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 19 Nov - 22:51

bon,je vais reprendre les scènes dans l'ordre parce qu'il y a pas mal à dire. Mr. Green
donc pour commencer,la scène dans la forêt.Je trouve que tu apportes bien tous les éléments que tu dois apporter por que le récit soit clair en temps voulu.On continue à s'interroger sur Maggie, l'utilistation des agents "lettres" montre bien à quel point l'univers des agents du projet W est hermétique.Ils ne sont pas en contact avec des humains mais des lettres,c'est assez terrifiant.On devine un peu avant Seth qui a organisé cette "embuscade",donc c'est pas mal,ça aussi.
Pour ce qui est de leur "objectif",il y a de nombreux points d'ombre car on ne sait pas encore ce qu'il veut à Seth et Maggie,et on ignore quelle utilisation il veut faire de ses "dons".Il pourrait se lancer dans l'interprétariat ou le commerce international,mais ca a pas l'air d'être son projet principal.Hem,désolé.Donc ensuite, à la fin de la scène de la forêt,rappeler les "vraies" motivations de Seth est une bonne idée,je trouve que c'est bien amené et que ca renforce sa détermination aux yeux du lecteur,tout comme son "intervention" après la mort de ses alliés.
Désolé pour le gros paragraphe,je passe au suivant ^^
Donc pour le journal du "nouveau médecin traitant de Doe",je trouve qu'il ressemble assez à Keller à ses débuts.Ca fait un peu le jeune chercheur ambitieux persuadé d'agir dans le bien de l'humanité,mais ca colle bien à l'histoire et tout reste cohérent.Personne ne semble se soucier de ce qi est arrrivé à Keller,ou alors ils se fisent qu'il a juste été renvoyé.Donc voilà,on se dit que Wagner va dans doute faire subir à Doe des choses encore plus terribles,et on se rapproche sûrement de ce qu'on attend en fait;savoir enfin qui est John Doe Mr.Red .Donc encore un très bon épisode,je suppose qu'il est inutilise de préciser que jattends la suite,même si je viens de le faire d'une manière détournée?sinon,j'aime bien le "nouvel ami" de la toute fin. tu sens qu'il se dérègle déja,le Wagner lol
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyMar 28 Nov - 0:34

Episode #10 : Fulo, 2e partie.

« Je suppose que vous vous demandez ce que vous faites ici, n’est-ce pas Mister Harrison ? »

Sa voix était calme et posée.
Les bras croisés dans une cabane humide et sale du centre de la Bolivie, l’homme habillé en treillis militaire souriait calmement alors que la fumée de son cigare s’échappait calmement sur le plafond de l’endroit où ils se trouvaient. Une bonne demi douzaine d’autres petites constructions en bois étaient disposées un peu partout dans une petite clairière dans la forêt vierge qui lézardait ce pays d’Amérique Latine, et un puits était aussi placé au centre de cette sorte de campement.

« Pas vraiment. »

Seth souriait aussi, d’ailleurs. Il avait été amené quelques instants auparavant par les hommes du type en face de lui, et celui-ci avait d’abord été silencieux pendant de longues minutes avant de lui adresser la parole. Il semblait croire que grâce au massacre des hommes de l’Anglais et par leur supériorité numérique, c’était lui qui menait la discussion et le jeu. Mais il se trompait, même si il ne le savait pas encore…

« Ah oui ? »

L’homme prit une grande bouffée de fumée avant de planter son regard froid et sombre dans les yeux de Harrison. Habillé de son treillis, lui aussi, il passait calmement sa main droite sur son crâne rasé depuis peu, arborant toujours son grand sourire de défi et d’arrogance qu’il n’avait pas quitté depuis qu’il avait été amené là.
Bien sûr, sa réaction ne semblait pas logique vu la situation dans laquelle il se trouvait, mais il continuait à faire ça, à défier l’homme qui contrôlait les types qui avaient tués ses hommes en quelques secondes, et à montrer qu’il se fichait totalement de lui par son attitude blasée et très égocentrique.

« Vous m’étonnez.
- Je sais. J’ai l’habitude.
- Qu’on soit étonné de vous ?
- Ouaip.
- L’arrogance est un bien mauvais défaut, Mister Harrison.
- Raison de plus pour que vous arrêtiez de l’être, alors. »

Le Sud Américain faillit lui sauter à la gorge à cause de cette dernière réplique. Sa rage se lisait parfaitement dans ses yeux et ses gestes beaucoup trop lents pour ne pas être contrôlés au millimètre et à la seconde près, et Seth se retint d’exploser de rire en voyant à quel point il pouvait énerver cet homme. La partie risquait d’être encore plus facile de prévu, si il continuait à foncer dans ses pièges grossiers…

« Joli sens de la répartie. On dirait presque celui de votre compatriote, James Bond.
- Evitez de me comparer à ce petit merdeux gominé. Mais merci pour le compliment. Mon sens de la répartie a toujours fait fureur.
- Mais il peut coûter cher.
- Je doute qu’un simple petit rebelle d’Amérique du Sud ait le moyen d’acheter mon silence. Après tout, vous n’arrivez même pas à nourrir vos enfants et vos femmes…non ? »

Harrison savait qu’il allait loin.
Il savait qu’il était en train de risquer sa vie et celle de Maggie, qui avait été sûrement emmenée dans une autre cabane, en disant ce genre de choses. Mais il n’avait pas le choix : même si il n’aimait ni John Doe ni leurs patrons respectifs, il ne pouvait courir le risque de retourner dans l’horrible prison qu’il venait de quitter…du moins, pour le moment.
Seth devait donc faire en sorte d’accomplir sa mission, et pour ça il avait choisit un plan simple : énerver le plus possible l’homme qui semblait tirer les ficelles de tout ce merdier jusqu’à ce qu’il fasse une erreur qui puisse être utilisable. Bien sûr, c’était un jeu dangereux…mais pas autant que décevoir encore une fois Doe et les tarés qui le commandaient…

« Votre sens de la répartie m’énerve, Mister Harrison. »

Mais pour le moment, le plan de l’Anglais ne fonctionnait pas vraiment bien : malgré un début prometteur, le Sud Américain s’était reprit et semblait être maître de lui. Evidemment, il était palpable qu’il n’aimait pas ce que le chauve lui disait, mais il arrivait à se contrôler…et il fallait donc que le trentenaire continue encore à l’énerver…quitte à dépasser la limite trop tôt…

« Je m’en doute : après tout, je suis un des meilleurs.
Mais vous en faites pas, le vôtre viendra aussi. Avec le temps, bien sûr. Et la pratique. Vous pourrez peut-être avoir un niveau acceptable, du moins si vous arrivez à dépasser votre stade de petit Sud Américain sous développé et sous éduqué…Mais je suis sûr que vous pouvez tirer le meilleur de la merde d’où vous venez, vous en avez le potentiel… »

Silence.
Enorme silence.
Harrison eut alors peur d’être allé trop loin. D’avoir dépassé trop tôt la limite du supportable pour le chef des « rebelles », et de devoir se battre plus tôt que prévu. Bien sûr, il savait que ça allait arriver, et il n’arrêtait pas de le défier uniquement pour ça, en priant aussi pour pouvoir être à la hauteur durant la rixe.
Mais il voulait aussi en savoir plus sur l’être qui était devant lui : il voulait savoir qui il était, quelles étaient ses capacités supérieures à la normale si il en avait et si Doe ne leur avait pas mentit (ce qui n’était peut-être pas à exclure), mais surtout il désirait savoir si ce type pouvait lui être d’une quelconque aide pour se libérer de sa dette envers son patron…mais ça semblait mal partit pour le moment.

« Harrison… »

Seth comprit que la limite avait été dépassée dès que le Sud Américain avait oublié le « Mister » devant son nom. Mais alors qu’il pensait ça et qu’il s’attendait à une réaction brutale de l’homme, il vit en quelques secondes à peine un neuf millimètres classique apparaître devant ses yeux, et il entendit aussi la sécurité être enlevée. Cela n’avait duré que quelques secondes, mais l’Anglais n’avait strictement rien vu, et se retrouvait maintenant tenu en joue par un taré qui lui en voulait parce qu’il avait trop parlé…Etrangement, cette situation sonnait comme familière, pour lui…

« …tu vas trop loin. »

Harrison déglutit difficilement alors que ses yeux étaient rivés sur le canon de l’arme pointée sur lui.

« T’es qu’un sale petit connard d’Anglais.
Je sais bien que Doe te tient et que tu veux tout faire pour pas retourner de l’endroit puant d’où il a dû te tirer, mais je pensais que t’étais plus intelligent quand même. »

Sa voix était devenue extrêmement froide et tranchante alors que le Sud Américain s’était levé et se trouvait désormais devant Seth, son neuf millimètres à quelques centimètres à peine du front de l’homme qui commençait lentement à sentir la peur s’insinuer en lui à mesure que les paroles sortaient de la bouche de celui qui le tenait en joue.

« Je suis Esteban Fulo.
Je suis un des produits des expérimentations de tes maîtres, Harrison.
J’ai été enlevé en 1980 alors que je venais de naître, et tes patrons ont fais des expériences sur moi durant mes quatre premières années, enflure. Quatre ans où je n’ai pas été conscient et où j’ai souffert plus que tout ce que tu as pu souffrir. Et après, tu sais ce qu’ils m’ont fais ? »

Si l’Anglais ne s’était pas trouvé en si mauvaise posture, il aurait explosé de rire. Le type, là, cet Esteban Fulo, il était en train de faire exactement ce que les mauvais méchants de films faisaient toujours : il racontait son plan ou son origine au héros qui avait le temps de trouver un moyen de s’en sortir avant d’éventer la machination de son ennemi grâce aux infos qu’il aurait eut.
Bon, bien sûr, Harrison n’était pas un héros et il ne voyait pas vraiment comment s’en tirer pour le moment, mais cette situation le faisait rire…et lui faisait au moins gagner du temps, ce qui n’était pas plus mal, quand même…

« Ils m’ont réveillé, et ils m’ont utilisé.
J’ai une intelligence supérieure à la normale, Harrison. Je parle toutes les langues vivantes de la planète, j’ai une mémoire phénoménale et j’ai la capacité de tout savoir de toi rien qu’en te regardant quelques minutes. Je sais pas comment ça se fait, je sais pas comment cette capacité s’appelle. Et j’avoue que je m’en fous. »

Sa carapace se fissurait.
Lui qui avait voulu montrer une façade très calme et posée de sa personnalité à Seth pour mieux l’appâter, certainement, n’arrivait plus à se contrôler et était en train de déballer son sac et son vrai « lui », celui qui était facilement colérique et violent. Et même si l’Anglais n’avait pas les capacités que semblait détenir Fulo, il pouvait au moins être sûr que ce type se cachait derrière cette carapace pour masquer son traumatisme dans l’enfance…et que tous ses beaux « pouvoirs » devenaient inexistants dès qu’il s’énervait, étant donné qu’il ne voyait même pas que l’homme qu’il était en train de viser venait de placer ses deux mains juste sous la table qui séparait les deux êtres…du moins, pour le moment…

« J’ai été utilisé comme une machine ! Ces enfoirés ont utilisé mes capacités pour faire ce qu’ils voulaient, mais j’ai fuis dès que j’ai compris ce qu’il se passait. C’est à partir de là que j’ai vraiment su ce que j’avais fais…C’est à partir de là que j’ai commencé à me rendre compte de ce qui m’était arrivé, et de ce que j’avais été obligé de faire, en fait…Je me suis rendu compte de l’horreur de mes actions, et je me suis énervé… »

Sa rage se lisait encore dans ses yeux, et Seth ne pouvait que le comprendre. Même si ses propos étaient complexes et un peu illogiques à cause de la colère qu’il éprouvait par sa faute et celle des souvenirs qui revenaient en lui, cet homme semblait de plus en plus sympathique à l’Anglais : utilisé jusqu’à la moelle par ses patrons, trompé, humilié, responsable de centaines de morts par ses actions alors qu’il en ignorait le vrai but…lui aussi savait ce que ça faisait, finalement.
Bien sûr, ce n’était pas la même chose vu que ce Fulo avait été utilisé par son intelligence alors que Harrison avait tué des gens qu’il croyait coupables de crimes, mais dans le fond ça se ressemblait fortement. Et la rage qu’éprouvait le Sud Américain était exactement la même que celle de Seth, même si celui-ci devait privilégié sa survie avant ses idéaux…malheureusement, bien sûr.

« J’ai alors rejoint ce mouvement, dans ma Bolivie natale.
Ca fait des années que j’essaye de détruire ce monde qui m’a détruit. Bien sûr, la planète entière n’est pas responsable de ce que j’ai subis, mais ceux qui la dirigent si. Et eux qui tiennent tellement à leur cher capitalisme et à leur cher pouvoir sur la Terre et ses ressources vont bientôt se rendre compte que tout ça est vraiment très bancal…et qu’il suffit d’un grain de sable pour que tout soit déréglé… »

L’Anglais soupira discrètement.
Le discours de Fulo était sympa’ et plaisant, mais au fond il savait déjà qu’il ne survivrait pas pour le voir être en action. Bien sûr, il y avait des chances pour que ses pensées et ses indications soient utilisées par ses hommes et que son plan, quel qu’il soit, commence vraiment, mais il serait tué avant ça : les rêveurs de son genre ne faisaient jamais de vieux os, et même si ils devenaient des légendes pour les ados après, ils mourraient quand même. Le monde et ses dirigeants n’aimaient pas les libertaires.
C’était pour ça, d’ailleurs, que Doe l’avait envoyé ici, avec Maggie : il savait que ce type était devenu un peu taré à cause de ce qu’il avait subit, et il les avait balancé ici pour qu’ils le débarrassent de Fulo. Sauf qu’encore une fois, ce bon vieux John avait oublié de donner les bons ordres…Ca commençait à devenir une sale habitude, quand même…

« Et je suppose que t’es du genre grain de sable ? »

Fulo sourit, mais Seth affichait un visage impassible. Il commençait à apprécier ce type qui, même si il avait des idées trop révolutionnaires pour ce monde qui n’était pas encore prêt pour un changement aussi violent, avait vécu des choses qui expliquaient sa tombée dans cette idéologie dépassée, malheureusement. Et il avait vraiment des remords de devoir « s’occuper » de lui, mais sa survie passait malheureusement avant tout…même avant ses principes et sa tendresse pour un trentenaire Sud Américain un peu trop idéaliste pour lui…

« Bien sûr.
Et je sais que toi aussi, tu l’es.
Je sais que Doe te tient et que tu fais tout pour lui échapper, même si tu hésites en ce moment. N’hésites plus, Seth. Ce monde doit changer. On ne peut pas le laisser comme ça, on ne peut pas laisser aux mains des monstres qui m’ont fais faire des choses abjectes dans mon enfance et ont fais des expériences inhumaines sur plusieurs générations ! Ils nous ont utilisés, Seth ! Ils nous ont manipulés, torturés et forcés à faire des horreurs ! Ils nous ont traités comme des machines ! Ils doivent payer pour ça ! »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyMar 28 Nov - 0:35

L’Anglais était d’accord.
Même si Fulo n’en disait pas plus, il avait assez d’imagination et d’expérience dans le monde de l’espionnage pour se douter de ce qui avait pu vraiment être fait dans les labos secrets des « maîtres de la planète ». Bien des horreurs avaient dû être pratiquées dans ces endroits-là, et Harrison aurait bien sûr tout fait pour punir les responsables…après tout, il avait bien une conscience, au fond de lui.
Mais malgré tout ça, malgré son envie d’aider le type devant lui qui continuait à le viser avec son arme et qui ne voyait apparemment rien venir de son envie de le mettre KO malgré ses capacités présumées (ce qui faisait d’ailleurs douter Seth de l’existence de ces capacités), il n’avait pas le choix : le risque de décevoir Doe et de se retrouver encore une fois dans la prison d’où il était sortit était trop grand…trop grand pour ne pas faire son boulot, même si il lui coûtait de l’accomplir.

« Oui.
Ils doivent payer, c’est vrai.
Mais toi, tu devrais faire plus attention à qui tu parles…et comment il bouge, aussi… »

Le trentenaire soupira, avant de donner un violent coup sous la table avec ses deux mains. Le meuble s’éleva alors rapidement avant de frapper le visage de Fulo, qui reculait sous la surprise et le choc alors que l’objet se mettait à la verticale dans la pièce.
Le chauve n’hésita pas alors, et donna un violent coup de poing dans le bois de la table. Sa main passa violemment dans le meuble avant de s’écraser sur la face du Sud Américain, qui recula jusqu’à en tomber lourdement sur le sol. Il lâcha alors son arme, et celle-ci fut immédiatement récupérée par l’Anglais qui le tint en joue, étant cette fois-ci maître de la situation sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré et sans que trop de bruit ne soit fait…pour le moment, bien sûr.

« Tss… »

Seth était vraiment désolé, et ça se voyait.
Il avait lutté intérieurement pour ne pas rejoindre cet homme qui lui ressemblait plus qu’on ne pouvait le penser, mais il devait préserver sa survie pour vraiment faire tomber Doe et ses patrons, et il devait aussi sauver Maggie, qui comptait certainement sur lui pour s’en sortir même si elle n’était plus elle-même ces temps-ci. L’Anglais devait donc suivre sa mission, et il parla d’une voix lasse et fatiguée à l’homme à terre, qui se tenait le visage et surtout le nez avec une expression de surprise mêlée à de la douleur sur sa face…Il ne semblait pas avoir comprit ce qu’il s’était passé…

« J’suis désolé, Fulo…
Tes idées me plaisent, mais si je veux vraiment faire changer les choses, je peux pas le faire dès maintenant. Je dois suivre les ordres et faire en sorte qu’on croit en moi. Faire en sorte d’avoir la confiance de ces enflures, pour après les planter dans le dos. Désolé, vraiment. Avant, je t’aurais suivi, simplement parce que tu sais bien parler et que tes hommes croient dans tes pouvoirs, même si on dirait bien qu’ils existent pas : après tout, tu m’aurais bien stoppé si tu les avais eus. J’suis vraiment désolé de ce qui va arriver. C’est pas de ma faute. J’aurais voulus que ça soit différent. Vraiment. Mais t’en fais pas, vieux : je fumerais Doe en ton honneur, promis…Et je ferais en sorte que ces enflures sachent que ça venait de toi quand le retour de bâton arrivera… »

Harrison soupira et s’accroupit devant le Sud Américain qui ne semblait pas bien comprendre ce qu’il se passait. Il sentit seulement le canon froid de son arme sur son front, et entendit alors les paroles du trentenaire, visiblement las mais déterminé malgré tout, avec une pointe d’agacement dans la voix en plus.

« Ah, au fait…
J’suis pas James Bond, et j’suis bien meilleur que lui…Le permis de tuer, je l’ai depuis toujours, mes réparties sont bien plus travaillées que les siennes, et surtout je sais mieux tirer que cette merde qui a sûrement des origines françaises…Alors évite de me reparler de ce looser dans ta prochaine vie, ok ? Allez, salut »

Seth appuya alors sur la gâchette, mais rien ne se passa.
Il réessaya une fois, deux fois, trois fois même, mais au lieu du bruit d’une balle qui explosait un crâne, il n’y avait que le « click » caractéristique du chargeur vide. Son teint devint alors extrêmement pâle, tandis que Fulo faisait disparaître son masque de surprise et de douleur pour laisser apparaître un énorme sourire…La situation n’était peut-être pas aussi bonne que ça, en fait…

« Ah, Harrison… »

L’Anglais sentit alors plusieurs canons froids contre son dos et sa nuque, et il n’avait même pas besoin de se retourner pour comprendre qu’une bonne demi douzaine d’armes, chargées elles, étaient pointées vers lui.

« …toi aussi, tu devras faire des efforts dans ta prochaine vie.
Par exemple, ne va jamais trop vite dans tes jugements et ne crois pas la partie trop rapidement gagnée. J’ai les capacités que je me suis targué d’avoir auparavant. Je les ai toujours eus, et je les ai toujours contrôlées. Mais je suis un très bon acteur, Seth. Et ce que tu as sûrement vu comme une attitude de méchant de film, c’était simplement un travail de comédien et d’amusement.
J’ai su avant même que tu y penses ce que tu allais faire. J’ai su dès le départ qui tu étais et comment tu allais réagir, Seth. J’ai lu en toi comme dans un livre ouvert, et je sais tout de toi, mon vieux. Alors dis-moi… »

Fulo se releva calmement et sourit avec énormément de défi et d’arrogance au trentenaire qui était toujours accroupit et qui comprenait qu’il venait de se faire avoir dans les grandes lignes, et qu’il avait perdu la seule vraie occasion de s’en tirer, aussi…

« …qui est vraiment le looser maintenant ? »

Le Sud Américain explosa alors de rire, tandis que Seth se demandait combien de temps il allait être torturé…et si ça allait être plus dur qu’en Afrique…et si Doe viendrait le chercher dans la tombe pour le faire encore souffrir quand il saurait ce qu’il s’était passé…Après tout, cette dernière éventualité était bien possible, connaissant son patron…Oui…Très possible, même…






Date inconnue.



Journal du Docteur Keller.



Wagner. Ce chien veut tout me prendre. Ce chien m’a déjà tout prit, en fait. Mais il ne l’emportera pas au paradis. Wagner va le payer. Oui. Il a voulu me prendre John Doe, il a voulu me faire enfermer pour retirer tout le profit de mes recherches, mais je ne le laisserais pas faire. Je sais où il habite. Je sais qui est sa famille. Je sais qui sont ses parents. Il m’a prit Doe. Il a osé me prendre mon patient. Le fou. Quel fou. Il est fou. Il a osé me le prendre. Il pense m’avoir. Il ne m’aura pas. Personne ne m’aura. Je suis sortis. J’ai réussis à sortir. Je ne sais pas comment, mais je suis sortis. Et je n’y retournerais pas. Je sais qui il est. Je sais où est sa famille. Il m’a prit Doe. Il m’a prit mon patient. Il m’a prit mes recherches. Il m’a prit ma vie. Il est temps que je lui prenne la sienne, aussi. Et vite. Très vite. Il faut que je retourne à mes recherches. A Doe. A son code génétique. C’est trop important. Oui, trop important.
Il faut que j’y retourne. Vite. Très vite. Et il faut que je punisse Wagner, aussi. Vite. Très vite. Et méchamment. Très méchamment. J’y vais. Je vais le punir. Je vais retrouver mon cobaye et mes recherches. Je vais retrouver ma vie en prenant la sienne. Ça ne peut être qu’ainsi. Il a prit la mienne, je prends la sienne. Oui. C’est logique. C’est égalitaire. C’est ça qu’il faut faire. C’est ça que je vais faire. C’est ça que je fais…Je prends sa vie…et je retrouve la mienne…C’est logique…Très logique…Tellement logique que j’aurais dû y penser avant…Oui…Avant…Mais il n’était pas trop tard…Non…Pas encore trop tard…Il faut que je me dépêche…pour y arriver…Mais j’y arriverais…C’est obligé…Ca ne peut être autrement…Le monde a besoin de moi…de mes découverts…et je ne peux pas laisser tomber le monde…non ?

Non. Je ne peux pas. Et je ne veux pas…
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyMar 28 Nov - 12:52

Ayé!!! j'ai tout lu!!!

Boum! que c'est bon! je vais pas faire très long, mais on sent le sujet maitrisé.

Tout est lié, les lettres, les différentes histoires...

Harrisons est toujours aussi chiant et bon! Maggie nous reserve des surprises. 'Nando aussi je pense. Enfin tout ce joli monde roule bien et je dois dire que les endroits décrits, l'atmosphere etc... plonge directement dans l'action.

Fulo je l'adore aussi et bon vivement la suite!
(j'ai preferé la phrase sur bond sur msn...)
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyMar 28 Nov - 22:13

bon,bah j'ai lu le dernier épisode,et comme les précédents j'ai bien accorché.
tu me l'avais dit sur msn mais j'aurai pu deviner tout seul le lien avec James Bond tellement il est explicite.Enfin,tu utilises bien la référence donc pas de souci,c'est assez marrant et j'ai appris au passage qu'il avait des origines francaises.
L'épisode lui même s'étale sur une durée assez courte mais on ne voit pas trop le temps passer,c'est bien écrit et on suit le cheminement mental de Harrison.
Bon,par contre je dois t'avouer qu'on devine avant Harisson que Fulo bluffe,mais ce n'est pas génant car si le "retournement" est attendu on ne sait pas encore quand il va arriver,et surtout ce qu'il va se passer.Donc la fin est aussi bien racontée,pour la première fois depuis quelques épisodes on se dit que Seth est vraiment dans la merde,et ca c'est aussi un bon point.
Pour la partie ou le docteur Keller parle,on a vraiment l'impression qu'il ne s'est pas arrangé,celui là ^^
BOn,on a surement voulu le "modérer", voire le "faire taire",mais il a l'air de s'en être sorti,et on voit bien qu'il veut se débarasser définitivement de son confrère,mais surtout revenir à son patient dès que possible.
Encore un très bon épisode donc.lasuite. Mr. Green
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyLun 11 Déc - 15:40

Episode #11 : Fulo, troisième partie.

« Tu ne cesses de m’étonner, Fulo.
- Tes patrons disaient ça, aussi. Avant.
- Ah ouais ?
- Ouais. Avant que je les castre pour ce qu’ils m’ont fais. Après, ils le disaient plus vraiment. »

Seth Harrison et Esteban Fulo étaient calmement installés sur une terrasse d’une des cabanes en bois perdues au fond de la forêt régnant sur une grande partie de la Bolivie. Malgré les moustiques qui n’arrêtaient pas de les harceler, ils semblaient assez biens, buvant simplement un peu de Whisky tout en fumant des cigares, importés très certainement de Cuba même si l’Anglais n’avait pas vraiment envie de poser la question à son nouvel « ami »…Après tout, il se demandait encore comment il pouvait être vivant après tout ce qu’il s’était passé, ce n’était pas le moment de parler politique…et surtout pas de la patrie des Castro…

« Sans déconner ? Tu les as castrés ? Tous ?
- Nan. Pas tous. »

Fulo sourit alors doucement en soufflant une fumée qui cacha durant quelques secondes son visage.

« Y avait des femmes aussi. »

Les deux hommes explosèrent alors de rire, tandis qu’à quelques mètres d’eux, des collègues du Sud Américain s’entraînaient au tir avec une précision presque mortelle. Aucun ne semblait manquer sa cible, et cette petite information ne manqua pas d’être observée par Harrison, qui, si il semblait désormais moins agressif envers Fulo, gardait quand même en mémoire ce qu’il s’était passé quelques heures plus tôt…et qui n’avait pas été très plaisant, au final.

En fait, il avait cru mourir, à ce moment-là. Il s’était même déjà vu mort. Mais ça ne s’était pas passé ainsi, finalement. Et il ne comprenait toujours pas pourquoi.
Ça n’avait d’ailleurs aucune logique. Il avait été envoyé dans cette partie paumée et oubliée du monde pour observer, analyser, espionner voir tuer Fulo si il semblait trop dangereux à Doe et à ses patrons, et c’était finalement Fulo qui les avait enlevés, lui et Maggie, tout en tuant leurs hommes…ou plutôt, ceux de Doe. Après ça, le Sud Américain avait emmené l’Irlandaise quelque part, et avait commencé à interroger Seth. Et c’était à partir de là que ça devenait vraiment bizarre.

Harrison avait cru avoir le contrôle de la discussion durant tout le dialogue, et il avait même cru s’en être sortit quand il avait frappé son adversaire à travers la table. A ce moment-là, il pensait que Fulo n’avait pas utilisé ses capacités sur lui, ou alors qu’elles étaient en panne, ou alors qu’il était trop fort pour elles, ou alors plus simplement qu’elles n’existaient pas et qu’il était un menteur. A cet instant précis, l’Anglais était donc sûr qu’il avait réussi la première partie de son plan, et qu’il lui suffisait de retrouver Maggie pour que tout ça se termine…mais évidemment, ça n’avait pas été aussi simple.

En fait, Fulo l’avait piégé.
Fulo avait bien des capacités étranges qui en faisaient un Humain Evolué, comme disait Doe, et il pouvait « lire » la personnalité de quelqu’un par simple observation de son attitude et de son timbre de voix. Esteban pouvait aussi prévoir les actions de cette personne après sa « lecture », et il avait donc parfaitement comprit que Harrison préparait un sale coup. Il s’était simplement laissé faire pour voir ce dont Seth était capable. Et visiblement, ça lui avait plu, vu que l’Anglais était encore vivant, et plutôt bien traité, pour le moment.

« Tu te demandes où est Maggie, hein ?
Et tu es aussi en train de te rappeler ces dernières heures, tout en t’interrogeant sur pourquoi je t’ai laissé en vie alors que je sais pertinemment que tu as été envoyé ici pour me tuer, et que tu dois le faire vu que tu ne veux pas retourner dans la prison d’où tu viens…non ? »

Seth fut tiré de ses rêveries par ces quelques paroles. Immédiatement, il releva la tête vers Fulo, qui souriait toujours de son étrange sourire. Ça l’avait d’ailleurs frappé, ce sourire : pas vraiment doux, pas vraiment sympathique, il avait une petite pointe de vice et de machiavélisme qui faisait qu’on ne savait pas ce que Esteban ressentait en faisant cette expression faciale.
C’était sûrement fait exprès, pensa alors l’Anglais tandis qu’il se relevait sur son siège et qu’il tirait un peu trop hâtivement sur son cigare pour cacher son inquiétude : le Sud Américain savait « lire » les attitudes des gens, et avait donc très certainement mit au point une palette d’expressions que les autres ne pouvaient pas comprendre, histoire de les laisser dans le flou pour qu’ils ne cachent jamais ce qu’il pense…jusqu’à ce qu’il passe à l’action.
Brillant. C’était brillant. Et venant d’un type qui contrôlait une armée de types qui savaient mieux tirer que le meilleur sniper qu’il connaissait, et il était bon pourtant, ce n’était pas du tout rassurant…Surtout si ce type vous regarde avec un air étrange, digne d’Hannibal Lecter dans les premiers films…Brrr…

« Euh…
- Ne mens pas. Tu sais que je connais déjà la réponse.
- Hum… »

L’Anglais n’aimait pas ça. Il n’aimait pas être « lu » par Fulo : celui-ci savait ses réactions à l’avance et pouvaient presque lire ses pensées avant même qu’elles n’apparaissent dans son cerveau. Même si il avait tout fait pour cacher son trouble depuis que le Sud Américain l’avait fait relevé par ses hommes et l’avait installé ici pour parler, il ne se sentait vraiment pas à l’aise avec lui…et regrettait amèrement de ne plus avoir d’arme sur lui, bien que ça n’aurait pas été très utile avec quelqu’un qui pouvait prévoir à l’avance ses réactions et attitudes…

« Ouais. Ouais, je pense à ça. »

Honnêteté et prudence.
Ne pas vexer Fulo en lui mentant alors qu’il connaît déjà la réponse à la question qu’il a posée. Seth ne devait pas oublier qu’il se trouvait, malgré les étranges attentions de son « ami », en territoire ennemi et que Maggie avait toujours disparue. Même si Esteban semblait sympathique et que leurs histoires se ressemblaient, Harrison devait quand même faire attention, et ne pas oublier le motif de sa venue ici…bien qu’il n’avait plus vraiment envie de mener à bien cette mission presque suicidaire…

« C’est bien. Tu ne me mens plus. Je préfère. »

Fulo sourit doucement avant de balancer derrière lui son cigare fumer aux trois quarts. Son sourire étrange et mystérieux était toujours sur son visage tandis qu’il parlait d’une voix assez posée et calme, ses bras croisés sur son torse recouvert d’un treillis militaire qui avait vieilli et que ses yeux de serpent s’étaient plantés dans le regard de Seth, qui tressaillit par instinct et presque sans s’en rendre compte.

« Maggie est ici. Elle est soignée par mes hommes.
- Soignée ?
- Ouais. Une balle l’a atteinte, tu te rappelles ?
- Ouais.
- Ça se passe bien, mais l’opération est assez complexe, surtout dans cet endroit. On n’a pas vraiment toute l’hygiène nécessaire et ce n’est pas le lieu idéal pour de la chirurgie. Mais mes médecins sont habitués à ça. Elle devrait s’en sortir.
- Hum… »

Harrison n’aimait pas ça.
Bien sûr, il se rappelait que Maggie avait été touchée au ventre par une balle perdue lors de la fusillade entre eux et les hommes de Fulo, mais il espérait l’emmener lui-même dans un hôpital. Bon, que les Sud Américains d’ici s’en occupent était évidemment une bonne chose, mais d’un autre côté, l’Anglais ne se sentait toujours pas à l’aise avec leur chef…Ses manières, ses « pouvoirs », son arrogance et tout ce qu’il lui faisait, ça ne lui plaisait pas…Surtout que Fulo avait délibérément laissé son arme posée à plat sur la petite table entre eux, ce qui était clairement un signe de défi envers Seth…Et lui, il n’aimait pas les défis…il n’aimait pas ça du tout, vu qu’il avait la mauvaise manie de toujours les relever…

« Pourquoi on est encore en vie ? Après tout, on est venus pour t’espionner au mieux, te plomber au pire…A ta place, je nous aurais déjà liquidés depuis longtemps…
- Je sais. »

Le Sud Américain sortit un nouveau cigare de la poche sur son treillis et l’alluma avant de reprendre la parole d’une voix très calme et posée.

« Mais tu n’es pas à ma place. Et tu ne sais pas ce que je sais. »

Il inspira fortement de la fumée avant de la rejeter puis de reparler de sa voix toujours beaucoup trop zen pour l’Anglais devant lui, qui transpirait à grosses gouttes et n’aimait vraiment pas cet endroit, cette chaleur, ce type, son ton, son sourire, ses manières…

« Je sais que John Doe vous a envoyés, toi et Maggie.
Je sais que vous êtes obligés de faire ce qu’il dit, sinon vous retournerez dans les horribles prisons d’où il vous a tiré. Et vu qu’en faisant des recherches sur vous au Royaume Uni, mes machines se sont emballées et mes contacts à Interpol ont découverts qu’il y avait des gens au-dessus d’eux qui pouvaient leur dire « stop » quand ils cherchaient des choses qu’il ne fallait pas remuer, je pense que ces prisons ne devaient pas être du premier luxe. Vous avez dû faire de sacrées conneries pour que les types dans l’ombre se montrent pour dire à mes potes d’arrêter de chercher des infos sur vous. Je suis presque impressionné.
- Hum… »

Seth frissonna tandis que les premiers souvenirs des horribles séances de torture remontaient à la surface, ce que ne manqua pas de percevoir Fulo, évidemment.

« Ouais. J’avais raison, à ce que je vois.
Donc je sais ça, Seth. Je sais aussi qu’au fond, vous n’êtes sûrement pas des mauvais bougres, et que toi, tu dois certainement comprendre mon combat. Mais voila, t’es piégé par le fait que Doe te tient, et qu’il peut dire à tous ceux qui te haïssent, et te connaissant je pense qu’il doit y en avoir pas mal, que tu es sortis de ton trou et qu’ils peuvent s’amuser à nouveau avec toi. Je sais ça aussi. Et je sais que vous tuer ne servira donc à rien. Et donc, j’ai eu l’idée de vous utiliser. »

Harrison fronça alors les sourcils alors que son attitude devenait plus rigide. Il n’aimait pas le tour que prenait la discussion, même si un petit vent bien sympathique commençait à lui apporter un peu d’air et à faire baisser la chaleur de cet endroit.

« En fait, j’ai besoin de vous.
Tu le sais sûrement, mais j’ai envie de faire péter ce monde qui m’a fait du mal, et spécialement tes chers patrons. Je sais que tu partages mon « amour » pour eux donc mon idée de les plomber avant de foutre un peu la merde sur cette planète devrait te plaire. »

Fulo sourit légèrement, de son sourire toujours dérangeant, avant de reprendre d’une voix un peu plus motivée qu’auparavant.

« Je n’aime pas ce monde.
Je n’aime pas le fait que des anciens espions puissent contrôler cette planète et puissent penser qu’ils peuvent enlever des gamins pour en faire des armes à leur profit. J’aime pas ça, Seth. Et je veux changer toute cette merde. Je veux montrer au monde qui est derrière chacune des catastrophes qui arrivent, et pour ça, j’ai besoin de toi. »

Un long soupir du Sud Américain confirma alors à Harrison qu’il était extrêmement sérieux à ce moment-là. Le petit vent frais se faisait de plus en plus fort, mais l’Anglais ne faisait pas attention à cet étrange fait météorologique dans une des régions les plus chaudes du monde, totalement captivé par les paroles de l’homme devant lui, même si il savait bien au fond de lui que jamais ce genre de choses n’arriveraient…ses patrons ne se laisseraient pas marcher dessus sans réagir, et en général, leurs réactions étaient plus violentes…voir atomiques, même…

« J’ai besoin d’un agent chez Doe.
J’ai des relations avec les autres…avec mes frères et sœurs. Quelque chose se prépare, Seth. Ça s’organise. Ça se construit. Et c’était bientôt prêt. Dans quelques temps, moins d’un an, nos chers « créateurs » comprendront combien on a apprécié qu’ils tuent nos pères, nos mères et qu’ils nous torturent pour nous contrôler. Ce monde va bientôt changer, Seth. Et j’aurais besoin de toi pour ça. J’ai besoin que tu sois là au moment où ça pètera, et que tu fasses le plus de dégâts possibles chez Doe et dans son organisation. Tu pourras faire ce que tu veux. Régler tes comptes, tuer des gens, bref, tu auras carte blanche. Mais fous juste le bordel, Seth. Sois comme moi. Sois un grain de sable. »

Seth ne savait que dire.
D’un côté, il savait qu’il ne devait pas écouter les paroles de Fulo vu le danger que ça représentait pour lui, et l’énorme risque qu’il prenait de rejoindre cette prison en Afrique, dans cette saloperie de Swaziland qu’il n’avait quitté que grâce à la proposition de Doe, mais en même temps…mais en même temps, comment refuser une telle offre quand on était Seth Harrison ?

L’Anglais avait toujours été une sorte de grain de sable, en fait. Déjà à l’époque des Services Secrets Britanniques, ses supérieurs l’avaient toujours vus comme une tête brûlée, capable du meilleur comme du pire. Déjà qu’à l’époque, il s’était souvent rebellé contre l’autorité et les abus des politiciens ou de ceux qui les contrôlaient, comment pouvait-il se comporter maintenant, alors qu’il en savait plus sur la marche du monde ?
Des gamins étaient enlevés, torturés. Des innocents étaient tués pour qu’une petite poignée de types puissent continuer à contrôler la planète. Des gens étaient en danger simplement parce que des tarés avaient voulus jouer à Dieu. Et là, maintenant, un type qui avait aussi vécu des tortures et des humiliations, comme lui, lui proposait simplement de foutre un peu le feu au monde pour montrer à tous et surtout à ses patrons qu’il fallait pas aller trop loin dans les conneries…Merde, comment un type comme lui pouvait refuser une telle proposition ?! Il était né pour faire ce genre de trucs…il ne vivait que pour faire ce genre de trucs, en fait…

« Alors ?
Tu es prêt, Seth ?
Tu es prêt à me rejoindre ? »

Fulo sourit doucement en continuant à fumer son cigare, tandis que Harrison ne savait toujours pas quoi faire. Bien sûr, il était extrêmement tenté par cette idée, mais devait-il suivre le Sud Américain ? Devait-il suivre ce type qui lui proposait monts et merveilles, mais qu’il ne connaissait pas, finalement ? Devait-il trahir Doe, le seul type qui lui soit venu en « aide » ces dernières années, simplement parce qu’un inconnu lui promettait une sauterie comme il n’en arriverait jamais ? En plus, Esteban avait fait assassiner ses hommes et avait blessé indirectement Maggie…Même si l’Anglais n’était pas attaché aux types qu’il menait, ils faisaient partie de son équipe…comme Maggie…Et si il n’avait reconnu qu’une chose de son séjour dans l’armée, c’était qu’on abandonnait jamais son équipe…surtout pour une proposition qui n’arriverait jamais à terme vu le type d’ennemis qu’ils allaient avoir…même si c’était quand même extrêmement attirant pour Seth, qui était né pour ce genre de conneries…

BOOM.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyLun 11 Déc - 15:41

Harrison fut tiré de ses rêveries par le bruit d’une explosion, qui explosa d’ailleurs les cabanes les plus lointaines du camp. Le fracas de la destruction parvint alors aux deux hommes et quelques débris tombèrent près d’eux, alors que le feu commençait à prendre un peu partout et que les troupes du Sud Américain sortaient, incrédules, de chacune des petites maisonnettes environnantes.
Immédiatement, la tête de Fulo se tourna vers l’endroit où une bombe avait sûrement été larguée, et l’Anglais comprit de suite que le vent de plus en plus fort qu’il avait senti jusque là n’était pas naturel…mais provenait certainement d’un engin qui était extrêmement prêt et avait donc produit cet afflux d’air. Un hélicoptère, sûrement, qui les avait observés avant de passer à l’action. Oui. C’était sûrement ça, pensa Seth alors qu’il se levait à la suite de Esteban et que les hommes de celui-ci s’affolaient et tentaient de comprendre ce qu’il se passait…Mais si c’était ça, où était donc ce foutu engin ?! Il n’y avait rien en l’air ! Strictement rien !

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel… »

Fulo, pour la première fois, semblait dépasser.
En quelques secondes à peine, il avait perdu de sa superbe, tandis qu’un vent extrêmement violent les agressait maintenant. Plus de doute possible : il y avait bien un appareil, certainement un hélicoptère, près du camp, et l’afflux d’air montrait bien qu’il était très prêt d’eux. Mais le était qu’aucun des deux hommes ne voyaient quelque chose…L’engin était apparemment invisible et silencieux…Et ça, c’était encore moins normal que tout ce que Harrison avait vu jusque là…qui pourtant était pas mal sur l’échelle de la bizarrerie…

Soudain, des bruits de tirs se firent entendre, et les hommes du Sud Américain, qui tentaient jusque là d’évacuer leurs collègues et d’éteindre le feu qui prenait un peu partout vu la proximité des cabanes et de la forêt, tombèrent alors comme des mouches. Les occupants de l’appareil utilisaient donc totalement leur invisibilité du moment pour « s’occuper » de leurs adversaires, et Harrison repensa alors immédiatement à l’attaque de la jungle, avec un ennemi qui tirait mais qu’on ne pouvait voir…sauf que cette fois-ci, c’étaient les Sud Américains les proies, et ça changeait beaucoup de choses…

« Merde…
Ca doit être Doe qui vient vous chercher…Seth, il faut absolument que… »

Tchik-tchak.
Le bruit caractéristique d’une sécurité qu’on enlève à une arme avant de la pointer sur une personne. Et là, le flingue était pointé sur la tête de Fulo, qui sentait déjà la froideur du canon posé sur l’arrière de son crâne, alors que Seth parlait d’une voix posée, bien que forte pour essayer de se faire entendre malgré le vent et les cris qui faisaient suite à la fusillade qui se déroulait devant eux.

« Rien du tout.
- Hum… »

Esteban soupira lourdement avant de regarder ses hommes se faire descendre devant lui. Une expression de lassitude intense apparut alors sur son visage, mais Harrison ne pouvait voir cela, étant derrière le Sud Américain et trop absorbé sur sa concentration pour être le moins prévisible possible pour son ennemi, même si au fond il savait bien qu’il y avait très peu de chance pour que ce genre de choses fonctionne.

« Tu vas me tuer ?
- C’est toi qui le sais, nan ? Il paraît que tu peux « lire » n’importe quelle personne et prévoir ce qu’elle peut faire…Alors, à ton avis, qu’est-ce que je vais faire ?
- Une connerie.
- Quoi comme connerie ?
- Une grosse. Tu penses sûrement que tout ce que je viens de te dire est bien, mais que ça ne pourra jamais arrivé vu les types qu’on va devoir affronter…tu penses que c’est sans espoir. Et tu veux encore un peu profiter de la vie après tes années de torture dans ta prison. C’est ça que tu penses. Et la connerie que tu vas faire, tu la connais mieux que moi…Tu y penses à cet instant précis… »

L’Anglais afficha alors un sourire crispé en serrant fortement son arme, tandis que le dernier des hommes de Fulo se faisait descendre à quelques mètres d’eux à peine. Esteban était fort. Vraiment très fort. Mais il était dangereux. Trop dangereux pour que ses patrons le laissent en vie…trop dangereux pour être laissé en vie, en fait…

« Pas mal, mec…Vraiment pas mal… »

BANG.







23 janvier 1983.


A l’attention de M. XXXX.



M. XXXX (nom rayé par mesure de sûreté),


La situation est catastrophique.
Je croyais que nous avions réglés le cas Keller, mais des complications majeures viennent d’apparaître, et une horreur s’est même produite : Wagner est mort. Keller l’a tué. Nous venons à peine de retrouver le corps du premier. Le second court toujours. La situation est catastrophique, Monsieur.

Je pensais que la situation allait être meilleure avec la mise à l’écart forcée de Keller et la nomination de Wagner à son poste, mais ce n’est guère le cas. Wagner n’a même pas eu le temps de prendre ses marques que Keller était déjà de retour. Je ne sais comment il a pu s’échapper de l’endroit où nous l’avions mis en attendant qu’il aille mieux, et je ne sais comment il a pu venir dans le complexe, mais les faits sont là : il est sortit de sa prison, il est venu, et il a tué.

Evidemment, j’ai monopolisé tous mes hommes pour retrouver ce fou, mais le mal est déjà fait. Wagner a été retrouvé il y a quelques heures, baignant dans son propre sang aux toilettes. Apparemment, Keller l’a tué à mains nues…avec ses seuls ongles. Je ne puis décrire l’horreur de cette mort, mais je vous fais parvenir quelques photographies instantanées pour que vous compreniez ce qu’il se passe. Et quel fou nous devons maintenant affronter.

Oui, Keller est fou.
J’en avais déjà l’intime conviction quand nous l’avons écartés, mais cela est désormais certain et logique pour tous, Monsieur. Cet être n’a plus sa santé mentale, et rôde dans notre complexe perdu au Nord de la Russie, dans cet endroit loin de toute civilisation. Je ne sais comment cela va continuer. Keller connaît tout le complexe et connaît nos protocoles. Il pourra très certainement se jouer de nous pendant quelques jours, avant de repasser à l’action. Je tremble à cette idée.

Nous avons besoin de vous, Monsieur. Keller est obsédé par son ancien patient John Doe, que nous avons caché par mesure de sécurité évidente, et je crains qu’il ne tue encore, pensant que nous en voulons à ses recherches. J’espère une aide rapide et suffisante pour stopper cette folie. Je ne pense pas être de taille, avec mes hommes, à affronter un homme aussi fou et monstrueux que Keller.

J’espère que cette lettre vous fera réagir, Monsieur. Et j’espère aussi pouvoir vous revoir bientôt, après que cette folie se soit terminée.

Respectueusement,


Docteur Christopher Edwards
.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyLun 18 Déc - 23:25

je viens de le finir.
Et franchement,j'ai été décu.Je préviens d'entrée,c'est en dessous de ce que j'attendais.
Heu j'étais crédible?j'aurai tenté au moins...
Enfin,c'est presque énervant,mais,encore une fois,j'ai trouvé ton récit très bien ficelé et maitrisé.
J'aimais bien le personnage de Fulo,je trouve qu'au fil de l'épisode on aprend à le connaitre davantage,lui et plus particulièrement ses faiblesses.
Comme presqeu à chaque début d'épisode on a besoin de quelques lignes ou on se demande ce qui s'est passé depuis le précédent,mais ca participe au plaisir de la lecture et on apprend tout par la suite.
Cet épisode est un tout petit peu moins axé sur Seth,je pense,mais on se retrouve quand même dans son point de vue.Il est très humain et ca en fait un "héros" sympathique à suivre.Malgré tous ses défauts on finit par s'y attacher.
Pour Fulo lui même,je ne pense pas qu'il ait fait d'erreur dans sa stratégie,et ca rend justement sa mort un peu plus difficile à accepter.Il a été un excellent stratège jusqu'à la fin et a utilisé ses capacités à très bon escient,tout du moins quand il était avec Seth.C'était un personnage intéressant,je touve,qui aurait pu survivre à cet épisode,même.
Enfin,c'est fait hein,et le choix de Seth est aussi très logique,on devine bien ses intentions.
Au passage,tu annonces un ou des évènements à venir à travers l'évocation des "frères et soeurs" de Fulo,c'est bien vu aussi.
Pour la dernière partie,elle était un peu attendue comme ça,mais les détails sur Keller,sa connaissance du complexe et sa violence montrent bien sa folie.On ne sait toujours pas comment ca va se finir pour Doe,mais je suppose qu'on le saura bientôt ^^
donc voilà,encore une fois...la suite. Mr.Red
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 24 Déc - 19:40

Episode #12 : Bons baisers de Hollande, première partie.

La Haye.
Ville siège du Gouvernement des Pays Bas.
Cité qui contient aussi les institutions parmi les plus puissantes et importantes d’Europe et du Monde, tels la Cour Pénale Internationale, le Tribunal Pénal pour l’ex Yougoslavie, la Cour Internationale de Justice, mais aussi Europol, cet office de police créé par l’Union Européenne en 1999 pour lutter efficacement contre tous les crimes en Europe.
Un endroit extrêmement important, donc, et évidemment extrêmement surveillé. L’endroit parfait pour y placer les archives de ceux qui contrôlent l’ONU en secret, ou du moins pensent le contrôler, pensa alors Seth Harrison en regardant par la fenêtre de sa chambre d’hôtel.

Ça faisait à peine deux heures qu’il était là, mais il avait déjà envie d’en partir. Après les problèmes qu’il avait eus en Amérique du Sud et ce qu’il avait été obligé d’y faire, Doe lui avait dit de prendre quelques jours de vacances…mais pas n’importe où, évidemment. Pour bien lui rappeler qu’il était sa propriété et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de lui, John l’avait mit dans un hôtel de la Haye, à quelques rues du siège d’Europol. Cet enfoiré avait un sacré sens de l’humour, au final.

En fait, même si il pouvait se reposer ici, Seth ne pouvait rien faire d’autre.
Toujours recherché par la police de la Grande Bretagne et ses agents secrets malgré le fait qu’ils pensaient encore qu’il était en détention, les anglais ne se lassant jamais d’une certaine paranoïa justifiée ici, il ne pouvait donc pas sortir de son hôtel dans cette ville. Avec tous les flics européens qui y grouillaient, et tous les types importants qui y résidaient, ça serait du suicide. Et ça, Doe le savait. Il ne voulait pas que l’Anglais fiche le camp ou prenne contact avec d’anciens amis, si il en avait encore, et il l’avait donc mit là pour ça. Pas con. Pas con du tout, même.

Mais au fond, qu’est-ce que Harrison pouvait faire, ici et maintenant ? Encore blessé, physiquement et psychologiquement, par ce qu’il avait vécu en Bolivie, la logique voulait qu’il passe le plus clair de son temps à dormir et à se relaxer. Oui, la logique lui incitait de faire ça, et de ne surtout pas aller contre les ordres de son patron qui avaient été très clairs : il n’avait pas le droit de se faire trop voir, et de tenter de parler à du monde. A croire qu’il pensait vraiment que le fait de le mettre dans cette ville n’aurait pas été assez clair pour l’Anglais, il fallait en plus que Doe lui dise clairement ce qu’il ne voulait pas qu’il fasse…Sa très basse estime de Seth commençait grandement à fatiguer celui-ci, en fait…

« Pff… »

En clair, Harrison ne pouvait rien faire, et la logique lui indiquait bien de ne rien faire, en plus. Mais il n’avait jamais été logique. Il n’avait jamais suivit ce que la petite voix sûre et qui ne voulait pas faire de vagues en lui disait de faire. Il n’avait jamais réussit à être quelqu’un qui acceptait ce qu’on lui imposait, et qui faisait ce qui était logique. Il était du genre grain de sable, lui avait dit Fulo quelques heures auparavant. Et l’Anglais était bien d’accord sur ce point-là.

Il n’allait donc pas rester ici à se morfondre.
En fait, en plus de vouloir encore jouer un mauvais tour à Doe en s’évadant et en lui faisant un peu peur pendant quelques heures, Seth voulait aussi avoir des réponses à certaines de ses questions. Depuis que son patron l’avait fait sortir de sa prison au Swaziland, pas mal de trucs n’étaient pas clairs, et il n’aimait pas ça. Il sentait un coup encore plus tordu qu’il ne l’imaginait, et il avait besoin d’en savoir plus. Même si, pour ça, il devrait risquer sa vie, ce dont il avait l’habitude, quand même.

Au fond, son plus grand sujet d’inquiétude était Maggie. Depuis son « retour » d’Afrique, il ne reconnaissait plus la jeune femme intrépide et grande gueule qu’elle avait été. Bien sûr, parfois, elle se reprenait et on pouvait vaguement voir quelques restes de ça, mais elle n’était plus elle-même. Renfermée, froide, totalement soumise à John Doe, elle faisait peine à voir…et n’était pas vraiment normale, si tant qu’elle l’ait jamais été.
Et ça, l’Anglais n’aimait pas. Il n’avait jamais vraiment apprécié la jeune femme, mais il savait qu’un tel changement n’était pas normal. Il voulait donc savoir ce qui avait bien pu lui arriver, et si on lui réservait le même destin, en fait. Si Doe avait transformé Maggie pour qu’elle soit plus soumise et moins chiante, il se pouvait qu’il lui fasse ça aussi, un jour. Et il n’avait vraiment pas envie d’être lobotomisé comme ça…

En plus, ce que Doe l’avait forcé à faire ne lui avait pas vraiment plu. Même si Fulo était un peu taré et utopiste, ses idées étaient intéressantes, et l’Anglais avait commencé à l’apprécier. Bien sûr, il réservait une petite surprise à son patron à ce sujet vu qu’ils n’avaient évidemment pas encore retrouvés le corps, mais ce qu’il avait été obligé de faire quand même…ça ne lui avait pas plu.
Il n’aimait pas faire ça, en fait. Même si il avait déjà souvent tiré sur des gens et en avait parfois tué, ce n’était pas son truc. Il n’était pas, au fond, un assassin. Il était plus quelqu’un qui savait trouver des infos et les utiliser. Le reste, c’était accessoire, et pas vraiment plaisant. Même si il savait quand même comment s’occuper de gardes de façon définitive. Comme aujourd’hui, en fait.

Seth avait évidemment remarqué, dès son arrivée dans l’hôtel, que Doe avait posté plusieurs hommes à lui autour de sa chambre. Il avait comprit, au peu de bruits qu’il y avait dans les chambres à côté de la sienne, qu’ils étaient tous autour de lui. En fait, il se trouvait dans un petit hôtel qui devait servir aux maris qui trompaient leurs femmes, et si c’était pratique pour cacher un agent secret recherché par beaucoup d’agents, c’était assez difficile à contrôler, étant donné que Harrison s’attendait bien sûr à quelques sons venant des chambres autour de lui, et qu’en entendant rien, il avait de suite comprit ce qu’il se passait. Il avait trop souvent fait partie de planques de ce genre pour ne pas connaître les petits trucs, et pour se rendre compte que les types que son patron avait mis sur lui n’étaient pas les meilleurs.

Et ça, d’ailleurs, c’était étonnant.
Doe n’aurait jamais, normalement, mit des types qui ne s’y connaissaient pas totalement pour le surveiller. Ça ne ressemblait pas vraiment à ses habitudes, même si ça pouvait s’expliquer. En voyant comment l’Anglais s’était comporté en Afrique du Sud, John devait sûrement lui faire presque confiance, maintenant. Ou du moins, être presque sûr qu’il ferait tout ce qu’il voudrait, désormais. Il avait donc juste mit quelques novices à sa surveillance, histoire de. En fait, il relâchait la bride. Il commençait à être plus coulant. Erreur. Grave erreur, même.

Evidemment, Seth avait aussi pensé que ça pouvait être un piège, mais il s’en fichait. Il savait, pour en avoir discuté avec lui, que les dossiers de leurs vrais patrons étaient ici, à la Haye. Ils avaient décidés depuis longtemps de mettre leurs archives, et donc tout ce qui pouvait être retourné contre eux, dans cette ville. Ça pouvait sembler étonnant, en premier lieu, de penser que ceux qui étaient invisibles aux yeux du monde et qui voulaient à tout prix le rester laissaient toutes les preuves de leurs existences et de leurs méfaits près de la Justice Internationale et d’Europol, mais, au fond, c’était logique.
En effet, la ville était une des plus surveillées du monde. Les possibilités de vol de ces informations étaient donc extrêmement infimes, et réduites à l’état de presque nulles par le fait que personne ou presque ne savait que ces documents existaient et se trouvaient ici. De plus, où mieux cacher des informations à ses ennemis si ce n’est chez eux ? Leurs patrons avaient évidemment compris que la Justice Internationale ne viendrait jamais à penser qu’ils pourraient avoir mis ce qu’elle recherchait plus ou moins juste devant son nez, et ça expliquait donc leur présence ici, et surtout le fait que ces choses n’avaient jamais été découvertes…pour l’instant.

Bien sûr, Harrison s’était demandé, quand Doe lui avait parlé de tout ceci, pourquoi il lui disait ça. Il avait cru une nouvelle fois à un piège de son employeur, mais s’était rapidement rendu compte qu’il devenait un peu paranoïaque. Apparemment, John commençait à lui faire presque confiance, et il commençait à lui donner quelques informations. Et, au fond, c’était assez logique : maintenant qu’ils travaillaient ensemble, il fallait bien que l’Anglais ait des bases pour travailler, et un peu de lest pour pouvoir continuer à accepter ce qu’on lui demandait.
Son patron lui avait donc dit ça autant pour lui faire croire qu’il était important, maintenant, que pour lui donner une information par rapport à son nouveau travail. Après tout, il aurait peut-être besoin, un jour, d’aller voir ces archives, et il était plus simple qu’il le sache dès maintenant…

Seth savait donc quoi faire, maintenant.
Il devait sortir de cet hôtel, rejoindre les archives de ses vrais patrons, chercher le pourquoi du changement de Maggie, et récolter quelques autres informations aussi, avant de repartir et de revenir ici pour se faire engueuler par un Doe énervé. Il ferait un peu stresser son employeur, mais il réussirait aussi et surtout à en savoir plus qu’il ne le devait. Cette journée lui serait donc extrêmement profitable…si il arrivait à faire ce qu’il désirait. Ce qui n’allait pas être simple, en fait…

Tout d’abord, il devait se débarrasser des agents autour de lui qui pensaient qu’il était bêtement en train de fumer à sa fenêtre en regardant la ville. Même si ils semblaient novices, il ne fallait pas les sous estimer pour autant. Ils étaient des agents de ceux qui contrôlaient l’ONU et donc le monde dans l’ombre, et il faudrait donc être fort, doué et surtout rapide. Et ça, ça serait le plus facile de la journée, en plus…
Parce que oui, le plus dur serait alors à venir. Il devrait trouver l’adresse des archives de ses patrons, et pour ça, il ne savait pas comment s’y prendre. Il avait bien une ou deux connaissances dans la ville, mais est-ce que ces types-là l’aideraient ? Il était un ancien agent britannique normalement emprisonné à jamais dans une cage secrète d’Afrique…pas vraiment la chose la plus simple pour soutirer des infos à des mecs qu’on n’avait plus vus depuis plusieurs années.
Et après ça, il faudrait entrer dans le bâtiment, accéder aux informations et revenir ici sans se faire prendre, voir ou intercepter. Si tout se passait bien, Harrison aurait alors énormément de cartes en main et d’éléments à sa disposition, mais ça serait dur, complexe et extrêmement difficile. Mais il avait déjà fait pire…et ça s’était mal fini.

« Allez… »

L’agent secret soupira alors en jetant sa cigarette dans le vide. Il se trouvait au troisième étage, et était entouré de mecs qui l’écoutaient et feraient tout pour l’empêcher de se tirer d’ici. Il devait donc agir au plus vite, et être le plus redoutable possible dans ses actions, sans pour autant se faire avoir par les types qui l’observaient, et qui raconteraient tout à Doe. Il ne pouvait donc pas les tuer, comme il avait pensé le faire quelques instants plus tôt. Nan. Il avait quelque chose d’autre pour sortir de cette chambre et allait faire un petit tour dans la ville, et sans se faire voir. Un sacré bon plan, en fait.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 24 Déc - 19:40

Seth se dirigea donc tranquillement vers le téléphone et demanda à la réception quelques « hôtesses amicales du cru ». Dans n’importe quel hôtel d’une ville comme la Haye, ce mot voulait simplement dire que le client avait besoin de compagnie féminine et peu réticente à amuser le dit client. Il commanda donc dans un néerlandais approximatif mais compréhensible une demi douzaine de jeunes femmes, et commença alors sa préparation.
En fait, le bon fonctionnement de son idée consistait sur une hypothèse, mais une hypothèse extrêmement dangereuse. Il pensait que les mecs qui le surveillaient étaient novices par leur absence de bruits dans cet hôtel de passe, et donc que leur matériel n’était peut-être pas du meilleur niveau. Il espérait, au fond, n’être la cible que d’une surveillance audio, et pas vidéo, même si il avait aussi une petite idée pour éviter ça.

Globalement, le plan d’Harrison était simple : faire venir des prostituées, les faire mettre un bandeau et les faire coucher ensemble. Il se ferait passer pour une sorte de pervers qui n’aimerait que voir des filles faire des choses ensemble, tout en étant assez loin. Il laisserait en effet la porte de sa chambre ouverte et ferait croire qu’il y est, sous ses draps, où il aurait mieux quelques affaires pour faire penser à sa présence.
Bien sûr, ça serait assez gros. Mais ça pouvait passer. Pas mal de types de sa profession avaient des problèmes par rapport au sexe, et ne pouvait avoir du plaisir que par d’étranges perversions. Ça pouvait donc susciter d’abord la surprise, mais ça pouvait passer pour ceux qui le surveillaient. Surtout qu’ils seraient absorbés par les bruits et peut-être même l’image des prostituées qui se toucheraient…Et seraient donc très intéressés et un peu moins attentifs, du moins si c’étaient des hommes…Encore une variable dangereuse, malheureusement…

L’Anglais passa donc les dix minutes suivantes à mettre au point ses préparatifs.
Il laissa une lettre dans un néerlandais encore une fois approximatif aux filles, et s’installa dans la chambre, quelques habits cachés sous ses vêtements pour les rouler en boule par la suite. Il s’était exprès mit dans les coins les plus sombres de sa suite pour faire cela, et espérait vraiment ne pas avoir été vu.
Après tout ceci, les jeunes femmes entrèrent enfin, lurent la feuille, sourirent légèrement, et le show commença alors.

Elles étaient douées, vraiment. Et très soumises, ce qui faisait un bon point pour l’hôtel pour les avoir trouvées. En quelques secondes à peine, la chaleur monta extrêmement dans la pièce, et les gémissements des jeunes femmes se firent entendre. Seth sourit légèrement sous sa couverture, conscient que le spectacle serait très intéressant. Il se prit même à espérer que ceux qui l’espionnaient pouvaient le voir, de façon à ce qu’ils profitent un peu aussi de tout ça alors qu’il partait loin…ce qui n’allait pas tarder, d’ailleurs.

En effet, Harrison allait bientôt partir.
Il attendait quelques instants encore, mais ne voulait pas s’enfuir trop vite et trop rapidement. Même si le spectacle passionnerait très certainement ceux qui l’observaient, il y avait une grande possibilité qu’ils restent encore attentifs quelques moments encore. Il fallait donc être extrêmement prudent, surtout vu les énormes variables dangereuses qui se trouvaient dans son plan. Rien n’était sûr, dans son idée. Et il voulait donc mettre le plus d’avantages de son côté, même si ils étaient extrêmement faibles, malheureusement.

Il laissa donc passer cinq minutes de plus, avant de décider de bouger. Les jeunes femmes hollandaises s’appliquaient vraiment à être les plus démonstratrices possibles, et l’Anglais ne se doutait pas que les hommes qui l’observaient étaient totalement absorbés par le spectacle des prostituées.
Souriant donc intérieurement, il enleva les habits de sous ses vêtements et les plaça à sa place. Il roula alors sur le lit avant d’en tomber, sans faire de bruit étant donné qu’il s’était retenu avant la chute brutal. L’Anglais soupira donc légèrement, avant de se poser doucement sur le sol de sa chambre.

Juste après cela, Harrison se releva extrêmement rapidement. Il savait qu’il n’avait que quelques secondes à peine pour intervenir et agir, et donc que ça serait difficile. Mais il avait confiance en lui. Depuis qu’il était revenu du Swaziland, l’Anglais retrouvait de plus en plus ses sensations, et se sentaient de mieux en mieux dans ses exercices physiques. Même si il avait encore un peu de mal pour quelques mouvements et ressentait encore les cicatrices des tortures infligées en Afrique, il allait mieux. Et il savait donc qu’il pouvait faire ce qu’il avait prévu, même si ça serait dur.
Il prit donc une grande inspiration, et commença à courir. Seth passa extrêmement rapidement les quelques mètres qui séparaient son lit de la fenêtre de sa chambre, qu’il avait ouverte durant sa préparation, et sauta dans l’air de la Haye. Il savait qu’il se trouvait au troisième étage, et que l’atterrissage serait rude, même si il n’y avait pas d’objets pointus en bas. C’était sa longue observation à cette fenêtre quelques minutes plus tôt qui lui avait indiqué ça, et il pensait donc que ça pourrait bien se passer…si il arrivait à bien se réceptionner, ce qui n’était pas encore fait.

A ce moment-là, le Temps s’arrêta presque.
En effet, alors qu’il tombait dans le vide et qu’il essayait de bien se placer pour se poser le moins violemment sur le sol, l’agent secret se mit à se demander si il n’était pas en train de faire une connerie. Si il n’était pas en train de ruiner sa seule chance de vivre encore un peu sur cette Terre. Après tout, Doe était celui qui l’avait sortit du Swaziland et de sa prison. C’était lui qui lui avait donné une nouvelle chance et lui permettait de survivre sans trop de difficultés. John était un peu son sauveur, au fond. Et lui, qu’est-ce qu’il faisait ? Il le trahissait. Il allait contre lui. Il s’évadait pour aller voler des informations et s’en servir contre l’homme qui l’aidait.
Est-ce que ce n’était pas une connerie, au fond ? Non. Absolument pas.

Alors qu’il retombait sur le sol avec ses deux pieds en avant, ne se faisant donc qu’assez peu mal même si il sentit ses chevilles subir assez violemment la chute libre, Harrison savait qu’il faisait le bon choix. Même si Doe l’aidait, il l’utilisait surtout, et il n’aimait pas ça. Etre contrôlé, manipulé et usé par des êtres qui n’avaient pas de scrupules et de conscience n’était vraiment pas quelque chose qu’il appréciait…surtout qu’il y avait Maggie, aussi.
En fait, même si il ne voulait pas se l’avouer, l’Anglais s’en faisait quand même beaucoup pour elle. Il ne comprenait pas comment elle avait pu changer à ce point, et ça l’inquiétait. Une sorte de lien était en train de se créer envers elle, et il voulait donc découvrir ce qui lui était arrivé, et peut-être même la sauver. Peut-être, oui.

Mais il ne devait pas penser ça.
Pour le moment, tout se passait bien, mais le plus facilement seulement avait été fait. Bien sûr, Seth avait réussit à sortir de sa chambre et avec beaucoup de chance, sans s’être fait voir par ceux qui l’espionnaient. Néanmoins, il ne devait pas rester ici, et il allait devoir se dépêcher pour pouvoir s’en tenir à ce plan un peu taré qui avait germé dans son esprit. Un peu beaucoup taré, en fait, en y réfléchissant.

Maintenant, l’agent secret devait aller retrouver ses vieilles connaissances dans la ville, en espérant que ces types accepteraient de l’aider et qu’ils étaient encore en vie, surtout. Il devrait aussi s’introduire dans le bâtiment contenant les archives de ses vrais patrons, et revenir ici avant la fin de la représentation des jeunes femmes.
Il avait payé pour cinq heures, en fait. Il avait donc quatre heures trente pour faire tout ça, en comptant quelques minutes en cas de pépin. Ça allait être dur. Très dur, même. Mais pas impossible, même si pour une fois, l’homme qui commençait à courir un peu difficilement à cause de la douleur dans ses jambes se demandait si il n’avait pas vu un rien trop haut par rapport à ses capacités…Enfin bon, pensa-t-il alors…On ne vit qu’une fois…Et mourir ici est mieux qu’en Afrique, du moins si Doe ne déciderait pas de le renvoyer là-bas si ça se passait mal…ce qui était quand même assez possible, malheureusement…

Néanmoins, Seth chassa ces pensées de son esprit et s’enfonça dans la Haye, essayant de se rappeler l’adresse de ses contacts alors que la chaleur était intense dans sa chambre, et que ceux qui le surveillaient n’avaient évidemment d’yeux que pour ce spectacle…Au moins, une partie de son plan s’était bien passée…Mais le reste serait beaucoup, beaucoup moins facile, malheureusement…






30 janvier 1983.


Note de service numéro 7.


A l’attention de M. XXXX. Urgent.


Monsieur,


Comme vous me l’avez demandé, je me suis rendu hier sur le site de Providenya, petite ville placée au Nord Est de la Russie, et choisie pour abriter en secret notre complexe servant aux expériences sur les êtres dits Humains Evolués. Etant donné le peu d’informations que j’ai reçu de votre part quand au contenu des expérimentations faites sur ce lieu ainsi qu’aux caractéristiques des êtres dits Humains Evolués, je ne puis dire ce qui m’a choqué par rapport aux protocoles utilisés dans ces bâtiments, mais je puis vous affirmer au moins une chose : il n’y a plus âme qui vive réellement en cet endroit.

En effet, je n’y ai trouvé que mort et monstruosités.
Je ne sais à quoi servait ce complexe, mais il est clair que tout ceci a très mal tourné. A peine suis-je arrivé avec mon équipe de six hommes armés et sûrs, j’ai compris que rien ne pourrait sortir de bon de cet endroit, et que tout y était déjà terminé. Et nos recherches ont validées mon idée première : les chercheurs qui se trouvaient dans ce complexe sont tous morts, et ce par la plus horrible des façons.

Vous m’aviez dis, Monsieur, que le directeur de cet endroit vous avait contacté le 30 janvier pour vous faire part de ses peurs. A ce que j’ai vu, il n’avait que trop raison. Nous n’avons trouvés en ce complexe que des corps déchiquetés. A chaque pièce, à chaque tournant, mes hommes et moi-même étions les témoins muets de l’horreur monstrueuse qui s’était produite ici. Chaque être qui vivait dans cet endroit est mort, Monsieur. Et au moins un de ses membres a été à chaque fois arraché, je le crains. Même par mon expérience au Vietnam et dans d’autres interventions dont je tairais le nom ici, je n’ai rien vu de tel. C’était épouvantable, réellement. Et vous savez combien dire cela peut me coûter, donc comprenez, je vous prie, que je n’extrapole pas mes mots ici.

Tous les chercheurs ont donc été tués. Je ne sais si le ou les être(s) responsable(s) de cela est ou sont encore en vie, Monsieur. Vous ne m’avez point dis quel danger guettait ce complexe, et je n’ai pu donc enquêter réellement. Néanmoins, je puis vous dire que l’attaque fut féroce, et lente : par l’observation de la disposition des corps et des défenses faites par les survivants, il est simple de comprendre que le ou les être(s) a ou ont attendu que ses ou leurs proies se croient en sécurité pour les attaquer et les tuer. Cela dénote donc un certain sadisme, et une certaine intelligence, aussi. L’hypothèse de la piste animale comme responsable de cette attaque est donc à exclure, selon moi.

Vous m’aviez aussi demandé, Monsieur, si tous les cobayes du complexe étaient encore présents sur les lieux. Je n’ai trouvé que des êtres coincés dans d’étranges tubes avec énormément de fils reliés à ces dits tubes. N’étant pas scientifique et ne voulant pas faire d’erreur, j’ai ordonné à mes hommes de ne pas y toucher, et j’ai suivi moi-même cette idée. Néanmoins, à l’observation de tout ceci, je puis vous dire qu’un de ces tubes est vide. Peut-être était-ce voulu et saviez vous déjà cela, mais le cobaye dit « John Doe » n’était plus dans son tube. Je ne sais si cela vous intéresse ou non, mais voici ce que j’ai découvert, et je dois donc vous dire que non, tous les cobayes ne sont plus dans les bâtiments.

Au final, Monsieur, je ne puis qu’ajouter que cet endroit est horrible. D’énormes traces de sang sont visibles un peu partout, et certains de mes hommes n’ont pu retenir leur dégoût. Moi-même ai du mal, et je crois que cela veut tout dire. Ce complexe n’est plus qu’une gigantesque morgue, et c’est une véritable horreur.

J’attends avec impatience vos prochains ordres, Monsieur, et espère vous avoir contenté. Je suis à votre disposition, évidemment, pour d’autres missions de ce genre. Respectueusement,

Colonel James Andrews.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyLun 1 Jan - 22:50

Episode #13 : Bons baises de Hollande, deuxième partie.

« Seth Harrison…
Depuis quand laisse-t-on rentrer les chacals en Hollande ? Et depuis quand tu oses te montrer devant moi ? Les Anglais sont trop gentils avec toi ? T’as envie de tâter de la vraie vengeance, c’est ça ? T’as frappé à la bonne porte, mon vieux… »

Gus Van Verhoeven.
Ancien agent secret néerlandais. Ancien collègue au sein de certaines missions de Seth Harrison. Renvoyé des services secrets néerlandais pour violence, trop grandes ambitions et actes barbares répétés.
Honte de la Nation. Saloperie vivante. Rejeton de l’enfer, même, mais qui vivait toujours parce qu’il avait eut l’intelligence de garder des traces de ses ordres de missions. Il faisait donc chanter son Gouvernement, et n’avait pas encore eut la gorge tranchée pour ça. Pour le moment, bien sûr. Les choses pouvaient changer, avec le temps.

« Salut, Gus. Content de te revoir. »

Même si il souriait, Harrison n’était pas à l’aise. Ça faisait une heure, déjà, qu’il était partit de l’hôtel un peu minable où Doe l’avait casé pour qu’il se « repose », et il était en retard sur son plan. Il avait tenté de joindre ses anciens contacts dans la ville, mais tous semblaient soit avoir quittés la ville, soit avaient disparus de la surface de la Terre. Bien sûr, ce n’était pas étonnant vu le danger que représentait le boulot d’indicateur, mais…ça ne l’arrangeait pas. Ça ne l’arrangeait pas du tout, même.

Seth avait donc tout tenté pour trouver quelqu’un qui pourrait lui donner des informations sur les archives secrètes de ses vrais patrons, mais il avait fait chou blanc. Il avait donc dû se tourner vers la seule personne qu’il connaissait encore dans cette bonne vieille ville de la Haye, et il le regrettait déjà. Gus était une ordure de la pire espèce. Traiter avec lui serait extrêmement compliqué et dangereux…si pas mortel.

« Moi pas. Dégage. »

En fait, Van Verhoeven était le plus grand informateur de la ville. Grâce à ses relations au Gouvernement et grâce à son immunité secrète, il pouvait mouiller dans tout ce qu’il désirait, même si ses anciens patrons faisaient tout pour trouver une faille et pouvoir le faire tomber. Mais l’homme était intelligent et faisait toujours attention, de sorte qu’il était à chaque fois impliqué, mais jamais assez pour être accusé. Il était donc dans chaque coup de la ville et connaissait tout le monde, mais il n’y avait jamais de preuve. Malheureusement, d’ailleurs.

« Allons, Gus…Je pensais que tu serais heureux de me revoir…après tout ce temps… »

L’Anglais s’avança alors lentement dans la pièce.
Il se trouvait en fait dans le sous-sol d’un immeuble abandonné. C’était là que Van Verhoeven avait jadis installé une de leurs planques quand leurs deux Gouvernements avaient décrétés qu’un Juge Européen allait trop loin, et Seth s’était rappelé que son ancien collègue avait beaucoup apprécié cet endroit. Il était donc venu dans ce bâtiment inoccupé et en ruines, et était entré dans leur ancienne planque en pensant y trouver le plus grand informateur de la ville. Et avec une chance énorme, ça avait réussit. Mais il fallait qu’il fasse attention. Avec Gus, la chance la plus énorme se transformait beaucoup trop rapidement en poisse la plus monstrueuse…Donc il fallait qu’il soit prudent…très prudent, même…

« Nan. Dégage de là, Harrison. »

Il semblait de mauvaise humeur, et avait apparemment une dent contre Harrison…ce qui n’était pas très étonnant, en fait. L’Anglais l’avait en effet abandonné aux mains de terroristes Irlandais la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et la rumeur disait que Gus avait été longuement torturé avant que son Gouvernement ne le fasse revenir. C’était cinq ans auparavant. Et apparemment, Van Verhoeven n’avait pas oublié ça. Malheureusement, encore une fois.

« Allez…
J’ai besoin de toi, mon vieux… »

Seth lui souriait grandement et tentait d’être le plus sympathique possible, mais il se doutait bien que ça ne servait à rien.
Dès qu’il était entré, les deux hommes de Gus, placés à sa droite et à sa gauche, avaient levés leurs neuf millimètres vers lui, sur ordre de leur patron. Lui qui était assit devant un bureau en métal très simple, uniquement éclairé par une petite ampoule nue au-dessus du meuble en acier, ne desserrait pas les dents depuis l’entrée de son ancien collègue, et sa rage était visible sur son visage extrêmement blanc et joufflu de chauve.

« Je m’en fous.
T’es une ordure, Harrison.
J’étais content d’apprendre que les Anglais avaient enfin compris à quel point tu pouvais être un salopard, mais te voir là, maintenant…c’est énorme, mon vieux. Tu m’as abandonné comme une merde aux Irlandais, enfoiré. J’ai souffert comme jamais, là-bas. Et maintenant, tu viens me demander mon aide ? Seul ? Sans armes ? C’est Noël avant l’heure, Seth… »

Van Verhoeven fit un geste pour ses hommes, et ceux-ci s’approchèrent alors de l’Anglais. Ils le prirent alors aux épaules et le firent s’asseoir de force sur une chaise en face du bureau de son ancien collègue, alors que celui-ci sortait un mince et petit couteau d’un des tiroirs du meuble. L’agent secret comprit alors immédiatement ce qui allait bientôt se passer, et n’apprécia pas du tout cette idée, évidemment. Il avait trop souffert en Afrique pour se faire charcuter par ce taré…il fallait qu’il s’en sorte. Et vite.

« Tu vas me torturer ?
- Autant demander si tu aimes les Français, vieux.
- J’adore les Français, Gus.
- Ouais. Au bout d’une corde et asphyxiés. »

Malgré la tension qui régnait dans la pièce, malgré les deux hommes de Gus qui lui tenaient les bras et l’empêchaient de bouger, Seth ne put s’empêcher de sourire à la remarque de l’information le plus doué de la Haye. Il n’avait pas tort, sur ce coup-là. Il n’aimait vraiment pas les Français. Mais qui pouvait aimer ces gens-là ? C’étaient des tarés, voila tout. Ils n’avaient aucune utilité, à part faire de belles victoires pour les Allemands. Oui, il n’aimait pas les Français. Mais ce n’était pas le sujet, maintenant.

« J’ai vraiment besoin de toi, Gus.
- Je sais. Sinon tu aurais pas fais la connerie de venir ici. »

Van Verhoeven était vraiment énervé, ça se voyait.
Pourtant, il essayait de rester calme en faisant lentement bouger son petit couteau entre ses doigts, plongeant son regard d’azur dans les yeux sombres de Seth. Celui-ci ne faisait pas le moindre mouvement, empêché en cela par les hommes de son ancien collaborateur. Les deux agents secrets se toisaient donc, alors que l’Anglais reprenait la parole d’une voix très posée et calme, espérant pouvoir s’en sortir et ne pas perdre trop de temps…il lui restait environ trois heures pour faire tout ce qu’il avait à faire, maintenant. C’était peu. Trop peu, peut-être.

« Je peux avoir des choses qui t’intéressent. Aide-moi juste en échange.
- Qu’est-ce qu’un rat comme toi peut m’offrir ? »

Gus sourit à ce moment-là, d’un sourire carnassier et brutal.

« Je suis le Roi de la Haye, Harrison.
Je suis celui qui peut créer ou détruire quelqu’un en un simple claquement de doigts. Je suis celui qui sait tout dans cette ville, avant même que les flics sachent que ça ait commencé. Je suis le meilleur informateur qui soit, et je contrôle tous ceux qui osent se mettre devant moi. Cette ville est à moi, Seth. Elle est à moi. Qu’est-ce que tu peux bien m’offrir alors que j’ai déjà tout ça ? Qu’est-ce qui peut bien m’intéresser ? »

Il était sûr de lui.
Il était sûr de sa puissance et ne se voyait pas la perdre. Et c’était là son erreur.
Bien sûr, l’Anglais ne connaissait pas bien sa situation, mais il en savait assez pour pouvoir comprendre que même si Gus se croyait le plus fort, ce n’était pas le cas. Sauf erreur de sa part, il n’avait cette position que par le chantage qu’il exerçait à son Gouvernement, et ayant l’habitude de ce genre de choses, Harrison savait que ça ne durerait pas. Bien sûr, il y avait quelques moments, plus ou moins longs, où ça fonctionnait, mais le Gouvernement arrivait toujours à s’en sortir et à faire tomber celui qui le tenait. Toujours. C’était immuable. Et c’était sur ça qu’il devait jouer.

En effet, même si il se pensait indestructible et invincible, Van Verhoeven avait obligatoirement déjà pensé au fait qu’il pourrait peut-être perdre tout ça, un jour. Il y avait pensé, c’était certain. L’Anglais le connaissait assez pour pouvoir être sûr que son ancien collègue s’était réveillé en pleine nuit à cause de cauchemars dérivant de cette idée, et c’était donc par là qu’il devrait jouer pour s’en sortir.
Bien sûr, ça serait dur. Bien sûr, ça serait compliqué. Bien sûr, il y perdrait au passage, vu qu’il devrait collaborer avec ce taré. Mais c’était la seule solution. Il n’avait pas le choix…malheureusement.

« Plus de pouvoir. »

Seth soupira lourdement à ce moment-là. Il banda au maximum ses muscles, en espérant que les hommes de Gus ne s’en rendraient pas compte. C’était l’instant critique. Le moment le plus difficile. Maintenant, il allait savoir si son ancien collègue allait l’aider, ou bien si il allait souffrir des heures entières à cause de vieux problèmes. C’était quitte ou double. Et il devait tout miser, malheureusement.

« Comment ça ? »

Harrison sourit légèrement. Ça commençait bien. Même si Van Verhoeven jouait toujours avec son couteau et qu’il lui lançait toujours un regard noir, au moins, il ne rejetait pas de suite son offre…mais ce n’était pas vraiment étonnant, en fait. Gus avait toujours adoré la puissance, qu’elle soit en matière d’argent, d’information ou d’autre. Il était dingue de ça…c’était sa drogue. Et ça, Seth le savait. Et il comptait bien jouer dessus.

« Tu contrôles la Haye, c’est ça ?
- Ouais.
- Grâce au chantage que tu exerces sur le Gouvernement ?
- Comment tu sais ça ?
- Je suis pas mauvais non plus dans l’information, Gus. Tu le sais.
- Ouais…et alors ? Où tu veux en venir ?
- Ça ne durera pas, Gus.
- Quoi ?
- Tout ça. »

Seth se retenait de ne pas sourire.
Même si il contrôlait la ville, même si il était désormais extrêmement puissant…Van Verhoeven n’avait pas changé. Bien sûr, il était dangereux et pouvait être violent, mais l’Anglais savait s’y prendre avec lui…il avait toujours su s’y prendre. Il suffisait de lui parler, de lui dire ce qu’il fallait pour pouvoir le manipuler comme on le désirait. Harrison l’avait toujours su, ça. Et il était bien content de voir que cette bonne vieille méthode fonctionnait encore…ça allait bien l’aider, maintenant.

« De quoi tu veux parler ? Et vous, là…lâchez-le. »

Intérieurement, l’Anglais sourit alors grandement. Ça marchait…ça marchait ! Même si Gus était devenu plus puissant et dangereux qu’avant, il était toujours faible, au fond de lui. C’était à cause de sa fragilité venant de sa soif infinie de pouvoir qu’il avait trop souvent réussit à le manipuler. Bien sûr, rien n’était gagné, mais l’agent secret savait que ça se présentait bien…Et que, peut-être, il arriverait à s’en tirer et à obtenir les informations qu’il désirait…Peut-être, oui…

« Merci… »

Harrison passa rapidement ses mains sur ses bras légèrement endoloris par les poignes brutales et violentes des hommes de Van Verhoeven, avant de lever les yeux vers lui. Il le regarda quelques instants, avant de reprendre d’une voix extrêmement calme et posée, se sentant beaucoup plus en confiance qu’auparavant.

« Ton pouvoir, Gus.
Bien sûr, pour l’instant, tout roule, mais tu sais que ça durera pas. Tu tiens le Gouvernement de ton pays par les couilles, au sens propre comme au sens figuré, et tu peux faire ce que tu veux, mais tu sais, au fond, que ça sera pas toujours ainsi. Et je le sais aussi, mon vieux. Merde, pourquoi tu crois que ces enfoirés m’ont envoyé dans leur pire prison pour que je sois torturé plus de douze heures par jour ?! J’ai aussi tenté de les avoir comme ça, Gus. Et tu le vois bien…ça a pas marché. »

Seth soupira légèrement, essayant de montrer au maximum à quel point ça avait été dur…et n’ayant pas trop besoin de se forcer. Ses deux séjours au Swaziland avaient été réellement horribles, et il en avait gardé comme « souvenirs » d’horribles cauchemars chaque nuit, et surtout de très repoussantes cicatrices sur le corps. Oui, ça avait été vraiment très dur. Et même si il n’aimait pas Van Verhoeven, même si il ne l’appréciait vraiment et même si il voulait avant tout ses informations…il ne voulait pas que ça lui arrive. Personne ne devrait subir. Personne. Pas même lui.

« Hum…
- Tu vas te faire avoir, mon vieux. Quoique tu fasses, ça arrivera. Tu mènes le jeu pour l’instant, mais au final, c’est toi qui te feras baiser. Et tu le sais, Gus. Tu l’as toujours su. Tout ça, tout ton pouvoir…ça va finir. Et bientôt. Sauf si tu m’aides.
- Qu’est-ce que tu peux faire contre ça ? »
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyLun 1 Jan - 22:50

Gus avait posé le couteau sur la table en métal. Harrison s’approcha légèrement avec sa chaise, malgré le regard réprobateur des hommes de Van Verhoeven, qui ne devaient certainement rien comprendre vu que les deux agents secrets parlaient depuis le début en anglais, langue qu’ils ne semblaient pas connaître.

« Je peux pas empêcher ton Gouvernement de t’arrêter et de te torturer, nan. Mais je peux te donner quelque chose qui te donnera une vraie immunité…quelque chose qui te permettra d’être au calme assez longtemps pour protéger tes arrières.
- Quoi ? Qu’est-ce que tu peux me donner, Seth ? Tu n’as rien, mon vieux. Même si ça fait longtemps que je t’ai plus vus, et heureusement, je sais que t’es un mort en sursis. Tu dois être à la solde d’enfoirés qui t’ont fais sortir de ton trou, et tu dois leur cirer les bottes en attendant qu’ils en aient marre de toi. Je me trompe ?
- Nan…
- Alors ? Qu’est-ce que t’as à me proposer ? A part tes services, mais j’en ai pas besoin…
- Des informations qui te permettront de contrôler des gens.
- Qui ?
- Les patrons de ceux que tu contrôles.
- De quoi tu parles ? »

Seth sourit légèrement à ce moment-là, préparant lentement sa révélation en se doutant bien que Van Verhoeven en serait surprit, avant d’être totalement conquit par ce plan. Il le connaissait trop bien. Ça ne pouvait que lui plaire…c’était fait pour lui.

« Ton Gouvernement. Il y a qui au-dessus ?
- L’Union Européenne. Et encore.
- Et au-dessus ?
- L’ONU. Mais…
- Et au-dessus ?
- Euh… »

L’Anglais sourit encore plus, alors que son collègue cherchait. Il resta ainsi quelques secondes, les yeux dans le vague posés sur Harrison, avant que la lumière ne se fasse en son esprit…et que sa bouche s’ouvre en grand pour montrer toute la surprise qui l’habitait désormais.

« Nan…Me dis pas…
- Et si, mon vieux. Ce sont mes patrons.
- Tes patrons ?
- Ouais. Ils m’ont engagé pour faire le sale boulot.
- Genre ?
- T’as pas à le savoir.
- Allez…
- Nan. J’ai d’autres trucs pour toi. »

L’agent secret se leva alors, et posa ses deux mains à plat sur le bureau. Bien sûr, les deux hommes de Gus levèrent immédiatement leurs armes vers lui, mais leur patron leur fit un geste d’apaisement, alors que Seth plongeait son regard sombre dans celui du Néerlandais, et qu’il lui parlait d’une voix très calme et déterminée.

« Je sais de source sûre, et tu dois le savoir aussi, que ces types-là, ces mecs qui contrôlent l’ONU, ou du moins croient le contrôler, ont un bâtiment ici. Tu ne sais sûrement pas à quoi il sert, mais tu sais où il se trouve et comment il est gardé. Je me trompe ?
- Nan. Je sais pas comment tu sais que j’ai ces informations, mais c’est vrai…je connais tout ce que tu dis.
- Bien. Je veux ces informations. Je veux savoir où se trouve ce bâtiment et comment il est surveillé.
- Et j’aurais quoi en échange ?
- Ce qu’il y a à l’intérieur.
- C'est-à-dire ?
- Leurs archives. »

La surprise et la stupéfaction se lurent alors sur le visage de Van Verhoeven alors qu’il comprenait ce que venait de dire l’homme qu’il voulait torturer quelques minutes auparavant, et qu’il voyait désormais comme un allié de choix.

« Nan ?
- Et si.
- Comment tu sais ça ?
- Je bosse pour eux.
- Hum…Et donc tu me les donneras ?
- Je t’en donnerais certaines. Vu leurs actions, ils doivent y avoir des centaines de documents…voir plus. Je peux pas tout te filer.
- J’aurais quoi, alors ?
- Certaines informations qui te permettra de te faire connaître d’eux. Et de leur montrer que tu peux bien les faire chier, ce qui te vaudra très certainement leurs faveurs.
- Et je pourrais alors leur demander de m’aider par rapport au Gouvernement…c’est ça ?
- C’est exactement ça. »

Une lueur brillait dans les yeux de Gus alors qu’il comprenait le plan de Harrison…et que celui-ci se retenait de ne pas exploser de rire. Encore une fois, il manipulait ce type, et il ne s’en rendait même pas compte. Bien sûr, il lui donnerait les informations qu’il désirait, mais ça ne se passerait pas comme il l’avait dit, après : ses patrons feraient tout pour se venger de Van Verhoeven, qu’ils verraient comme l’auteur du cambriolage. Parce que oui, c’était là le vrai plan de Seth : utiliser son ancien collègue pour éviter d’être suspecté de tout ça, et ainsi s’en tirer parfaitement.
Bien sûr, c’était amoral, salaud et monstrueux, mais il fallait ce qu’il fallait. Les enfoirés qui le contrôlaient faisaient trop de saloperies pour qu’il n’intervienne pas. Et si il devait pour ça sacrifier un type qu’il n’avait jamais aimé et qui trempait dans plein de choses horribles…ça ne le dérangeait absolument pas, au final.

« Alors ? Tu vas m’aider ?
J’ai juste besoin de l’adresse du bâtiment et de ce que tu sais sur la sécurité du bâtiment. Et je te ramènerais tes informations, Gus. Tu peux même envoyer certains de tes types pour m’attendre devant l’endroit… »

Gus leva lentement des yeux brillants vers Harrison. Celui-ci comprit immédiatement que la réponse serait positive, et sourit légèrement en voyant cela.

« C’est d’accord, Seth. Je vais t’aider. »

L’Anglais soupira alors de satisfaction. C’était bon. Il allait savoir où se trouvait ce foutu bâtiment, et il allait très certainement réussir à y entrer. C’était bon, vraiment. Bien sûr, il avait maintenant perdu une demi heure, et il ne lui restait plus que cent quatre vingt minutes pour avoir ce qu’il voulait, mais…c’était jouable. Il pouvait le faire. Il allait le faire, même. C’était pas impossible. Et il n’avait plus rien à perdre. Non…strictement plus rien à perdre, maintenant.






11 février 1983.


Note de service numéro 9.


A l’attention de M. XXXX. Urgent.


Monsieur,



Je l’ai retrouvé.
Suite à votre demande de mettre tous mes efforts dans la recherche de l’être nommé John Doe et qui semblait s’être échappé du centre de recherches de Providenya, je puis vous dire avec une joie non contenue que je l’ai retrouvé. Il est devant moi, à l’instant où j’écris ces lignes. Et il est en bonne santé.

Depuis que vous m’avez donné l’ordre de le retrouver, le 2 février, j’ai mis toutes mes ressources et celles de mes hommes au service de cette mission. Evidemment, il semblait logique que cet être, ce cobaye ne pouvait avoir rejoint une des grandes villes du Nord Est de la Russie : même si je ne sais si il a quelques facultés spéciales, je ne pensais pas qu’il puisse survivre à de telles températures, surtout que des vents violents avaient fais leurs apparitions. Et je ne me suis pas trompé.

En effet, malgré le temps extrêmement désagréable et brutal, mon équipe et moi-même avons réussis à mettre la main sur le dénommé John Doe. Se terrant dans une des grottes proches du centre de recherches, à quelques kilomètres à peine de Providenya, il tentait de survivre…et assez difficilement, je dois bien l’avouer.
Cela faisait depuis l’attaque, en fait, qu’il se terrait là, dans cet endroit perdu et oublié de tous. Même les habitants de Providenya ne connaissaient pas l’existence de cette grotte, et nous ne sommes tombés dessus que par un hasard certain : un de mes hommes a fait une chute proche de ce lieu, et c’est ainsi que nous l’avons repéré. La chance, bien sûr..

Je ne sais comment il a fait pour continuer à vivre dans cet environnement hostile, surtout qu’il n’a pas, apparemment, de gelures importantes et qu’il ne semble pas avoir souffert de la faim. Mes questions à ce sujet sont d’ailleurs restées sans réponse, malgré quelques rapides menaces. Néanmoins, ayant reçut l’ordre de ne rien lui faire, je ne suis pas aller plus loin.
Ainsi, cet homme, cet être pardon, a survécu. Nous ne savons pas comment il a pu faire cela, mais il n’a pas non plus été attaqué par quelques bêtes qui pourraient vivre dans des endroits comme cette grotte.

C’est vraiment étrange, Monsieur.
Même si je n’ai pas de grande expérience dans ce domaine et même si je ne suis qu’un simple militaire, cela ne me paraît pas normal. En toute logique, ce John Doe aurait dû être attaqué par un ours qui aurait vécu dans cette grotte…ou au moins, il aurait dû être atteint par quelque gelure. Ou il aurait dû avoir faim. Mais il n’y a rien de tout ça. Il a juste un peu froid, mais sinon, il est en parfaite santé. Je ne me l’explique pas, et ne puis que vous conseiller, si vous me le permettez, de faire attention à cet être. Ces phénomènes me semblent trop étranges pour ne pas être prudent.

Enfin, John Doe va donc bien, Monsieur. Je l’ai retrouvé, et il est en face de moi. Nous sommes dans le centre de recherches, où j’ai installé un camp provisoire. J’attends désormais avec impatience vos nouveaux ordres, en espérant pouvoir vous être encore une fois utile, et en espérant aussi que tout ceci se finira bien.

Respectueusement,


Colonel James Edwards.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 14 Jan - 19:36

Episode #14 : Bons baisers de Hollande, troisième partie.

Il n’aimait pas ça.
Enfoncé dans son fauteuil en cuir confortable, John regardait l’écran de contrôle lié à la caméra de la chambre de Maggie O’Malley, et il n’aimait pas ce qu’il y voyait. Il n’aimait pas ça du tout, même, et un rictus de rage contrôlée passa sur son visage, alors qu’il cherchait dans sa veste noire son paquet de cigarettes…il avait besoin d’une petite pause.

Calmement, donc, Doe sortit une des petites choses en forme de tube qu’il avait dans son paquet, et l’alluma. Il inspira lourdement la première bouffée, gardant au maximum la fumée en lui alors qu’il fermait les yeux. Il relâcha lentement, après quelques secondes, cet épais nuage qui dévorait ses poumons, avant de rouvrir lentement ses paupières et de soupirer d’une façon très lasse, comme si il était extrêmement fatigué par ce qu’il était en train de vivre…ce qui était le cas, d’ailleurs.

En fait, il en avait assez de tout ça.
Ça faisait des heures qu’il observait Maggie dans sa chambre, et ça faisait des heures qu’il ne se passait rien. Il ne comprenait pas vraiment le pourquoi, mais la jeune femme ne faisait aucun mouvement, aucun geste…rien. Rien du tout. A part si on venait lui demander de faire quelque chose ou si on la forçait par des chocs électriques à se mouvoir, aucun de ses muscles ne bougeaient, et elle restait totalement immobile. Et il ne comprenait pas pourquoi.

Il l’avait récupéré depuis environ deux semaines, et elle avait toujours été dans cet état-là. Bien sûr, elle était encore à la hauteur de ce qu’il attendait d’elle : elle pouvait encore tuer sur demande et s’en sortait encore bien. Oui, pour ça, tout allait bien. Même pour les réflexions avec Harrison, ça avait collé, au départ. Mais c’était le reste qui l’inquiétait…c’était le reste qui lui faisait se poser d’affreuses questions sur ce qu’elle avait pu vivre.

Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver, en fait ?
Il n’avait jamais su où elle avait été enfermée…ses patrons n’avaient pas daignés lui donner cette information. John n’avait même pas pu aller la chercher lui-même : c’était un des autres « agents » de ceux qui le dirigeaient qui l’avait fait pour lui, pour lui « rendre service ». Ouais, évidemment…Doe n’était peut-être pas l’être le plus intelligent de la planète, mais il n’était pas le plus stupide non plus. Il avait bien comprit que ceux qui contrôlaient plus ou moins l’ONU ne voulaient pas qu’il sache où avait été O’Malley, et il n’aimait pas ça…il trouvait même ça très inquiétant.

« Qu’est-ce qui a bien pu t’arriver, Maggie ? »

Il se surprit alors à parler tout seul, et même si c’était à voix basse, il n’apprécia pas. Il ne devait pas faire ça…il ne devait jamais faire ça. Même si il avait ce bureau depuis environ dix ans maintenant, John savait très bien que les murs avaient des oreilles, et que celles-ci n’étaient pas les plus rassurantes qu’il connaissait. Ses patrons lui faisaient confiance pour le moment, mais Doe se savait très bien sur la corde raide malgré les bons résultats obtenus par Seth avec Fulo, et il devait donc faire attention à ce qu’il faisait…et surtout à ce qu’il disait.

Il décida donc de se reprendre, et écrasa un peu trop violemment à son goût sa cigarette à peine consumée dans le cendrier à côté de l’écran de contrôle. Il posa à nouveau son regard sur la petite télévision, et soupira à nouveau. Maggie ne bougeait toujours, ne faisant strictement rien…comme si elle n’était qu’un mannequin. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Qu’est-ce qu’on avait pu lui faire ? Comment une Irlandaise très grande gueule et qui défiait toujours l’autorité avait-elle pu se transformer en…ça ?! Et en à peine quelques mois, en plus…Ca n’était pas normal…Ca n’était pas logique…et ça sentait mauvais, surtout.

John se leva alors de son fauteuil.
Il avait des fourmis dans les jambes à force de rester assis ici, et il ne se sentait pas vraiment bien. Ça faisait trop longtemps qu’il n’avait pas été en mission, et ça lui manquait. L’inaction commençait à le dévorer même si ça faisait plusieurs années qu’il n’avait plus été dans les premières lignes. En fait, c’était l’excitation des briefings et l’observation de ses hommes qui lui manquait. Il n’avait pas été vraiment à la hauteur lors de la préparation pour la mission, et il n’aimait pas ça. Même si ça s’était plutôt bien passé au final, il devrait changer sa manière de faire, et il avait hâte d’apporter ces transformations à ses discours…très hâte, même.

Doe commença donc à marcher dans la petite pièce qu’il occupait à la Haye, siège de plusieurs grandes institutions internationales. C’était le seul endroit que ses patrons considéraient comme réellement sûr, et c’était donc là qu’ils l’avaient installés, ainsi que les différentes chambres réservées à leurs « amis »…ou plutôt à leurs prisonniers.
John n’aimait pas ça, en fait. Il n’avait jamais réellement apprécié le fait de devoir mettre en captivité des êtres qu’il aurait été plus facile de tuer, mais bon…ce n’était pas lui qui décidait. Et il était en trop mauvaise posture avec ses précédents échecs pour pouvoir proposer des changements…du moins, pour le moment.

« Monsieur Doe ? »

Une voix venait de parler à l’interphone, et il la reconnut aussitôt : c’était celle de Laura, l’assistante que ses patrons lui avaient donnés quelques mois plus tôt. Il fronça alors les sourcils, regagnant son siège en traversant la petite pièce avec seulement un bureau et un canapé pour ses nuits solitaires, et appuya sur un bouton pour pouvoir converser avec cette jeune femme blonde qu’il ne connaissait finalement que trop peu pour espérer lui faire confiance un jour.

« Oui ? »

Son ton avait été trop dur et cassant.
Il s’en voulut de suite, mais décida de passer outre. Laura n’était pas quelqu’un qu’il appréciait, il ne l’avait vu qu’une dizaine de fois durant les mois qu’ils avaient passés à « travailler » ensemble. En fait, Doe communiquait surtout avec elle par messages Internet ou téléphoniques, et ne l’avait que très peu rencontré. Il soupira donc légèrement, avant de reprendre d’une voix plus calme mais toujours un peu froide.

« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Nous avons un souci, monsieur. »

Il fronça encore plus les sourcils. Laura était souvent avare de ses mots, ce qui était une qualité dans la branche où ils officiaient, et la voir foncer directement ainsi en parlant de suite de « souci » alors qu’elle essayait, en général, de voir les choses sous un point de vue positif…ce n’était pas bon signe. Il posa ses deux coudes sur son bureau en mettant ses mains sous sa gorge, et parla d’une voix très curieuse, pour une fois.

« Comment ça ?
- Le navire est infesté. »

Doe frissonna à ce moment-là.
Ce que la jeune femme venait de dire était simplement un code entre les différents membres de leur « organisation », et quand quelqu’un le disait à un supérieur, ça voulait dire qu’il n’y avait aucun doute possible. La peur commença alors à prendre John, qui venait de comprendre que son pire cauchemar devenait réalité : ils étaient attaqués.

En effet, les quelques mots que venait de prononcer Laura voulaient dire que le bâtiment dans lequel ils se trouvaient était attaqué, ou du moins que quelqu’un venait d’y pénétrer suffisamment en profondeur pour alerter les « gros » système de sécurité. Et donc, ça voulait dire que quelqu’un, ou quelques uns, en savaient assez sur eux pour pouvoir arriver à déconnecter leurs premiers systèmes de surveillance, ce qui était normalement impossible vu tout l’argent qu’ils dépensaient pour leur discrétion.

« Et merde… »

Doe ne put s’empêcher de dire ces deux mots, et soupira après cela. Il devait se dépêcher. Si quelqu’un ou quelques uns avaient eus la folie d’entrer dans le bâtiment, ça voulait dire qu’ils se pensaient assez forts pour ça. Et donc qu’ils connaissaient assez l’organisation pour pouvoir éviter quelques pièges pour trouver ce qu’ils venaient chercher, et ce qui ne devait absolument pas sortir, évidemment.
Même si il ne savait pas la raison de cette intrusion, John se doutait bien que ça concernait les archives ou les objets gardés dans le bâtiment, et il parla alors d’une voix déterminée et forte, espérant pouvoir s’occuper de tout ça le plus rapidement possible.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyDim 14 Jan - 19:37

« Bon…
Je veux un briefing complet sur la situation. Je veux savoir à combien d’hommes nous avons affaire, leur niveau technologique et leurs identités, si possible. Je veux savoir quand ils sont rentrés dans le bâtiment, comment et par quelles manières ils ont évité certains pièges, si c’est le cas. Et je veux aussi deux unités prêtes à l’action et prêtes à la sanction terminale sur mon ordre. »

Un petit silence se fit de l’autre côté de l’interphone, alors que Laura était en train d’écrire, certainement, les ordres donnés sur son patron. Celui-ci se leva lentement de son siège, sentant l’excitation le prendre. Un léger sourire s’afficha sur son visage alors que l’adrénaline parcourait ses veines, mais il fut stoppé dans son petit moment de joie par la voix de sa collaboratrice, qui lui annonçait encore une fois une mauvaise nouvelle.

« Bien, monsieur. Mais je dois vous informer que ces hommes sont déjà à un niveau avancé, et que selon les directives de nos employeurs, vous ne pourrez ordonner la sanction terminale pour ces intrus.
- Pourquoi donc ? A quel niveau se trouvent-ils ? »

Doe fronça les yeux.
Encore une fois, il n’aimait pas ça. Un mauvais pressentiment le prit alors, tandis qu’il sortait de son tiroir son neuf millimètres prêt à l’emploi et qu’il n’avait que trop rarement sortit, ces derniers temps. Peut-être aurait-il la chance aujourd’hui de s’en servir une nouvelle fois, lui qui avait été formé à ça par ce bon vieux Colonel Edwards…

« Ils sont au niveau F, monsieur. »

La stupéfaction et l’incrédulité apparurent alors sur le visage de John. Celui-ci resta quelques secondes stupéfait et immobile, ne comprenant pas ou ne voulant pas comprendre ce qu’il venait d’entendre. Il ne réussit à se reprendre que quand il entendit à nouveau la voix de Laura, se doutant alors qu’il avait dû rester trop longtemps ainsi et qu’il devait maintenant agir.

« Monsieur ? Tout va bien ?
- Oui… »

Mais en fait, non, tout n’allait pas bien.
Doe savait maintenant que ceux qui allait devoir affronter n’étaient pas n’importe qui. Le niveau F était le plus secret et le plus gardé de tout le bâtiment, et de ses prolongements souterrains. Il s’agissait de l’endroit où étaient gardées la majorité des archives secrètes et importantes de l’organisation. En clair, c’était là où étaient toutes les preuves incriminant ses patrons…et l’incriminant lui aussi, bien sûr.
Et donc, si ces types se trouvaient à ce niveau, si ils étaient déjà à ce niveau, ça voulait dire qu’ils étaient très forts et très dangereux. Ils en savaient assez pour passer la majorité des systèmes de surveillance des précédents niveaux, et ils seraient bientôt en possession des documents les plus recherchés de la planète. John eut alors une sueur froide en pensant que c’était lui qui devrait stopper des types comme ça, mais il réussit à se reprendre et parla d’une voix forte et dure, en serrant le plus possible son arme pour se donner confiance.

« Ok.
Bon, je ne m’attendais pas à ça, mais ce n’est pas grave.
Je veux trois unités au lieu de deux, mais sans sanction terminale. Je veux quand même qu’ils soient lourdement armés et qu’ils soient prêts au combat, même si il faudra bien leur dire que faire feu sans mon ordre personnel sera mortel pour celui qui l’aura fait. Je veux aussi qu’on bloque toute émission de technologie ou tout type d’émission, même, venant vers le bâtiment ou en sortant, et je veux à tout prix qu’on condamne toutes les sorties des niveaux D et E. Et tout de suite. »

Un nouveau petit silence pour laisser le temps à Laura de parler, alors que son patron plaçait son oreillette pour pouvoir entrer en action et parler à la jeune femme. Il n’avait plus de temps à perdre, maintenant, et appuya sur un autre bouton de son bureau d’un geste ample et rapide. Immédiatement, un pan du mur à sa droite coulissa pour faire apparaître un ascenseur secret et privé, tandis que sa collaboratrice reprenait la parole d’une voix toujours neutre et très calme.

« Bien, monsieur. Mais pourquoi les niveaux D et E ?
- Le niveau F est le dernier, et c’est celui le plus enfoncé dans la terre. Il faudra bien que ces types remontent, et vu que vous allez empêcher toute émission d’énergie ou autre, ils ne pourront pas se téléporter. Donc ils seront pris au piège. »

John sourit légèrement à ce moment-là.
En entrant dans l’ascenseur, il se dit que son plan n’était pas si mal que ça. Même si il ne l’avait fait qu’en quelques secondes à peine, il n’y voyait pas d’énormes failles pour le moment. Bien sûr, affronter des types capables de passer cinq niveaux de systèmes de sécurité avant d’arriver au dernier sous sol, et capables aussi d’arriver à entrer dans le bâtiment dès le départ, ça n’allait pas être facile. Mais c’était possible. Il allait y arriver, si la chance se décidait de se mettre de son côté, pour une fois.

« Bien. Autre chose, monsieur ?
- Pas pour le moment. Je descends au niveau E, pour voir comment ils ont pu passer les différents systèmes de sécurité. Envoyez-moi aussi le responsable de tout ça. Je veux comprendre comment c’est possible.
- Bien. Monsieur ?
- Oui ?
- J’ai un des directeurs en attente. »

Doe déglutit alors difficilement. Son doigt, qui allait appuyer sur le bouton du niveau où il voulait se rendre, s’immobilisa immédiatement.
Un directeur…un directeur voulait lui parler. Un des membres du conseil des espions, ce groupe qu’il n’avait jamais réellement rencontré et qu’il ne connaissait que par des vidéos conférences…il voulait lui parler. La sueur froide qu’il avait sentit précédemment revint alors, lui rappelant ses pires moments dans la neige du Nord de la Russie, deux décennies auparavant…Son corps lui-même se prit à trembler, alors que Laura reprenait la parole, d’une voix toujours neutre et morne, ce qui commençait légèrement à l’énerver, d’ailleurs…

« Monsieur ?
- Ou…Oui…
- Vous prenez la communication ? »

John ne savait pas quoi faire.
Devait-il répondre ? Devait-il prendre le risque de répondre ? Après tout, peut-être voulait-il simplement le féliciter, ou bien lui proposer quelque chose, ou…non. Non, ça ne pouvait pas être ça. Les directeurs n’appelaient jamais, ils communiquaient toujours par vidéos conférence. Toujours. Cette façon de faire n’était pas normale, et ne présageait rien de bon. Le souvenir de son prédécesseur assassiné sauvagement en pleine rue pour insubordination lui revint alors en mémoire, tandis que sa collaboratrice semblait se questionner sur son attitude, à l’autre bout du fil.

« Monsieur ?
- Euh… »

Que pouvait-il faire ?
Un des êtres les plus puissants de la planète voulait lui parler, et Doe savait que ça serait une mauvaise nouvelle…voir pire. Sa peur devenait de plus en plus intense en lui, alors que ses mains étaient moites et tremblaient comme des feuilles.
Il ne pouvait pas prendre la communication…pas maintenant. Même si il savait que ça lui coûterait sûrement encore plus cher, il ne pouvait pas la prendre. Le bâtiment était attaqué, et il était le plus expérimenté ici. Ils avaient besoin de lui, et il ne pouvait perdre du temps à parler à un homme qui viendrait sûrement lui annoncer qu’il le démissionnait ou quelque chose du genre…non, il ne pouvait définitivement pas prendre cette communication. Pas dans ce genre de moments, où il avait une faible excuse pour la refuser, mais une excuse quand même.

« Dites-lui que je le rappellerais. »

John soupira alors.
Il savait qu’il venait de faire une connerie.
Personne n’avait jamais refusé de parler à un directeur…ou du moins, personne qui aurait survécu assez longtemps pour s’en vanter. Il savait qu’il avait très certainement hâté sa mise à mort, mais il s’en fichait.
Le bâtiment était attaqué, les secrets de ses patrons et les siens étaient en danger, et c’était tout ce qui importait, à ce moment-là. En plus, ce n’était pas ce refus qui allait foncièrement changer quelque chose à sa réputation chez ses employeurs, et il appuya sans remords sur le bouton pour descendre, pensant alors avec un certain cynisme qu’il y avait au moins un bon côté à ce qui allait sûrement lui arriver : il n’aurait plus mal au cœur en utilisant ce damné ascenseur…






« Il…Il refuse de me répondre…
- Etonnant. Il s’est peut-être enfin rendu compte qu’il a mieux à faire que de vous obéir, après tout ce que vous lui avez fais.
- Qu’est-ce que vous allez me faire ?
- Vous tuer. Tout simplement.
- Mais…Mais pourquoi ?
- Vous savez très bien pourquoi. Pour tout ce que vous avez fais durant vos soixante dix années de présence sur Terre. Pour toutes les horreurs dont vous êtes responsables. Pour toutes les saloperies que vous avez osé ordonner. Pour tout ça, et pour tout ce que je ne sais pas, aussi…mais que j’imagine dans mes pires cauchemars…
- On peut peut-être s’arranger…
- On ne m’achète pas.
- Tout le monde a un prix. J’ai au moins appris ça dans mes soixante dix années de présence, comme vous dites.
- Pas moi. J’en avais un, jadis. Mais c’est terminé, maintenant.
- Je peux tout vous offrir ! Tout ! Il vous suffit de demander !
- Je ne veux qu’une chose. Votre mort, et celle de vos collègues.
- Mais qu’est-ce que nous avons bien pu vous faire pour mériter ça ? Vous êtes jeune, et…
- Vous existez et vous agissez. Vous êtes des monstres. Vous devez mourir.
- Mes gardes aussi étaient des monstres ? C’est pour ça que vous les avez tués ?
- Non. Victimes de guerre, c’est tout.
- C’est donc une guerre ? Vous commencez votre croisade ? Vous voyez cette folie comme un acte de guerre, c’est ça ?
- Non. Je la finis. Cette guerre a commencé il y a des années. Quand vous avez emprisonné des femmes et des hommes dans un village du Nord de la Russie pour les transformer en monstres inhumains chargés de douleur par vos expériences. Quand vous vous êtes pris pour des dieux alors que vous n’êtes que des insectes. Quand vous avez dépassé vos actions passées dans l’horreur le plus inhumain. Quand vous êtes devenu des monstres. C’est là que la guerre a commencé. C’est dans ces esprits rongés par la souffrance que cette croisade a débuté. Et c’est moi qui la finirai.
- Pourquoi ? Vous vous sentez empli d’une mission divine ?
- Non. Et j’en ai assez de tout ça. Vous voulez me forcer à parler pour gagner du temps en espérant que Doe enverra des hommes ici, mais vous n’y croyez pas vous-mêmes. Je vous ai trouvé, je suis entré dans votre maison, j’ai tué vos gardes et je vous tiens en joue. Même votre petit chien-chien a refusé de vous aider, ou du moins de vous parler. Et je vois bien que vous n’en êtes toujours pas revenu. Je vais vous tuer.
- Mais…Attendez, je…
- Non. Plus d’attente. Plus rien. Vous avez participé à la torture de dizaines de femmes et d’hommes qui ne vous avaient rien fais. Vous êtes responsable de leur douleur, de leurs morts. Et il est temps que tout ceci soit payé.
- Mais…
- Pas de mais. Tu vas mourir, ordure. Mais sache que tu ne seras pas le dernier. Tous tes potes vont y passer aussi. Tous ceux qui ont participé vont commencer à payer la note, et elle est salée. Le temps du jugement est venu, vieil homme. Et personne n’y échappera… »

Fernando Nunoz appuya alors sur la gâchette de son arme, faisant exploser le crâne du vieil Anglais devant lui avec un léger sourire sur le visage. Justice était faite, pour celui-ci. Maintenant, il devait s’occuper des autres…






20 février 1983.

A l’attention de M. XXX.



M. XXXX (nom rayé par mesure de sûreté),



Je viens d’arriver à Providenya.
Comme convenu dans notre entretien oral du 16 février, j’ai emmenée avec moi une équipe de six professionnels : deux chercheurs, deux gardes, un cuisinier, un médecin certifié. Durant le voyage, j’ai pu parler avec eux et je puis vous assurer qu’ils sont tous motivés par la perspective de relancer ce projet. Même les gardes semblent intéressés par tout ceci, et si je me demande ce que cela peut leur apporter, je pense que nous ne pouvons pas refuser pareil « cadeau », si je puis dire.

En ce moment même, nous nous trouvons dans l’ancienne salle à manger du complexe. Celui-ci a été entièrement lavé des précédentes…dérives, si je puis dire, par le Colonel Edwards, qui est d’ailleurs à mes côtés. Cet être est un homme charmant et calme, même si son côté militaire ressort régulièrement et peut devenir agaçant, à la longue. Néanmoins, je ne puis qu’apprécier sa présence rassurante et celle de ses hommes, même si je trouve qu’il me regarde d’une façon que je n’apprécie que rarement. Espérons que ceci s’arrêtera le plus rapidement possible, je n’aime guère cela.

Bien, je n’ai plus rien d’autre à dire. Notre voyage s’est très bien déroulé, et nous sommes prêts à commencer les préparatifs pour le retour du projet, que nous appellerons « Projet W » selon vos ordres. Je serais assez intéressée de savoir d’où cela vient, mais je comprendrais de rester dans l’ignorance.
Nous attendons donc votre feu vert pour commencer les premières expériences sur les cobayes, en espérant avoir d’autres collègues pour nous apporter un petit peu d’aide.

Sincèrement et respectueusement, avec mes plus grands remerciements pour me confier ce projet, je vous envoie mes salutations les plus élogieuses.

Docteur Ingrid Schneider.
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MessageSujet: Re: Projet W   Projet W - Page 2 EmptyMer 24 Jan - 19:26

Episode #15 : Bons baisers de Hollande, quatrième partie.

Seth était tendu et un peu excité.
Collé contre la porte de la pièce principale du niveau F, le plus enfoncé dans le sol du bâtiment que ses patrons essayaient de tenir secret vu les dossiers qu’il contenait, il entendait les unités de Doe se mettre en mouvement à quelques centimètres à peine de lui. Ça allait être dur de s’en sortir, cette fois-ci…très dur, même. Mais pas infaisable

« On fait quoi ? »

Harrison regarda devant lui, à l’intérieur de la pièce remplie de dossiers, de documents, de cassettes vidéos ou d’autres choses dont il ne connaissait même pas le nom. Arjen Van Den Gall l’observait d’un œil inquiet et fatigué. D’une trentaine d’années, ses longs cheveux blonds étaient gardés par une queue de cheval qu’il avait coincé dans sa combinaison sombre procurée par Van Verhoeven, une heure et demie auparavant, il semblait très inquiet…et il avait raison.
Ils étaient cernés par des types entraînés à tuer et menés par un John qui voudrait très certainement faire ses preuves en étant le plus efficace possible. Ils allaient donc devoir fuir alors qu’il n’y avait qu’une seule sortie, qu’elle était occupée par ces mecs-là et qu’ils n’avaient pas assez d’armes pour s’en débarrasser. Et après, les deux hommes devraient encore passer les différents étages, fuir du bâtiment et faire en sorte que l’Anglais rentre bien à l’hôtel où il devait se trouver. Tout ça en une heure. Ça allait être dur, vraiment.

« On doit partir. Et vite. »

L’agent secret parlait d’une voix lente et basse, essayant d’être le plus discret possible même si il se doutait bien que ceux derrière la porte savaient déjà leur nombre et leurs capacités. Avec toutes les machines dont disposaient leurs patrons et les inventions inconnues du grand public, il était très facile de deviner que leurs meilleurs hommes avaient droit au top du top pour s’occuper des intrus…ce qui n’était franchement pas une bonne nouvelle pour eux, évidemment.

« Et tu veux faire ça comment ? En fonçant dans le tas ? »

Arjen parlait un anglais au vocabulaire parfait, malgré un accent assez monstrueux. C’était un des hommes de Van Verhoeven, qui avait insisté pour faire assister Harrison dans cette tâche. Il avait cru embêter son ancien ami et nouveau partenaire dans cette affaire, mais ça avait été tout le contraire : Seth avait espéré avoir une telle aide dans cette entreprise.
Il aurait eu beaucoup de difficultés à entrer seul dans ce bâtiment, et il n’en ressortirait sûrement pas si Van Den Gall ne l’avait pas accompagné. Sa présence l’arrangeait donc beaucoup, même si il ne le montrait jamais. Toujours caché son jeu, telle avait été la première leçon des services secrets britanniques…et telle était sa devise, maintenant.

« Non.
On va les rendre fous.
On va réussir à fuir sans qu’ils ne s’en aperçoivent, et on va emmener assez de documents avec nous pour que leurs patrons aient la peur de leurs vies. On va faire le casse du siècle, mon vieux. Et je t’assure que ça va être tripant. »

Un léger sourire apparut alors sur son visage.
Seth avait un plan. C’était totalement fou, totalement dingue et totalement en dehors de la raison, mais ça pouvait fonctionner. Il l’avait imaginé quand il avait rencontré Van Verhoeven. Sa rage contre l’arrogance de son ancien ami avait été si grande que cette idée avait rapidement germée dans son esprit, et il avait dû se retenir de ne pas exploser de rire en pensant à cela. Ce plan était parfait. Très dangereux, mais parfait. Et si ça fonctionnait…si ça fonctionnait, le monde serait à lui. Et sa vengeance, aussi. Surtout sa vengeance…

« T’es un malade. »

Le Hollandais se passa lentement sa main sur son visage. Il avait peur, ça se voyait…et ça se comprenait. Entourés de types extrêmement armés et entraînés pour tuer, perdus dans le sous sol de la Haye, avec personne pour venir les chercher, il était logique de penser que la situation était désespérée. En plus, ce Arjen ne devait sûrement pas être vraiment prêt pour ce genre de missions, et n’avait très certainement jamais eut une arme dans les mains. Harrison sourit légèrement en pensant cela, alors qu’il se levait lentement pour se mettre debout, toujours dos à la porte.

« Oui.
Très certainement.
Mais ça n’a jamais été prouvé scientifiquement. »

L’Anglais souriait grandement, ce qui augmentait bien sûr le malaise de son collègue. Ça faisait une heure et demie qu’ils étaient dans ce bâtiment, et Seth n’avait laissé tomber cette expression étrange sur son visage que quand il avait commencé à lire certains documents. Ça n’avait duré que quelques minutes, mais un masque grave et dur était apparut sur son visage, avant qu’il ne reprenne le contrôle et soit à nouveau mystérieux et dérangeant dans son attitude.

« Comment tu veux qu’on parte d’ici ? Y a aucune issue ! »

Van Den Gall s’était aussi relevé.
Tenant fermement son Glock entre ses deux mains, son visage trahissait toute sa crainte et son angoisse. Derrière lui, des dizaines de cartons étaient soigneusement rangés…ou du moins, l’avaient été avant l’arrivée des deux hommes dans la pièce. Désormais, énormément de dossiers et de documents étaient couchés par terre, sans aucun classement ou système de rangement. L’anarchie régnait dans cette pièce où tout avait été parfaitement trié jusque là, et Harrison sourit légèrement en voyant ça. C’était le début, pensa-t-il calmement…Le début et l’avertissement de ce qui allait bientôt arriver à toute l’organisation de ses patrons…

« Il y a toujours une issue. »

Sa voix était grave et calme. Il s’approcha lentement de son collègue, le toisa pendant quelques instants et lui sourit à nouveau. L’Anglais irradiait la confiance, et ça mettait mal à l’aise son compagnon. Celui-ci n’était qu’un voleur très doué, qui avait été acheté par Van Verhoeven pour aider ce type-là à entrer ici.
Bien sûr, ça avait été extrêmement difficile de faire attention à tous les pièges qui avaient été disposés avec un certain génie dans les différents niveaux, mais il y était parvenu. Il avait été amené là pour ça, en fait. Et pour rien d’autre…La partie de tir qui se profilait à l’horizon l’angoissait terriblement, et il sentit ses mains commencer à trembler alors que le regard sombre de l’homme devant lui se posait dans ses yeux bleus…Et qu’une nouvelle et dérangeante sensation apparaissait dans son bas ventre…Sa peur devenait encore plus grande, à ce moment-là…

« Ca va être dur, oui, mais on peut s’en sortir.
Ces types-là savent certainement que nous sommes deux, mais ils n’auront pas le droit de tirer pour tuer…je ne sais même pas si ils auront le droit de tirer tout court, vu les documents qui sont dans cette pièce et l’importance qu’ils ont pour leurs patrons. Alors le danger mortel n’est pas de mise, sauf si on se fait attraper, bien sûr. Donc on peut s’en tirer. »

L’Anglais posa calmement sa main sur l’épaule du Hollandais.
Son sourire était toujours persistent, et toujours aussi étrange. Seth se sentait bien, lui. Il avait apprit quelques instants auparavant des choses qu’il n’osait même pas soupçonner, mais il avait maintenant eu accès aux secrets les plus noirs de ceux qui l’employaient, et il tenait dans sa main gauche une petite mallette remplie de certaines lettres et dossiers qui seraient intéressants à utiliser, plus tard. Si il arrivait à sortir de cet endroit, il pourrait faire tout ce qu’il voudrait…et il adorait cette idée. Pouvoir faire la nique à ses patrons était quelque chose dont il avait toujours rêvé, et il sentait que cette occasion allait bientôt arriver. Oui…très bientôt, même.

« Mais ça va être difficile, tu sais. On risque d’y laisser des plumes. T’es sûr de vouloir faire ça ? Tu pourrais très bien te rendre et dire que tout est de ma faute…Tu te ferais sûrement torturer et arracher un œil, mais tu t’en sortirais vivant. C’est toi qui vois, Arjen. T’es encore jeune, et tu veux peut-être vivre encore un peu au lieu de risquer ta vie comme ça. »

Ce n’était pas un choix, et l’agent secret le savait. Même si Van Den Gall ne connaissait pas l’organisation, ce qui était très certainement le cas, ce qu’il venait de dire et les différents niveaux de sécurités qu’ils avaient dû franchir jusque là lui avaient sûrement fait comprendre qu’il n’avait pas affaire à des enfants de chœur. Il était maintenant dans une merde noire, comme on pouvait le dire, et il n’avait vraiment aucun choix : il ne pouvait que suivre Harrison, avec le secret espoir de s’en tirer…peut-être, avec beaucoup de chance.

Et ça, Seth le savait.
Il savait que Arjen ne pouvait pas lui dire non, et c’était bien pour ça qu’il le lui demandait. Le Hollandais était une partie importante de son plan, et il fallait absolument que son collègue ait une totale confiance en lui, qu’il fasse tout selon ses ordres. Evidemment, ça aurait été certainement le cas si il ne lui avait pas demandé de choisir quelle voie il désirait emprunté, vu la peur qu’il ressentait, mais Harrison ne voulait pas prendre de risque. Son plan était serré, complexe et très dangereux. Un simple détail de changé, et tout serait terminé. Donc il fallait qu’il soit sûr de Van Den Gall, il fallait qu’il sache qu’il était totalement derrière lui. Mais surtout…il fallait faire vite. Le temps passait, et l’Anglais avait un délai serré. Il fallait agir. Et agir dès maintenant.

« Alors ?
Tu as choisi ? »

L’agent secret planta un regard extrêmement dur dans les yeux de l’homme à ses côtés. Celui-ci trembla encore plus qu’auparavant, essayant de fuir le visage de Seth pour éviter son regard mais n’y arrivant pas. Il ne savait pas quoi faire. D’un côté, il n’avait pas envie de risquer sa vie avec ce type qu’il ne connaissait pas et qui semblait complètement fou, mais d’un autre côté…il n’avait pas le choix.
Arjen n’avait aucune envie d’être torturé par ces tarés qui étaient à quelques mètres à peine d’eux, et il se doutait bien que ce que venait de dire l’Anglais était vrai. Il n’aimait pas ça. Il était piégé, et il le sentait. Il ne pouvait que suivre l’idée de ce taré, et ça le terrifiait. Mettre sa vie aux mains d’un homme comme ça…ce n’était vraiment pas rassurant. Mais il n’avait pas le choix. Il n’avait aucun choix, en fait. Il devait lui faire confiance. Pour sa survie…ou du moins, pour essayer de survivre.

« Ouais.
Je te suis. Je te suis dans ton plan. »

Un immense sourire apparut sur le visage de Seth alors qu’il parlait à nouveau d’une voix calme et posée, toujours aussi basse. Son plan se déroulait très bien, jusqu’à maintenant, et tout allait encore bien se passer, il en était certain.

« Bien… »

Harrison enleva sa main de l’épaule de l’Hollandais pour la mettre dans la poche droite de son pantalon en kevlar. Il y serra son téléphone portable très spécial, et appuya sur le bouton OK, espérant que le message qu’il avait préparé avant d’entrer dans le bâtiment ne s’était pas effacé. Son sourire devint encore plus grand lorsqu’il sentit le tremblement du vibreur lui disant que le SMS avait été bien envoyé, et il sentit son cœur s’accélérer à ce moment-là. Ça allait bien se passer, oui. Et la suite allait être très drôle…

« On va alors commencer. Mets-toi par là. »

Arjen s’approcha de la porte, dos à son collègue. Celui-ci en profita pour sortir son téléphone et bien vérifier que le message était passé. Bien, c’était le cas. Le petit cadeau offert par Doe pour tromper les vigilances des différents systèmes de sécurité semblait bien fonctionner. Bien sûr, ça trahirait sa présence dans les lieux, mais John devrait attendre quelques heures avant de savoir que le signal venait de son téléphone. Tout juste saurait-il qu’un SMS aura été envoyé de cette pièce, malgré la sécurité enclenchée contre ça. Il se poserait donc des questions, et Harrison aurait tout le temps pour retourner à l’hôtel et commencer les grandes manœuvres…oui, les très grandes manœuvres.
Mais il ne devait pas penser à ça. Il y avait une autre chose à faire, avant, et c’était tout aussi important : sortir de là.

« Qu’est-ce que je dois faire ?
- Ouvrir la porte. »

Van Den Gall se retourna immédiatement vers son collègue, une expression de surprise et d’incompréhension sur le visage. Il parla d’une voix plus haute qu’auparavant, à cause de la stupéfaction qui régnait à ce moment-là dans son cœur, alors que ses yeux se posaient sur l’homme derrière lui.

« Quoi ?! Tu veux que je fasse quoi ?!
- Je veux que tu ouvres la porte. »

Seth parlait d’une voix calme et posée. Tout sourire avait disparu de son visage pour montrer toute sa détermination à son collègue, alors qu’il avait rangé son téléphone portable dans sa poche et tenait toujours fermement la mallette dans sa main gauche.

« Mais…
- Fais-moi confiance. Je sais ce que je fais.
- Mais je vais me faire descendre !
- Fais-moi confiance. »

Harrison plongea un regard extrêmement déterminé dans les yeux du Hollandais. L’affrontement entre quatre yeux ne dura que quelques secondes, et Van Den Gall fut forcé de briser le lien qui les unissait, ne pouvant continuer à regarder cet être qui était sûrement complètement fou, mais qui représentait pour le moment son seul moyen de sortir d’ici. Il devait lui faire confiance. Il devait suivre ses ordres. Même si ils paraissaient fous. Même si ils ne semblaient avoir aucun sens. Il le devait, oui. Il ne pouvait faire que ça.

« Bon…D’accord… »

Arjen soupira doucement.
Lentement, il mit sa main sur la poignée de la porte.
Lentement, il tira vers lui cette grosse chose en métal, alors que son collègue reculait et levait les yeux sur le plafond en métal et en béton de la pièce.
Lentement, le Hollandais vit la lumière du couloir du niveau F entrer peu à peu dans l’endroit où ils se trouvaient, plongés jusque là dans la pénombre.
Lentement, il sentit son cœur s’accélérer en voyant légèrement un début de silhouette d’un type avec des armes étranges et sûrement mortelles levées vers lui.
Lentement, il aperçut la douzaine d’hommes placés juste devant la porte, prêts à faire feu. Et après…après, plus rien ne fut lent pour Arjen Van Den Gall. Plus rien du tout, même.
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