T.S Smith pointa son arme sur le jeune sénateur, pris au dépourvu par l’arrivée des terroristes . Joey recula lentement tandis que les autres hommes armés se tenaient prêt à tirer sur les invités . Ceux-ci s’étaient regroupés dans un coin de la pièce, apeurés comme des bêtes effrayées .
-Monsieur Wilson … Fit T.S, d’une voix grave et sinistre . J’ai vu votre intervention à la télévision lorsque j’étais encore en cellule . Vous parlez bien mais votre ton sonne faux à mes oreilles . Vous êtes comme tout ces politiques, cher sénateur, pitoyablement grotesque .
Le sénateur recula de quelques pas . Que faisaient ses gardes du corps ? Ils auraient dû intervenir . Ce T.S Smith n’avait pas hésité à gazer des centaines de personnes et n’hésiterait sans doute pas à appuyer sur la détente de sa kalachnikov . Ce gros cinglé allait l’abattre froidement s’il ne tentait rien . Il se décida après avoir desserré sa cravate en soie pour pouvoir reprendre son souffle :
-Monsieur Smith, nous pouvons nous arranger, n’est-ce pas ? Si vous nous épargnez, je pourrai vous faire sortir du pays et …
-Regardez le ! Coupa sèchement le chef des terroriste, agitant le canon de son arme sous le nez du sénateur . Ce médiocre être voudrait traiter avec moi ? Traiter sa misérable existence d’insecte ? Mais pour qui vous prenez vous, cher sénateur ? Pour le président des États-Unis ? Allons, vous n’êtes même pas encore maire . Vous n’êtes rien, Wilson, vous n’êtes rien qu’un misérable, un pantin, vous croyez pouvoir m’acheter avec tout votre argent sale ? Laissez moi rire .
La réaction de Joey ne se fit pas attendre . Totalement offusqué par les propos diffamatoire de ce terroriste et oubliant l’arme pointée sur lui, le sénateur donna un puissant coup de poing au visage du psychopathe . Celui-ci eut le nez brisé et se tordit de douleur . Ses compagnons commencèrent à viser les têtes des invités mais un simple geste de sa part les firent baisser leurs armes .
-Laissez . Ce médiocre a voulu jouer, et bien il va jouer . Mais mes règles sont un peu spéciales .
Un sourire cruel déforma son visage et il sortit un long couteau militaire et dans un geste violent, attrapa la tignasse blonde du sénateur . D’un coup de pied, il le mit à genoux et passa l’impressionnante lame militaire sous sa gorge . Soudain, une voix féminine et forte sortit de l’ombre :
-Je te conseille de lâcher cette arme et de dire à tout tes petits copains d’en faire autant . La police a cerné le bâtiment . Tu n’en sortiras jamais vivant .
Toutes les têtes se tournèrent vers l’intrus, une jolie jeune fille blonde dans un jean taille serrée et une chemise d’hôpital sur les épaules . Dans ses mains, une arme à feu appartenant à un des terroristes, gisant inconscient à côté d’elle . Au lieu d’écouter les directives de la jeune fille, le requin fit perler une goutte de sang sur la peau blanche du sénateur . Quatre terroristes sourirent en faisant craquer leurs phalanges et se ruèrent sans crier gare sur le trouble fait aux allures si fragiles . Mais à la surprise générale, la gamine fit valser le premier assaillant dans le mur et tordit le bras du deuxième, puis attrapa le troisième par les parties sensibles . Celui-ci émit un cri aigu avant de tomber face contre terre . Le Requin fronça les sourcils et pointa sa kalachnikov sur la jeune femme .
-Et qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ?
En effet, la jeune fille était maintenant mise en joue et n’aurait pas même le temps de bouger qu’elle serrait plombée de balles . Mais étrangement, elle semblait confiante et gardait un sourire presque enjoué . T.S soupira en secouant la tête puis appuya sur la détente . Mais un bruit métallique affreusement puissant explosa aux oreilles du terroriste . Devant lui, un noir américain de dix-sept ans avait arrêté les balles de sa main gauche . L’impact avec les projectiles avait laissé des traces noires sur sa paume mais cela ne semblait nullement l’affecter . Son regard froid et dur en disait long sur ses intentions belliqueuses . Mais T.S ne se laissa pas abattre et recula rapidement en faisant reculer l’otage avec lui . Puis ce fut une pluie de balles qui volèrent dans toute la pièce tandis que le requin s’éclipsait . Les terroristes attaquèrent d’un seul et même homme mais leur charge fut stoppé nette par un rhinocéros … vert . Celui-ci donnait des coups de cornes à chaque terroriste qui passait un peu trop prêt de son imposante gueule . Mais qui étaient ces monstres aux allures invincibles ? Les terroristes reculèrent devant le rhinocéros, visiblement énervé . Puis, un à un, ils lâchèrent leurs armes et levèrent les mains . Victor, le noir américain, car c’était bien lui, leur fit signe de s’allonger sur le sol pendant que la blonde qui n’était autre que Tula, faisait sortir les otages . Garfield retrouva sa forme originelle, tout souriant d’avoir, à lui seul, fait peur à une bande armée . Mais une question se posa au sein du groupe . Qui allait arrêter T.S Smith le requin ?
T.S tenait toujours sa lame sous la gorge du sénateur Wilson et le forçait à avancer rapidement dans les escaliers de secours qui menaient directement au toit . Avec un tel otage, T.S pouvait envisager une belle rançon s’il parvenait à sortir vivant de l’immeuble . Le terroriste ouvrit à la volée la porte qui donnait sur le toit . Personne . Comme l’avait dit Tula, le bâtiment était encerclé par les forces de l’ordre qui n’attendait que l’accord du gouverneur pour donner l’assaut, opération risquée et peu sûre . T.S plissa les yeux pour apercevoir sous ses pieds les invités du sénateur indemnes, encadrés par les pseudo justiciers qui avaient pénétrés dans l’immeuble . Suivi les terroristes arrêtés par le groupe qui furent immédiatement embarqués par les policiers, plutôt étonnés de voir une bande de gamins arrêter un groupe terroriste hautement dangereux . Mais la police n’eut pas le temps de s’interroger sur ces jeune inconnus qu’une nuée de journalistes se ruèrent vers les sauveurs et les sauvés .
-Je crois que ton coup a foiré, le requin .
T.S soupira . Encore un de ces maudits gamins . D’un geste impeccable, il attrapa Wilson par le col et le balança par-dessus la barrière de sécurité qui surplombait le vide . Puis il regarda le jeune homme vêtu d’une veste kaki, d’un pantalon militaire, de mitaines noires et chaussé de solides rangers, un masque vert sur le nez, lui faire face . Il tenait dans sa main une barre en titane . T.S sourit, amusé devant l’air déterminé du justicier .
-Si tu avances, dis-t-il avec un calme parfait, je lâche le sénateur .
Celui-ci hurlait sous le terroriste, suspendu par le col . Dick ne se laissa pas impressionné et répliqua d’une voix froide :
-Si tu le laisse tomber, tu pourras dire adieu à ta rançon et à ta vie . Si je serrai toi, je le laisserai partir et je me rendrai .
-Mais je ne suis pas toi, sale gamin ! Fit le terroriste en lâchant le sénateur dans le vide .
Dick se précipita pour sauver Wilson et entraîna le terroriste dans sa chute . Par miracle, le jeune homme réussit à rattraper le sénateur et à s’accrocher à la balustrade . Au bout de quelques minutes, Wilson se hissa sur le toit en haletant et se précipita vers l’escalier de secours, laissant son sauveur suspendu dans le vide . Dick pesta et tenta de remonter mais une main puissante agrippa son pied . T.S Smith n’était pas mort et avait, par un malheureux hasard, réussit à s’accrocher à la façade .
-Tu vas crever, maudit gamin ! Marmonna-t-il, entre les dents .
Dick tenta de se débarrasser du poids qui commençait à le faire lâcher prise mais sans succès, le requin tenait bon . Sa main droite lâcha la balustrade et faillit le faire basculer . Il allait finir par tomber, sans compter que T.S y mettait du sien pour que cela se réalise . Dick ferma les yeux et fit le vide dans son esprit . Les sirènes des voitures de police et des ambulances disparurent . Les cris des spectateurs qui assistaient à la scène s’envolèrent dans le néant . Il n’y avait plus que Dick, le terroriste et la balustrade, solidement amarrée au toit . Le jeune homme entendait son rythme cardiaque et celui de son adversaire, saccadé et désordonné . Tout ce jouait maintenant entre lui et T.S . Le lycéen de dix-sept ans et deux jours serra les dents à s’en faire exploser la mâchoire, banda ses muscles au maximum et donna de son pieds gauche un puissant et terrible coup de pieds dans le visage du psychopathe qui, malgré lui, lâcha le pied du justicier . Dans un terrifiant cri, T.S chuta et entra en collision avec le béton quelques secondes plus tard .
Mais Dick n’était pas sorti d’affaire pour autant . Ses muscles grandement éprouvés par l’effort surhumain qu’il venait de vivre faiblissait et il sentait ses doigts se desserrer du métal glacial de la rambarde . Le lycéen se sentit soudainement seul, seul dans la soirée glaciale, seul, suspendu au toit d’un gratte ciel . Une solitude sans bornes, le poids des drames qu’il avait connu, semblèrent amoindrir ses forces déjà mal en point . C’était seul qu’il devait s’en sortir, comme il l’avait toujours fait . Mais l’image de ses nouveaux amis apparut dans sa tête . Il vit Victor, crier après Garfield qui avait mit dans son tube de dentifrice de la mousse à raser . Il vit Tula, cette jeune fille qu’ils avaient rencontrés quelques heures plus tôt et aidé à retrouver la trace de T.S et sa bande . Il vit les habitants de San Francisco, sous ses pieds, qui l’encourageaient d’une seule et même voix, il vit une ville toute entière derrière lui . Finalement, il n’était pas si seul que cela .
En bas, un cri de joie se fit entendre lorsque Dick parvint à se hisser sur le toit . Mêmes les policiers eurent un soupir de soulagement tandis que les journalistes braquaient leur caméras sur le jeune homme, qui faisait apparemment parti de la bande de justiciers . Tula, Victor et Garfield s’étaient mêlés à la foule pour encourager Dick et laissaient maintenant éclater leur joie et leur soulagement que leur ami s’en sois sorti . Peu importait le reste, Dick était sauf et s’était cela qui comptait le plus pour eux . Quelques minutes plus tard, Dick apparut, soutenu par des policiers . Comme dans un passage au ralentit, ses trois amis se précipitèrent vers lui pour l’aider . La police ne put empêcher la foule sortie dans les rues de s’approcher des héros . Ceux-ci en profitèrent pour s’effacer et s’éclipser . Demain, une nouvelle journée les attendaient .