Cela faisait deux semaines que John Rainbow avait réussit à s’échapper de l’immeuble qu’il avait lui-même fait brûler. Il ne savait pas du tout ce qui c’était passé ce soir-là, et il tentait d’oublier tout cela pour reprendre le cours de sa vie criminelle. Mais c’était en vain, ce qui était arrivé était gravé dans sa mémoire, et les conséquences de cette fameuse nuit se voyait chaque jour.
Alors qu’il rentrait dans l’entrepôt vide qu’il squattait depuis qu’il était sortit du bâtiment, Johnny fut confronté alors à l’obscurité opaque et puissante. Il n’y avait plus depuis longtemps d’électricité ici, et il devait s’éclairer aux bougies. Mais le jeune homme blond n’y avait pas pensé, trop occupé à voler des voitures toute la journée pour les revendre, histoire d’avoir de quoi survivre et se remettre sur pied.
Alors que la lourde porte de métal se refermait derrière lui, John commençait à être pris peu à peu de panique. Il avait toujours eu peur du noir, à cause d’un traumatisme causé lors de son enfance…depuis, il ne pouvait pas rester longtemps sans quelques rayons de lumière.
Quel crétin, pensa-t-il. Désormais, il ne voyait plus rien et il sentait déjà dans ses tripes la crise d’angoisse arriver en vitesse. Johnny ne voulait pas subir cela encore une fois, non pas encore…il ne voulait pas se revoir dans cette cave, avec son père adoptif…non…non…NOON !!!
« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!! »
L’adolescent poussa alors un cri d’animal, et d’immenses flammes apparurent alors un peu partout dans la salle, créant une sorte d’enfer, avec de la fumée, du feu, et beaucoup, beaucoup, beaucoup de lumière.
De longs instants passèrent, l’adolescent étant toujours couché à terre dans la position du fœtus. Mais cela allait de mieux en mieux. Il commençait à se calmer, à reprendre peu à peu le contrôle. John se releva, et s’assit, regardant les flammes grandirent et baisser dans l’entrepôt vide. Il était fasciné par ce ballet de feu, qu’il avait lui-même mais inconsciemment fait…
Soudain, alors qu’il allait toucher des flammes pour s’amuser avec elles comme il le faisait chaque soir, Johnny vit alors ses créations disparaître une à une, et ce malgré ses ordres mentaux disant de revenir. C’était comme si une autre volonté s’amusait à faire disparaître ces flammes…
Durant de longs instants, le jeune homme essaya de faire revenir du feu, de la lumière, mais à peine essayait-il de recréer des flammes qu’elles disparaissaient de sa vue juste quelques instants après leur création…
Le jeune homme se dit alors que quelqu’un voulait l’arrêter pour l’incendie de l’école, et que cet homme devait être puissant, très puissant…Effrayé par l’obscurité et cette peur enfantine d’être arrêté, Johnny voulut courir vers ce qui semblait être la porte, mais il se heurta à un énorme obstacle. Etrange, pensa-t-il. Le mur n’était pas si près avant…
Alors qu’il essayait de se relever en prenant appui sur le mur qu’il avait rencontré violemment, l’adolescent sentit sous ses doigts crispés par la peur et l’angoisse non pas du métal ou du béton mais…de la pierre ?!
Surprit, John retomba à terre, tentant de percer l’obscurité pour voir ce qui était là, ce qui pouvait être en pierre… Soudain, toutes ces flammes revinrent comme si il venait de les allumer à nouveau, mais il n’avait rien fait ! Alors que son regard se portait sur tous les feux qui reprenaient vie, il regarda la chose contre qui il s’était cogné : c’était un grand être fait de pierre orange, semblant avoir envie de lui exploser la tête avec ses immenses mains…
« John, je crois que nous avons à parler de nos différents dons…je pense que tu vois de quoi je veux dire…
- Mais qui parle ?
- Moi. »
L’adolescent à terre, retourna lentement sa tête, ayant toujours un œil sur le monstre de pierre en face de lui qui ne portait qu’un pantalon déchiré. Johnny vit alors Red et Sue, ces deux compagnons à l’école. Sue était habillé d’une jupe rouge très courte, avec des bottes noires, un haut à décolleté noir, et ses cheveux étaient désormais blonds. Elle semblait apeurée.
Quand à Red, il avait un peu coupé sa queue de cheval, mais surtout il avait teint ses cheveux en argentés, ce qui rendait un effet assez étrange. Il semblait sûr de lui et avait sa main autour des hanches de Sue, ce qui énerva Johnny qui était toujours attiré par la délinquante.
« Red ?
- Lui-même. Content de te revoir, John.
- C’est…c’est vous qui avez… ?
- Eteint les flammes que tu sécrètes quand tu es énervé ou quand tu le veux ? Oui, c’est nous qui l’avons fait. Nous sommes capables de bien d’autres choses aussi, mon ami.
- Vous voulez me tuer ?
- Te tuer ? Non ! Bien que je pense que Ben devrait vouloir te tuer pour ce que tu lui as fais…
- Ben ?
- Oui. Ben. Celui qui est devant toi. Serais-tu devenu aveugle ou crétin ? Remarque, tu es déjà la deuxième solution… »
Johnny retourna lentement la tête vers le monstre de pierre, qui affichait désormais un sourire. Il lui donna même la main pour se relever. L’adolescent blond accepta avec prudence l’invitation, craignant à chaque instant de se faire écraser la main.
« Et oui, c’est bien Ben. Il a un peu changé, comme nous tous.
- Mais pourquoi ? C’est quoi ce bordel ? Ecoutez, moi j’ai découvert que je peux faire des trucs, donc je pense que…
- Ta gueule.
- Quoi, Red ?
- Je t’ai dis de fermer ta gueule de débile. Tu as fais assez de conneries jusqu’à maintenant, et je doute que ton cerveau d’obsédé puisse penser autre chose que des plans cul. Donc tu fermes ta gueule et tu me laisses parler.
- Mais…
- Tu veux que j’appelle la police ? Ils se feront une joie de t’emmener dans un complexe secret et de te disséquer pour savoir comment tu deviens une vraie torche humaine.
- Alors tu sais ?
- Je sais beaucoup de choses. Je sais que c’est de ta faute si Sue est restée trois jours en état invisible car elle croyait t’avoir revue. Je sais que c’est de ta faute si Ben est devenu un golem de pierre. Et je sais que c’est grâce à toi si je peux battre le record de taille de monsieur Sifredi maintenant.
- Quoi ?
- Laisse tomber. On est pas venus pour causer avec toi. On est venus pour te proposer un marché : tu viens avec nous t’occuper du gus qui a fait de nous des êtres hors du commun, ou j’appelle les flics.
- T’auras jamais le cran !
- Ne me tente pas… »
Red sortit alors de son jean Lewis un téléphone portable.
« Alors ? »
Johnny réfléchit alors de longs instants. Que devait-il faire ? Si il allait avec eux, il allait devoir les supporter, et il ne pourrait pas rester près de Sue sans lui sauter dessus…mais si il ne les suivait pas, il allait se faire disséquer…
« Ok, je viens avec vous.
- Bien, très bien. Allons-y.
- Où ?
- Rencontrer ce cher monsieur Essex, bien sûr ! »
En disant cela, Red sourit à pleines dents, sourire qui glaça le sang de Johnny, tant il semblait sadique et assassin…
Trois mois plus tard, Hell’s Kitchen. Nathaniel Essex courait aussi vite qu’il pouvait dans les rues dangereuses et sombres d’un des quartiers les plus horribles de New York. Il devait fuir. Fuir ce quartier, cette ville, cet Etat. On l’avait découvert. Des mutants. Cette horrible race qu’il ne connaissait que trop bien…
Essex avait essayé de créer des Sentinelles Humaines, des hommes et des femmes devant sauver l’Humanité de la menace mutante en les tuant avant qu’on les découvre. Si cela arrivait, il se pouvait que l’opinion publique ait de la compassion pour ces monstres, et le professeur ne voulait pas de cela…
Après quinze minutes de course acharnée, et alors qu’il se trouvait maintenant en plein Manhattan, Essex s’arrêta dans une ruelle du Lower East Side pour reprendre son souffle contre un mur en briques rouges. Il en profita pour rassembler ses idées.
Son expérience avait loupée. Encore, comme quelques mois auparavant. Etait-il donc condamné à l’échec pour cette mission qu’il s’était donné ? Non, il devait continuer. Il ne fallait pas se laisser abattre. Le monde comptait sur lui ! Il allait prendre de l’argent dans sa planque, partir, aller à Los Angeles, et de là-bas il pourrait lancer son offensive décisive contre cette race de sous êtres…
Alors qu’il allait héler un taxi pour rentrer chez lui, pensant que les mutants qui avaient attaqué son labo ne le cherchaient sûrement plus, il fut stoppé par un mur invisible ! Surprit, il crut d’abord à une illusion, mais quand il voulu marcher à nouveau, il ne le pouvait plus ! Ne cherchant pas vraiment à comprendre à cette heure tardive, Essex voulut passer à côté, puis par l’autre côté de la rue, mais il y avait toujours une sorte de barrière l’en empêchant !
Inquiet, il martela des poings sur cette barrière qui se rapprochait de lui inexorablement, jusqu’à l’empêcher de bouger, prisonnier d’une geôle invisible ! Il voulut crier, mais des flammes grandirent soudain devant lui, formant un mot avec le feu : « chut ».
Craignant pour sa vie, le professeur se tue, et vit bientôt arrivé devant lui un jeune homme à la queue de cheval argentée. Puis à sa droite il vit un adolescent assez grand dont les cheveux blonds semblaient brûler au vent ! A sa gauche marchait tranquillement une jeune fille provocante se déhanchant avec grâce. Et derrière lui, il entendait de lourds pas, comme si un être énorme approchait lentement…
Essex reconnut alors les trois qu’il pouvait voir, et voulut parler, mais Johnny lança son bras en avant, et des flammes tanguèrent quelques instants devant les yeux du professeur, qui n’osa rien dire. Ce fut Red, avec un sourire, qui parla.
« Heureux de vous revoir, Essex. Comme vous le voyez, nous sommes vivants, et le piège que vous nous avez tendus à réussit. Je pense que vous avez remarqué que nous avons désormais des dons, et je suppose que vous désirez une démonstration. Mes amis, montrons à monsieur Essex combien nous apprécions nos dons… »
Tous les quatre sourirent, tandis que dans la nuit noire de New York, de longs cris de souffrance se firent entendre le reste de la soirée, émaillés de rire et de coups secs…