Résumé des épisodes précédents : Sara Pezzini et Danny ShanLi sont transférés de force à Québec après le meurtre du précédent coéquipier de Sara, Matthieu, par les hommes de Kenneth Irons, et ce parce que la jeune femme lui avait volé un bracelet anthique. Celui-ci, la Witchblade, est toujours à sa main et en fait la future sauveuse de l'Humanité selon d'anciennes écritures, mais aussi celle qui contrôle l'énorme pouvoir que l'objet renferme.
La Question entre ensuite en contact avec Sara et l'emmène dans un tourbillon de folies, où ils doivent affronter un métamorphe, Ian Nottingham, envoyé pour la tuer. Ils parviennent à le vaincre et partent rejoindre une Résistance aux Architectes, et après un long dialogue, Sara est plus perdue encore. Mais le pire arrive : Ian se libère, et un combat terrible commence. Heureusement, la Résistance de la Question arrive, mais ses membres semblent tous plus inquiétants les uns que les autres...Resist or Die, première partie.
Elle ne se sentait pas à l’aise.
Assise, en face de cinq êtres tous plus étranges les uns que les autres, Sara avait du mal à rester sur sa chaise. Certes, celle-ci était confortable et on lui avait donné à boire et à manger, et l’endroit où elle se trouvait était joli et intéressant, mais…ça n’allait pas. Son instinct lui criait de partir, de ne pas rester ici. Et elle avait bien envie de l’écouter, surtout quand ces êtres la fixaient et disaient des choses tellement bizarres.
« Nous sommes donc la Résistance, Sara. »
La Question. L’homme qui l’avait amené ici. C’était lui la cause de tout ça, la cause de sa présence entre ces murs, sous terre. C’était parce qu’il était venu la chercher et qu’il lui avait expliqué certaines choses sur son étrange bracelet qu’elle se trouvait ici. Mais pourtant, malgré le fait qu’il ait certainement ruiné sa vie et fait en sorte qu’elle soit recherchée par la police canadienne…elle l’aimait bien.
Bien sûr, celui-ci représentait tout ce qu’elle avait toujours détestée, à savoir la justice solitaire, les abus de pouvoir et les attaques violentes contre les gens sans en avoir l’autorisation, mais depuis quelques heures qu’elle était avec lui, depuis qu’elle vivait avec lui et survivait grâce à son aide…son opinion commençait à changer.
Après tout, la Question essayait seulement d’aider et de faire le bien. Il n’utilisait pas les bonnes méthodes selon elle, mais avec des adversaires comme Kenneth Irons ou ce Ian Nottingham complètement fou et imprévisible, est-ce qu’il avait vraiment le luxe de faire les choses dans les formes ? Est-ce qu’il pouvait suivre les règles quand ses ennemis s’en fichaient ?
La question était dure à poser. Et la réponse risquait de faire mal, pensa-t-elle en souriant intérieurement de son petit jeu de mots.
« Je sais que tout ça doit être dur à encaisser, mais le temps presse. Je t’ai déjà parlé du conseil secret, de ces êtres qui se font appeler les Architectes et qui font du mal au monde et au pays derrière leurs bureaux et en appuyant sur quelques boutons. Je suis bien conscient que tu n’es pas d’accord avec tout ce que j’ai dis et avec certaines de mes méthodes… »
Pezzini était sûre qu’il souriait sous son masque. Depuis qu’elle le connaissait, il ne l’avait pas enlevé une seule fois, et son instinct de détective était en train d’être de plus en plus excité par ce mystère. Bien sûr, cela pouvait tout simplement être une envie d’anonymat ou de se réfugier derrière un objet pour être soi-même, ce qui suivait assez sa théorie personnelle que les types comme lui étaient des cas sociaux qui méritaient des soins psychiatriques, mais ça pouvait aussi être quelque chose d’autre…quelque chose de pire.
Et elle avait envie de savoir quoi. Au plus vite.
« …mais je pense avoir certaines choses à te montrer. Mais avant, je vais laisser mes collègues se présenter. Au moins, tu pourras mettre un nom et une histoire sur ces têtes. »
Depuis son arrivée ici, la Question usait d’une voix très douce et calme. Grâce à l’intervention de sa « Résistance », ils avaient survécus au réveil de Nottingham, et étaient allés après dans un grand camion qui avait plusieurs bornes avant d’arriver à leur quartier général. Celui-ci était caché dans le creux d’une montagne, certainement canadienne, et on y accédait après différents escaliers creusés dans la roche.
La descente avait duré une bonne trentaine de minutes, et tout le monde se trouvait maintenant au centre de la montagne, dans une sorte de complexe aménagé à la hâte. On y trouvait quelques ordinateurs, quelques couchettes, des télévisions, différentes tables avec des papiers dessus, une salle de bains beaucoup trop fonctionnelle et austère à son goût, une petite cuisine et une salle d’armes. Et c’était tout.
Tout confort, tout luxe était interdit, et elle voyait bien que la Résistance n’était pas là depuis longtemps, et surtout qu’elle n’avait pas énormément de budget pour elle. Ca semblait être une petite organisation, créée uniquement sur la volonté de la Question pour vaincre ces soi-disant architectes et certainement pour se venger d’eux.
Oui. Ca semblait vraiment tout petit. Et c’était une bonne chose pour la policière, qui n’avait toujours pas écartée l’idée d’arrêter tout ce petit monde en appelant des renforts.
« Je suis Jack. »
L’homme à la gauche de la Question venait de parler d’une voix nasillarde et mystérieuse. Une cigarette au coin des lèvres, un ton plus que pâle, des yeux injectés de sang, une longue crinière noire mal lavée, il semblait vraiment être sortit de terre il y a peu, impression qui était confirmée par ses habits un peu vieillots et surtout vieillis par les années. Sara était sûre qu’il n’avait plus changé de vêtements depuis des années, et elle n’était pas certaine, pour une fois, de savoir si elle avait raison ou non.
« Je suis un vampire. »
Pezzini ne put retenir un petit gloussement de rire quand il dit ça avec le plus grand sérieux du monde. Certes, son aspect et ce qu’il dégageait pouvaient faire croire à quelqu’un d’influençable et de rêveur que ce type pouvait être un vampire, mais pas à elle. La policière était beaucoup trop terre à terre et scientifique pour ça.
Les vampires n’existaient pas. Et même après tout ce qu’elle avait vécu aujourd’hui, elle ne voulait pas croire que ce fait puisse être remis en question. Les vampires n’existaient pas. Point.
« Je suis un vampire, mademoiselle Pezzini. Ne vous moquez pas.
- Je…Euh…Je suis désolée… »
Elle n’arrivait pas à s’empêcher de rire. Depuis plusieurs heures, elle traversait une phase plus que difficile, et glousser ainsi lui permettait de laisser un peu la pression s’échapper. Elle n’arrivait donc pas à s’arrêter, et même si elle voyait bien que le dénommé Jack n’appréciait pas, elle ne pouvait rien faire contre cela.
Elle était prise d’un fou rire. Et n’avait aucune idée de quand ça s’arrêterait.
« Je vois. Besoin d’une preuve ? »
Sara ne confirma ni n’infirma, trop occupée à rire. L’être se leva calmement, sous le regard quelque peu inquiet des autres. La Question lui-même avait serré les poings et se tenait certainement prêt à intervenir en cas de besoin, et ceci fit comprendre à la jeune femme que se laisser ainsi aller n’était peut-être pas une bonne chose.
Après tout, elle ne connaissait vraiment personne, ici. Et sa survie n’était peut-être pas encore totalement assurée.
« Les vampires n’existent pas pour vous, hein ? »
Jack sourit légèrement avant de s’approcher de Pezzini. Immédiatement, ses rires commencèrent à s’espacer et elle sentit la peur naître lentement en elle. Ce type était sûrement un taré, mais les tarés pouvaient être dangereux. Elle chercha la présence rassurante de son arme, mais se souvint que la Question la lui avait prise dès qu’ils étaient arrivés ici.
Elle était seule, sans arme et à la merci d’un fou qui se prenait pour un vampire. Et ses rires s’arrêtèrent, évidemment. Ce n’était plus vraiment le temps pour ça.
« Je crois que si. »
Après avoir dit ça, le dénommé Jack ouvrit grandement sa bouche et la policière put alors voir deux immenses canines…deux énormes canines. Elles n’étaient pas normales, elle le savait. Même si elle n’avait aucune connaissance dentaire, elle sentait au fond d’elle que tout ça n’était pas normal…que tout ça n’était pas humain.
Ce type n’était pas vraiment humain, pensa-t-elle alors. Ce type n’était vraiment pas humain.
« Sentez. »
Il prit sa main, et malgré ses tentatives pour se débattre, elle ne put rien faire. Sa poigne, solide et surtout terriblement froide, était beaucoup trop forte pour elle, et elle se laissa donc faire. Bien sûr, elle aurait pu user de son bracelet à son autre main, mais elle n’y pensa pas, trop occupée à fixer le visage terriblement blême et surtout un peu terrifiant de l’être qui posait les doigts de Pezzini sur son avant-bras.
« Pas de pouls, hein ? »
Sara avait eu une formation médicale à l’école de police, et elle se rappelait très bien comment prendre le pouls de quelqu’un. Instinctivement, elle l’avait cherché chez ce Jack, mais…elle ne l’avait pas trouvé.
Refusant évidemment cela, elle réessaya et bougea ses doigts, mais rien n’y faisait : il n’avait pas de pouls. Son cœur ne battait pas. Définitivement pas.
« Mon dieu… »
Ses yeux s’écarquillèrent tandis que Jack, souriant, retournait à sa place. Son cœur ne battait pas. Il avait d’immenses canines. Il était blême et semblait vieux comme le monde. Mon dieu, pensa-t-elle encore une fois. Cet homme était un vampire. Cet homme était un vampire !
« Mais…mais…
- Les explications viendront plus tard, Sara. Laissons les autres se présenter. Tu auras tout le loisir de parler à Jack après. »