Un rayon de soleil vient caresser la joue de Nate, le tirant agréablement du repos salvateur dans lequel il était plongé. Un instant, il se sent désorienté et se demande où il est… puis il se souvient du tendre baiser de Maddie.
Il remet les choses en place. Sa « tête » fonctionne à nouveau correctement et il se rappelle de pratiquement tout. Il était chez lui, a écrire ses impressions sur son journal. Sa solitude lui pesait et il avait découvert que poser ses idées et ses impressions sur du papier le soulageait énormément. Il avait ainsi écrit pratiquement tous les jours depuis un mois, jusqu’à l’arrivée des Sentinelles et du bouleversement qu’elles ont occasionné. Elles ont surgi chez lui, d’abord sous leur apparence humaine, puis, après avoir essayer de l’appréhender verbalement : « Sujet Nathan, vous devez nous suivre. Nous devons vous ramener au Dr Hodge », elles s’étaient « transformées » lorsqu’il avait commencé à riposter avec sa tk.
Elles étaient 5 sur lui, il commençait à peiner et il prenait difficilement le dessus, d’autant plus que certaines avaient des pouvoirs en plus de leur armement… d’autres cobayes mutants ! L’une d’entre elles lançait des boules explosives avec ses mains et, alors qu’elle se concentrait pour en créer une plus grosse, quelque chose se passa dans le bras gauche de Nate, comme la fois où il avait survolé la ville. Il commença par éprouver un petit picotement suivi par un terrible sifflement qui submergea sa tête. Devant son œil gauche, des chiffres apparurent, il ne sait comment ni pourquoi, et son bras changeait sans qu’il puisse intervenir d’une quelconque façon.
La dernière image qu’il conserve de cette rencontre est celle de son bras transformé en une espèce de canon, puis plus rien, un grand vide blanc… Le Dr Hodge lui a fait quelque chose… il possède en lui une part de machine, comme ces Sentinelles, c’est évident. Malheureusement, il ne semble avoir aucun contrôle dessus et il lui semble que cela le ronge, petit à petit. La Sentinelle en lui prend parfois les commandes, sans qu’il puisse réagir, se retrouvant dans des endroits inconnus à chaque fois. Il se console en se disant que cette fois-là, le réveil fût plutôt plaisant ! Il se demande d’ailleurs si Maddie est réveillée. En réponse, une odeur de bacon grillé et d’œufs brouillés vient lui chatouiller les narines.
« Tiens, mon adorable homme des neiges est enfin réveillé !!! » Maddie venait de surgir dans la pièce avec la même énergie que la vieille au soir, le même large sourire toujours suspendu à ses lèvres. Par réflexe, Nate remonte un peu la couverture sur lui.
« Euh… bonjour, Maddie… tu… tu pourrais me rendre mes affaires ?
- Hum… j’hésite, le spectacle est plutôt intéressant !!
- S’il te plait… je… je suis très gêné…
- C’est pas l’impression que j’ai eu hier soir !
- … » Nate devait afficher une drôle d’expression car Maddie explosa littéralement d’un de ses bruyants fou rire.
« Mon pauvre chou, tu me donnes l’impression de sortir tout droit du fin fond du Kansas avec ta pudeur et ta naïveté !
- Te moque pas de moi, c’est pas sympa… j’ai jamais connu de telles situations…
- Oh oh !! Intéressant ! Tu n’as jamais été avec une fille ou un garçon ?
- Que… non !! Enfin, je veux dire que…
- T’inquiète, je me doute que t’es pas gay, mais qu’un mec comme toi soit encore vierge à ton âge, ça, ça me fait halluciner ! Mais qui es-tu donc, Nathan Dayspring ? »
C’était une bonne question, lui-même ne savait trop quoi répondre. Qui est-il ? Et surtout qu’est-ce qu’il est ?
Il se décida à raconter la version « officielle » de sa vie… la mort de ses « parents », son enfance à l’orphelinat, etc.… Maddie l’écouta religieusement, pestant parfois contre elle pour son manque de délicatesse. Nate la rassurait, lui disant qu’elle ne pouvait pas savoir ce qui lui était arrivé. Enfin, il dû expliquer son arrivée en pleine montagne, avec simplement un T-shirt et un jean… ce fût plus difficile. Il monta rapidement une petite histoire relative à ses difficultés pour s’installer et au besoin d’emprunter de l’argent à des gens peu recommandables. Un léger retard dans son remboursement et une petite sanction sous forme de tabassage puis d’abandon au milieu de la montagne paru assez convaincant. Maddie était consternée : « Sales types, tu devrais porter plainte !
- Je ne crois pas que cela soit nécessaire… surtout que je risque plus d’ennuis encore. Là ma dette est payée, ils me laisseront tranquilles désormais.
- Tu sais, mon père connaît du monde, je peux…
- Non, je te remercie, mais ça ira maintenant. »
Sans y prêter trop attention, Nate avait posé sa main sur celle de Maddie. Celle-ci s’en aperçu et rougie un peu, quant à Nate, il s’enflamma littéralement. Sa télépathie étant revenue, il découvrit que ce qu’il ressentait était de l’amour, du désir… et Maddie ressentait la même chose pour lui. Il ne savait pas quoi faire… toutefois, il se rappelait les films qu’il avait vus. Il se rapprocha de son visage, puis il posa ses lèvres sur les siennes. Surprise, Maddie lui rendit toutefois son baiser, mais y coupa court rapidement. « Angela nous a préparé un petit déjeuner royal… et elle déteste qu’on laisse refroidir ce qu’elle cuisine. Ne la faisons pas attendre ! »
Nate ne comprit pas ce qu’il se passait, il avait lu son désir et ses sentiments pour lui, pourtant elle semblait refuser de les laisser s’exprimer. Etrange !
Ses réflexions sur le comportement féminin furent interrompues par l’arrivée impromptue de son boxer sur sa tête. « Hey, Don Juan, rend-toi un peu présentable avant d’emballer les jeunes filles ! » Nate réalisa alors que, peut-être pour l’unique fois de sa vie, il avait réussi à surprendre Maddie, d’où sa petite esquive vers la cuisine. Toutefois, d’après ce qu’il lisait dans son esprit, elle bondissait de joie. Son cœur en faisait autant. Et tout ça, grâce aux Sentinelles… !
La journée est ensoleillée, c’est un temps idéal pour la « chasse ». Quand il y a du soleil, les gens sont beaucoup moins tristes, il est plus facile de trier parmi tous ces sentiments et de retrouver celui qu’elle cherche. Malheureusement, son pouvoir ne lui procure aucune joie, elle ne peut pas absorber ce genre de sentiment… pouvoir… malédiction plutôt ! Qui voudrait se nourrir de la peine, du désespoir et de la mort ? Une fois pourtant, elle a rencontré quelqu’un qui lui ressemblait, mais qui assumait totalement ce pouvoir. Son Maître l’avait chargé de le rencontrer et de le juger pour voir si il serait digne d’être un de ses cavaliers. C’était un mutant, d’environ 35 ans, qui se faisait appeler D’Spayre. Il prenait un malin plaisir à faire souffrir les gens et à se nourrir de leur douleur. L’énergie qu’il accumulait il pouvait l’utiliser pour diverses choses comme tirer des rafales, voler ou disparaître… un vrai dingue ! Le Maître était très intéressé par lui, elle l’a mené à cet individu mais elle ne sait pas ce qu’Il en a fait. Grâce à ça, elle a été tranquille pendant une semaine entière, mais elle n’en a guère profité à l’époque, vivant toujours dans la crainte d’une apparition de son « bienfaiteur » !
Threnody éparpille d’un geste ces souvenirs et se remet au « travail ». Elle sonde la ville en se déplaçant sur sa moto. Sans s’en rendre compte, elle attire le regard des hommes qui la croisent. Par ce temps, elle s’est vêtue d’un léger T-shirt à bretelles et d’un petit short en jeans, laissant le soleil briller sur sa peau d’ébène. Threnody est jolie mais elle ne le sait pas. Son pouvoir ne lui a pas laissé le temps d’avoir une adolescence normale et à la sortie de l’asile sa nouvelle famille ne se laissait pas aller à de telles considérations.
Elle ne le sent plus, Nate n’est plus en ville. Elle perçoit quelque chose vers les montagnes, mais c’est trop lointain. Elle décide de retrouner à son motel et de plier bagage. Elle ne doit pas tarder, sa vie en dépend !
« Dis-moi, Nate, peux-tu m’expliquer quelque chose ?
- Dis toujours, j’essaierai de te répondre…
- Quand je t’ai trouvé… en fait… c’est assez bizarre… je me promenais dans la forêt et je m’apprêtais à rentrer quand j’ai eu la… « sensation » qu’il fallait que je fasse demi-tour… et je t’ai trouvé !
- Ah oui… vraiment !
- Tu vas me prendre pour une folle, mais je crois que j’ai peut-être des dons médiumniques ! »
Nate pousse un soupir de soulagement. A un moment, il a cru qu’elle se doutait de quelque chose, qu’elle savait pour lui et ses pouvoirs. « A mon avis, t’es surtout attiré par les beaux mecs comme par un aimant !
- Monsieur est trop modeste ! »
En réponse à la vantardise de Nate, Maddie agrippe un coussin et lui balance en pleine tête. Surpris et amusé, Nate réplique aussitôt et les deux jeunes gens s’engagent aussitôt dans une bataille endiablée. Maddie fini par faire basculer Nate par-dessus le canapé, s’affalant de tout son long sur lui. « Peut-être beau mec mais rien dans les biceps ! » Nate n’a pas le temps de répliquer. Maddie s’est emparé de sa bouche pour lui offrir un langoureux baiser. L’étreinte s’éternise, Nate souhaite qu’elle ne s’arrête jamais… car jamais il n’a été aussi heureux. « Maddie…
- Tais-toi et embrasse-moi ! » Un ordre qu’on ne refuse pas d’exécuter.
« Sinistre, j’ai une mission à te confier. Tu vas pouvoir exercer tes dons !
- Parlez, Maître, j’exécuterais !
- J’ai chargé ma belle empathe de retrouver ton fils…
- Mon fils ?
- Oui, tu as un fils… une création de laboratoire à partir de tes gènes plus exactement…
- Comment cela est-ce possible ?
- Un de tes anciens collaborateur… le Dr Cameron Hodge… j’ai longtemps songé à lui comme prélat, mais un « incident » l’a montré indigne de moi…
- Je lui ferais payer cet affront…
- Plus tard, ton fils est plus important… il est puissant !
- C’est un mutant ?!
- Oui… surpris, non ? Ah ah ah ah ! Je suppose qu’il trouvait ça très sarcastique vu ta haine pour mon espèce. Enfin, bref, Threnody semble faillir dans sa tâche, elle montre un intérêt anormal pour ce jeune Nathan, je crains qu’elle ne me l’amène pas comme prévu.
- Nathan… Que puis-je faire ?
- Je veux que tu aides à sa capture… sans te montrer à lui !! C’est capital ! Trouve le moyen de le piéger, je te fais confiance.
- Je ferais selon votre désir, Maître.
- Va, maintenant ! »
Les nuits en montagne sont calmes et paisibles. Tout semble se figer, d’autant plus quand il a neigé. Dans le chalet des Prior, Nate et Maddie se sont endormis dans les bras l’un de l’autre, insouciants, bercés par la quiétude de leur amour naissant. Nate n’osait espérer un tel évènement dans sa vie, lui qui jusqu’ici n’avait connu que la fuite et la douleur, il se sent aujourd’hui en sécurité auprès de celle qui l’aime et il dort ce soir d’un sommeil sans crainte.
Maddie est moins sereine… quelque chose, quelqu’un trouble ses rêves.
Elle se retrouve au milieu du pré enneigé où elle a trouvé Nate. Il fait nuit. Elle sent des regards se poser sur elle, elle sent la haine qu’ils dégagent. Elle s’affole, elle veut crier pour que Nathan vienne l’aider mais elle n’y arrive pas. Elle se met à courir mais sans réel succès… ses pieds semblent aussi lourds que deux enclumes. Une ombre s’abat sur elle, et elle ne peut toujours pas crier. Une voix dans sa tête n’arrête pas de lui répéter qu’il faut qu’elle se réveille, mais elle semble totalement bloquée dans ce cauchemar. Non, il faut qu’elle ouvre les yeux. « Ouvre les yeux, pauvre idiote, aller ouvre les !!! » Cette fois sa gorge a enfin émit les sons qu’elle désirait. Le cauchemar commence à s’estomper au moment où l’ombre commençait à prendre forme… un homme… au regard sinistre, avec un losange sur le front… c’est la dernière image qu’elle voit avant de s’éveiller en sursaut.
Elle n’est plus dans son lit… Elle ne semble même plus être dans le chalet. Elle est assise sur un fauteuil comme chez les dentistes, attachées aux poignets et aux chevilles. Maddie à de nouveau peur. Où est-elle, que s’est-il passé ? « Hey, y’a quelqu’un ? Nate ? C’est une blague ?
- Non, ma chère, loin de là ! » Cette voix lui a glacé le sang. Son propriétaire s’avance dans la pénombre, elle commence à le distinguer… Non, c’est impossible !
« Bonjour, Maddie ! »